dimanche 15 décembre 2013

Jean Lassalle: la grande marche


Un député atypique a marché pendant 8 mois et 6000 km pour rencontrer les français. Retour sur ce
Jean Lassalle
périple qui vient tout juste de s'achever à Paris et lui a valu quelques minutes d'antenne de la part des grands media.

L'homme

Ce fils de berger est maire de son village des Pyrénées Atlantiques, Lourdios-Ichère (150 hab.), depuis qu'il a eu 21 ans. Député du modem, chose rare, il prend systématiquement des chemins de traverses: il interpelle Sarkosy à l'Assemblée en chantant, il fait une grêve de la faim de 41 jours couronnée de succès pour empêcher le départ d'une usine Sony de sa circonscription et maintenant ... il marche.

Et il attrape ampoules et rhumes mais rencontre aussi au hasard de son périple 20 personnes par jour qui ne sont pas intimidées et lui disent ce qu'elles ont à dire. Ajoutons que le personnage à tout pour me plaire: un accent basco-pyrénéen à couper au couteau, un fils qui joua dans l'équipe de France de Rugby des -21 ans, un charisme simple mais réel ...


Le message

Les français ont peur, détestent leurs élus et ne croient plus en l'Europe. On le savait. Il rejoint ce que nous disions dans nos articles antérieurs sur la détestation des élus et des élites (publiques et privées) ce qui nous met devant une crise de la représentation au sens large. Rien de nouveau non plus sauf que peut-être il y a le constat que les "vrais" gens sont peut-être plus conscients des réalités que ce que l'on croit parfois comme le montrent les bonnets rouges. Et puis il y a aussi le constat réel et direct que font par ailleurs mais en chambre, les sociologues à savoir la décomposition des liens sociaux qui faisaient la matière du pays. Quoi après alors ?

Périple de Jean Lassalle
Ce qui me plait dans cet élu pas ordinaire c'est qu'il n'affiche ni optimisme, ni pessimisme, il part de la réalité brute. Par exemple, quand des gens veulent lui cracher dessus ou quand on lui tient des propos racistes ou xénophobes, il ne se dérobe pas. Et les gens finissent par lui emboîter le pas et marcher avec lui.

De passage à Florange, photo Loreina TV
Les symboles

La marche: rappelez-vous il y a quelques mois, je republiais un livre de lecture pour enfants, livre de morale républicaine et nationale, qui racontait l'histoire symbolique de deux enfants alsaciens-lorrains qui marchaient pour retrouver leur identité perdue et celle de leur pays vaincu et dévasté après 1870 ... Jean Lassalle ne l'a peut-être pas fait exprès mais il retrouve-là une veine qui est peut-être bien celle de l'urgence et aussi celle d'après la violence.

La non-violence: il nous dit que les gens espèrent que ça va "péter" et qu'en même temps, il ne veulent pas devenir violents. Enjeu majeur que j'ai cité souvent dans ce blog. Pouvons-nous changer et changer le mode de changement aussi ? Il dit que oui car les gens qu'il rencontre sont conscients, en colère mais également qu'ils changent eux-mêmes à leur niveau. Qu'ils ont envie ... encore. J'ai lu un livre récemment qui propose l'idée de "vie-o-lence" ...

L'imperceptible: On entend les arbres qui tombent, les forêts qui brûlent, Jean Lassalle semble avoir essayé de regarder les brins d'herbes qui poussent.

Le "slow": j'entendais une femme chef d'entreprise récemment dire, en exprimant une souffrance non-jouée sur son visage que même dans les entreprises, on n'en peut plus de faire les choses toujours trop vite et que les salariés veulent enfin avoir le temps. Lassalle, lui, à 58 ans a marché à son pas c'est-à-dire lentement car son corps semble lui avoir imposé des limites et pourtant, il totalise déjà pas loin de 5000 personnes rencontrées ... plus que la plupart des échantillons sondagiers ...

En quoi sommes-nous concernés ?

Simple excentrique qui fait du buzz ou phénomène de fond qu'un sage atypique révèle ? Première remarque que l'on peut faire: "ah oui, c'est très tendance de marcher". Sans doute et le coup médiatique semble avoir fonctionné. Mais et si encore une fois cette réaction-là n'était de nouveau qu'une manifestation du syndrome de l'imbécile qui regarde le doigt du sage qui montre la lune ?

En tous cas, si l'heure est effectivement grave et qu'il importe de changer la société et le mode de changement avec, d'autres ont utilisé cette méthode, la Marche, avec quelques résultats. Souvenez-vous de ce que j'écrivais sur les chemins d'Abraham et il y a plus longtemps d'un certain Gandhi ...

Je vous suggère de suivre l'évolution de ce marcheur-fou ... peut-être pas fou du tout.

Pour en savoir plus: http://la-marche-2013.over-blog.com/

mardi 10 décembre 2013

La dynamique du capitalisme ou le triomphe d'un pays neuf !

La Dynamique du capitalisme de l'historien Fernand Braudel mérite d'être relu. Il traînait dans ma
F. Braudel, photo: ledevoir.com
bibliothèque et à l'occasion d'un rangement qui avance du coup bien lentement, je l'ai relu avec bonheur en ces temps d'incertitude. Voici pourquoi je vous le conseille.

Une belle synthèse d'une œuvre magistrale

1976: le programme commun de la Gauche en France avait 4 ans et n'avait pas encore produit ses effets électoraux. C'était l'année des conférences prononcée par l'auteur à l'Université John Hopkins sur la dynamique du capitalisme et réunies dans cet ouvrage (mon édition date de 1985 et nous commentons ici celle de 2008). C'est ce qui explique que l'on présente cet ouvrage comme une "introduction" à l’œuvre de ce grand historien qui était alors en train de finir d'écrire Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle. Tome 1: Les structures du quotidien. Une introduction ? Non une sorte de résumé plutôt en à peine plus d'une centaine de pages d'une œuvre monumentale en 3 tomes qui était déjà presque écrite et qui parut en 1979. Le premier mérite de cet ouvrage est donc sa concision qui n'en fait aucunement une ébauche, plutôt une synthèse.

Revenir au sens des mots

Son deuxième mérite est, surtout en regard de la période actuelle, de recadrer les mots et les pratiques dans le temps long (plusieurs siècles) et dans un espace déjà global (méditerranéen et mondial) en relativisant les prismes de notre moment présent. Songez qu'il ne s'est passé que 35 ans entre la publication du troisième tome du Capital de Marx (finalisé par Engels) et la grande crise de 1929 ! Et celle-ci est intervenue seulement 25 ans après la publication de L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme de Max Weber. Peu de champ donc pour vraiment comprendre les ressorts du capitalisme ni pour extraire ses spécificités des crises de l'industrie lourde du Nord Ouest Européen des années trente.

Le mérite du temps long

Or, plus d'un siècle s'est maintenant écoulé depuis ces ouvrages fondateurs et à combien de crises et de mutations le capitalisme a-t-il survécu ? Pourtant, à court de repoussoirs, confondant marché, économie de marché, libéralisme, capitalisme et capitalisme financier nombre de nouveaux "penseurs", pris dans le moment présent, oubliant de se référer au sujet même de leurs thèses font du capitalisme ce qu'il n'est pas: un système. Donc un "isme" qui comme d'autres s'effondrerait si l'on se décidait à le combattre pour mieux faire sortir de terre de nouveaux "ismes" sans doute... C'est le troisième mérite de Braudel et de sa vision longue que de nous replacer dans une perspective historique qui transcende obligatoirement les crises et les débats conjoncturels et qui nous rappelle les grands "glissements" fondamentaux que nous ne voyons plus. Citation p 70:

"Ce glissement définitif, à l'extrême fin du XVIè siècle, de la Méditerranée aux mers du Nord, est le triomphe d'un pays neuf sur un vieux pays. Et c'est aussi un vaste changement d'échelle. A la faveur de la montée nouvelle de l'Atlantique, il y a élargissement de l'économie en général, des échanges, du stock monétaire, et, là encore, c'est le progrès vif de l'économie de marché qui, fidèle au rendez-vous d'Amsterdam, portera sur son dos les constructions amplifiées du capitalisme. Finalement, l'erreur de Max Weber me paraît dériver essentiellement, au départ, d'une exagération du rôle du capitalisme comme promoteur du monde moderne."

Et si, vieux que nous sommes, nos crises et nos malheurs, réels ou fantasmés, étaient le fait non pas d'un "isme" pernicieux ou simplement des autres mais simplement de notre difficulté collective accentuée par notre "grand âge" à nous adapter à ces glissements ?

En quoi ceci nous concerne-t-il ?

Je range donc ce "vieil" ouvrage, pourtant très actuel, sur un rayonnage à côté des réflexions plus récentes d'André Comte Sponville:Le capitalisme est-il moral ? : Sur quelques ridicules et tyrannies de notre temps.  Il nous aide en peu de pages à mieux comprendre une composante essentielle de notre modernité telle qu'elle est que l'on soit parmi les gagnants ou les perdants de celle-ci, que l'on l'aime ou non. La seule chose qu'il a manqué à Braudel dans cet ouvrage c'est le temps de s'apercevoir que le capitalisme se sera à peine ré-acclimaté à Shanghai et à Bengalore que sa dernière mutation le dispense désormais d'avoir encore à se localiser ...

jeudi 5 décembre 2013

La gouvernance française peut mieux faire

Suite à mes divers articles sur la Gouvernance démarrés par une réflexion sur la Morale Publique, voici une courte référence extérieure proposée par l'ONG Internationale "Transparancy": la France doit beaucoup mieux faire.

Transparency International France 

Cette ONG appelle à faire enfin de la lutte contre la corruption et de l’éthique publique une Grande cause nationale. Les coûts de la corruption en période de crise - pour les finances publiques, pour la confiance des citoyens - font qu’il y a urgence à mettre en œuvre un véritable plan national d’action.

Elle incite (voir ici) l'ensemble des citoyens mais aussi le gouvernement, les élus, les entreprises, et toutes les organisations de la société civile à soutenir son appel.

De quoi s'agit-il ?

De classer les pays selon la perception de la corruption pratiquée par ses représentants et institutions.


La vidéo ci-dessus décrit sa campagne de signatures actuelle en France, la suivante est un extrait de reportage réalisé par une chaîne africaine.


Qu'est-ce que cela nous apprend ?

Vous comprendrez que les faits visés par nos précédents articles relatifs à l'Ecotaxe et pas encore au centre du débat sur cette mesure fiscale relèvent bien de l'objet de cette ONG. Mais ils ne sont pas encore "perçus" par elle car aucun jugement n'est encore intervenu. Que dit le rapport publié cette semaine ? Le rapport pourrait être plus transparent lui-même sur sa méthode. Il décrit essentiellement la perception de la chose dans l'opinion et à travers l'arsenal judiciaire. Attention, ce point capital est généralement oublié par les journalistes simplificateurs. Je crains que le sujet ne nécessite une méthode nettement plus incisive. C'est pourtant déjà un début.

La France se place au 22ème rang mondial, 9ème européen, voici la carte:

Le rapport illustre son propos de cas jugés. Il indique que des lois et des mesures ont été prises récemment en France (qu'il reste à appliquer) et que donc les choses vont dans le bon sens mais que notre pays n'est pas ce phare planétaire que l'on se plaisait parfois à imaginer et à présenter en exemple au monde médusé ...

Ce sont sans surprise les partis politiques qui sont présentés comme les plus corrompus ...

L'arbre qui cache la forêt ...

Ce rapport a le mérite d'exister. Il a deux limites. Il classe un résultat qui confond un phénomène et la plus ou moins grande habileté de ses auteurs à le dissimuler ... Or notre toute puissante "Puissance Publique" est très habile et très complexe ... Ensuite, comme nous l'avons vu avec l'Ecotaxe et avec la Douane en général, il ne s'agit pas seulement de la corruption de quelques Cahuzac. Ce serait trop simple. Il s'agit certes de corruption de la part d'élus ou de gouvernants mais pas seulement et aussi de dysfonctionnements structurels et de profonde incompétence, terreau dans lequel la corruption prend alors plus facilement racine aux niveaux intermédiaires et subalternes.

En quoi sommes-nous concernés ?

Le rapport a une intéressante conclusion que je prends comme une hypothèse et non comme une vérité révélée. Il met en évidence que les pays les plus corrompus en Europe (Italie et Grèce) sont aussi les plus endettés ... Une piste donc qui semblerait nous indiquer que chasser la corruption de la maison n'est pas seulement une mesure vertueuse, bonne pour la Morale et le Salut de nos Âmes, mais qu'il y aurait peut-être une vraie corrélation entre corruption et qualité des résultats économiques et sociaux...


jeudi 21 novembre 2013

Enjeux et réalités de l'ECOTAXE, partie 2: le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt

La grande Presse s'est emparée de l'affaire de l'Ecotaxe à cause des activistes aux bonnets rouges et du ras-le-bol fiscal mais revenons au contenu réel de ce projet mal né.
© BERTRAND LANGLOIS / AFP
 
Le film du projet Ecotax avant les bonnets rouges

Suite à 20 ans de réflexion "intense", la puissance publique avait enfin décidé d'agir dans l'intérêt des entreprises, de la communauté nationale, de la qualité de l'air et des finances publiques et cela dans une logique d'harmonisation fiscale européenne. Mais il fallait aussi faire vite car la chose avait traîné et c'est ce qui a été fatal. Revenons un peu aux grandes étapes de la genèse du projet.

1993: la Commission Européenne lance un projet européen d'Ecotaxe
2009: décision de l'état français sous la responsabilité de J.L. Borloo alors ministre du Développement Durable et suite à un vote de l'assemblée (16 ans tout de même).
Août 2009: appel d'offres du ministère du Développement Durable
14 janvier 2011: la commission d'experts classe Autostrade n°1
8 Février 2011: contrat passé avec Autostrade (Ecomouv), la Douane supervisera le consortium Ecomouv et démarrage prévu en fin d'année (presque 2 ans plus tard).
Octobre 2013: démarrage (après plusieurs reports soit deux ans de retard de plus) annoncé pour Janvier 2014 car le dispositif n'est pas opérationnel
Novembre 2013: quelques portiques sont détruits en Bretagne
Juin 2014: nouvelle date de démarrage annoncée par le Premier Ministre.

Dans le monde de l'Entreprise, on apprend une importante notion, le "time to market". Agir dans le temps juste. Désormais, on voit que le projet a du "plomb dans l’aile". Il aura mis 20 ans à maturer, a été confié à une administration, un chef de projet et un opérateur privé mal choisis et se heurte maintenant à des obstacles politiques qui les dépassent. Sur ce dernier point, nous avons vu cette semaine le Premier Ministre reprendre son ministre de l'écologie, Philippe Martin qui avait indiqué que le temps était sans doute venu d'enterrer le projet pour cause de ras-le-bol fiscal.

Pas grand monde sans doute ne pleurerait le retrait de l'Ecotaxe sauf les jeunes lorrains en cours de formation. C'était pour eux une reconversion inespérée or ils semblent encore en attente de leur contrat de travail de la part d'Ecomouv. Mais revenons sur la cause intrinsèque de l'échec de ce projet, une cause juridico-technique qui fait que le ministère et l'administration concernés déjà citées et cependant exonérés de toutes critiques jusqu'ici se sont tout simplement pris les pieds dans le tapis mettant dans l'embarras un gouvernement qui a simplement hérité d'un projet mal conçu et mal réalisé. Voici le résumé de l'histoire. 

Il y avait peut-être un ver dans le fruit

Bien conseillé par la cabinet suisse Rapp Trans AG, le gouvernement avait en effet choisi un partenaire italien, Autostrade, à la suite d'un appel d'offres pour le moins controversé (voir l'article du Point). Ce partenaire ne possédait certes pas la technologie mais assurait pouvoir tenir les délais et il fallait bien ça pour espérer rattraper les retards accumulés dans la longue genèse du  projet. Peu importe que contrairement à la règle en matière d'appels d'offres Rapp Trans AG ait aussi été le conseil d'Autostrade ! Un concurrent franco-espagnol, Sanef, proposait pourtant non seulement une technologie éprouvée mais aussi une infrastructure déjà largement installée puisqu'elle sert déjà depuis des années pour les télépéages. Pourquoi alors a-t-on préféré Autostrade (lire ici pour plus de détails) ? Au fait, qui trouve-t-on derrière ou aux côtés d'Autostrade ? Benetton et Goldman Sachs !

C'est un mystère d'autant plus épais que le président de Sanef, M. Pierre Chassigneux ancien chef de cabinet de F. Mitterrand et ayant dirigé les services de renseignements (résumé de carrière ici) faisait savoir, selon Mediapart, au directeur de cabinet de François Fillon ceci: "Ajouté au risque politique évident que présente déjà l'instauration d'une taxe poids-lourds, celui d'un cafouillage de mise en place dû à l'incapacité de l'opérateur choisi, additionné à un risque de contentieux (...) dont l'issue ne fait aucun doute me paraît une forte accumulation de facteurs négatifs". Puis, il se décidait à porter l'affaire devant le Service Central de la Prévention de la Corruption (SCPC) le 8 février 2011 et enfin devant le procureur de Cergy Pontoise après une enquête préliminaire de la Brigade de répression de la délinquance économique. Le 8 Mars 2011, l'appel d'offres était annulé sur des motifs de forme: "contraire à la fois au principe de transparence[et]au principe de l'intangibilité des candidatures". Il était encore temps de redresser la barre mais le Conseil d'Etat remarquablement diligent annule cette décision le 24 Juin 2011 (voir le site du CE ici). 

Ensuite, M. Chassigneux partait en retraite (lire ici) remplacé le 14 Décembre 2011 par Alain Minc à la présidence de Sanef (maison mère espagnole: Albertis) et tout rentrait dans l'ordre avec au passage un contrat en or massif au profit de l'exploitant Ecomouv (dont 70% remonte au consortium mis en place par Autostrade) qui s'installait chez nous, en Lorraine, région en grande souffrance, pour créer des emplois. Beau projet, rondement mené et une belle histoire donc jusqu'à ce que les Bonnets Rouges attirent l'attention sur cette affaire au point que le tribunal de Nanterre ré-ouvre le dossier et qu'une commission d'information de l'Assemblée se constitue ce mois-ci dans le but suivant: "Les députés souhaitent par cette mission transversale rétablir un climat de confiance et créer les conditions d'un dialogue constructif. Elle formulera des propositions visant à améliorer le dispositif existant" selon les termes du Président Bartolone (voir ici). Vous noterez encore et toujours que le ton reste extrêmement conciliant, il ne faut pas laisser le gouvernement seul et trouver des solutions d'amélioration. Mais s'agit-il d'améliorer ou de carrément reprendre tout à zéro ?

Tout faux sur toute la ligne !

Dans cette affaire, nous avons une illustration de ce que nous appellerions a minima une "Non Qualité" managériale à tous niveaux si nous étions dans une entreprise. Pourtant, personne ne semble vouloir en faire le "REX" (Retour sur EXpérience):

1 Lenteur de l'analyse due à la cohabitation des pouvoirs Europe/France. Dès la conception, le projet a pris du retard entre la Commission de Bruxelles et le Gouvernement Français, les échanges entre pays à cheval sur plusieurs dossiers (transports, harmonisation fiscale, écologie ...) n'ont pas été simples certainement.
2 Défaut de conception dû à la compartimentation politique et administrative. Le "produit" résultant, un impôt, n'est qu'un cataplasme fiscal sur une jambe de bois écologique dans la mesure où le transport routier n'a pas d'alternative réelle faute des projets correspondants (canaux, ferroutage ...). Cet impôt ne change rien à la situation du transport ni à l'environnement, il ponctionne et en cela affaiblit les transporteurs français et certaines régions ...
3 Management incompétent. Ce "produit" en retard et mal conçu est alors confié au mauvais pilote (voir dernier article et lire ici aussi) dans l'espoir que l'on rattrapera le temps perdu et que l'on repeindra rapidement l'action de l'Etat en vert.
4 Probables pressions et possibles pots de vin. Le choix de l'opérateur fait l'objet de suspicions (et de procès) car celui-ci ne possède pas la technologie à la différence de ses concurrents et, sans surprise, malgré un coût de concession exorbitant, il ne tient pas les délais. Les recours légaux ne trouvent portant rien à redire ! Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles comme disait Candide.
5 Mauvais timing. Les premiers tests tombent au pire moment dans un pays qui ne parvient pas à se réformer et dont les gouvernements baissent pavillon dès que la rue se fait entendre.
6 Pas de REX, ni d'apprentissage collectif, la confiance est entamée mais les responsabilités réelles ne sont pas établies. On retarde le projet et sans doute sera-t-il bientôt enterré, du même coup aucun apprentissage politique et citoyen collectif ne peut être fait.

Une gouvernance inconséquente qui pratique le déni.

La vraie cause de cet échec ce ne sont pas les bonnets rouges ni la Presse qui avait tout de même assez tôt mais timidement rendu compte des bizarreries de ce projet. La cause principale en est une gouvernance inconséquente, lente, frileuse et très coûteuse qui, tous partis, élus et hauts fonctionnaires confondus, finit toujours par s'auto-exonérer de ses responsabilités sauf quand le scandale fait les gros titres. Cette gouvernance-là a produit un système qui n'apprend pas de ses erreurs et dont la méthode est le déni !

Ce n'est pas l'Ecotaxe qu'il faut réformer, c'est cette langue de bois et cette méthode de Direction régalienne obsolète ! Beaucoup de gens y compris dans la Presse officielle commencent à le dire. On ne sait qu'inventer de nouvelles subtilités fiscales protégeant un système administratif et politique qui se sert lui-même en priorité. Car à quoi sert la collecte de l'impôt sinon en priorité à financer ce système ? Comment ne sursautons-nous pas quand on apprend que le coût de fonctionnement direct (et cela ne prend pas en compte le coût du projet ni les coûts indirects) représenterait 22% de la collecte d'un impôt comme l'Ecotaxe (250 millions sur 1,15 milliards de collecte, la même chose coûte 13% en Allemagne, ce qui est déjà un très mauvais rendement fiscal) ? Qui plus est, à ce rythme-là, chaque jour de retard coûterait 5 millions à l'Etat !

Le drame c'est qu'à la faveur des diversions médiatiques affublées de bonnets rouges, personne ne semble percevoir l'important. Le sage montre la lune et l'imbécile regarde le doigt. L'important, c'est la faiblesse, l'incompétence et la possible malhonnêteté des cadres de notre pays responsables de tels fiascos et notre incapacité à en changer.

En quoi sommes-nous concernés ?

Pourquoi devons-nous attendre que quelques activistes furibards défendant des intérêts catégoriels ou régionaux brûlent la propriété de l'Etat pour nous intéresser au résultat du travail de celui-ci ? L'Etat et ses fonctionnaires seraient-ils donc les seuls à n'avoir aucune obligation de résultat ?

Il est grand temps que l'on arrête de lancer des projets-cache-misère conduits par des incompétents dans un but illusoire et captés par des affairistes comme ce fut le cas de cette malheureuse Ecotaxe. 

Il est grand temps de repositionner un Etat conscient en face des mutations profondes qui requièrent de faire l'analyse sérieuse des retours d'expérience sur ce qui marche ou pas et de revoir ses missions-mêmes. Promettre d'améliorer une loi ou de renforcer la fermeté budgétaire, d'ailleurs jamais réalisée, ce ne sont jamais que répétitions de solutions qui ne marchent pas. A-t-on oublié que tout ce gaspillage se fait à crédit et que la dette publique n'a fait qu'augmenter depuis que nous en parlons depuis deux ans ?

Il est grand temps de comprendre qu'il ne va pas être possible de faire autre chose que de couper les branches mortes (et ses rameaux pourris aussi) au sein même de cet Etat qui prospère comme un mauvais syndic de copropriété, comme l'aristocratie de l'ancien régime et tout simplement comme une entreprise mal gérée ...

Il est donc grand temps que les citoyens reprennent en main leurs représentants et leurs commis administratifs (fussent-ils sortis de l'ENA, label peut-être prestigieux en France mais qui n'immunise visiblement pas contre la bêtise) et mettent en œuvre eux-mêmes les réformes de fond de l'Economie et de la Société que tout le monde attend. Seulement pour cela, comme le propose Etienne Chouard, il s'agirait que cela soit le fait des citoyens eux-mêmes et non des professionnels habituels de la "chose publique". 

Est-ce possible dans le calme et l'exercice de la Raison ou allons-nous en revenir à l'esprit de 1789 ?

mercredi 13 novembre 2013

Enjeux et réalités de l'Ecotaxe partie 1: rappels

L'actualité revient sur l'écotaxe à la faveur de l'action des "bonnets rouges". Revenons sur nos billets
précédents et examinons ce que la grande Presse ne laisse pas forcément filtrer.

Flash back

Il y a quelques mois je vous parlais, en régional de l'étape, d'une PME lorraine innovante, STVI, qui proposait un système nouveau et transparent permettant de régler intelligemment le problème de la taxation des véhicules de chantier à double carburation diesel taxable/non taxable. Un sujet qui ne fera jamais les unes mais qui fut instruit avec la même habileté et la même diligente "compétence" que le projet d'écotaxe par la même administration et les mêmes personnes.

Notre PME lorraine, STVI, est maintenant entre les mains d'une autre administration, la Métrologie. Spécialiste des mesures de débit d'un fluide dans un conduit (ex: les compteurs à gaz) et armée de textes règlementaires datant de 1945, personne ne doute du résultat de son expertise pour agréer un système informatique embarqué ... Ce système innovant est le résultat de recherches originales par des chercheurs de l'Institut Français des Pétroles ayant déposé un brevet en 2009, fruit d'un partenariat public/privé abouti, lui, à la différence de l'écotaxe ! Le cas de STVI n'avance pas, au contraire. Mais revenons à notre sujet. 

Que fait la douane ?

Henry Havard ex DGDDI
photo d'après http://videos.senat.fr
C'est donc la Douane qui a la responsabilité de cette nouvelle taxe, voir la vidéo qui présente ces activité par son responsable ci-contre. Ce chef de projet d'Ecotaxe déjà cité dans ce blog a fait l'objet cet été d'une "sanction" (voir ici), ce brillant Inspecteur des Finances avait un peu oublié les déontologies nationales et internationales qui prescrivent qu'un haut fonctionnaire "supervisant" des justiciables ne doit pas entretenir de relations privées avec ceux-ci encore moins se faire inviter par eux à des tournois de Tennis ou à des déjeuners.

Or ce dernier avait fumé de gros cigares en compagnie de divers politiques dans des repas luxueux offerts par les cigarettiers responsables de grosses évasions fiscales. Notre haut fonctionnaire n'aura donc plus non plus l'occasion de remédier à ce détail fiscal coûtant peut-être 300 millions par an à l'Etat. Il s'occupait en effet aussi de la perception des droits sur les tabacs et alcools relevant de la direction des Droits Indirects rattachée à la douane. Nous avions publié la réaction des syndicats internes de la douane et de quelques media discrets ...

Résultat: il a été renvoyé à Bercy, dans son Corps d'origine en Septembre. Comme pourrait dire Djamel Debouzze: " alors comme ça tu es muté avec tous tes avantages, ancienneté et salaires maintenus, donc là tu es en version puni ? Moi aussi j'aimerais bien être puni comme ça ! "

Pas de vagues, pas de gouvernance !

Il semble que la sanction évoquée seulement pour ses manquements déontologiques ne coûte finalement pas bien cher au fautif, son successeur ainsi que le gouvernement se retrouvent  héritiers de cette énorme patate chaude, l'écotaxe, qui fait maintenant les gros titres. Comme dans le cas de STVI, de la taxation sur les tabacs et aussi dans celui de la non perception d'une part importante de la TVA extracommunautaire, les mêmes incompétences sont à l’œuvre et ne sont pas réellement sanctionnées ni finalement jamais corrigées. 

Si dans une entreprise quelconque, on fermait les yeux longtemps sur de telles erreurs de gestion, sur la non-qualité systématique, voire sur des comportements fautifs que croyez-vous qu'il se passerait à la longue ? La conclusion que l'on peut en tirer avec en tête ce référentiel "entrepreneurial" que malheureusement on n'applique pas à la haute administration, c'est que nous avons-là une cause importante des dysfonctionnements de l'Etat et de la compétitivité déclinante du pays sur la scène globale. Peut-être faudrait-il chercher ici une cause structurelle de la dégradation de notre note Standard and Poors.

En quoi sommes-nous concernés ?

Au regard des dégâts causés par cette mauvaise gestion, illustrée par l'écotaxe et divers autres projets rappelés plus haut par la même administration, peut-être devrions-nous nous préoccuper davantage de la gouvernance à exercer non pas seulement sur les politiques et les élus mais aussi sur la haute administration. Et cela est notre affaire et notre responsabilité ... Ou bien sûr, comme les bonnets rouges, il est possible de se contenter de foncer tête baissée, de brûler les portiques et de chercher des boucs émissaires.

Notre prochain article rappellera, avec ce préambule en tête, l'historique et la situation présente de l'Ecotaxe.

samedi 12 octobre 2013

La Science de la Richesse

... Où l'on découvre un univers du "Développement Personnel" et aussi des pratiques managériales  d'entreprise étonnamment ancrés entre religion et business et philosophiquement éloignés de la culture et "humanités" françaises ... Voici un livre qui aide à recoller les morceaux.
Wallace D Wattles

Un auteur inconnu et influent

Le portrait de droite appartient à Wallace Delois Wattles un modeste prédicateur américain mort en 1913 et surtout auteur d'un livre le plus souvent traduit par  La Science de la Richesse. Je suis sûr que certains  se disent: "mais c'est ridicule, s'il y avait une science pour devenir riche, cela se saurait ..." Eh bien si et c'est le sujet du livre que je publie ces jours-ci en version bilingue sous la marque "Acatl Editions" sur Amazon:



Une théorie "attractive"

De quoi parle Wattles ? De foi ! Oui cet apprenti pasteur, exclu de chez les méthodistes pour ses sympathies réformistes en faveur d'une approche sociale-chrétienne vivait dans une extrême pauvreté et prêchait qu'une certaine approche du contrôle mental  permet d'obtenir richesse et santé. Il s'agissait de penser et de faire les choses d'une "Certaine Manière" ou comme je préfère le traduire: "une Manière Certaine". Et cela a marché pour lui ... en partie. De santé très précaire, il est mort à 51 ans ... avec la satisfaction de savoir que son livre se vendait si bien que sa famille aurait désormais de quoi subvenir à ses besoins. De son point de vue, il était enfin devenu riche !

Derrière cette conviction érigée en principe scientifique se trouve la foi remaniée et émergente des Eglises américaines d'origine calviniste regroupées dans ce mouvement de la fin du XIXème siècle nommé "Nouvelle Pensée". Et cet auteur, peu connu chez nous en dehors du milieu du Déveleppoment Personnel, apparaît dans l'édition américaine au moment précis où son propos matérialise parfaitement l'aspiration à la concrétisation du vertigineux rêve américain et de la société de consommation ...

Une pseudo-science entre "foi et fric"

Pourquoi diable s'intéresser à cet inconnu ? D'abord, à l'égal de ce que j'avais découvert avec Emile Coué, l'univers réel de Wattles est sociologiquement bien plus passionnant que les fables qu'on nous raconte souvent dans les bouquins de Développement Personnel. Ensuite, ce que démontre sa biographie, c'est que cet homme était sincère.

Alors ? La Science de la Richesse donnée à découvrir dans ce livre en VO et dans une retraduction personnelle très proche du texte d'origine est un curieux témoignage de cette foi calviniste rénovée qui se fonde sur le principe de la "loi de l'Attraction". En fait, ce livre en est l'un des "Evangiles" même si le terme "Attraction" n'y est pas utilisé.

C'est quoi l'"Attraction" ? 

Il s'agit de considérer que la nature de notre pensée oriente l'énergie de l'univers dont elle fait intrinsèquement partie. Si cette nature est positive, on réussit; sinon on attire la poisse ! Vous trouverez le détail dans le livre. Plus de 180 livres étaient en vente en français sur ce thème en Juillet dernier !

Et ce discours, à lui seul, tira Wattles de l'indigence, preuve pour lui de l'efficacité de "sa science". Et après lui s'ouvrit un énorme marché ... qui connaît actuellement un regain de forme du fait de la "crise".

Quelle importance ?

11 Milliards de dollards ! C'est la taille estimée du marché américain du Développement Personnel constitué notamment de petits livres sur: comment devenir riche, influant, bien portant, sexy ou mince ... Et cette loi de l'Attraction est la théorie de loin la plus souvent invoquée à l'appui des gourous qui ont investi cette important niche éditoriale. Ajoutons qu'en ce domaine comme dans d'autres, le marché américain se décalque sur un autre marché de même orientation mais plus vaste encore: le Marché Global !

Autre élément moins connu, sous différents aspects sur lesquels je reviendrai, notamment le principe de Pensée Positive et une nuée de techniques psychologiques qui en découlent, nous retrouvons cette "loi" à la manœuvre dans l'enseignement de nos grandes écoles après l'avoir été sur les plus prestigieux campus américains. Harvard, par exemple, a été l'un des creusets de la Nouvelle Pensée.

Ainsi donc, livres de Développement Personnel, stages motivationnels, enseignement du management, pratiques d'entreprises s'appuient en partie sur une base de croyances dont j'ai voulu retrouver et donner à lire, comme tels, les textes et contextes des histoires vécues originelles. D'où ce premier livre et il y en aura au moins deux autres. J'espère que vous aurez à coeur de les lire et même de les faire connaître.

J'ai voulu donner le "vrai" texte et les commentaires qui permettent de le situer. Libre ensuite aux uns et aux autres, croyants et sceptiques de se faire leur opinion. En plus, vous verrez, cela se lit vite.

Vieille histoire que voilà, pourquoi remuer ainsi la poussière ? 

Mais parce que nous sommes en "crise" et que ces petits livres, sous couvert de nous redonner de l'espoir, vendent un dogme qui vaut ce que valent tous les dogmes, à chacun d'en faire ce qu'il veut. Il m'a paru utile de les resituer, justement parce que la crise pousse beaucoup de gens à vouloir désespérer ... ou à vouloir croire ...

En France, nous sommes peu informés et très éloignés du phénomène évangéliste et des "Mégachurchs", qui s'inspirent du contenu de ce livre. D'où d'ailleurs notre incompréhension de certains aspects économiques, sociaux et politiques américains ... Certes, nous avons aussi nos propres dogmes religieux et politiques. Raison de plus pour être attentifs aux courants de pensée d'où qu'ils viennent. Ils influencent l'édition, le management et imperceptiblement aussi les discours "positifs" des dirigeants économiques et politiques. Peut-être apportent-ils du nouveau d'ailleurs ? A chacun de se faire une opinion.



mardi 8 octobre 2013

Le micro-crédit a le vent en poupe

Babyloan a fêté ses 5 ans le 2 octobre,  à l'espace au Comptoir Général, quai de Jemmapes dans le Xème à Paris, j'y étais. Le concept prend racine, la start up s'étoffe et l'on apprend que le micro-crédit va être facilité.

La croissance d'une start up solidaire

A l'occasion de TEDxLaDéfense, je vous présentais cette plateforme et son dirigeant il y a maintenant 15 mois. Comme le montre l'évolution du bandeau de son site ci-dessous entre ces deux dates, la croissance relative de cette activité est significative:


En cinq ans, ce site s'est imposé comme le n°2 mondial du domaine dans le monde. Certes, les montants sont encore faibles en valeur absolue mais les banques traditionnelles s'y positionnent. On sent qu'au delà des critiques pessimistes sur les méfaits de la finance mondiale dont nous nous sommes faits l'écho dans ce blog, il s'agit bien d'une piste de financement de l'économie dite solidaire qui s'impose peu à peu dans les esprits. La goutte d'eau fait une petite flaque et c'est heureux car pour moi l'économie solidaire n'est autre qu'une forme émergente de l'économie tout court.

Je vous avais dit que j'avais moi-même décidé de faire un prêt pour voir. Le projet que j'avais choisi était celui d'une jeune maman palestinienne éleveuse de lapins, il était proposé par une ONG locale, IMF. Ce prêt est désormais remboursé à 75%. L'expérience montre aux Babyloaniens que malgré les risques présentés par la plateforme, eh bien, ces prêts sont remboursés dans une très forte proportion. Cela permet au prêteur de récupérer son argent moins les frais initiaux versés à la plateforme ou de prêter à nouveau à un autre projet. C'est ce qu'ils choisissent la plupart du temps. C'est ce que je ferai.

Babyloan nous a présenté plusieurs entrepreneurs et aussi des collégiennes d'une école participant à un programme scolaire qui associe les classes volontaires au parrainage de certains projets que les élèves choisissent eux-mêmes. 

Les perspectives

Le gouvernement avec qui cette plateforme et d'autres sont en relation serait en train d'assouplir les règles permettant le prêt solidaire c'est-à-dire sans intérêt comme celui que pratique Babyloan mais aussi le prêt de particuliers avec intérêt. Ces mesures, si elles sont votées, permettront sans doute un essor encore plus important de la formule. Les projets financés en France sont déjà une réalité comme nous l'avons constaté avec deux témoignages mais devraient devenir plus communs. Nous avons aussi appris que d'autres pays assouplissent leur législation sur le contrôle des changes, c'est ainsi que le Maroc par exemple s'ouvre désormais et que Babyloan présentera prochainement des projets marocains.

Babyloan prépare de nouveaux projets capitalistiques visant à assurer son développement même si Arnaud Poissonnier, son président, indique qu'elle devrait rester dans le domaine des prêts sans intérêt. Des estimations indiquent que l'ensemble de ce nouveau secteur financier pourrait atteindre un volume d'encours de l'ordre de 6 milliards d'euros d'ici 8 à 10 ans.

En quoi sommes-nous concernés ?

Nous avons évoqué ici et à TEDx le fait que l'humain et le profit pouvaient se conjuguer. Il semble que cet exemple, certes encore tout petit, montre que c'est possible. La meilleure façon que vous auriez de vous en convaincre serait de faire comme moi: essayez. Ce n'est même pas de l'argent perdu !

Peut-être un jour prochain, les PME classiques pourront-elles se financer de cette façon ? Pour que ceci advienne il faudra que beaucoup d'autres choses changent mais enfin, en attendant, je voulais déjà partager cette note d'espoir car elle rejoint le thème d'une autre de nos intervenants de TEDxLaDéfense sur le financement de l'innovation. Il s'agit de Geneviève Bouché, ex-dirigeante de start up et présidente d'un club de Business Angels dont j'ai eu le plaisir de publier le dernier ebook que voici: Des business angels au crowdfunding


mardi 10 septembre 2013

La souveraineté du jury

Suite de notre dernier article. Des parents protestaient contre les notes partiales de toute une classe d'un lycée privé d'Agen au bac de français. Ils étaient reçus par le recteur le jour même (le 29 Août), je parlais de ce fait divers car il me semblait que pour une fois, à part la grande presse, tout le monde avait bien réagi.

Rappelons-nous qu'il y avait dans cette affaire un soupçon de partialité sur le jury qui avait demandé aux élèves de quel lycée ils venaient. Il aurait bien pu vouloir régler de vieux comptes entre privé et public, vieille passion triste à la française. Et de fait, les notes étaient toutes nettement inférieures aux attentes ce qui ne s'observait dans aucun autre groupe-classe comparable. Le résultat est tombé, "administrativement" on ne peut rien faire. Les notes suspectes ne changeront pas. Mais le recteur précise que si certains élèves sont un peu "justes" pour avoir leur bac ou une mention, on leur ajoutera quelques points... Un jugement de Salomon ... qui pousse la poussière sous le tapis.

Au fond, tout reste bien sobre et bien mesuré. Parents et élèves apprennent à composer avec la toute puissance des représentants de la République et s'il le faut, on saura arranger le coup le cas échéant .. Mouais ... les apparences sont sauves et tout le monde apprend à vivre avec un système arbitraire et qui n'a pas dans ses gènes la capacité à apprendre de ses erreurs. Pourquoi voudrait-on réformer la perfection ?

L'histoire ne dit donc rien en effet sur ce que le "process" républicain aura pu "apprendre" sur lui-même de cet incident et l'on peut douter que l'on aura à cœur "en interne" d'élucider le problème sous-jacent. Je regrette que le journal Sud Ouest qui est, semble-t-il, le seul à rendre compte de l'affaire, n'évoque même plus le fait générateur de ce qui est peut-être un abus de pouvoir (avec en arrière plan des querelles pubic/privé)... Comme si une telle éventualité n'était même pas envisageable.

Nous verrons dans un prochain article que nous avons ici un exemple d'un fonctionnement que l'on retrouve à des niveaux beaucoup plus élevés de l'Etat et que les mêmes causes produisent les mêmes effets ...c'est à dire aucun effet ! Il me semble que ces parents et ces enfants-là, comme nous tous, devrions être plus exigeants sur la qualité et l'impartialité des décisions de notre fonction publique dont la réforme en profondeur semble partout moins que jamais à l'ordre du jour. A suivre.

jeudi 29 août 2013

L'Ecole, la Presse et les passions françaises

En cette veille de rentrée, voici une petite réflexion suite à une nouvelle de ce mois d'Août. Un parent d'élève a rendez-vous ce soir avec le recteur de son académie (Bordeaux) pour évoquer le cas de sa fille et de ses 20 camarades de classe injustement notés, selon lui, au bac français de juin.

Le scoop
Crédit photo: Sud Ouest, T-DV
6/20 en moyenne (de 2 à 10/20) pour la section littéraire passée en totalité devant un jury qui a, à chaque fois, insisté pour connaître le nom de leur lycée, Saint Caprais ci-contre, un lycée privé d'Agen. Pendant le même temps, la section scientifique du même lycée passait devant un autre jury qui ne posait pas cette question et obtenait des notes correctes et conformes aux notes nationales habituelles. Vous trouverez plus de détail de l'affaire dans Sud Ouest.

L'interview bâclée
Bon, sans doute pas terrible comme scoop. En fait, je n'étais pas informé de ce "fait divers" et bien qu'ayant une fille qui a passé cette épreuve-là en Juin, je n'étais pas spécialement intéressé par le sujet jusqu'à ce matin. J'ai, en effet, entendu l'interview du parent d'élève qui a pris la tête de ce que "20minutes", jamais en panne d'un bon mot, appelle une "classe-action". Cet interview est celle d'un parent (Virgil Javorski) à Europe Un (Europe matin) un peu avant sept heures ce Jeudi 29 Août. Le journaliste, sans doute excédé d'avoir à s'occuper des "chiens écrasés", a semblé peu à l'écoute de ce parent et plus préoccupé par ses "bons mots" à lui que par son sujet. L'interview fut introduit par un cliché, une question-alibi et un jugement moralisateur qui donnaient à peu près ceci (citation approximative):
 "il n'est pas courant qu'un parent décide de passer un oral pour sauver celui de sa fille, qu'est-ce qui vous a poussé à prendre rendez-vous avec le recteur, vous vous rendez-compte si les recteurs devaient recevoir tous les parents dont les enfants ont eu une mauvaise note ... ?".

La réponse professionnelle
Heureusement, ce monsieur fut précis et neutre: 
"nous sommes 21 parents à avoir écrits au rectorat et c'est le recteur qui m'a proposé ce rendez-vous et je corrige la présentation que vous avez faite: ma fille n'est pas une brillante élève mais plutôt moyenne mais ses camarades et elle sont 21 à avoir des notes ne correspondant pas à leur niveau, ils sont tous passés avec le même jury, tous ont dû dire, contrairement aux règles de cet examen, de quel lycée ils venaient..."

L'arrogance d'un journaliste qui ne connaît même pas son dossier, qui tronque ou change les faits pour faire un mot et qui, en plus ensuite, houspille l'interviewé, me dérange. Par chance, en peu de mots, le parent d'élève fut nettement plus professionnel que le journaliste qui ne put s'empêcher de finir en parlant du "grand oral" de ce papa et de lui conseiller avec une superbe condescendance de s'entraîner , pour avoir une bonne note, à faire court et d'être concis. Pour moi, ce journaliste que je ne connais pas, car j'écoutais Europe Un par hasard ce matin, ne mérite vraiment pas la moyenne. 

Chacun a bien fait son boulot
Il y a un peu plus. Je voudrais, en contrepoint de la médiocrité et de l'arrogance de ce mauvais interviewer, souligner l'exemplarité des acteurs de cette affaire. Qu'avons-nous en effet ici ?
1) Tout porte à penser à un règlement de compte sous-jacent entre privé et public, une vieille passion triste à la française et pour autant aucune accusation hâtive n'a été proférée.
2) Des faits assez clairs. En effet, il ne s'agit pas d'un cas isolé comme l'avait compris le journaliste mal informé d'Europe Un, mais d'un échantillon de 21 cas à comparer presque selon la méthode du double aveugle chère aux chercheurs en sciences sociales, avec un autre échantillon comparable et neutre (la section scientifique). Ce genre de situation est rare au naturel.
3) Les parents, pour une fois unanimes, se sont concertés et ont sagement écrit au rectorat. Peut-être aussi au journal (Sud Ouest) mais l'histoire ne le dit pas. En tous cas, ils ont été des parents et des citoyens responsables et respectueux.
4) Le rectorat, malgré les vacances, a réagi rapidement et de façon appropriée. Il montre ainsi qu'il est vraiment à l'écoute et là-encore, contrairement à notre pauvre journaliste, il démontre sa considération et sa compétence.
5) Les media écrits locaux (Sud Ouest) voire nationaux (Le Figaro) qui ont rendu compte du problème l'ont fait de manière précise et mesurée.

Alors ? 
Sans l'arrogance et la bêtise de cet interviewer, grâce à qui  j'ai tout de même été informé (LOL), je constate que malgré un problème encore à clarifier et à traiter, tout le monde a parfaitement fait son travail dans cette affaire jusqu'ici ! Je voulais souligner cette petite bonne nouvelle partielle parce que, grâce aux clichés entretenus par les media, on a l'habitude de considérer les parents d'élèves comme des veaux totalement partiaux, l'administration de l'Education Nationale comme impuissante et les media locaux comme insignifiants. Il est temps que les "grands media centraux" cessent de penser avec des clichés.

Les grands media entretiennent les passions tristes
La seule chose qui semble déplacée ici et c'est d'ailleurs le cas dans bien d'autres affaires plus conséquentes, c'est la "grande" aristocratie médiatique qui attend qu'on lui apporte les sujets, qu'on les lui prépare et qui ensuite ne les lit pas et ne sait même pas en tirer parti sauf pour entretenir les préjugés, le défaitisme et les tenaces passions françaises. En plus, l'évolution de leur audience montre que le public, peu à peu, "consomme" l'information à la demande via le net et prend ses distances par rapport à ces nouveaux féodaux que sont les media traditionnels. Je trouve cela plutôt réconfortant. 

Souhaitons à monsieur Javorsky et au recteur de l'académie de Bordeaux non pas un bon "grand oral", ni que l'un donne à l'autre une "bonne note" et réciproquement, mais que le dialogue constructif amorcé permette de régler intelligemment le problème sous-jacent. Souhaitons surtout que le traitement médiatique du sujet ne vienne pas empêcher les gens compétents et concernés de gérer leurs affaires entre eux.

Comme promis avant cette longue interruption d'été, je vous donnerai bientôt la suite et sans doute la fin du feuilleton sur la douane et je vous parlerai des dernières parutions ACATL.

lundi 17 juin 2013

Morale, fonction publique et simplicité

Source: syndicat Solidaires Douanes
Après les scandales qui, de droite et de gauche, n'ont cessé de toucher nos politiques, cette affaire n'a pas la même envergure. Sans doute est-ce lié aux personnes mises en causes qui n'apparaissent pas sur le devant de la scène. Du coup, les conséquences restent sous le niveau de la couverture radar. Voici tout de même afin de ne pas les oublier quelques conséquences que l'on me fait connaître.

L'alliance anti-tabac:

Voici tout d'abord ce que disait une lettre envoyée par l'Alliance contre le tabac envoyée au ministre de tutelle, Bernard Cazeneuve:

"Par conséquent, nous nous interrogeons sur les sanctions que vous envisagez à l’égard de vos fonctionnaires, M. Henri Havard et M. Galdéric Sabatier, cités dans cet article, pris en flagrant délit de conflits d’intérêts avec les industriels. Alors que le Président de la République entend moraliser notre vie publique, ces sanctions doivent être exemplaires afin que ces pratiques illicites ne puissent plus se reproduire, et que ces deux fonctionnaires cessent leurs relations avec les multinationales du tabac."

Je ne soutiens habituellement pas les associations de ce type dont les finalités restreintes quoique louables aboutissent le plus souvent à des règlements absurdes et liberticides. Cependant, ici, il faut bien admettre que l'alliance met le doigt sur le même problème que nous à savoir celui de la Moralisation de l'action publique et de la Gouvernance globale. Notez que pour une fois les noms sont publics car à l'origine, les journalistes les ont donnés, chose nouvelle s'agissant de "simples" hauts fonctionnaires.

Les syndicats:

Voici maintenant un extrait d'un communiqué du syndicat Solidaires Douanes. Là non plus, je ne soutiens généralement pas les syndicats de ce type car trop souvent limités et défendant seulement des intérêts catégoriels. Pourtant, de même que dans le cas précédent, ils mettent l'accent sur la question de la qualité de la gouvernance de leur administration:
"Mention spéciale pour les personnes citées, qui s'engagent beaucoup au service de l'économie (privée). Ainsi, le sous-directeur est le grand promoteur de la taxe poids lourds (mission fiscale dont la perception a été privatisée) et le chef de bureau s'est battu avec acharnement, pour adoucir des dossiers contentieux, qui étaient sûrement bâtis sur des bases trop fragiles… à la suite de plusieurs affaires aussi isolées que regrettables, le directeur général des Douanes précédent avait initié une action de formation nationale en matière de … déontologie ! Quand des représentants connus de notre administration tordent à ce point les principes de neutralité du service public et qu'est ainsi atteinte la crédibilité de l'action de la douane, on est en droit de se demander s'il est bien sage de conserver ces derniers à de tels postes ! Il serait bien de commencer par les inscrire à la dite formation ainsi que la hiérarchie supérieure, particulièrement friande de l' « administration de service », ce qui serait au moins aussi utile que pour la valetaille ..."

Voici deux liens si vous voulez creuser:
Solidaire.
CFDT.

Bien dans le style syndicaliste, on voit qu'ils mettent là-encore le doigt où cela fait mal et ne se cachent pas derrière la solidarité de leur administration. Comment en outre, des cadres feraient-ils dans n'importe quelle organisation pour diriger quoi que ce soit après de telles mises en cause ?

La Presse Magazine:

Enfin rappelez-vous que ces sujets presque inaudibles ont attiré mon attention à la suite d'une affaire dont j'ai été témoin et dont le même sous-directeur était l'acteur essentiel. Voici ce que reprend le magazine l'Entreprise de Juin dans son dossier consacré à la "complexité" administrative, étouffante au sens littéral:

Il s'agit du cas STVI que j'avais présenté dans ce blog. Le journaliste du magazine ne s'est pas donné la peine de croiser ses informations, il a simplement repris les sources plus confidentielles que j'avais déjà citées. Cependant, toutes ces informations sont bien exactes et il est heureux qu'elles puissent commencer à faire surface ...

En quoi sommes-nous concernés ?

Le risque, c'est que nous ne le soyons pas assez justement ! Que va-t-il se passer pour les fonctionnaires mis en cause ? Rappelons-nous que ces mêmes "hauts cadres" gèrent 14% des recettes de l'Etat (Droits Indirects) et que, comme nous l'avons montré, plusieurs gros dossiers comme l'écotaxe poids lourds, la TVA extra-communautaire et des plus petits comme celui de la bi-carburation des engins de chantiers sont à la peine alors que l'Etat continue à s'endetter chaque mois et cherche de nouveaux impôts.

Ce que nous montrent ces affaires c'est qu'une incompétence s'est installée aux niveaux intermédiaires de certains rouages de l'Etat. Il est question de trois sortes d'incompétence ici, en poupées russes. Il y a d'abord cette incroyable arrogance de ceux qui s'affichent avec les représentants de lobbys qu'ils sont censés cadrer, c'est humain mais "inapproprié" pour le moins. C'est une forme d'incompétence déontologique à l'heure où le gouvernement cherche à moraliser et où Cahuzac fait le buzz comme si rien ne pouvait atteindre les protagonistes ... Peut-être ont-ils trop cru que les ministres ne faisant que passer, ils n'avaient pas de souci à se faire ... et ils n'avaient pas tort jusqu'ici.

Et il est question des dossiers qui n'avancent pas qui renvoient à une autre incompétence, technique celle-là. Et nous ne parlons même pas de ce qui inquiète de façon profonde mais sous-jacente les deux syndicats cités plus hauts: l'avenir-même de cette administration mise en cause à juste titre par le candidat Sarkosy en 2007, il s'agirait plutôt d'une incompétence structurelle déjà citée par des sociologues  dans ce blog qui touche la gouvernance d'un Etat qui ne parvient pas à réformer son administration. Les trois sont liées.

Or nous savions par l'expérience des décennies passées que l'incompétence d'Etat est rarement sanctionnée sauf aux niveaux inférieurs même quand elle est démontrée. Nous verrons ce qui adviendra ici. Pour l'instant, nous n'en sommes qu'aux présomptions. Ces trois exemples montrent tout de même que juste en dessous de la couverture radar, des informations filtrent. Les intouchables ne sont plus hors d'atteinte.

jeudi 6 juin 2013

Vers une moralisation de la haute fonction publique ?

Deux hauts fonctionnaires se font "rincer" par des cigarettiers. Suite inattendue des derniers épisodes sur la "Morale" ou hasard ? Voici un rebondissement que je voudrais commenter.
Photo: http://www.rolandgarros-salons.com

Fait générateur:
Deux hauts fonctionnaires de Bercy sont l'un invité à un déjeuner très luxueux (10k€ tout de même), l'autre à Roland Garros par notamment British American Tobacco. Dans les deux cas, des élus sont également de la partie. Mais où est le problème ? On sait bien que lorsque l'on est détenteur d'un certain pouvoir, des lobbys exercent sur vous pressions et séduction. Accepter une invitation n'est pas forcément signe de corruption ... Ne nous voilons pas la face, les affaires marchent ainsi ... également. Alors quel est le problème ?

Le problème:
Voici mes sources. Tout d'abord, un article bref du Lab d'Europe 1 du 4 Juin nous précise la réaction des ministres de tutelle de ces fonctionnaires:

" Evidemment, aucun ministre, ni même la directrice des douanes n’étaient au fait de la présence de ces deux personnes. Ces deux hauts fonctionnaires ne nous ont absolument pas averti de cette initiative individuelle. Ils ne représentaient qu’eux-mêmes. Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve désapprouvent totalement ce déjeuner. Et l’appréciation administrative de ces deux personnes est actuellement étudiée par leur hiérarchie."

Cet article se réfère lui-même au JDD du 2 Juin qui est plus explicite. Ces réceptions ont eu lieu dans le double contexte suivant:
1) l'évasion fiscale de ces groupes cigarettiers via les Pays Bas serait de 300 Millions d'euros par an.
2) l'augmentation du prix du tabac mais pas trop vite afin de ne pas pousser les consommateurs à acheter leurs cigarettes dans les pays frontaliers ...

Le problème est d'abord celui du droit, le Lab rappelle qu'en matière de tabac la convention-cadre de l'OMS prévoit que "l’Etat doit veiller à ce que les politiques ne soient pas influencés par les intérêts de l’industrie du tabac". Ensuite, le contexte de l'affaire Cahuzac et sa partie immergée sur laquelle j'avais essayé de faire une plongée, ainsi que les crises qui devraient pousser à des changements radicaux nous incitent à rechercher une certaine exemplarité et nous retombons sur le thème de la gouvernance et de la Morale politique or ... couac mais aussi occasion de voir que peut-être, enfin, certaines choses sont en train de changer ! 

En quoi sommes-nous concernés ?

Sans me prononcer sur le fond de cette nouvelle affaire, je constate que l'un des hauts fonctionnaires impliqués est justement celui dont je parlais à propos du cas STVI: Henri Havard. Pour ma part, comme je le disais en commençant cet article, je ne suis pas très fan des chasses aux sorcières, mais c'est bien qu'il n'y ait plus d'intouchables. Ainsi, si Bernard Cazeneuve, le ministre concerné, succède à Cahuzac, je suis ravi (mais pas étonné) de constater qu'il n'est pas là pour le remplacer !

Ravi, je le suis aussi de voir que des journalistes ne reculent plus à sortir les infos qu'ils doivent sortir. Ensuite, laissons aux responsables voire à la Justice le soin de faire enfin leur travail s'il y a lieu et ceci mieux que ne semble faire le sien l'administration citée dans les articles en référence !

lundi 3 juin 2013

Castres, capitale du fair play

Un court sujet à l'occasion de la finale du TOP 14. Castres, cité traditionnellement ouvrière du Sud
Source: http://midi-pyrenees.france3.fr
Ouest se réunissait devant le grand écran de la place Soult retransmettant le match Toulon-Castres. Nous étions, pour assister à une autre finale, plus confidentielle, de gymnastique, à Albi où notre fils participait en équipe au championnat de France criterium. nous avons fait les 40 km entre les deux villes.

Nous avons croisé à Castres quelques rares provocateurs arborant les couleurs du RC Toulon. Ont-ils molestés ? Non. D'ailleurs sur la photo ci-contre, on voit à gauche un drapeau rouge et noir ...  Nous avons été agréalablement surpris par exemple à l'occasion de nos déplacements dans cette foule de constater que des gaillards de cent kilos peints en bleu et blanc s'écartaient poliment pour laisser passer madame ...

Et Castres a gagné un peu à la surprise des commentateurs. Cela a-t-il, comme avec les pseudo-supporters du PSG été le prétexte à des débordements voire à des actes violents ? Non, le rugby sport de brutes, même devenu professionnel, reste un sport pour des gentlemen ! La violence est sur le terrain comme sublimée et presque toujours auto-contrôlée.

En quoi cela nous concerne-t-il ?

Le rugby est pratiquement le seul sport médiatique qui m'intéresse. J'ai parlé de la "Morale" que nous partageons ou pas et qui détermine, ou non, la qualité de nos liens sociétaux. 

A Castres, cité éprouvée par la crise et par le scandale du médiator, le rugby reste un trait d'union et non un signe de désunion. Je voudrais ici vous rappeler ce que je disais dans cet article de blog en citant Michel serres à propos du rugby et du contrat naturel: "la pratique du rugby, plus que le spectacle de celui-ci, est une puissante pédagogie. Pour vaincre, il faut respecter les règles et l'adversaire et pour cela déployer son énergie en gardant le contrôle de ses émotions. Celui qui dégoupille est sanctionné et fait perdre son équipe !"

Et bien, nous avons été en famille constater paisiblement que le spectacle de ce sport de combat collectif renforçait plutôt le contrat social.

mardi 28 mai 2013

TEDxParisUniversité le 8 Juin à la cité des Sciences

Presqu’un an déjà que s’est tenu TEDxLaDéfense. Pérenniser l’événement était l’un de nos souhaits. Cela ne se fera pas sous la même forme en 2013. En attendant, que se passe-t-il ? Plutôt que d’énumérer ce qui ne s’est pas (encore passé) voyons quelles ont pu être les suites directes ou indirectes de ce TEDxLaDéfense. Juin foisonne d'évènements TEDx à Paris:

Le 4 juin à la gaité lyrique en soirée, TEDxParis, « ça marche » célébrera ce qui marche, les initiatives qui fonctionnent, les projets à succès qui changent le présent et modèlent l’avenir, qui donnent de l’espoir et qui inspirent. Toutes les places sont déjà vendues.
Le 8 Juin à la cité des Sciences de la Villette en après-midi, ce sera TEDxParisUniversités qui se focalisera sur « percevoir l’improbable ». On peut réserver ici: https://www.atendy.com/event/tedxparisuniversites-89025226?   
Le 13 Juin à Bobino en soirée, TEDxVaugirard nous ramènera au « coeur de l’humain ». Là, en revanche, les pré-inscriptions sont ouvertes et accessibles par le lien ci-dessus.
Les organisateurs de TEDxParis et de TEDxVaugirard, nommément Michel Lévy-Provencal et Stéphane Roger m'ont aidé à ce que se tienne, entre leurs deux événements, ce TEDxParisUniversités dont je suis le licencié officiel à défaut d'en être l'organisateur. Mais je m'occupe un peu des intervenants tout de même avec Maxime et Joris.

A très bientôt pour d’autres news sur le site de TEDxLaDéfense où je vais publier très prochainement des articles ou des news de nos amis intervenants notamment et le faire vivre ainsi jusqu'à une autre possible tenue de cet évenement.

lundi 20 mai 2013

Philippe Rambaud à TEDxVaugirard, nourrir le succès futur


Voici une suite de courts articles TEDx: commençons par la réussite en affaires... après la faillite. Philippe Rambaud nous avoue sa faillite et en fait une force pour "rebondir". Comment est-ce possible ?

La quadruple punition:
Philippe nous explique qu'il a découvert qu'un entrepreneur qui échoue vit une quadruple punition. 

  • Il porte tout d'abord sa honte. Sa faillite est indicible car il se sent traître à ses salariés, à ses actionnaires et à ses clients.
  • Il est ruiné: ses économies se sont envolées, il a des dettes, il n'est plus solvable car il est marqué au fer rouge par la banque de France même à titre privé (F. Hollande a promis de remédier à ce problème, nous verrons), enfin il peut même avoir été condamné par le tribunal de commerce ... 
  • Il est ostracisé: la société le rejète. Quel que soit son âge, qui irait embaucher un looser ?
  • Enfin, il est heureux s'il a encore une famille.

Allez donc rebondir après. Et pourtant, c'est ce qu'a faite Philippe grâce à ses clients, sa femme et sa thérapeute. Conscient que très nombreux sont ceux qui n'ont pas cette chance, Philippe a, en plus avec son épouse et sa cousine Catherine, ancienne chef d'entreprise et avocat, monté une association qui les y aide: 60000 rebonds. Je vous propose ci-après la vidéo de Philippe à TEDxVaugirardRoad l'an passé:



En quoi sommes-nous concernés ?
Ils sont 60000 à faire faillite chaque année (en fait plutôt 50000 car il y a aussi des arrêts volontaires ...). Philippe nous dit trois choses simples:
  • A raison de 5 emplois par structure, cela fait 250000 emplois par an.
  • Si l'on s'attachait à ces entrepreneurs qui ont démystifié la création d'entreprise, quitte à y avoir tout perdu, on aurait-là un vivier compétent et motivé pour ré-entreprendre et "sortir du cadre.
  • Attention, nous avons ici, en France, un handicap structurel très fort: la failli est un looser donc un paria or ceci n'est pas vrai dans des pays plus dynamiques comme les USA. Se planter c'est une occasion de réussir encore mieux après !

J'ai rencontré Philippe dans ce TEDx une semaine avant notre TEDxLaDéfense. J'ai voulu mieux connaître Philippe et apprécié son action dont je sais qu'avec l'aide du cabinet Ernst and Young, elle a décollé dans la région de Bordeaux. Le chemin sera long pour changer de mentalité tout en affrontant les réalités entrepreneuriales en face. A n'en pas douter, Philippe est de ceux qui "positivent" et qui savent ce que cela veut dire.

Pour finir, je veux adresser un coup de chapeau à Stéphane Roger qui organise de nouveau mais à Bobino, le jeudi 13 Juin au soir, cet excellent http://www.tedxvaugirardroad.com/. Le prochain article vous en dira plus sur la "saison" des TEDx parisiens en juin.

mardi 7 mai 2013

Des business Angels au Crowdfunding


Toute dernière publication d'Acatl Editions, voici une réflexion originale qui parle business ET société. En ce début de 21ème siècle, l’innovation devient un des principaux vecteurs de compétitivité des entreprises, et des nations elles-mêmes. Notre compétitivité passe donc désormais par la maîtrise des nouveaux processus de financement des startups innovantes ce qui constitue le sujet de ce livre.

L’irruption du « financement participatif », appelé aussi « crowdfunding », nous place face à nos responsabilités quant à notre manière de faire éclore, de retenir et d’attirer des startups innovantes. Ce nouveau mode de financement a pour but de ré-aiguiller l’épargne publique vers l’économie réelle et est déjà mondialisé. Par ailleurs, le grand investisseur dispose de moyens importants et professionnels pour orienter cette innovation selon ses propres critères. Le Business angel classique se trouve ainsi pris en tenaille par des acteurs nouveaux sur une scène élargie. Comment faire en sorte, dans le contexte de la start up innovante, que la Finance s’investisse bien dans l’économie réelle au profit de la collectivité ? Pour l'acheter (vous nous feriez très plaisir), vous pouvez cliquer ci-dessous:


L’auteure est trois fois légitime :

Geneviève Bouché, vous la connaissez, elle était intervenue à TEDxLaDéfense. Elle a créé sa startup. Cette légitimité-là est celle du vécu,
G. Bouché
Elle a été en charge de politiques d’innovation dans la très grande entreprise et poursuit ce travail au plus haut niveau par le biais de diverses associations, think tanks et cercles de Business angels. Cette légitimité-là est celle de la compétence et de la vision,
Enfin, le contenu même de l’ouvrage est le résultat de réflexions communes menée au sein du Club Jade. C’est en tirant parti de sa formation d’universitaire et de futurologue que notre auteure formalise et met en perspective le travail d’un groupe de spécialistes et de nombreuses observations de start up qui resteront confidentielles. Cette légitimité-là est celle de la méthodologie.

Pour en savoir voici le lien vers son blog.

Que vous soyez business angel, dirigeant d’entreprise en création, chargé de projet dans une agence de développement, gérant de fonds ou élu, cet ouvrage devrait vous apporter :
  • Une synthèse opérationnelle des principaux constats à faire sous l’angle pratique d’une situation complexe, mainte fois stigmatisée, jamais vraiment comprise,
  • Une compréhension intime de ce qu’est «l’angelat» aujourd’hui, véritable mutualisation privée du financement de la start up innovante,
  • Une vision claire des tendances en cours à l’échelle internationale et nationale, des défis à relever et des pistes d’actions.

En quoi sommes-nous concernés ?

A n’en pas douter, ce livre est de nature à secouer quelques idées reçues et, espérons-le, à faire naître des vocations ou au moins faire évoluer notre approche de l’entrepreneuriat dédié à l’innovation. Je vous ai déjà parlé du Crowdfunding avec Babyloan et dans "le financement par la foule", rapprocher ce phénomène de l'angelat et de l'entrepreneuriat, c'est peut-être annoncer une vague de fond dans le financement de l'innovation et du renouvellement sociétal auquel au moins 15% de la population pourrait vouloir participer.

"Ca ne marchera jamais"

Je vous ai déjà proposé avec E. Chouard une solution "infaisable" (changer de constitution), en voici une autre "qui ne réussira jamais". C'est entendu, ce serait pour de rire alors ... à moins que ...