vendredi 12 novembre 2010

Le vrai sens du marché


Voici la seconde conférence dont j'ai traduit les sous-titres pour le site TED.com. Mme Gabre-Madhin nous explique ce qui, selon elle, empêche son pays, l'Ethiopie, et d'autres pays africains ne serait-ce que d'être auto-suffisants sur le plan alimentaire. Elle nous expose ce qu'elle a elle-même créé pour y remédier.
L'économie africaine, largement rurale, est non seulement écrasée comme le dit le Dr Ayittey par le népotisme mais aussi par des coûts de fonctionnement élevés car l'information économique et les infrastructures minimum y sont inexistants ou mal répartis. La réponse de Mme Gabre: une bourse des marchandises et une série d'innovations techniques et sociales. En quoi cela nous concerne-t-il ?

D'abord, l'Afrique peut se soigner seule et ne devrait plus avoir besoin de notre aide. L'Ethiopie peut d'une année à l'autre voir 14 millions de personnes courir le risque de mourir de faim et l'année suivante être obligée de laisser pourrir ses récoltes. Un marché de marchandises bien pensé et adapté à la situation du pays permet de régler ce problème (marché à terme) et aussi au paysan d'anticiper les futures récoltes et planter ce qui sera attendu demain tout en connaissant les prix pour ses productions.

Ensuite, non seulement l'Afrique peut se guérir seule mais elle peut exporter et nourrir d'autres hommes ! La production de l'Ethiopie en céréales dépasse déjà celle de l'Afrique du Sud. Et l'Ethiopie où est né le caféier pourrait ainsi redevenir le point focal de la planète pour cette production.

Au fait, est-ce que cela marche ?

Il semblerait qu'installer une bourse moderne dans un pays de la faim nécessite quelques ajustements: cyber cafés dans les villages, connexions satellites, normalisation, silos de stockage mais voyez vous-même: le U-tube Ethiopien

Enfin, les "marchés" qui sont tellement accusés par nos chroniqueurs quotidiens, nous sont ici expliqués dans ce qu'ils ont d'essentiels: mutualisme, infrastructures, normalisation, information. Un outil de base donnant de la liberté au paysan. Celle de planter telle ou telle variété, de la conserver ou de la vendre tout en sachant ce qu'il en tirera au marché etc ... Cette vidéo nous ramène à la réalité: la bourse de marchandises de Mme Gabre est un outil de base qui devrait aider le paysan à mieux nourrir sa famille !

Des basiques donc comme au temps de la création de la bourse de blé de Chicago en 1848 qui permettent globalement d'optimiser les rendements d'une économie autrement à l'agonie. Armatya Sen (prix nobel d'Economie) a démontré que les famines sont moins dues au manque qu'aux disparités de distribution de nourriture. Mme Gabre met en oeuvre ses thèses. Le fait que notre monde a probablement abusé des produits dérivés de produits dérivés ... sur les marchés financiers jusqu'à ce que les échanges n'aient plus qu'un très lointain rapport avec leur support physique (ici les céréales ou le café) justifie que l'on revienne à ces basiques.

Peut-être qu'une Europe aux jachères ultra-subventionnées et où les agriculteurs ne peuvent plus rembourser leur banque, aura un jour des leçons à prendre de l'expérience éthiopienne ?

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