samedi 22 décembre 2012

Babyloan rembourse

Le microcrédit On Line fonctionne. Le n°2 mondial de la micro-finance en ligne, Babyloan, vient de me rembourser une première annuité suite à mon investissement dans un projet de cages à Lapin en Palestine il y a deux mois. 

Vous voulez savoir de quoi il retourne, cliquez ici. Voici, à droite, ma "protégée" (et d'une poignée d'autres babyloaniens), Samaher, qui a décidé d'élever des lapins pour arrondir ses fins de mois, son mari travaillant à distance du domicile.

Nous avions parlé de ce thème à plusieurs reprises notamment à l'occasion de l'intervention d'Arnaud Poissonnier le dirigeant de Babyloan.com à TEDxLaDéfense, .

Voici la preuve de mon premier remboursement:

Un rappel, dans le cas de Babyloan, vous vous inscrivez gratuitement sur le site. Vous investissez une somme (généralement quelques centaines d'euros, parfois moins) sur un projet de votre choix présenté par une ONG partenaire. Vous réglez une commission symbolique à Babyloan. Et ensuite le site vous crédite en fonction des échéance de l'emprunteur jusqu'à la dernière échéance. Pour les techniciens, précisons que l'absence d'intérêts et le commissionnement permettent à Babyloan de fonctionner en passant outre les obligations liées aux établissements de crédit qu'il devrait satisfaire si le prêteur était rémunéré. Petite vidéo de présentation générale ci-dessous:



Outre qu'Arnaud (ci-dessus) est devenu un ami après avoir été un brillant orateur de notre TEDx, je n'ai pas d'autre intérêt à vous faire connaître cette initiative sympathique que je vous conseille pour vos cadeaux de Noël. Amenez vos amis et vos proches à aider des micro-entrepreneurs dans le monde (et en France) avec la carte Cadeau:
Pour le faire, cliquez ici:http://www.babyloan.org/fr/passports

Bonne chance et Joyeuses fêtes à vous, à Samaher et aux babyloaniens.

jeudi 20 décembre 2012

Coué ce grand méconnu par ACATL

Qui n’a pas entendu parler de la méthode Coué ? Et pourtant qui s’en sert et qui peut la définir précisément sans contre-sens ? Un cliché nous est resté mais avons-nous retenu son apport essentiel ? C'est le sujet et l'auteur du premier livre des éditions ACATL que je démarre avec cet ouvrage (article à venir).

C'est Emile Coué lui-même qui vient ici vous présenter sa "méthode" en toute simplicité. Nous avons rassemblé documents anciens et notes récentes pour permettre d’intégrer plus facilement sans le paraphraser, ni le déformer le texte original révisé d’Emile Coué : « la maîtrise de soi par l’autosuggestion consciente ». Un menu dynamique facilite la navigation et des notes de lectures complètent le texte dans l'édition Kindle d'Amazon. 

Une version papier est en cours de réflexion donc pour l'instant il n'est disponible qu'en format kindle. On peut acquérir ce livre pour le prix promo de 0,89€ en cliquant ci-dessous: 


Conçue aux alentours et pendant la première guerre mondiale, cette méthode a été le point de départ d’une nouvelle façon de guérir le corps et l’esprit. Souvent copiée parfois raillée, elle se retrouve aujourd’hui à la base des thérapies brèves orientées « solutions ».
Dans cet ouvrage :
• Vous découvrirez comment ce pharmacien de province est devenu une star mondiale.
• Vous comprendrez pourquoi et comment Clémenceau et de Gaulle furent les seuls français à recevoir un accueil plus grandiose que lui à New York.
• Vous aurez en une page le résumé de sa méthode simple et gratuite qui peut vous apporter beaucoup pour vous-même et pour votre connaissance de l’humain en général.
• Emile Coué vous donnera lui-même les conseils de mise en œuvre qu’il a eu le temps de tester en 50 années de pratique dans son officine de Troyes puis dans sa clinique de Nancy en face à face et en groupe.
• L’essentiel vous est révélé pour une mise en pratique qui ne dépendra que de vous quand de nombreux « spécialistes » vendent très cher accompagnements, conférences, séminaires et méthodes diverses.
• Vous lirez des témoignages à travers le temps qui vous feront vous demander si vous n’aviez pas manqué quelque chose …
• Il vous est expliqué pourquoi cet auteur qui semble apparemment oublié est, aux dires des spécialistes, le « premier coach » dont tous les autres se sont inspirés.
Bien des « gourous » vous serinent que le pouvoir est en vous. Or, directement ou indirectement, c’est de ce petit pharmacien de Troyes, grand homme des Sciences Humaines, qu’ils tiennent nombre de leurs certitudes. Alors maintenant oui, vous avez le pouvoir de laisser Coué lui-même vous dire avec ses mots comment vous pourriez vous y prendre à votre tour dans votre vie ou dans votre activité pour bénéficier de sa méthode ou plus simplement pour en comprendre la portée.

vendredi 14 décembre 2012

Florange et Maizières-les-Metz: l’indispensable médiation.

En une semaine, la situation de la métallurgie lorraine s’est dégradée. Dans un précédent article sur le site économie.net du Dr Jean-David Haddad, je focalisais la réflexion sur la dimension industrielle de cette affaire. La conclusion reste valable. Je voudrais aujourd’hui focaliser sur l’aspect psychologique de la négociation.

Le site de Florange souffre d’une série d’inconvénients. La sidérurgie mondiale compte 25% de surcapacité, le site a rejoint un groupe mondial qui vise à réduire l’offre et donc les surcapacités en fermant les sites locaux les moins rentables. Je concluais donc et je maintiens qu’il faut se préparer à la fermeture et à négocier le financement des reclassements avec Mittal tout en protégeant le centre de recherche privé du groupe situé entre Florange et Metz, à Maizières-les-Metz, l’IRSID (photo).


Or l’abandon du projet ULCOS est un signal négatif pour les 200 chercheurs de ce centre de recherche privé, l’ensemble représentant 500 emplois. Et rappelons que diverses initiatives de développement territorial s’appuient sur ce centre: le centre de formation des apprentis de la sidérurgie de Yutz (60 par promo), le pôle de compétitivité Materalia … L’enjeu dépasse malheureusement le sort des 625 métallos de Florange …

Où serait le Mal ?

Le mal, c’est la Politique. Le constat ci-dessus, tardif, synonyme de ratage, de déroute sur fond de drame humain où les émotions « médiatisées » renvoient à des clichés encore vivants dans notre inconscient collectif. L’imaginaire, c’est l’industrie lourde, les luttes syndicales du passé, le mythe de la puissance nationale fondée sur la production du charbon et de l’acier dans cette région frontière, enjeu de tant de guerres … Or la sidérurgie d’aujourd’hui elle se fait sur l’eau et l’avenir du métallo de Florange c’est la reconversion. Mais Montebourg a préféré jouer sur le mythe pour essayer de montrer sa détermination et non pas défendre l’intérêt de son gouvernement et celui des employés actuels de Florange. Il a préféré tempêter, tenter le bras de fer en évoquant un éventuel repreneur imaginaire. Et pourquoi ? Sans doute parce que Montebourg est encore jeune et qu’il se pose en futur rassembleur de la Vraie Gauche. Son véritable adversaire à distance pourrait bien être Mélenchon et non Mittal.

Le mal, c’est le Libéralisme. Donc le mal c’est l’autre, c’est-à-dire le capitaliste ultra-libéral Mittal. Je l’ai déjà présenté. Or Mittal prend ses décisions dans sa cuisine à Londres entouré de ses proches. Il n’a que faire des considérations ci-dessus, il n’est d’ailleurs pas « libéral », il est rentier. Il cherche à faire monter le prix des produits de base que vend son groupe. Il sait très bien acheter à bas prix des actifs quand ils ne valent plus un clou et que leurs propriétaires (souvent des états incompétents) ne savent plus qu’en faire. Il restructure en attendant de voir les prix monter, sa surface mondiale le lui permet. Mais lui-aussi a ses faiblesses et ses difficultés comme à l’occasion de cet accident survenu sur son site d’Imphy dans la Nièvre en Novembre et dont on a peu parlé. Croyez-vous pour qu’il cède qu’il suffise de lui demander poliment ou même de l’insulter publiquement comme l’a fait l’opportuniste Montebourg?

Le mal, c’est la simplification médiatique. La Politique et le Libéralisme ne sont que des abstractions, des fictions avec lesquelles on ne négocie pas. Or le « stagging » médiatique consiste à nous présenter le match de deux archétypes justement. Si Mittal et Montebourg disparaissaient, les enfants de l’un et les supplétifs de l’autre incarneraient immédiatement ces fictions à leur place et le problème demeurerait dans sa complexité et sa difficulté. Alors ?

Où serait le Bien ?

Nationaliser ? C’est possible et on sait depuis peu que cela coûterait moins cher que prévu par le gouvernement Eyrault, 500 M€ tout de même. Et puisqu’Obama est capable de nationaliser en cas d’urgence, ce n’est pas du « Communisme » c’est du « Pragmatisme ». Nous retombons dans la simplification. Le problème c’est que s’il n’y a pas de politique industrielle pour assurer l’avenir, nationaliser ne ferait que retarder l’inévitable et creuser le déficit. Cela marcherait peut-être avec un repreneur, or il n’y en a pas. Montebourg aussi a menti en tentant stupidement d’effrayer Mittal comme font les négociateurs débutants trop sûr de leur bluff. On ne peut pas nationaliser.

Négocier ? On ne négocie pas bien en commençant par trahir ses promesses, c’est en effet ce qu’a fait Mittal. Un dirigeant qui sait certes acheter et restructurer mais, ses cadres le savent, qui ne sait ni vendre, ni sortir proprement de ce type de situation. ET, on ne négocie pas en insultant son adversaire dans la presse ni en bluffant grossièrement surtout quand on n’a pas de « MESORE » dans sa manche (Meilleure Solution de Rechange) or c’est ce qu’a fait Montebourg. Un politicien qui cherche à se construire une image pour la prochaine présidentielle. En espérant ainsi mettre de son côté les sentiments du peuple de gauche en France, Montebourg s’est attiré la désapprobation des pragmatiques européens et internationaux. Les allemands notamment ont déjà, dans la Ruhr et ailleurs, su gérer de telles situations. Les milieux d’affaires mondiaux, Indiens et autres se voient renforcés dans leur idée que  la France est l’un des derniers pays communistes de la planète. L’un s’est disqualifié par ses mensonges, l’autre par ses rodomontades. On ne peut plus négocier.

Ce que médiation veut dire !

Malheureusement, ce qui vient d’être décrit ci-dessus sont les préalables d’une situation perdant-perdant. Les égoïsmes et la bêtise des deux camps ont capitalisé sur les peurs et sur les clichés au lieu d’essayer d’optimiser les intérêts des DEUX parties. Et cela nécessite d’oublier le passé et les dogmes, surtout les douteuses abstractions qui finissent en « -ismes » et qui mobilisent tant les médias. 

Montebourg et Mittal ont démontré l’un et l’autre leur INCOMPETENCE pour négocier à ce stade. Il leur faudrait un tiers vraiment neutre pas forcément spécialiste du syndicalisme, ni de la production d’acier, ni du fonctionnement d’une firme mondiale mais tout de même bien informé. Il faudrait un facilitateur rompu à la négociation qui aille en douce prendre Mittal par la main dans sa cuisine de Londres et celle d’Eyrault à l’hôtel Matignon et qui soit suffisamment crédible et charismatique pour les amener à vouloir reconnaître en privé la position de l’autre.

Ensuite seulement, on pourrait parler de l’avenir de l’IRSID, d’Ulcos, de la sidérurgie sur l’eau de Dunkerque et de Fos-sur-Mer et du financement de la reconversion des Métallos lorrains. Mittal dont l’image est atroce dans de nombreux pays redorerait son blason et de continuerait sa stratégie (qui n’est pas libérale mais monopolistique mais c’est un autre problème). Le gouvernement Eyrault (qui devrait se séparer de Montebourg) démontrerait que l’on peut être discret et efficace. Il rassurait ainsi les milieux internationaux (la finance internationale prête à la France à moins de 2% actuellement !) et ses frileux alliés européens dont il ne peut pas se passer.

En quoi sommes-nous concernés ?

En rien car nous ne conseillons pas les belligérants et en tout car la bêtise ambiante nous guète tous. Je crains que, dans cette affaire, la bêtise ne gagne. Mais faites circuler ce papier. Il se peut que l’on finisse par comprendre ce que « NEGOCIER » veut dire sur un plan profond.
Quand à MEDIER, c’est prendre les belligérants par la main (Là où leurs émotions et leurs préjugés les ont stupidement enfermés) et créer les conditions d’une négociation mutuellement fructueuse. Attention, ce n’est pas un rêve de « bisounours ». A l’arrivée, il y aura certainement 625 licenciements d’un côté et un chèque de l’autre. Mais en plus, il pourrait aussi y avoir de précieuses coopérations autour de l’IRSID car à mon avis, la planète aura encore besoin d’aciers spéciaux et de compétences pour que l’on continue sans cesse à améliorer les conditions économiques et écologiques de production et la qualité des aciers. 

Choisissons l’intelligence pour sauver ce qui peut être un atout pour l’avenir.

dimanche 25 novembre 2012

Radi Aid

Quand le paradoxe et l'humour prennent le pouvoir ... L'Afrique au secours de la Norvège !



Vue près de 1,2 millions de fois, il semble que certains n'en aient pas compris l'humour. Tant pis.

C'est Etienne Hayem qui me transmet cette vidéo très mélodique.

jeudi 22 novembre 2012

La gouvernance de la France par le roi de Prusse

Que dire de l'actualité ? Je vous propose de poser la question au ... roi de Prusse, Frédéric II afin de prendre un peu de recul ! Voici donc un texte tiré d'un document jamais publié en France. 

La puissance de la France:

Après l’Allemagne, la France est la monarchie la plus puissante de l'Europe; mais les Etats ne sont que ce que les font les hommes qui les gouvernent. On peut prévoir presque avec sûreté que les rois de France, vu la mauvaise éducation qu'on leur donne, seront tous des princes faibles. Leurs gouvernements seront pareils au nom près à ceux de la race carolingienne (NDLR: les Mérovingiens en fait), des rois indolents déposaient l’autorité royale entre les mains des maires du palais. Heureux seront encore les Français, si la nation se trouvait gouvernée par un premier-ministre; au moins leur politique sera-t-elle liée à un système, au lieu qu'à présent tout va au hasard, et que les ministres, chefs des départements, sont plus jaloux de leurs collègues que des ennemis du royaume.

Le malheur de la France: la division

Le plus grand malheur qui peut arriver à la France dans l'ordre des choses possibles et prochaines, c'est l’extinction de la famille régnante. Deux partis s'élèveraient d'abord les uns contre les autres, celui d'Espagne et celui d'Orléans, d'où se suivraient des guerres civiles. Ce serait alors que les ennemis de cette couronne auraient beau jeu, et qu'ils contribueraient à la déchirer et peut-être même au démembrement de ses provinces. Personne ne pourrait, dans une pareille confusion, empêcher la maison d'Autriche de reprendre l’Alsace et la Lorraine ; peut-être que les Anglais feraient une irruption en Normandie et Bretagne, et c’est à savoir si ces puissances ennemies ne parviendraient pas à partager la monarchie entre l'Espagne et le duc d'Orléans, à condition de conserver leurs conquêtes. Mais le Dauphin est un prince qui peut voir augmenter sa famille et la race régnante peut se perpétuer et conserver la couronne. Si cela arrive, on trouvera dans ce qu'il y a d'histoires de France, l'histoire future de ce royaume.

La mollesse des dirigeants et les immenses ressources du Pays:

Souvent malheureux à la guerre par sa négligence, il s'est relevé soit par ses ressources immenses ou par l'habileté de grands capitaines qui ont commandé ses armées. Les entreprises malheureuses de Louis XII sur l'Italie n'affaiblirent point le royaume. A peine François Ier fut-il sorti des prisons de Madrid, qu’il obligea Charles-Quint de lever le siège de Metz. La France, perdue sous Henri III, devint redoutable à ses voisins sous Henri IV. Louis XIV fut près de succomber pendant la guerre de la succession; il se releva par la paix séparée qu'il fit avec la reine Anne d'Angleterre, et par le gain de la bataille de Denain. Nous avons vu les affaires de la France, désespérées après la sortie de ses troupes de Bohême, prendre une nouvelle face sous la conduite du maréchal de Saxe qui, par le gain de trois grandes batailles et par la conquête de la Flandre et du Brabant, avait mis Louis XV en situation d'imposer des lois à ses ennemis. Mais la faiblesse du Roi et de ses ministres fit qu'il ne profita pas de la plus belle occasion du monde, pour ajouter cette conquête à son royaume.

Les abus et la vivacité:
La négligence et les abus qui sont dans ce royaume, feront toujours commettre de grosses fautes à cette nation, et sa vivacité qui la porte également au bien comme au mal, contribuera, selon qu'elle est poussée, à ruiner ou à relever ses affaires, sans qu'il soit possible de deviner ce qui arrivera. Cependant la grande mollesse où cette nation est plongée, ne l’empêchera pas de faire la guerre, surtout lorsque sa vanité l'engage à croire qu'il est de la dignité de la France de se mêler de toutes les affaires de l’Europe. Ceci peut être regardé comme une maxime, et vous pouvez compter qu'il ne se fera aucune guerre, pour peu qu'elle soit considérable, de laquelle la France ne soit mêlée bientôt.

En quoi ceci nous concerne-t-il aujourd'hui ?

Ressemblances fortuites ou inquiétantes ? A vous de voir chers amis, je voulais juste vous faire partager un extrait choisi de ce texte écrit en langue française entre Avril et Juillet 1752 par celui qui donna à l'Europe l'icône du despote éclairé. Ce texte ne fut traduit en allemand et publié qu'en 1920. Il n'est pas douteux que Bismark l'ait lu alors qu'il était encore secret ainsi, de nos jours, qu'Angela et tous les étudiants allemands en sciences politiques .

dimanche 11 novembre 2012

Trade not Aid 2/2

Suite de l'article de Lucy, étudiante en stage en Inde qui s'occupe de micro-crédit pour faire suite à nos articles sur "Humanisme et Profit".
(Billet invité)

Le nécessaire accompagnement

Je n’ai pris ce recul-là sur l’œuvre de la Grameen qu’en arrivant chez NCRC, où après la mise à disposition de l’argent, est mis en place un processus de suivi des partenaires. Ce processus comprend une réunion du groupe chaque mois, dans laquelle est dispensée une formation sur les bases du management. J’entends bien les bases, car à cette échelle du micro-entrepreneuriat, on revient de très loin: il faut être conscient que la majorité des "locaux" ne sait pas comment on calcule un profit. Ils ne séparent pas l’argent du commerce de celui de la maison. Ils sont ignorants du concept de capital et d’épargne. La relation avec le fournisseur est considérée comme très importante, à la base de tout commerce: un fournisseur doit être un ami, mais le problème qui se pose est alors celui de ses prix. Alors que la négociation avec les clients est une des caractéristiques de l’Inde, celle avec le fournisseur est souvent quasi inexistante. 

Le micro-crédit pour amorcer la relation

Voilà donc, pour moi, une des principales leçons d’NCRC. Le microcrédit, comme on me l’a expliqué dès le début, est d’abord  une base pour engager la relation avec les micro-entrepreneurs. Le but est de les aider à augmenter leurs revenus et plus généralement leur niveau de vie. En plus des formations basiques en management, des formations sur des sujets sociaux et médicaux sont dispensées. Des formations professionnelles sont dispensées par les membres eux-mêmes. Un conseiller en "business development" se déplace également lorsqu’il y a des problèmes difficiles à résoudre. Entrepreneurs du Monde offre un appui technique important en favorisant l’échange de compétences. L’équipe d’NCRC, composée uniquement de locaux et parfois de stagiaires étrangers, reçoit un partenaire d’Edm environ tous les deux mois. Phuong, la responsable Edm des services sociaux économiques d’Asie, m’a expliqué que pour elle, NCRC était un des partenaires les plus avancés dans ce domaine.

Appel à contributions

L’équipe, dont la moyenne d’âge se situe autour des 26 ans, est très dynamique et fait preuve d’une grande capacité d’ouverture, d’une envie d’apprendre. Ici, chaque volontaire ou stagiaire est le bienvenu avec ses compétences. Ses recommandations ou ses idées de projets sont écoutées avec attention par le directeur lui-même.  Il y a également un besoin constant de nouvelles formations dans les domaines précédemment décrits. Vous trouverez des exemples d’appels à compétences dans la rubrique « get involved » sur notre site web www.ncrcindia.org. Bien sûr, le côté financier est également à assurer. NCRC n’a pas encore atteint l’autosuffisance et doit en plus encore engager du personnel. Ici, je retrouve bien le contexte indien tel qu’on me l’avait décrit: le réflexe du financement humanitaire n’est pas encore bien installé dans le pays. Or, l’Occident se retire à grande vitesse de ce domaine, estimant que l’Inde est désormais à même de le prendre en charge. C’est vrai, d’un point de vue théorique et économique. Mais pas encore, hélas, d’un point de vue culturel. Il y aurait au moins besoin de volontaires venant essayer d’assurer la transition, d’éveiller un peu les investissements locaux. Je conclurai en vous souhaitant la bienvenue chez NCRC, si vous passez par Calcutta ! Et bien, sûr, bienvenue aussi aux éventuels échanges à partir de cet article.

Lucie Rosello, www.ncrcindia.org .

En quoi sommes-nous concernés ?

J'ai rencontré de nombreux entrepreneurs solidaires ces derniers temps qui s'ajoutent aux nombreux entrepreneurs "classiques" que je connais, j'ai le sentiment qu'un nouveau cycle naturel s'enclenche. En passant, en Inde ou près de chez nous, par les plus pauvres, les plus simples, une nouvelle version de l'entrepreneuriat prend forme en revenant aux sources, aux besoins de base, aux nécessités. Au passage, se posent les mêmes problèmes que toujours: commerciaux, de gestion, financiers. Et pour les résoudre, une nouvelle forme de capitalisme est en train de naître. S'y ajoute simplement semble-t-il la reconnaissance de l'importance de la relation. Nous retrouvons comme toujours: capital, compétences, savoir, travail et désormais un pilier supplémentaire: la solidarité.

Voilà donc par exemple comment se joue concrètement avec l'histoire de Lucy ce que nous avions abordé cet été sous le thème: "Humanisme et Profit". Nous avions dit nos convictions sur la scène de TEDxLaDéfense, Lucy (une autre "petite poucette")  était dans la salle et depuis, elle l'a vécu. Bravo et bonne continuation à elle.

dimanche 4 novembre 2012

Trade not Aid 1/2

Aujourd'hui la parole est à une étudiante en stage en Inde qui s'occupe de micro-crédit pour faire suite à nos articles sur "Humanisme et Profit".
(Billet invité)

S'adresser à des entrepreneurs

Je suis Lucie, étudiante à Audencia Nantes Ecole de Management, après des classes préparatoires littéraires et une licence de lettres modernes-philosophie. Je viens vous témoigner de mon expérience au Bangladesh et en Inde, au sein de la Grameen Bank et d’une petite ONG soutenant le micro-entrepreneuriat, Navnirman Community Resources Center.

J’ai été  très tôt sensible aux questions de développement. Du concept du commerce équitable, j’ai surtout retenu le fameux slogan « Trade not aid ». Du commerce, non de l’assistance. Donner du pouvoir aux gens, non les maintenir en consommateurs. Voir en eux des entrepreneurs, des artistes, des artisans qui peuvent gagner leur vie et apporter du profit. A partir de là, j’ai voulu partir à la découverte de ceux qui emploient leurs compétences à faire du commerce un instrument de développement.


Renforcer la relation

Mohammed Yunus a donné un coup de pied dans la fourmilière en propulsant le concept du microcrédit. Il a révélé à la face (voilée) du monde, qu’il fallait souvent quelques euros, à peine 3 paquets de cigarettes, à des gens pour monter leur affaire et se relever d’eux-mêmes. Oui, l’argent a bien des pouvoirs… malheureusement entravés par l’un d’entre eux ; celui, l’attrait, qu’il exerce sur nous même. C’est ce que ce professeur d’économie explique : aujourd’hui, on a réduit l’être humain à l’attrait que l’argent exerce sur lui, on en a fait un être unidimensionnel, uniquement préoccupé par le profit. Pour lui, il faut réinvestir les autres dimensions, notamment celle de la relation humaine, celle là même qu’on peut encore deviner dans l’étymologie du mot commerce : « cum », avec, « merx, mercis » des marchandises. Quoi, avec des marchandises ? Un échange, une relation gagnant gagnant ? Mais sur quels plans ?

Appartenir à une communauté solidaire

J’ai passé un mois à découvrir la Grameen Bank et j’ai beaucoup apprécié. Loin d’être de ceux qui la déprécient, je trouve que son œuvre auprès des ruraux est très importante et crée beaucoup de valeur. Néanmoins, il est difficile d’incarner parfaitement un concept tel que celui de Yunus. Et, la Grameen a bien commencé à réintroduire le lien humain dans le commerce: pour emprunter, il faut nécessairement être membre d’un groupe solidaire face aux prêts de chacun de ses membres. Ce groupe se réunit régulièrement et son approbation est requise pour déposer une demande. Mais, s’il y avait une seule critique à faire, ce serait le risque de la réduction de l’aide au simple crédit.


Prospérer

Sans argent, on ne monte pas d’entreprise. La Grameen a commencé à résoudre ce problème. Mais comme chacun sait, il ne suffit pas de créer l’entreprise, il faut ensuite la faire prospérer. Quelles sont les premières causes d’échec de l’entrepreneuriat en France ?  70% sont liées à des problèmes commerciaux, tels ceux d’une mauvaise évaluation du marché, contre 40% liées à des problèmes financiers.



Suite au prochain numéro. Lucie Rosello, www.ncrcindia.org .
 

lundi 29 octobre 2012

La berceuse de marmottes

Petite découverte humoristique chez Lapin: Plonck et Replonck ambassadeurs de l'humour Suisse. Ce sera de nouveau un billet minimaliste qui n'a rien à voir avec l'actualité ... à moins que ...

Rendez-vous ici: http://plonk.lapin.org/index.php?number=30#strips

Difficile de dire pourquoi une image attire l’œil ou un trait d'humour trouve sa cible. Je suppose que cela illustre un peu notre attitude générale de grands "dormeurs" ici et maintenant toujours prompts à regretter le passé.

samedi 27 octobre 2012

Chroniques du défaitisme (3 sur 3) : s'adapter plutôt que se suicider

L'adaptation !
Les analogies tiennent lieu de démonstrations dans un article du Monde qui voulait nous convaincre que l'incapacité politique actuelle à recadrer la Finance conduit inéluctablement au suicide collectif. Ceci est la suite et la fin de ma réponse.

Pour reprendre ces mêmes analogies décodées ici, je trouve, à l'inverse, que l’organisme multi-cellulaire (la Société) cherche actuellement le moyen (dans notre cas, ce ne sera sans doute pas la Justice américaine) de se débarrasser des cellules inadaptées (ici les marchés de produits dérivés). Du coup, il existe aussi une sérieuse possibilité que, dans la perspective de Diamond comme dans celle de Toynbee, notre civilisation trouve à s’adapter. Possibilité à encourager au lieu de promouvoir le défaitisme.

Radotages auto-réalisateurs

Je vous propose donc une autre hypothèse. Et si, à coup de raisonnements faussés, certains dépressifs européens, victimes d’un biais de confirmation cognitif (qu'on appelle aussi « radotage » en langage courant)  ne faisaient qu'accueillir de plus en plus de crédules angoissés dans leur hospice blogosphérisé ? Pire encore, la répétition de leurs raisonnements défaitistes n’est-elle pas le renfort qu’ils offrent gratuitement aux privilégiés qu’ils prétendent combattre ?

Une chose est claire, le parti des défaitismes n'est pas là pour proposer des solutions. Les comparaisons analogiques décortiquées dans le précédent article, linéaires, inspirées par des théories politiques d’hier, des phénomènes biologiques incompris (l'apoptose), des thèses historiques tronquées ou dépassées (Diamond, Toynbee) en resteront probablement au constat juste mais impuissant d’un dysfonctionnement particulier qui annoncerait l'apocalypse du tout. Nous sommes-là dans une boucle dogmatique bien connue depuis Karl Popper dans laquelle il ne faut pas entrer pour rester aptes à  relever nos manches. Prenons garde que le constat défaitiste ne soit pas auto-réalisateur.

Entre temps, nous continuons à financer la dette et à des taux très bas ! Le risque est le même and so what ? Oui, la dette enfle et la mer continue de monter également ... Je crois que le débat sur la crise fournit ainsi à certains le moyen de se distinguer un peu. Mais il est maintenant caduque. Il importe maintenant de préparer activement la suite si nous ne voulons pas être automatiquement condamnés comme les Mayas ou les Vikings du Groenland en leur temps.

Plus sérieux et plus positif

Michel Serres
Si vous aimez les érudits aux cheveux blancs, je vous conseille un véritable philosophe qui ne radote pas malgré son âge. Lisez donc plutôt le dernier petit livre de Michel Serres Petite poucette (voir mon  commentaire ici).  Il met en perspective non seulement les actuelles crises systémiques mais aussi les enjeux structurels du développement global et du respect de l'environnement planétaire. Défis fantastiques que la génération des "petites poucettes" a peut être bien, malgré tout, les moyens et l'envie de relever...  pour peu que l'on ne lui sape pas continuellement le moral en laissant se développer comme des frères siamois inversés mais complices les discours "normaux" ou repliés sur l'identité nationale, d'une part, et les discours "alternatifs", défaitistes et faussement érudits, d'autre part. Il faut vraiment du neuf.

Génération "petite poucette"

Comme Michel Serres, j'ai confiance en la génération des "Petites poucettes" aux réflexes nouveaux pour trouver les moyens de recadrer ce qui doit l'être avec des solutions inédites. Tiens, je vous recommande à nouveau le blog d'une "Petite poucette" qui témoigne dans son article du véritable élan entrepreneurial et solidaire qui anime toute une partie de la jeunesse consciente des problèmes et désireuse d'une action positive et réaliste.