samedi 29 octobre 2011

Justin Hall Tipping: nanotechnologies et énergie




Après ma participation à TEDGlobal en Juillet à Edimbourg, je vous disais le plus grand bien de cet événement.

Parmi les nombreux intervenants de très grande qualité, Justin que j'ai brièvement croisé, est l'un des deux que j'ai placés tout en haut de ma liste. Voici sa conférence, elle vient d'être placée à la une de TED.com et n'est par conséquent pas encore traduite (je vais la traduire en Français du Canada, elle sera disponible dans une dizaine de jours):


Qui est Justin Hall Tipping et de quoi s'agit-il ?
Justin est le gérant d'un portefeuille d'investissements très original Nanoholdings. Il lève des fonds pour les placer dans des start up à fort potentiel ... Venture capitalist, histoire connue me direz-vous ! Mais depuis qu'il a assisté par lui même à la disparition en mer d'un iceberg continental de la taille de l'état du Connecticut (la taille de la Basse Normandie), il s'est mis en devoir de rechercher voire d'initier avec l'aide de chercheurs d'universités du monde entier des projets d'investissements capables de résoudre radicalement les questions d'énergie et indirectement de besoins en eau de la planète, rien que cela ! Voici une seconde vidéo présentant son cabinet Nanoholdings:

Nanoholdings from Friday's Films on Vimeo.

Malgré les affirmations actuelles, à mon avis hâtives, et en dépit des inquiétudes légitimes de tous ceux qui, comme moi, découvrent les errances de la finance d'aujourd'hui, il reste certainement de l'espoir à condition de placer les ressources financières,  intellectuelles et industrielles aux bons endroits ... Non seulement le capitalisme n'est certainement pas en train de mourir mais il semble peut-être bien capable de contribuer à résoudre certaines questions de survie qui se posent à court terme à l'humanité toute entière. Cela , ce n'est pas Justin qui le dit mais moi qui l'affirme. Nous verrons.

Je l'ai dit de nombreuses fois dans ce blog, il nous faudra certainement modérer nos appétits de croissance et nos besoins en matières premières comme nous l'enseigne par exemple Serge Latouche ET il nous faut impérativement continuer à rêver à des solutions technologiques. Voici donc une matière intéressante dans l'ordre du rêve technologique qui se mue en dessous de notre seuil radar en une réalité exploitable prochainement. Justin participe en effet au financement de la transition de certains projets de recherche universitaire vers le stade industriel dans le domaine des nanotechnologies appliquées à la captation, à la distribution et au stockage de l'énergie solaire et par conséquent aussi à la production d'eau potable.

Que sont et que font ces nano-solutions ?
Dans cette brève conférence, il est question tout du long d'une innovation fondamentale: le contrôle des flux d'électrons dans des "tubes" de graphite (voir illustration ci-contre) d'une épaisseur de l'ordre de 20 fois la taille d'un atome. Cette technologie, associée à d'autres, permet différentes applications. Tout commence en 2005 avec la mise en lien de plus de 180 chercheurs de 9 universités travaillant sur les nano-matériaux, bel exemple de partage des idées à creuser.

Tout d'abord JHT nous présente le résultat de la re-condensation de carbone vaporisé qui produit un film souple et transparent. Ce matériau peut se transformer à volonté sous une micro impulsion électrique. Il peut à volonté laisser passer toute l'énergie lumineuse ou calorifique ou au contraire la réfléchir. Cette sorte de "nano-polarisation" permettrait, en associant ce nouveau matériau à un polymère ad hoc, de recouvrir toute surface (murs, toits, vitres) et ainsi de produire tout le chauffage et l'éclairage nécessaire à toute habitation.

Ensuite, JHT présente une recherche associant deux composants (un détecteur et un "imager" électronique) qui permet de créer un matériau souple et transparent, là-aussi, permettant de capter les infrarouges et à partir de ce flux, de recréer une image fidèle dans le spectre visible. Un système de vision nocturne très performant. Je me souviens lors de la crise du pétrole en 1974 des mesures gouvernementales de coupure de  l'éclairage nocturne, voilà peut-être en soi une technologie sympathique permettant d'économiser l'éclairage public et de sécuriser par exemple pour les automobilistes. Mais il y a nettement mieux.

Si l'on associe ce deux matériaux, on obtient un film transparent et souple qui peut recouvrir n'importe quelle surface. Il permet de capter ou de réfléchir à volonté l'énergie solaire ET de la convertir en électrons donc en énergie électrique permettant d'alimenter toutes sortes d'appareils. Nous avons-là une centrale de production électrique miniature. Et JHT donne ainsi des arguments concrets à Jérémy Rifkin: pourquoi maintenir nos centrales (qui portent trop bien leur nom) nucléaires ou thermiques, construire des barrages ou même immerger des hydroliennes si toute habitation peut devenir totalement auto-suffisante ? Il est évident que la génération Y née avec l'internet se saisira d'une telle solution décentralisée et enverra aux oubliettes les lobbys actuels de l'énergie.

Pourquoi pas ? Mais parce que cette énergie n'est pas facile à stocker à moins de se doter de dizaines de racks de batteries plomb-acide comme le rappelle JHT. Notez au passage que P. Baronnet le fait chez lui depuis plus de quinze ans ce qui lui évite d'avoir un compte EDF. Mais il est vrai que les batteries actuelles (technologie inventée au 19ième siècle) sont lourdes, peu efficientes, sales et doivent être remplacées régulièrement. En plus, elles sont difficiles à recycler ! JHT enfonce donc le clou en nous présentant son ebox qui permet de stocker les fameux électrons captés précédemment en utilisant également nos fameux nano-tubes de graphite recondensée. CQFD.

Mais JHT n'en a pas fini. Vous voyez immédiatement à quoi tout ceci nous servirait dans nos maisons, nos bureaux et nos voitures, comment nous pourrions ici recombiner les facteurs de production, de distribution et de stockages de l'énergie de façon plus économique et plus propre ... Toute une économie à réinventer sur la base de ces nano-innovations. Hé bien il y a encore mieux à faire sur notre planète. Et c'est d'appliquer ces techniques hyper-locales à la production d'eau potable notamment à partir d'eau de mer très coûteuse à désaliniser en masse afin de produire les 8 verres d'eau journaliers nécessaires à tout être humain. Or de nombreuses parties de la terre manquent déjà ou manqueront d'eau...

La conclusion de JHT:
Pour lui, c'est clair en 2000, la presse trouvait normal qu'un iceberg grand comme le Connecticut disparaisse dans l'océan antarctique et c'est cette "normalité" non-remise en cause qui est la cause de notre incapacité à réagir. Or exactement dans le même temps, nous apprenions à séquencer le génome et maintenant presque dans le même mouvement et également dans l'infiniment petit, nous apprenons à capter et à gérer l'électron dans des nano-tubes de graphite qui nous permettent sur des prototypes de développer des solutions propres et économiques aux problèmes d'énergie et d'eau de la planète !

En quoi cela nous concerne-t-il ?

1) Sous réserve de vérification de faisabilité économique (calcul économique du coût de fabrication, d'installation et de maintenance des produits dérivés) et de faisabilité environnementale (calcul de l'empreinte carbone de cette nouvelle industrie), comment ne serions-nous pas séduits ?

2) N'y aurait-il pas là pour des investisseurs et des entrepreneurs un champ de réalisation gratifiant à la fois intellectuellement et économiquement, nous montrant du même coup que le Capitalisme peut servir à des causes centrales pour la survie d'un écosystème planétaire viable ?

Enfin JHT vient de me confirmer son accord de participer à notre TEDx... j'espère qu'il pourra développer ces deux points en français comme il me l'a proposé.

mercredi 12 octobre 2011

Yann Leroux sur la réalité de l'addiction au net et aux jeux sur le net

Mes deux derniers billets évoquaient le décès d'un entrepreneur mythique des NTIC et du net: Steve Jobs. Aujourd'hui, j'aimerais remettre au clair une notion très galvaudée liée à notre nouvel environnement technologique: l'addiction au Net en faisant appel aux recherches d'un psy très spécial, Yann Leroux, ci-contre.

Un journaliste du nom de Nicolas Carr sort ces jours-ci un bouquin polémique (que je n'ai pas lu !) Internet rend-il bête ? : Réapprendre à lire et à penser dans un monde fragmenté où il fait son coming out, se proclamant « web addict ». Et la presse de se demander à sa suite si le Net nous fait perdre la tête … (mes sources: le gratuit « métro » du 5 Octobre 2011 p 4 et 5). Grave problème donc puisqu'il en fait un livre et que c'est écrit dans le journal !

Je vous propose tout d'abord de visionner la vidéo de Yann Leroux, "psycho-geek" de terrain qui travaille avec des jeunes sur le rôle et l'impact non du web en général mais des jeux en ligne (pire) et particulièrement des jeux de guerre temps réel (encore plus pire !) pour être précis:
Vidéo 1 sur l'addiction:
Vidéo 2 sur l'apprentissage:

J'ai croisé Yann Leroux à TEDxBasqueCountry l'an passé et j'ai bien aimé son propos à la fois posé, éduqué, vécu, iconoclaste et pragmatique. Yann, lui aussi, avoue publiquement jouer à des jeux en ligne dont il a fait en outre son sujet de thèse de psychologie soutenue cette année.

Malgré un look « rasta » il ne me semble pas du tout « addict ». Voici le résumé de sa conférence TEDx (que je n'ai pas trouvée sur Youtube !): Le jeu vidéo est d’abord un espace de médiation entre un sujet et sa culture car les jeux reprennent des thèmes qui travaillent une culture à un moment de son histoire. C’est ensuite un espace de médiation entre un sujet et son groupe d’appartenance car il constitue des zones de rencontre, de transmission et/ou de conflit entre un sujet et ses groupes d’appartenance.

Faites-moi l'amitié de retenir comme le dit Yann qu'aucun travail scientifique sérieux n'a retenu la notion d'addiction en matière de jeux électroniques « on » ou « off line » et encore moins relativement au Net globalement. Cela n'exclue pas que l'excès de jeu ou de Net puisse signaler une pathologie. A l'inverse le jeu et le Net peuvent faire partie du remède ! Plus encore, dans sa conférence de Biarritz, Yann relatait un travail qui m'a époustouflé (thème du TED de Biarritz: la paix). A l'occasion de recherches sur les conséquences familiales durables de traumatismes causés pendant la seconde guerre mondiale dans certaines de nos campagnes aquitaines, les jeux de guerre auraient permis de rendre un peu de sérénité à certains en libérant la parole sur des atrocitées passées, devenues taboues mais dont les effets se transmettaient d'une génération à la suivante !

Retenez aussi que la consommation de web et de jeux ne touche pas que les jeunes, très loin de là, âge moyen des joueurs: 35 ans !

Pour aller un peu plus loin:

Je fais remarquer au passage à mes amis du CMAP (Centre de Médiation de Paris) la position originale du jeu comme « espace de médiation ... ».

Pour ceux qui voudraient creuser le thème psychanalyse et Ntic, je vous suggère l'interview de Y Leroux justement sur le blog d'Antoine Dupin.

Pour ceux qui seraient intéressés à creuser le sujet du supposé impact négatif du web sur l'attention, je les renvoie à un travail charpenté de Jean Philippe Lachaux, chercheur à l'Inserm: Le Cerveau attentif. Le sous-titre dit: "contrôle, maîtrise et lâcher-prise". Tiens-tiens encore le lâcher-prise ! Extrait de son entretien au même journal « Métro »: « avec l'avènement du web, nous sommes exposés à un flux incroyable d 'informations … pour faire face le cerveau doit faire appel à sa capacité d'attention … le web est un outil … comme un marteau, il est incroyablement utile sauf s'il sert à taper sur la tête du voisin. Le cerveau ne s'est pas détérioré, il s'est adapté, on utilise peut-être plus la mémoire à court terme pour gérer le multi-tâche que la mémoire à long terme ». Pour finir, ce chercheur conseille d'accompagner le phénomène notamment à l'école afin de ménager des activités de concentration mono tâche et un apprentissage de la gestion des priorités. Tiens cela ne vous rappelle-t-il pas les dangers du mode interruptif continuel via le mail et le téléphone qui sévit dans nombre d'entreprises ?

Si vous voulez en savoir plus sur le bouquin de Nicholas Carr voici un lien vers une émission que Radio Canada lui a consacré, à vous de vous faire une idée.

En quoi ceci nous concerne-t-il ?

Si comme certains des miens, vos ados passent beaucoup de temps sur le net ou les jeux, tout espoir n'est donc pas perdu, mieux, le Net peut être une solution (mais à doses raisonnables toute de même, car l'excès de toute chose peut-être nuisible voire fatal) ! A condition de traiter le sujet avec une réelle compréhension et non avec des préjugés qui n'ont rien de scientifiques ! Tenez faites ce petit test que m'a suggéré Yann: si l'un de vos enfants passe beaucoup de temps sur le Net ou sur un jeu, demandez-lui de vous expliquer, à vous qui êtes un(e) noob*, comment ça marche … S'il prend le temps et qu'il vous explique patiemment, c'est qu'en tant que parent vous n'avez pas fait un si mauvais travail et que ce gamin n'est peut-être pas aussi gravement atteint que vous le pensiez. Et addict ? Oubliez !

Méfions-nous des idées toutes faites sur tout et n'importe quoi. Le concept d'addiction dans ce domaine semble évident au premier abord et pourtant, il n'a de réalité que journalistique et non scientifique. Je parie que M. Carr est en réalité plutôt accro aux ... droits d'auteur et à la notoriété.

Enfin, je saisis ce thème de la web-addiction pour souligner l'urgence qu'il y a de se désintoxiquer du prêt-à-penser médiatique. Pas si triste finalement que l'audience de la grande presse et des TV classiques ait tendance à reculer au profit de certains coins du Net justement !

Pour finir merci à mon grand "geek" de Maxime pour la vidéo que voici, il s'agit d'un pastiche réalisé par les journalistes d'un site qui traite de jeux http://www.jvn.com/ Juste pour comparer les styles FR2 (au début) et celui des fans de jeux ... Carr avait au moins raison sur un point: notre société est fragmentée. On ne se méfie pas mais j'ai l'impression que certains sont vieux de plus en plus tôt pendant que d'autres restent jeunes de plus en plus tard ! Donc pour vous désintoxiquer des idées-reçues, voici:

*abréviation péjorative de newbie, c'est-à-dire un débutant dans le domaine informatique.

dimanche 9 octobre 2011

Steve Jobs: Apprendre à vivre suite

Voici le texte de la traduction de la partie centrale de la conférence que je vous donnais dans le billet précédent, le jour de la mort de Steve Jobs. Cette traduction n'est pas de moi, elle m'a été adressée par Christian Godefroy dans l'une de ses news letters:

" Si je n'avais pas laissé tomber mes études à l'université, je n'aurais jamais appris la calligraphie, et les ordinateurs personnels n'auraient peut-être pas cette richesse de caractères. Naturellement, il était impossible de prévoir ces répercussions quand j'étais à l'université. Mais elles me sont apparues évidentes dix ans plus tard. On ne peut prévoir l'incidence qu'auront certains événements dans le futur ; c'est après coup seulement qu'apparaissent les liens. Vous pouvez seulement espérer qu'ils joueront un rôle dans votre avenir. L'essentiel est de croire en quelque chose – votre destin, votre vie, votre karma, peu importe. Cette attitude a toujours marché pour moi, et elle a régi ma vie.
 
« Pourquoi mon départ forcé d'Apple fut salutaire » Ma deuxième histoire concerne la passion et l'échec. J'ai eu la chance d'aimer très tôt ce que je faisais. J'avais 20 ans lorsque Woz [Steve Wozniak, le co-fondateur d'Apple N.D.L.R.] et moi avons créé Apple dans le garage de mes parents. Nous avons ensuite travaillé dur et, 10 ans plus tard, Apple était une société de plus de 4 000 employés dont le chiffre d'affaires atteignait 2 milliards de dollars. Nous venions de lancer un an plus tôt notre plus belle création, le Macintosh, et je venais d'avoir 30 ans. C'est alors que je fus viré. Comment peut-on vous virer d'une société que vous avez créée ? C'est bien simple, Apple ayant pris de l'importance, nous avons engagé quelqu'un qui me semblait avoir les compétences nécessaires pour diriger l'entreprise à mes côtés et, pendant la première année, tout se passa bien.

Puis nos visions ont divergé, et nous nous sommes brouillés. Le conseil d'administration s'est rangé de son côté. C'est ainsi qu'à 30 ans je me suis retrouvé sur le pavé. Viré avec perte et fracas. La raison d'être de ma vie n'existait plus. J'étais en miettes. Je restais plusieurs mois sans savoir quoi faire. J'avais l'impression d'avoir trahi la génération qui m'avait précédé - d'avoir laissé tomber le témoin au moment où on me le passait. C'était un échec public, et je songeais même à fuir la Silicon Valley. Puis j'ai peu à peu compris une chose j'aimais toujours ce que je faisais. Ce qui m'était arrivé chez Apple n'y changeait rien. J'avais été éconduit, mais j'étais toujours amoureux. J'ai alors décidé de repartir de zéro. Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite, mais mon départ forcé d'Apple fut salutaire. Le poids du succès fit place à la légèreté du débutant, à une vision moins assurée des choses. Une liberté grâce à laquelle je connus l'une des périodes les plus créatives de ma vie. Pendant les 5 années qui suivirent, j'ai créé une société appelée NeXT et une autre appelée Pixar, et je suis tombé amoureux d'une femme exceptionnelle qui est devenue mon épouse. Pixar, qui allait bientôt produire le premier film d'animation en trois dimensions, Toy Story , est aujourd'hui la première entreprise mondiale utilisant cette technique. Par un remarquable concours de circonstances, Apple a acheté NeXT, je suis retourné chez Apple, et la technologie que nous avions développée chez NeXT est aujourd'hui la clé de la renaissance d'Apple. Et Laurene et moi avons fondé une famille merveilleuse. Tout cela ne serait pas arrivé si je n'avais pas été viré d'Apple.
La potion fut horriblement amère, mais je suppose que le patient en avait besoin. Parfois, la vie vous flanque un bon coup sur la tête. Ne vous laissez pas abattre. Je suis convaincu que c'est mon amour pour ce que je faisais qui m'a permis de continuer.

Il faut savoir découvrir ce que l'on aime et qui l'on aime. Le travail occupe une grande partie de l'existence, et la seule manière d'être pleinement satisfait est d'apprécier ce que l'on fait. Sinon, continuez à chercher. Ne baissez pas les bras. C'est comme en amour, vous saurez quand vous aurez
trouvé. Et toute relation réussie s'améliore avec le temps. Alors, continuez à chercher jusqu'à ce que vous trouviez. « Pourquoi la mort est la meilleure chose de la vie »

Ma troisième histoire concerne la mort. A l'âge de 17 ans, j'ai lu une citation qui disait à peu près ceci : « Si vous vivez chaque jour comme s'il était le dernier, vous finirez un jour par avoir raison. »
Elle m'est restée en mémoire et, depuis, pendant les 33 années écoulées, je me suis regardé dans la glace le matin en me disant : « Si aujourd'hui était le dernier jour de ma vie, est-ce que j'aimerais faire ce que je vais faire tout à l'heure ? » Et si la réponse est non pendant plusieurs jours à la file, je sais que j'ai besoin de changement. Avoir en tête que je peux mourir bientôt est ce que j'ai découvert de plus efficace pour m'aider à prendre de décisions importantes. Parce que presque tout - tout ce que l'on attend de l'extérieur, nos vanités et nos fiertés, nos peurs de l'échec - s'efface devant la mort, ne laissant que l'essentiel. Se souvenir que la mort viendra un jour est la meilleure façon d'éviter le piège qui consiste à croire que l'on a quelque chose à perdre. On est déjà nu. Il n'y a aucune raison de ne pas suivre son coeur..."

Quoi que l'on pense de Steve Jobs, je retiens ces paroles sages.

jeudi 6 octobre 2011

Steve Jobs: Apprendre à vivre avant de mourir

Hi my friends, saying good bye to Steve jobs, I offer you this Stanford graduation talk from 2005, Steve Jobs was one of the most famous and influencial entrepreneurs in the world for people of my age:




Outre le message d'espoir de cette conférence, pour moi, voici ce que je retiendrai de Steve Jobs:


Le powerbook 100 à matrice active rétroéclairé monochrome mais extrêmement lisible même en plein soleil sur lequel j'ai écrit mon premier livre "Service rendu Service vendu".

Bon vent à lui.

samedi 1 octobre 2011

Kate Hartman: interfaces, art et humour

Hi everybody,

This is my first article in English to welcome a few international guests … You'll find the French version just below (and slightly different !).

Here is the TED video (don't forget to select the subtitles at the bottom of the screen, they will be on line very soon, I am told):

This talk raises a bit of a controversy. Although the subject is totally different, it reminds me of Edward Tenner on «unexpected consequences ». I have just finished the translation of Kate's talk subtitles in French just the way I finished those of Mr Tenner a couple of weeks ago and much in the same way, I suddenly discover criticisms on the TED forum. Criticisms are fine to me but I'd like to share with you my personal experience with this talk. At first, like some of you, I was not impressed. Then after finishing the translation, I slowly realized the importance of kate's message.

I first viewed her creations as funny ways to attract attention. Not art really, not science for sure. Just humour at best. Then, going through the text and symbols one by one, I realized that Kate is a fantastic educationalist. The very reactions about her talk are in themselves an evidence of what she is saying. I am no serious judge about Art but I suddenly understood how deep her message ran about « LISTENING » and how this might shape our personal and collective future...

Let's quickly review a few things that this talk brings to mind:
  1. About TED. Remember that TED is not Youtube. All talks are recorded live and are part of an event with its own dynamic. Refrain from viewing a TED talk as a plain lecture. It is not. It's a performance. Hence, some talks are serious and technical, most carry emotions and some are humorous or strange. This one is all of that … and subtle. But there is more in Kate's case.

  2. About humour. What are we laughing or smiling at ? Kate's quirky hats ? No, as always when looking in the mirror of humorists, we actually mock ourselves ! One can either listen to a boring lecture by an old professor about why our world goes astray especially with our young traders and execs lodded with smartphones and apps … and somehow loosing the sense of reality … Or one can simply laugh at Kate's provocations and understatements …
  1. About teaching. Kate does not cheat. She tells us that she teaches some kind sophisticated « interfaces » for geeks who try to communicate with the physical world (physical computing, hard to translate by the way !). A talk like this one is possibly a sort of secondary or even tertiary interface for Kate (just guessing). I lecture and sometimes organize talks. I do realize that conveying such a message to an audience of that caliber at her age must represent some kind of a challenge. And in spite of some rapid judgements some people are making, her message is highly effective !
  1. About interfaces. Designing interfaces or inspiring them is surely no little task. Think of the work done from our green screens some time ago to the devices we have in our pockets today. These devices tend to shape our lives nowadays … But to what avail if we don't not how to relate … ? The subject of this talk is not a minor one.
  1. About Art. Kate is an artist too. Some people seem to have a different view of what Art might be. Same old problem. What is Art ? What amount of interpretation does the very concept of Art embodies ? These hats may not be deemed « beautiful » or « artistic ». But listen to the story they tell, our story ...Well, I think her pedagogic performance with them is truly artistic ! French philosopher Luc Ferry recently emphasised the major role played in 19th century Paris by the marginal poets and artists (« la Boheme movement») inspiring, provoking and transforming our old traditional « bourgeois » society. Our bourgeois class refused Boheme Art of course but finally adopted the underlying innovative caracteristics of their new taste and life style that ultimately produced our consumer society … for good and bad ! Ferry has it that those marginals in Paris, London and the big cities of that time started a revolution much more effectively than another marginal of that period named K. Marx !
  1. About scammers. Yes some would-be artists are scammers. But also remember that most artists of all times were at first ignored and often persecuted. I would be cautious here and the term "scam" does not, at any rate, apply to Kate Hartman's work.
Why should we bother ?

Kate, to me, is totally congruent. She simultaneously offers us the opportunity to see, ear, feel, and understand a simple but central message: how do we relate … ? She implies that we run the risk of loosing, individually, collectively and as a Society, our essential connections to ourselves, to others and our environnment. And she conveys her message with a big smile ! That, to me, is a piece of Art that no teacher, no parent and no business leader should choose to ignore.

Here is Kate's blog.

Voici maintenant l'article en français que j'avais préparé initialement, les bilingues verront que le sens général est ... en fait le même ! Je viens de traduire les sous-titres de cette vidéo en français pour TED.com. Visionnez-la et dites-moi ce que vous en pensez.

Quoi que très différente, cette courte conférence me rappelle un peu celle d'Edward Tenner sur les conséquences inattendues de l'innovation. En traduisant Kate Hartman, je me suis pris à l'apprécier énormément alors que de prime abord, j'étais un peu déçu. Mais étant engagé vis à vis de TED, j'ai donc prêté l'oreille … or c'est de cela dont nous parle Kate ici: de prêter l'oreille (y compris au sens propre). Et comme avec E. Tenner, j'ai découvert des tas de choses que les critiques sur le forum de TED ne semblent pas tous percevoir.

  1. TED: tout d'abord, un événement TED n'est pas forcément une série de conférences sérieuses. Celle-ci est drôle. Pas dans la forme seulement, vous savez le petit mot qui fait sourire. Non, drôle dans sa conception. On va bien au théâtre écouter des humoristes ...
  2. Kate nous fait rire et comme chez les humoristes, de quoi rions-nous ? De ces chapeaux bizarres ou de nous-mêmes ? On peut faire une conférence barbante quand on est un vieux barbon pour expliquer que notre monde va de travers parce que nous sommes tous, les jeunes surtout, l'oreille collée à son téléphone ou les pouces sur le clavier de son smartphone. Ou l'on peut décider d'en rire et de faire rire.
  3. Kate ne nous prend pas en traître, elle nous l'a dit elle enseigne. Qu'est-ce qui est le plus efficace pédagogiquement une longue conférence triste ou ce show rigolo ?
  4. Kate est designer en interfaces … cela ne vous parle pas mais j'imagine que l'on trouve derrière ses travaux des applications du genre de ce qui fait l'originalité de nos joujoux technos d'aujourd'hui: depuis l'interface objet qui a remplacé l'écran vert de nos premiers Pcs jusqu'aux écrans tactiles et autres centrales d'inertie qui rendent possibles les Iphones et autre consoles WII …
  5. Kate est artiste aussi. Il en est pour écrire dans le forum de TED qu'il ne faut pas confondre le vrai Art avec ce « foutage de gueule ». Je vous renvoie à la très intéressante conférence de Luc Ferry «Philosophie du temps présent» qui nous parle du Paris du 19ième qui a vu les artistes «bohèmes» et les cercles anarco-fumistes, sous couvert de pensée révolutionnaire, tout d'abord remettre en cause le monde bourgeois statique traditionnel plus sûrement que Marx puis lancer l'habitude de désobéir mais aussi celle d'innover puis de consommer et de changer de nouveau créant pour le meilleur et pour le pire … notre monde de consommation qui se cherche désormais une fin honorable.
  6. Kate est une artiste dit-elle. Certains en doutent. Se souviennent-ils que le partage entre le bien et le  mal en cette matière désigne plutôt la ligne de partage entre sensibles et endormis. Qu'a-t-on dit des surréalistes, de Cocteau, de Picasso, de Vian et même de Baudelaire ou de Michelange à leurs débuts ? Les poètes sont toujours en avance et l'on oublie toujours les escrocs qui les imitent. Simplement, la poésie est peut-être maintenant à la fois dans l'Art « éphémère » plutôt que dans les musées et dans le design des futurs objets du quotidien.
En quoi cela nous concerne-t-il ?

Eh bien, certains disent qu'ils ont perdu leur temps à écouter Kate. Moi, je la trouve bien gentiment espiègle et bigrement plus subtile qu'il y paraît. Libre à ceux qui ne veulent pas s'ouvrir à son message d'y voir une arnaque intellectuelle. Il y a bien pire, un jour je donnerai des noms !

Tout au contraire, Kate est un monstre de congruence pédagogique qui nous donne simultanément à voir, à sentir et à comprendre (quand on veut bien) les risques que nous courons individuellement de mal nous écouter nous-mêmes, de mal nous entendre collectivement et « sociétalement » de ne toujours pas nous ouvrir aux messages de notre environnement. En tant que prof, parent ou responsable, il y a là des leçons à prendre … sans se prendre au sérieux.

Conclusion générale:

Notre société n'a plus de temps à perdre. Ce sont désormais directement les acteurs de l'avant-garde qui, comme Kate, conçoivent les objets technologiques de notre futur quotidien. Mettons nos montres à l'heure, la transformation est déjà largement commencée !