lundi 29 novembre 2010

Des lunettes liquides !


Voici ce qui me semble être un exemple à suivre dans un monde qui se cherche. 60% des humains ont besoin d'un certain type de correction optique soit pas loin de 4 milliards d'individus.

Hors pays développés et minorités riches du tiers monde, Josh Silver se contente de viser 1 milliard de clients en 2020 !



Josh Silver est un physicien qui devient entrepreneur à force de développer sa paire de lunettes liquides qui s'ajuste à votre vue. Son prototype vaut actuellement 19$ et il n'est guère "à la mode" mais il a l'air de rendre le service attendu.
Voilà encore un problème de développement et de qualité de vie qu'il serait possible de résoudre à l'échelle planétaire. Pas de discours dogmatique, une solution innovante et peu coûteuse . Voici son site: Centre for Vision in the Developing World

Et si par effet retour, cela venait à intéresser ceux qui chez nous n'ont plus de Mutuelle ? Si je conseillais une Mutuelle, je pense que je creuserais le sujet.

dimanche 28 novembre 2010

Frère Samuel: le terme et le management

Je salue ici le frère Samuel Rouvillois qui parle dans cette vidéo de la mort. Plutôt de la mort individuelle que de celle du monde. Frère Samuel est philosophe et théologien. Je le considère en plus comme un dirigeant d'entreprise qui est à la tête du centre de formation de la confrérie des frères de Saint Jean.
Intervenant à l'APM, j'ai eu l'occasion de l'interroger directement notamment sur sa vision du management. Homme de foi et de pensée, il n'en dirige pas moins une entreprise: la confrérie de Saint Jean que l'on connaît parfois sous l'appellation "les petits gris". C'est un ordre très actif de par le monde et très investi dans le développement du tiers monde.


J'ai retenu du frère Samuel une vision humaniste et simple du management. Elle n'est ni religieuse, ni athée (ça vous vous en doutiez). Il propose d'affronter les défis du présent en sachant que les plus de 45 ans, qu'ils soient issus d'écoles confessionnelles ou laïques ont tous reçu un "formatage" quasi-identique. Ce formatage n'est plus celui des nouvelles générations. Leurs attentes au travail et dans le monde sont différentes. Leur monde lui-même est moitié réel, moitié cyber.

Manager devient donc un exercice plus difficile où il ne suffit plus d'appliquer les leçons issues de notre "formatage". J'ai entendu les propos du frère Samuel avec les autres chefs d'entreprise qui nous entouraient comme des propos véritablement "oecuméniques" c'est-à-dire à l'usage de tous ceux qui ont des responsabilités indépendamment de leur foi. Son conseil tel qu'il m'est resté est de tout simplement faire l'effort d'être vraiment "présent" à l'autre !
Réfléchissons à toutes les raisons que nous avons de ne pas être vraiment là quand le "managé" prend la parole: intérêts contraires, pression de l'image dedans et dehors, intentions politiques, règlementation qui s'insinue partout, dogmes syndicaux ou patronaux, pression des résultats ... Réalités mais aussi écueils qui ne peuvent longtemps excuser l'absence du "manager".

samedi 27 novembre 2010

De l'eau propre partout !

Cette courte vidéo de l'ingénieur Michael Pritchard nous présente un système de filtration portable révolutionnaire.

En cas de catastrophe ou dans des zones particulièrement mal pourvues en sources d'eau potable, cet objet peu coûteux permettrait à des centaines de millions de gens de survivre et d'enclencher un cycle de développement positif.

Le procédé permet en effet de filtrer non seulement les plus petites bactéries mais aussi tous les virus. L'eau ainsi produite est donc totalement stérile mais propre à la consommation.

vendredi 26 novembre 2010

Dan Gilbert sur l'incapacité à estimer la valeur

Cette seconde vidéo de Dan Gilbert renvoie aux travaux de Laurie Santos. Il nous parle de façon très imagée de ces erreurs systématiques que nous faisons en prenant une décision qui intègre l'évaluation d'une probabilité, d'un risque ou d'une valeur.

Le biais psychologique de notre néo-cortex serait lié au fait que nous comparons à un instant donné, dans un contexte donné une situation possible ou future à une autre qui n'est pas pertinente en fonction de son usage ou de l'intérêt qu'elle représente pour le décideur. Le biais se mesure en comparant les dites décisions au simple calcul probabiliste introduit par Bernouilli au 18eme siècle. Ce biais est d'autant plus important que les comparaisons incluent des horizons-temps différents. Pour Gilbert, ce qui s'observe très bien à l'aide de choix probabilistes est encore plus vrai et plus profondément ancré lorsqu'il s'agit de décisions incluant une estimation de la valeur.

Imaginez donc à quel point la science économique fondée sur une simple arithmétique des plaisirs comme le rappelle M. Onfray dans ses conférences à propos de S. Mill ou J. Bentham est loin de rendre compte de "l'irrationalité" des comportements humains. Irrationalité pourtant fondée non pas sur la bêtise mais sur des mécanismes neuronaux dont Gilbert comme Santos nous disent qu'ils remontent à des âges anciens où notre environnement était simple, nos choix limités, nos espérances de vie courtes.

Relions tout ceci à l'apport de G Soros et nous voyons que notre bête humaine est économiquement et psychologiquement inadaptée à la société complexe qu'elle s'est bâtie pour elle-même ! Et si pour la première fois de son histoire, tenant en main sa propre destinée, l'Homme comprenait enfin que appareillage neuronal n'a pas eu le temps d'évoluer aussi vite que son contexte social ? Et si pour la première fois, il devait retrouver pour sa propre survie les conseils de toutes les Sagesses, à savoir renoncer à trop désirer ?

Je m'amuse à déposer sur ce blog, petit à petit les pièces d'un puzzle dont les morceaux sont d'origines très diverses. Beaucoup de choses viennent de TED mais pas seulement. Psychologues, économistes, philosophes, scientifiques, entrepreneurs ont des propos convergents en ce sens. Qu'en pensez-vous ? Joignez votre commentaires svp !

lundi 22 novembre 2010

Choix, bonheur et limites de l'esprit

Cette vidéo de TED est un peu ancienne (2004) mais elle vaut la peine d'être regardée. Dan Gilbert est psychologue à Harvard. Il nous ouvre de très curieuses perspectives sur nous-mêmes en nous faisant part de ses recherches sur les limites de L'Esprit humain.


Je la rapproche notamment de celle de Barry Schwarz "Trop de choix" publiée il y a quelques temps.

Sulfure d'hydrogène et extinction de l'humanité

Aujourd'hui, je voudrais parler de Peter Ward toujours à TED.com. Je viens de corriger la traduction française, non sans mal d'ailleurs. Il s'agit d'un paléontologue américain qui ne croit guère aux extraterrestres. Mais là n'est pas l'essentiel.

Il présente l'apport très récent de scientifiques montrant que se sont manifestées des émissions massives de H2S comme conséquences secondes de catastrophes naturelles comme des éruptions volcaniques majeures, la collision d'une météorite ou autres. Au moins 5 épisodes qui causèrent, dans l'histoire de la vie sur terre, des extinctions massives. Il en déduit une théorie selon laquelle la vie serait suicidaire ... (voir son livre l'hypothèse de Médée).

J'en retiens tout d'abord que l'apparition massive et spontanée de H2S est aussi une conséquence de l'augmentation du taux de CO2 dans l'atmosphère et qu'en divers points du monde, on constate en ce moment l'apparition de H2S. Nous serions effectivement mal "barrés".

Ensuite, paradoxalement, cette conférence révèle en même temps une bonne nouvelle pour la médecine urgentiste. En effet, nos petits ancêtres mammifères ayant survécu à ces épisodes d'extinctions au H2S, il semble que nos cellules aient acquis la capacité à hiberner en présence de ce gaz en forte concentration (80 unités par mille).

Conséquence: un organisme inhalant du H2S peut être refroidi de 15° pendant plusieurs heures, le temps de le transporter dans un établissement bien équipé capable de le sauver en cas d'accident. Reste un risque d'endommager le cerveau ...

En gros, le H2S, conséquence catastrophique du réchauffement climatique risque de détruire la vie sur terre d'ici quelques centaines d'années mais depuis quelques temps, il permet d'envisager de sauver les victimes d'accidents ! Le pire et le meilleur.

samedi 20 novembre 2010

Optimiste ou pessimiste ?

Encore une conférence TED.com. Un peu ancienne, 2007, je viens d'en publier la correction de la traduction. Il s'agit de Larry Brillant médecin, éradicateur de la variole et directeur de la branche philantropique de Google, google.org.

Larry Brilliant fait d'abord un tour d'horizon des catastrophes climatiques, humanitaires, épidémiologiques et socio-politiques qui nous guettent. Puis il décrit les avancées accomplies récemment. Il nous livre enfin la raison de son optimisme. Ayant été l'artisan de l'éradication de la variole, qu'il considère avoir été le plus grand fléau de l'histoire de l'humanité, il se dit confiant en nos capacités à faire face aux nouveaux défis.

Bien qu'ayant un point de vue différent de celui de Tim Jackson, il part du même constat, depuis 50 ans nous savons et nous ne faisons pas grand chose. Mais le parcours très improbable et impressionnant de Larry Brilliant lui fait finalement choisir le camp des optimistes. Et vous, êtes-vous optimiste ou pessimiste ?

jeudi 18 novembre 2010

Spiritualités

Je fais échos ici à mon billet sur le travail de Michel Onfray en présentant un philosophe également athée et également "de gauche" au moins à l'origine que j'ai rencontré à plusieurs reprises.


André Comte Sponville interviewé par Radio Canada

Cette vidéo complète pour moi nécessairement le travail de Michel Onfray en y adjoignant une nuance qui me semble essentielle et que l'effort de "déconstruction" ou de philosophie "au marteau" de M. Onfray suivant le précepte de F. Nietszche ne permet pas.

J'avais un soir demandé à Michel Onfray pourquoi il semblait aussi péremptoire dans sa mise en accusation de la religion. Dans mon enfance, on aurait dit: "il bouffe du curé !". Si l'on essaie d'être intellectuellement honnête, on est obligé de reconnaître que l'Evangile est porteur en soi d'un message humaniste. On peut constater le rôle positif de beaucoup d'hommes d'Eglise, de communautés de croyants de par le monde ... Alors pourquoi ne pas avoir un propos plus nuancé ?

La réponse de Michel Onfray fut logique: "Cela a déjà été fait, cela rentre dans l'Histoire Officielle de la Philosophie, moi je fais le contraire". Son propos est de faire prendre conscience à son public des conséquences philosophiques et politiques d'une idéologie qui ne se donne pas comme telle. Logique mais pas satisfaisant, je suis donc son conseil générique et je creuse autour, ailleurs...

J'ai de plus sélectionné à l'attention de mes amis chrétiens, la vidéo suivante: Cliquez ici. Elle met en scène André Comte Sponville parallèlement au discours du "jeune" cardinal de Lyon qui me semble tout à fait audible. A vous de vous faire une idée.

Au passage, vers la 36 ème minute, ACS aborde la question de la croissance...

Je voudrais vous signaler trois ouvrages d'André Comte Sponville: un qui est dans notre sujet: L'Esprit de l'athéisme : Introduction à une spiritualité sans Dieu et deux qui n'ont pas spécifiquement trait à la spiritualité mais que je j'aime bien aussi:
Le Capitalisme est-Il moral ? Nouvelle Edition
L'Amour, la solitude

Ma conclusion pour l'instant:

Tournons la page des vieilles fables et des dogmatismes totalitaires qu'ont charrié et continuent de charrier les grandes religions. Pour autant, ne nous mutilons pas de toute spiritualité.

Laurie Santos sur les imperfections du cerveau des primates

Merci à Paul-Henri Pion, psychothérapeute, coach et ancien manager, de m'avoir fait connaître cette vidéo. Je ferai prochainement un billet sur Paul-Henri et sur ses récentes publications sur le lâcher-prise.

Laurie Santos dirige le Comparative Cognition Laboratory de l'Université de Yale. Elle y a notamment étudié les comportements de certains singes et en tire des conclusions surprenantes à l'usage des humains. S'interrogeant sur nos comportements irrationnels conduisant systématiquement à des décisions erronées par exemple à l'occasion de prises de décisions dans une situation incertaine comme dans le domaine financier. Et comme l'explique Georges Soros, la faillibilité humaine est au coeur des dysfonctionnements que l'on enregistre sur les marchés financiers.



Placés devant une même situation de choix, suivant comment celle-ci se présente et alors que les probabilités de réalisation de les modalités du choix sont identiques, l'individu, singe comme humain a tendance à privilégier l'une des modalités, celle qui lui semble la moins risquée en général. Cependant, dans exactement la même situation de choix, le même individu aura à l'inverse systématiquement tendance à faire le choix le plus risqué si cette même situation se présente sous un jour artificiellement inversé. Ni le singe, ni l'humain ne sont donc capables d'appliquer un simple calcul de probabilités si la présentation du choix est habilement modifiée. Il y a donc un biais structurel quel que soit le contexte culturel de l'individu.

Regardez la vidéo, et imaginez-vous en train de discuter avec votre banquier, croyez-vous que votre logique soit identique quand vous analysez le risque d'un placement ou l'opportunité de vous en défaire ? Eh bien Laurie vous démontre que non, en tous cas chez le singe !

Ce biais structurel, à y réfléchir plus avant, n'est-il pas un peu lié à tous ces phénomènes d'attention lacunaire, d'interférence de stimuli émotionnels avec le raisonnement ...? Ces imperfections produisent des effets très agréables dans le domaine du spectacle (pensez à l'impression de mouvement que crée le défilement des images à la base du cinéma grâce à la permanence rétinienne ou aux effets d'un spectacle d'illusionnisme !) de l'Art ou de la poésie ... Elles produisent des effets moins enviables comme la constitution de bulles financières ... Toute médaille a son revers ! J'accueille donc la présente contribution de Laurie Santos comme une illustration profonde du principe de faillibilité que G. Soros range dans la catégorie des facteurs d'incertitude humaine.

Mais ce qui est saisissant dans la démonstration de L. Santos, c'est qu'il ne s'agirait pas d'imperfections aléatoires mais d'un défaut de conception MAJEUR du cerveau déjà présent chez des singes dont l'évolution s'est séparée de la nôtre il y a 35 millions d'années ! Il n'est pas difficile de trouver une explication à ce phénomène. Le mammifère calcule le risque sous contrainte de sa survie immédiate. Les enjeux immédiats sont donc essentiels. De ce calcul dépend une décision du type: manger, fuir ou combattre. Or les situations reproduites pas L. Santos illustrent toutes des situations complexes où la survie immédiate n'est pas un enjeu . Pas étonnant que notre encéphale patine !

La question qui se pose alors est: peut-on y faire quelque chose ? Je pense que oui. La culture, la réflexion et l'exercice peuvent peut-être parvenir à contrecarrer de tels biais. Espérons !

mercredi 17 novembre 2010

Markets are always wrong ! selon Georges Soros

J'ouvre ici un billet sur Georges Soros que l'on considère trop souvent seulement comme un spéculateur ayant ruiné ou tenté de ruiner certaines économies. Eh bien vous verrez qu'il est loin d'être cet archétype du mal ultra-libéral. 

C'est un intellectuel ancien disciple de Karl Popper qui philosophe sur les marchés en sachant de quoi il parle !

Voici la video:



Je viens de terminer la lecture de Quelques leçons tirées de la crise : Conférences prononcées du 26 au 30 octobre 2009 à la Central European University, Budapest .

Après une enfance marquée par les totalitarismes nazi puis soviétique et la guerre en Hongrie, il fut un étudiant de Karl Popper à Londres travaillant sur le rapport entre pensée et réalité avant d'être le trader et le gérant d'hedge funds New Yorkais devenu richissime que l'on connaît.

Son cadre d'analyse a intéressé le monde de la finance mais a été rejeté des philosophes. La crise de 2008 lui a redonné tout son intérêt car la finance ayant acquis une dynamique propre déconnectée de la réalité s'impose à nous dans notre quotidien. Or le cadre que propose Soros souligne de façon simple que la finance et ses bulles proviennent d'un exercice erroné de la pensée humaine qui transfigure la réalité au point de rendre le monde invivable. Le trader a remis en celle le philosophe voici comment:

1) L'esprit humain est hautement faillible. Ceci est admis mais les conséquences de ce principe ne sont pas vraiment prises en compte dans la pratique.
Tout d'abord dans les situations proposées sur les "marchés" les acteurs font partie de la situation sur laquelle ils doivent réagir.
Ensuite, la situation est ultra-complexe et nécessite des procédés simplificateurs (des simulations qui buttent vite sur leurs limites, toujours oubliées). Ces constructions mentales elles-mêmes (procédés, logiciels, règles de décisions ...) acquièrent leur vie propre et deviennent des dogmes eux-mêmes enjeux de pouvoir et d'argent.
Ensuite, les neurosciences nous apprennent que si l'esprit humain est capable de traiter simultanément 7 ou 8 sujets, le cerveau est assailli de millions de stimili sensoriels capables de provoquer autant d'émotions qui passent totalement inaperçues. La raison devient alors esclave de la passion ainsi que le disait Hume.

2)
Concept de réflexivité: celui-là n'est même pas aussi admis. Dans ces situations complexes, la pensée est au coeur de la situation. La pensée de nombreux acteurs. La pensée exerce simultanément ses deux fonctions. La fonction cognitive qui analyse, la fonction participative qui agit et qui manipule pour obtenir pour chaque acteur la meilleure solution possible. Or il y a dépendance des deux. L'une modifie en permanence la perception de l'autre. Les opinions des acteurs influent sur le cours des choses. Celui-ci influe sur l'opinion des acteurs. Soit le phénomène de rétroaction fait converger les opinions et la réalité et se forme l'équilibre économique de la théorie classique, le marché arrive au juste prix et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Soit la boucle de rétroaction accroît l'écart entre le réel et l'opinion auto-réalisatrice et alors on s'éloigne de l'équilibre et se forme la "bulle".

Pourquoi ses deux principes sont-ils devenus si importants ? Parce qu'alors que tous nos progrès scientifiques et techniques s'appliquaient à des problématiques naturelles où la pensée humaine restait extérieure à l'objet d'étude, nous essayons maintenant d'appliquer nos méthodes à des situations où la pensée fait partie du phénomène étudié.

Les marchés financiers en tant qu'objet d'étude sont devenus pour notre malheur une composante majeure de notre réalité: les échanges financiers mondiaux représentent plus de 50 fois les échanges réels de biens et services, l'encours de crédit des USA en 2008 représentait 3,5 fois son PIB ! Or c'est dans cette réalité excessivement investie par la pensée humaine qu'est sensée s'exercer désormais notre sagacité si faillible et si réflexive.

Notre analyse est constamment déformée par nos opinions sur la situation analysée. La croyance en la "main invisible", au dogme de la mise à disposition parfaite de l'information sur le marché sont donc fallacieux. Le marché ne s'auto-corrige pas forcément.

Le fondamentalisme du marché s'est donc imposé et est néfaste. Il est probable que la faillibilité du système est moindre que celle du fondamentalisme politique comme le montre l'effrondrement du "Soviétisme".

Soros propose de défendre une société ouverte où les moyens d'action de l'Etat seraient circonscrits mais totalement distincts des mécanismes du marché celui-ci étant alors efficacement contrôlé et nettoyé de tous les mécanismes favorisant l'apparition de bulles tels les produits dérivés. Plus au prochain épisode.

Je renvoie le lecteur à mon billet sur la conférence TED de Mme Gabre-Madhi. Les marchés à terme de marchandises en Ethiopie, encadrés par un Etat clairvoyant, garant de l'accès à l'information de base semblent être un excellent moyen de sortir ce pays des affres de la famine. Le marché oui, le fondamentalisme de marché non !

mardi 16 novembre 2010

Tim Jackson: croissance ?

Encore une nouvelle conférence TED par un économiste et dont j'ai aussi eu le plaisir de relire et corriger la traduction française pour TED.com:



Alors que le monde doit faire face à la récession, au changement climatique, aux inégalités et plus encore, Tim Jackson dont voici les références du dernier livre:Prospérité sans croissance : La transition vers une économie durable
lance un défi cinglant aux principes économiques établis en expliquant comment nous pourrions arrêter de nourrir les crises et commencer à investir dans notre avenir.

"
On nous persuade de dépenser de l'argent que nous n'avons pas pour acheter des choses dont nous n'avons pas besoin pour susciter des impressions qui ne dureront pas sur des gens dont nous nous fichons éperdument"

Cette phrase résume la situation sur laquelle Tim Jackson nous demande de nous interroger. Il nous pose des questions qui nous obligent à ramener notre système à la réalité.

Tout d'abord, notre système économique épuise les ressources planétaires mais ne pouvant se passer de croissance, il nous contraint à investir pour consommer toujours plus de produits nouveaux et inutiles. Le besoin de nouveauté est d'ailleurs inscrit dans les gênes de notre espèce qui s'est montrée extrêmement prête à évoluer donc à accepter la nouveauté. Ceci nous met pourtant maintenant dans l'impossibilité de traiter les problèmes de long terme que notre trajectoire actuelle nous empêche de résoudre.

Autre question: pourquoi ne mettons-nous pas en oeuvre les mesures de bon sens évidentes permettant de régler les questions écologiques qui plus ait en réalisant des économies au passage ? Nous ne sommes pas concentrés sur l'essentiel ! Quel serait l'objectif du consommateur ? Il répond en citant Mary Douglas: " participer à la création du monde social et y trouver une place propice". Se pourrait-il alors que notre système visant à se doter de la nécessaire composante matérielle de cet environnement auquel nous aspirons tous ait totalement manqué d'adresser la composante humaine et sociale ? Se pourrait-il qu'une ancienne bonne solution à un vrai problème soit maintenant devenue obsolète et que sa répétition systématique ne fasse désormais qu'aggraver le nouveau problème qui est le nôtre ?

Quelles solutions ? Peut-être en direction des entreprises responsables ? Mais certainement en direction d'un investissement économique massif pour une économie de transition garantissant notre capital écologique et social. Et comment réaliser cela tout en traitant l'énorme problème du Développement dans un monde majoritairement pauvre ? Pas en détruisant le capitalisme mais en redéfinissant ce que cela signifie que d'être prospère chez nous tout en permettant à d'autres de le devenir aussi chez eux. Ainsi à la fois une forme d'humanisme serait réactualisée tout en accueillant de façon pragmatique le concept d'Ubuntu dont je vous parlais au sujet de la conférence du Dr Ayittey !


lundi 15 novembre 2010

Iqbal Quadir: des mobiles contre la pauvreté

Je vous présente une autre vidéo dont j'ai eu le plaisir de faire la relecture de la traduction pour la plateforme TED.com. Cette fois l'intervenant est un entrepreneur non un économiste:

Iqbal Quadir raconte comment son expérience d'enfant pauvre au Bangladesh, puis de banquier à New York l'a conduit à lancer une start-up opératrice de téléphonie mobile connectant 80 millions de Bangladais ruraux -- et devenir un champion du développement de bas en haut.

Comme dans l'expérience de Mme Gabre en Ethiopie, le téléphone mobile, dans un pays sans infrastructure, est un moyen d'augmenter de façon gigantesque la productivité des plus pauvres en leur faisant faire l'économie de la perte de nombreuses journées de travail rien qu'en déplacements inutiles.

Le mobile permet l'accès à l'information; Celle-ci permet à tout un chacun même le plus pauvre de prendre une micro-décision. Comme l'écrit Armatya Sen, ceci est une innovation qui augmente le degré de liberté de l'acteur économique de base.

La solution ? Un opérateur mobile, une infrastructure portée par un réseau d'agences de la Grameen bank (la banque des plus pauvres de Mohamed Yunus), des entrepreneurs locaux investissant dans un téléphone à son tour loué à la minute aux plus démunis des plus petits villages. Une cascade de micro-entreprises et un début de développement car cette chaîne d'investissements innovants est très rentable. Y compris pour l'Etat Bendladais au budget duquel Gonofone, l'opérateur contribuait déjà en 2005 à hauteur de 190 M$ et servait 3,5 Millions d'abonnés. L'impact sur le PIB a été supérieur au total des aides internationales !

Pour en savoir plus sur cet entrepreneur: Quadir

Michel Onfray sur Freud

Pour ceux d'entre vous à qui j'ai déjà mentionné que j'apprécie Michel Onfray, d'ailleurs pas plus et pas moins depuis qu'il a de nouveaux détracteurs, voici une vidéo très longue où il explique sa démarche d'ensemble et comment il est venu à s'en prendre à Freud: Blog Mollat

Je suis allé écouter M. Onfray pendant 7 ou 8 séances à Caen. Je me suis procuré pratiquement toutes ses conférences de la contre-histoire de la philosophie et lu plusieurs de ses livres. A ce propos, je vous recommande La Puissance d'exister : Manifeste hédoniste

Je l'ai très brièvement rencontré avant et après son cours à l'Université Populaire ... C'est quelqu'un de sincère ... et de franchement provocateur. Selon moi, M. Onfray est un besogneux de la philosophie au bon sens du terme. Il travaille, il ne dira pas le contraire. Il lit lui-même tout ce qu'il peut sauf quand il doit passer par une traduction. Il lit l'oeuvre complète: la bio, les correspondances, l'oeuvre, les sources, les commentaires ... De ce fait, il nous fait connaître des auteurs pratiquement inconnus (Gassendi, Mélier...), parfois mal connus (comme Montaigne) ou dont la réputation est à l'opposé de leur véritable apport (comme Epicure ou Freud justement).


Il le faisait déjà quand il était prof de lycée. Maintenant, il le fait à l'Université Populaire et dans les médias. Au début, il dénonçait la pensée philosophique unique de l'Ecole officielle celle néo-chrétienne qui va de Platon à l'Idéalisme Allemand. Ayant découvert par ses lectures des auteurs moins austères et plus proches de ses goûts hédonistes, il découvrit qu'il y avait place pour une autre lecture de l'histoire des idées. La contre-histoire de la philosophie venait de démarrer il y a huit ans !

Ainsi le christianisme et les autres dogmes monothéites ont subi les foudres de sa relecture. L'avantage c'est qu'en vrai travailleur acharné, il nous a fait découvrir ou redécouvrir une foule de personnages passionnants. On peut penser ce que l'on veut de Michel Onfray, lui ne fait ni dans le couper-coller ni dans la complaisance mondaine même quand il passe dans les médias. Et du coup, comme il fait de l'audience, on le taxe d'être agressif, opportuniste... et alors ?

Pour ma part, j'ai plutôt souscrit à ses thèses violentes contre la philosophie chrétienne telle qu'elle nous est parvenue. Peut-être me taxerait-il de chrétien-athée. Je crois qu'il l'a fait au sujet d'un philosophe contemporain que j'apprécie également, André Comte Sponville, mais je regrette qu'il n'ait pas encore pu creuser le thème de "l'hédonisme chrétien" ou de ses conditions de possibilité comme il dit. Car parfois, je trouve qu'il jète un peu vite le bébé avec l'eau bénite....

Je souscris surtout, dans le domaine qui est le sien, à sa méthode: connaître l'homme, sa vie, son incarnation, ses combats, son oeuvre bien sûr et ce que d'autres en ont fait. Comment il a été utilisé ou oublié ...

Dans cette vidéo notamment, il explique comment il a découvert que Freud avait été un escroc ! Il n'attaque pas tous les psychanalystes, ni la psychanalyse en général et encore moins la psychologie ou les sciences cognitives. Il "travaille" Freud comme il l'a fait avec Epicure, Lucrèce, Montaigne ou Spinoza. Et là, il nous livre sa surprise de découvrir que toute l'oeuvre de ce "grand homme" a été mise au service d'un mythe et que celui-ci a été capté par ses continuateurs ... pour leur plus grand profit.

S'il a consacré autant de temps à Freud c'est que ce personnage marque un moment important de l'histoire des idées mais je crois que la véhémence du propos traduit plus la surprise de l'importance de la supercherie intellectuelle que l'importance actuelle du thème.

Depuis, la polémique se poursuit. Elle ne marque pas un débat fondamental pour l'avenir du monde et n'atteint pas des sommets. Je crois cependant qu'elle vient à point pour nous aider à tourner une page. Freud a certainement contribué à l'essor ultérieurement scientifique des sciences cognitives et de la psychologie comportementale. Mais la vieille potion psychanalytique prend désormais une allure de placébo au goût de rance ! Il convient de regarder vers l'avant.



Paul Romer: des villes sous contrat de développement

Je viens de finir la relecture de la traduction de cette superbe intervention de l'économiste Paul Romer sur la généralisation d'un type de développement fondé sur les "Villes sous contrat".

L'idée part notamment du constat de la réussite de Hong Kong et de la Chine mais aussi de quelques autres villes. Il s'agit pour un Etat souverain de passer localement contrat sur une zone donnée avec d'autres Etats plus "avancés" de proposer pour cette zone un environnement économique et social correspondant au modèle que cet Etat voudrait émuler. Deux principes sont impératifs:
1) Respecter la liberté de choix du gouvernement de cet Etat quand au périmètre de la zone et la durée de validité de l'accord local en échéange d'une délégation d'autorité à l'administration de la zone et ensuite pour le rythme et la méthode de déploiement de l'expérience dans le reste du pays.
2) Respecter la liberté de choix de chaque citoyen de l'Etat de venir s'établir dans la zone en échange du respect des lois en vigueur dans la zone puis de la quitter si son expérience personnelle n'est pas concluante.

Pour Paul Romer en effet, ce qui empêche le développement de manière concrète dans de nombreux pays, c'est la permanence de règles de fonctionnement inadaptées. Or changer les règles alors même que les gouvernants le souhaiteraient s'avère généralement impossible.
Et de finir en suggérant une telle expérience sur le sol de Cuba, à Guantanamo Bay en partenariat avec des pays comme le Canada, l'Espagne ou le Brésil.
Je ne sais pas si le succès serait comparable à celui de Honk Kong et de Shenzhen mais l'idée me semble séduisante.

Aux "pragmatiques" un peu sceptiques qui penseraient que ce sont des propos de café du commerce qui ne peuvent changer le monde, je dirais chiche ! De toute façon, le monde, il va bien falloir le changer ! Alors pourquoi rester sur les solutions qui ne marche plus ? Celle-ci, en plus, elle a déjà marché !

dimanche 14 novembre 2010

TEXxBasqueCountry

Je suis rentré de Biarritz aujourd'hui. Bon événement TED. Pas de fausses notes d'autant plus que nous avons eu des percussions et des coeurs Basques de grande qualité. Merci à Caroline Philipps et à son équipe. Voici le lien: TEDxBasqueCountry

J'ai compris le principe et entrevu quelques-unes des personnes ayant participé à cet événement. B. Guissani, le dirigeant de TED Europe nous a indiqué qu'ils pensaient créer une trentaine d'événements TEDx par an, ils en sont à plus de 1000 en 18 mois, à suivre.

J'ai particulièrement apprécié les interventions suivantes:
Michel Poulaert sur entre autre le lâcher-prise qui a su être clair avec ses deux paraboles, sans en faire trop
Jean Pierre Massias sur les principe de la négociation qui m'a rappelé quelque chose ...
Bernard Mariette serial entrepreneur qui agit en philosophe sans le savoir et pense en chef d'entreprise iconoclaste. Allez-voir son site: coalision.
Yann Leroux un psychogeek sincère qui réhabilite les jeux de guerre en ligne
Sylvain Zimmer pour un exposé limpide sur la création collaborative
Eric Lestage qui a l'avantage de savoir de quoi il parle quand il mime la détresse ...
Claude Labat qui m'a fait découvrir un premier traité de paix européen avec la Junte de Roncal
Jérôme Legardeur sur la créativité ... dynamique

Mais il faudrait que je cite tout le monde ou presque. Je m'aperçois d'ailleurs que les interventions présentées en vidéo n'ont ni le même impact ni la même permanence dans le souvenir que celles en live. Car nous avons eu aussi quelques vidéos de TED pour respecter le format de la marque.

vendredi 12 novembre 2010

Barry Schwarz: Trop de Choix

Il s'agit d'une intervention TED que j'aime beaucoup (et que j'ai eu du mal à retrouver) car elle vient se coller à d'autres et en faire un paradoxe. Dans les vidéos que j'ai traduites sur le Développement, j'insiste sur celles qui montrent que l'on peut enclencher un cycle vertueux en mettant les acteurs anonymes en situation de faire des choix, de prendre leurs propres micro-décisions. Je vais d'ailleurs en rajouter prochainement allant dans ce sens.

Or là, le Dr Schwarz nous dit un peu le contraire.

Ayant dépassé les stades initiaux du développement, la profusion des choix devient telle que c'est trop et finalement inutile. Ecoutons-le et mettons-le en perspective. Ce n'est peut-être pas contradictoire. Il faut probablement une grande liberté des choix individuels mais que celle-ci ne vienne pas, par un excès bien inutile de ceux-ci, en annuler les bénéfices.

Le vrai sens du marché


Voici la seconde conférence dont j'ai traduit les sous-titres pour le site TED.com. Mme Gabre-Madhin nous explique ce qui, selon elle, empêche son pays, l'Ethiopie, et d'autres pays africains ne serait-ce que d'être auto-suffisants sur le plan alimentaire. Elle nous expose ce qu'elle a elle-même créé pour y remédier.
L'économie africaine, largement rurale, est non seulement écrasée comme le dit le Dr Ayittey par le népotisme mais aussi par des coûts de fonctionnement élevés car l'information économique et les infrastructures minimum y sont inexistants ou mal répartis. La réponse de Mme Gabre: une bourse des marchandises et une série d'innovations techniques et sociales. En quoi cela nous concerne-t-il ?

D'abord, l'Afrique peut se soigner seule et ne devrait plus avoir besoin de notre aide. L'Ethiopie peut d'une année à l'autre voir 14 millions de personnes courir le risque de mourir de faim et l'année suivante être obligée de laisser pourrir ses récoltes. Un marché de marchandises bien pensé et adapté à la situation du pays permet de régler ce problème (marché à terme) et aussi au paysan d'anticiper les futures récoltes et planter ce qui sera attendu demain tout en connaissant les prix pour ses productions.

Ensuite, non seulement l'Afrique peut se guérir seule mais elle peut exporter et nourrir d'autres hommes ! La production de l'Ethiopie en céréales dépasse déjà celle de l'Afrique du Sud. Et l'Ethiopie où est né le caféier pourrait ainsi redevenir le point focal de la planète pour cette production.

Au fait, est-ce que cela marche ?

Il semblerait qu'installer une bourse moderne dans un pays de la faim nécessite quelques ajustements: cyber cafés dans les villages, connexions satellites, normalisation, silos de stockage mais voyez vous-même: le U-tube Ethiopien

Enfin, les "marchés" qui sont tellement accusés par nos chroniqueurs quotidiens, nous sont ici expliqués dans ce qu'ils ont d'essentiels: mutualisme, infrastructures, normalisation, information. Un outil de base donnant de la liberté au paysan. Celle de planter telle ou telle variété, de la conserver ou de la vendre tout en sachant ce qu'il en tirera au marché etc ... Cette vidéo nous ramène à la réalité: la bourse de marchandises de Mme Gabre est un outil de base qui devrait aider le paysan à mieux nourrir sa famille !

Des basiques donc comme au temps de la création de la bourse de blé de Chicago en 1848 qui permettent globalement d'optimiser les rendements d'une économie autrement à l'agonie. Armatya Sen (prix nobel d'Economie) a démontré que les famines sont moins dues au manque qu'aux disparités de distribution de nourriture. Mme Gabre met en oeuvre ses thèses. Le fait que notre monde a probablement abusé des produits dérivés de produits dérivés ... sur les marchés financiers jusqu'à ce que les échanges n'aient plus qu'un très lointain rapport avec leur support physique (ici les céréales ou le café) justifie que l'on revienne à ces basiques.

Peut-être qu'une Europe aux jachères ultra-subventionnées et où les agriculteurs ne peuvent plus rembourser leur banque, aura un jour des leçons à prendre de l'expérience éthiopienne ?