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dimanche 25 octobre 2015

A nous de jouer maintenant ...

Comme je l’annonçais, ce blog renaît. Pour cette renaissance visant à réorienter le cours de nos pensées en nous appuyant sur des personnalités qui toutes ont fait le choix de sortir du cadre, j’aimerais vous faire rencontrer Raphaël Poulain. A ma demande, il a évoqué pour vous les conséquences de la défaite française en coupe du monde de Rugby. Nous éclaireraient-elles dans d’autres domaines ?

Le parcours de « superman »

J’ai rencontré Raphaël l’an passé lors de la préparation de son intervention à TEDxMinesNancy:

Voici un résumé de son parcours:
Raphaël a pris sa retraite à 28 ans, avant son père comme il dit. Les journalistes le présentaient comme le « Lomu français », aîlier rapide et surpuissant, il étourdissait ses adversaires, le public, la presse et les acheteuses des fameux calendriers. Raphaël avait été détecté encore ado par le Stade Français pour son physique hors norme. Il y a connut la gloire, la souffrance et la chute.
Le prodige n’aimait pas forcément se trouver là où on lui avait dit d’être au 7ème temps de jeu et se brouilla avec son entraîneur puis il y a eu la guigne des blessures à répétition. Bien qu’en pole position, il n’intégra jamais le groupe France et partit juste avant le sommet de la gloire puis se prit des murs dont il eut du mal à se remettre. Il entreprit de se reconstruire grâce à des rencontres, la philo et … le one man show.
Raphaël est donc un des premiers retraités du rugby pro façon Max Guazzini ( Emblématique artisan de la renaissance du Stade Français). Pas fortuné, c’est pourtant un bipède riche qui s’accomplit et qui parle comme il courait : tout droit ! Coach mental, il donne maintenant des conférences, réalise des audits de clubs, aide les jeunes et les autres malchanceux de son sport … Il est passé de la lumière à l’ombre et son point de vue peut nous donner quelques clés au-delà du rugby.

Partages-tu les analyses assez convergentes de la presse sportive sur cette défaite ?

Globalement oui. Tout le monde en connaît les causes. Dès la formation initiale, on formate les gamins pour « rentrer dedans ». On a sacralisé le corps, on a privilégié la taille et la masse et l’on a oublié le jeu, l’essence du jeu, le sens ! L’enjeu a tué le jeu et on s’est fait dépasser par la vitesse, l’intelligence et la qualité du jeu des autres équipes !
Penses-tu que cette défaite sera un déclic pour les changements structurels que les spécialistes de ce sport  attendent ?
Ca dépend. (Ndlr : Il ne se mouille pas trop ici et il ne déborde pas d’optimisme ! )
C’est une lutte de pouvoir. Le rugby et ses « valeurs » sont en fait englués dans un système patriarcal et autoritaire paralysé par les enjeux financiers. Notre rugby s’est enfermé dans ses certitudes et ses peurs. Il faudrait que l’on sorte de ce système et pas seulement que l’on remplace des hommes par d’autres. C’est peut-être le projet de Bernard Laporte, je ne sais pas s’il y arrivera parce que dans ce système-là, il n’est pas légitime pour tout le monde.
Nous étions dans le déni, cette défaite nous a plongés dans la colère (assortie du sentiment de porter des culpabilités diverses), il faut continuer à décliner les différents stades du deuil (marchandages, dépression, acceptation).
Il y a cependant un gros risque que se mette en place le triangle de Karpman (Ndlr : voir mon article ici) avec ses inévitables victimes et bourreaux qui ouvrent la porte à des sauveurs et que rien ne change au fond. Il serait bien que l’on recrée un environnement où l’individu décomplexé s’épanouirait en étant plus spontané et créatif et où dirigeants, éducateurs et parents arrêteraient de projeter leurs fantasmes sur les gamins sans parler de la presse et des sponsors qui veulent des gladiateurs… Du pain et des jeux façon prime time !
Il faut recommencer depuis la base. A partir des petits clubs qui sont en train de crever, redonner la joie de jouer aux jeunes et bien sûr donner du temps de jeu aux plus talentueux dans les grands clubs !

C’est pas gagné donc, fais-tu un parallèle avec d’autres choses de notre environnement ?

Oui, le non-dépassement des peurs est typique d’une société qui vieillit et qui a peur de se remettre en cause.  Notre sport en particulier est venu combler des vides. En le sacralisant, il a remplacé la religion pour certains.
Notre société a peur de l’homo, du musulman, de l’étranger … Et elle se fige. Le rugby n’est pas un cas isolé. Dans le rugby comme ailleurs, même sans forcément faire la révolution, des réformes étaient nécessaires que l’on n’a pas eu le courage de faire. Nous sommes vaincus en fait par nos peurs, notre pensée dogmatique et notre soumission à une autorité vieillissante et apeurée! 

Et toi, comment t’en sors-tu ?  Et le coaching ?

Fauché, je ne peux pour l’instant pas lancer mon projet de documentaire-vérité sur l’après-rugby (voir teaser ici). Mais aujourd’hui tout se remet en place pour moi. On me demande de prendre la parole dans des entreprises, je vais remonter sur scène et puis je vais être papa et ça, ça change tout !
Au début, j’ai surinvesti sur le corps, j’ai ensuite travaillé le mental puis se fut l’émotion et maintenant c’est la foi. Il fallait rééquilibrer tout ça. Il ne s’agit d’ailleurs pas forcément d’une foi religieuse. Peut-être que collectivement il nous manque quelque chose dans ce sens ?
Le coaching ? Non, je ne me vois plus trop comme ça. Pour moi le coach devrait être bio-dégradable…
Merci Raphaël.

J’aime beaucoup la personnalité de Raphaël, son côté ange déchu ne l’empêche pas d’être quelqu’un d’attachant, de généreux et à l’écoute, pas amer, quelqu’un que l’on se flatte d’avoir pour ami. En plus, c’est plutôt rare qu’un rugbyman revendique un passage par la philo et la psycho pour se relancer ! Comme aurait pu le dire Michel Onfray (il faudra que je vous reparle de cette autre original-là), il vaut mieux un rugbyman qui vit en philosophe qu’un prof de philo qui donne un cour . En tous cas, avec Raphaël, on ne s’ennuie pas. Pour moi, il incarne une figure potentielle du « leader » de notre temps.

En quoi sommes-nous concernés ?

Ce parcours atypique avec ce qu’il a d’excessif me semble un témoignage emblématique du sacré de notre époque qui est sur les stades et sur nos écrans et qui cause des dégâts. Ses stars sont utilisées puis jetées. La formation personnelle et le jeu ont été sacrifiés à cet objectif pour satisfaire les audiences qui consomment… Le show biz, les artistes, les élus politiques et même les entrepreneurs (pensez aux stars des start ups) et certains chercheurs suivent ce chemin.

Je vous raconte donc l’histoire de Raphaël, celle du rugby, celle de cette défaite car je crois qu’elles illustrent des changements en cours. Or l’échec, même discret et pas médiatique du tout, fait partie de la vie. Aucune « positivité » ne peut faire l’économie de l’échec et de ses vraies causes.

Le mot de la fin

Pour terminer, je voudrais rendre hommage au vaincu du moment (ça a fait rire Raphaël !), à celui qui se transforme maintenant en victime culpabilisante et que l’on érigerait volontiers en bouc-émissaire. Je veux parler de Philippe Saint André, le sélectionneur des Bleus, que j’aimais comme joueur et dont le moins que je puisse dire est qu’il est l’un des pires orateurs que j’ai pu observer et sans doute pas le leader dont les Bleus avaient besoin. Il a prononcé dans le Midi Olympique de lundi cette phrase que je choisis de prélever et de conserver :
« L’échec, ce n’est pas de tomber, mais de rester où l’on est tombé* ».

Raphaël s’est relevé, j’en souhaite autant à nos Bleus et à la société française.
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*Paru page 8 du Midi Olympique du Lundi 19 Octobre 2015. La citation exacte d’origine serait plutôt : « La chute n’est pas un échec, l’échec c’est de rester où l’on est tombé ». Elle est attribuée à Socrate et est un classique du Développement Personnel.  Décidément, la philo inspire les coaches du rugby ces temps-ci !

jeudi 18 décembre 2014

Leadership et prise de parole

L'art oratoire peut être un excellent moyen de devenir un leader. Une nouvelle intervention tirée de TEDxIESEGParis par Stéphane André auteur, entrepreneur et fondateur de l'Ecole d'Art Oratoire.

Voici l'adresse de la vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=cQZxPe8-Ql8

Le regard

Stéphane entre en scène et passe quinze secondes à … ne rien dire du tout ! Il regarde son public. C’est un regard très étonnant. Il nous rappelle les performances d’acteurs et c’est bien normal. Stéphane est un comédien ! Et c’est un regard vraiment porté comme il dit, pas seulement promené rapidement sur le public à la volée. Quinze seconde de silence quand vous êtes en scène, c’est très très long. 




Tout commence, nous dit Stéphane par ce regard. Un regard qui se nourrit de l’énergie de son public. Un regard qui est fait pour absorber et non pas pour produire quelque chose. Comme il est « condamné au singulier », le regard procède par sondage aléatoire. Ce regard porté est une décision consciente de s’intéresser à l’autre, l’orateur se redresse alors naturellement. Son dos redressé permet à l’orateur d’adopter une posture verticale. Cette rencontre permet alors à l’orateur de gérer d’instinct trois choses : le choix des mots, le ton et le rythme de sa parole. Le choc de la rencontre provoque l’oubli du discours préparé et la sélection d’un discours différent dont le public devient co-auteur. Entre l’orateur et le public se crée ainsi un système «unique à cerveaux multiples ». 

Le leader

Alors que le leader expose ainsi ce discours co-produit, le chef ne fait qu’imposer un discours préparé. Nous avons été éduqués à penser qu’il faut émettre un beau discours et qu’il suscitera un bon feedback. Stéphane André suggère d’inverser les termes. Il s’agit de créer la relation d’où naîtra un discours à fort impact. Regard porté, dos redressé, il reste alors à l’orateur à placer sa voix pour la rendre harmonieuse. Il doit avoir un « projet artistique vocal » car c’est la voix qui porte la complexité des harmoniques capable de rendre celle du propos. 

Le système regard-dos-voix

L’ensemble regard, dos, voix se met alors au service du personnage qui sert à son tour son message, son dossier. « Mettre le corps et la voix à la hauteur de la dignité de la cause » selon l’expression de Cicéron. Ainsi l’orateur, de personne devient personnage. Une personne n’incarne pas le message, la personne est un ensemble de contradictions. Seul le personnage a du leadership. Seul le personnage  incarne le message, il est une forme pure bien plus grande que l’orateur !

En quoi sommes-nous concernés ?

En tant que manager, parent, prof, orateur ... on ne peut qu'être interpelé par l'apparente simplicité d'un système qui oblige à retrouver la raison d'être de l'acte de "manager": rencontrer l'autre en se rencontrant soi.

samedi 28 juin 2014

Le chemin des crêtes

A l'occasion de la lecture d'un livre optimiste sur les chances de développement de notre pays, j'aimerais partager quelques réflexions à la fois sur l'optimisme et sur la gouvernance. Sujet déjà évoqués de nombreuses fois ici.

Parions France
Voici Parions France !, le livre "positif" d'un ancien élu local, conseil en communication qui fut aussi
directeur du Tour de France, une superbe réussite événementielle à l'échelle mondiale. L'auteur se nomme Xavier Louy, un homme politique mais aussi un consultant et un chef d'entreprise. Cela ne pouvait me laisser totalement indifférent.

Ce livre m'a été conseillé par un ami dont je parle parfois dans ce blog (à vous de deviner de qui il s'agit, j'espère qu'il commentera cet article !). Cet ami et moi avons des discussions sur le changement et ses voies, sur le pouvoir. Et aussi sur l'optimisme, point sur lequel nous divergeons. C'est pourquoi j'utiliserai ce livre pour partager quelques réflexions personnelles sur ces thèmes en prélude à de futures publications sur Acatl Editions.

La critique

"Parions France" est un livre salutaire et informatif qui correspond à un vrai besoin et qui rappelle et répertorie nos forces et réussites et qui présente aussi à mes yeux des insuffisances factuelles et conceptuelles.Vous trouverez ici mon commentaire sur Amazon, n'hésitez pas à cliquer sur "commentaire utile" si cela vous parle. Vous trouverez ici une vidéo par Jean Louis Courleux. Elle trop sombre pour être visionnée mais la prise de son est correcte.

Le diable est dans les détails (citation de Lister, chirurgien anglais du 19ième siècle)
Commençons par les insuffisances. De curieuses erreurs de détails interpellent sur la forme et interrogent sur le fond:
  • Non la ville de Leeds n'est pas en Écosse mais en Angleterre.
  • Non Sanofi n'est pas le premier laboratoire pharmaceutique mondial mais le troisième en 2013 il était le quatrième en 2012.
  • Et non BNP Paribas n'est  pas le premier groupe bancaire mondial mais le troisième en produit net bancaire et le 12 ème en capitalisation boursière ... Et l'auteur n'avait pas connaissance de l'affaire qui place depuis peu la banque en situation difficile devant la " justice" américaine du procureur Vance (celui qui est sans doute frustré de n'avoir pas mis Strass Kahn en prison). Cette dernière affaire relativise un peu le propos enthousiaste sur l'influence mondiale des entreprises françaises !
  • Et Non, le territoire russe n'est pas de 1,7 millions de km² mais là il ne peut s'agir que d'une faute de frappe.
Ajoutons que dans la version kindle au moins, il est regrettable qu'aucune note ni lien ne permettent de creuser et de vérifier les sources ... ce ne serait pas du luxe.

Cet ouvrage d'un auteur raisonnablement connu, paru chez un éditeur sérieux n'a sans doute pas fait l'objet de relectures aussi sérieuses que son sujet l'aurait nécessité. Pour identifier l'auteur, je suis tombé sur cette vidéo:



"L'empire maritime", une bonne idée insuffisamment étayée
Cette rapidité d'écriture se retrouve malheureusement à divers endroits sur le fond. Proposer par exemple de régler le problème planétaire de l'eau par la désalinisation massive de l'eau de mer sans évoquer l'énorme besoin d'énergie que cela créerait me semble rapide ... Tenez rappelez-vous ce que disait Justin Hall Tipping à ce sujet. Une nouvelle fois, la forme c'est du fond qui remonte à la surface comme disait Victor Hugo ... L'idée de l'empire maritime elle-même est intéressante ... en gardant en tête par exemple que les limites d'exclusion maritime sont très contestées ...

Sur les idées essentielles, il manque donc un peu de matière. C'est dommage car l'auteur cite aussi de belles réussites trop souvent passées sous silence. L'idée de redonner aux jeunes l'espoir et l'envie de construire un avenir "gagnant"est louable. Et l'auteur inventorie à cette fin les entreprises et les secteurs où la France gagne. Malgré quelques erreurs comme celles signalées plus haut, cela m'a plu car il est vrai que depuis quelques temps, il est plus souvent question de la France qui perd ...

Mais pourquoi faut-il toujours répondre à un biais psychologique, ici celui du pessimisme, par un autre, celui de l'optimisme ? A-t-on si peu profité des leçons de la Méthode et aussi de celle de l'expérience ?  Plus de pragmatisme serait utile. L'auteur en appelle à s'appuyer sur nos succès pour que les jeunes changent le jeu, inventent de nouvelles règles, s'opposent au conservatisme ... Fort bien et quels sont les freins ? Comment les lever si on on ne les prends pas en compte ?

Optimisme ou complaisance ?

En élu local expérimenté, l'auteur enfourche une vision gaullienne qui m'est sympathique... Il semble au passage qu'un homme politique au moins ait bien reçu le message et pourtant il n'est pas du même bord politique: Jean Luc Mélenchon.Seulement, il produit finalement une vision que je trouve trop complaisante. La France ne serait pas si petite que cela il faudrait compter tout son empire maritime de ... 11 millions de km2, le deuxième du monde. C'est vrai et il faudrait retenir cette grande idée. Seulement, il simplifie dans le but de motiver ses troupes.

Crédit photo: courleuxsansfrontieres.com
Cela vaudrait donc la peine d'essayer mais en n'oubliant pas que les courants maritimes pas plus les déchets qu'ils charrient ne connaissent de frontière. Et n'oublions pas non plus le triste assaut de la grotte d'Ouvéa, résultat d'une Gouvernance piteuse de notre "empire maritime", j'en parlais ici. Pour réussir dans une telle mission, il conviendrait de se départir d'un angle de vue par trop nationaliste et simpliste et d'adopter un point de vue à la fois collaboratif, global et pragmatique. Commençons par exemple par ne pas méconnaître ni sous-estimer les réflexes immobilistes et les freins qui caractérisent aussi notre société  !..

L'oubli des faiblesses et des freins
Le livre se termine par d'autres idées très gaulliennes intéressantes comme la participation populaire dans les banques, la remise en cause des droits de succession et d'autres plus originales comme un tableau de bord national de l'activité non limité au comptage du nombre des chômeurs ou des immatriculations automobiles. L'auteur s'autorise bien le regret de quelques propositions du grand Général, jamais appliquées, mais pourquoi fait-il l'économie d'un rappel des faiblesses structurelles de notre pays ?

Pourquoi ne pas mettre en perspective les réussites et potentiels (assez bien répertoriés dans ce livre) avec les freins structurels réels comme par exemple l'obstacle que forme une pseudo élite de dirigeants,  d'élus et d'administratifs parfois corrompus (voir ici) mais surtout indéfiniment arque-boutés sur leurs avantages acquis et leur carrière et recuits dans l'immobilisme de certitudes étriquées ? N'y a-t-il pas là un conservatisme de structure dont il faut urgemment tenir compte ? Ce conservatisme n'explique-t-il pas que même les bonnes idées du Général ait pu être enterrées ? A moins qu'il ne s'agisse pas vraiment d'agir ...

L'optimisme unijambiste

Ce livre s'inscrit donc à la fois dans la prise de conscience du fait qu'il est possible de se ressaisir et dans la croyance qu'en le disant et en étant "positif", on fera œuvre utile, presque performative (je le dis, donc cela existe). Cette croyance rejoint celle de beaucoup de coachs et d'auteurs en Développement Personnel: "restons positifs et nous réussirons !".

Pour ma part, quand j'entends cela, je pense aussitôt aux paroles de Churchill  qui n'avait à proposer à son peuple que « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » ("Blood, toil, tears, and sweat" le 13 mai 1940, dans son premier discours devant la Chambre des communes). Mais peut-être notre situation n'est-elle pas encore assez grave pour être comparable à celle qui prévalait à la veille de la bataille d'Angleterre ?

Le travail de Xavier Louys est utile pourtant. C'est juste que l'on ne marche pas longtemps sur une seule jambe. Il nous faut aussi connaître l'autre face de la réalité pour nous donner une deuxième jambe pour avancer.

En quoi sommes-nous concernés ?
Sur le plan national, il faut sans doute redonner à la nation France une place plus importante mais il faut le faire sans complaisance, en s'appuyant sur nos forces réelles, en recherchant leur accord et non en les enrôlant pour une Cause étrangère à leur plan stratégique (les groupes et start ups répertoriées par l'auteur) sans raviver les idéologies nationalistes, voire colonialistes ni les nostalgies passéistes et sans méconnaître les freins et faiblesses structurels de notre société. Et sous réserve d'une approche étayée, je retiens volontiers l'idée de l'opportunité maritime pour la France.

Sur le plan humain et managérial: il est vrai que nous pouvons facilement nous complaire dans le pessimisme et la sinistrose et qu'il importe de prendre conscience de nos forces. Cependant, il importe de le faire avec pragmatisme. Je sais, la voie est étroite. C'est un véritable chemin des crêtes ... au moins la vue est belle même si la marche est difficile !

Crédit photo: Gérard barré, sentier-nature.com
(Beaufortain, Beaufort, Savoie – 07/09/12
le lac et le barrage de Roselend en contrebas )

samedi 12 octobre 2013

La Science de la Richesse

... Où l'on découvre un univers du "Développement Personnel" et aussi des pratiques managériales  d'entreprise étonnamment ancrés entre religion et business et philosophiquement éloignés de la culture et "humanités" françaises ... Voici un livre qui aide à recoller les morceaux.
Wallace D Wattles

Un auteur inconnu et influent

Le portrait de droite appartient à Wallace Delois Wattles un modeste prédicateur américain mort en 1913 et surtout auteur d'un livre le plus souvent traduit par  La Science de la Richesse. Je suis sûr que certains  se disent: "mais c'est ridicule, s'il y avait une science pour devenir riche, cela se saurait ..." Eh bien si et c'est le sujet du livre que je publie ces jours-ci en version bilingue sous la marque "Acatl Editions" sur Amazon:



Une théorie "attractive"

De quoi parle Wattles ? De foi ! Oui cet apprenti pasteur, exclu de chez les méthodistes pour ses sympathies réformistes en faveur d'une approche sociale-chrétienne vivait dans une extrême pauvreté et prêchait qu'une certaine approche du contrôle mental  permet d'obtenir richesse et santé. Il s'agissait de penser et de faire les choses d'une "Certaine Manière" ou comme je préfère le traduire: "une Manière Certaine". Et cela a marché pour lui ... en partie. De santé très précaire, il est mort à 51 ans ... avec la satisfaction de savoir que son livre se vendait si bien que sa famille aurait désormais de quoi subvenir à ses besoins. De son point de vue, il était enfin devenu riche !

Derrière cette conviction érigée en principe scientifique se trouve la foi remaniée et émergente des Eglises américaines d'origine calviniste regroupées dans ce mouvement de la fin du XIXème siècle nommé "Nouvelle Pensée". Et cet auteur, peu connu chez nous en dehors du milieu du Déveleppoment Personnel, apparaît dans l'édition américaine au moment précis où son propos matérialise parfaitement l'aspiration à la concrétisation du vertigineux rêve américain et de la société de consommation ...

Une pseudo-science entre "foi et fric"

Pourquoi diable s'intéresser à cet inconnu ? D'abord, à l'égal de ce que j'avais découvert avec Emile Coué, l'univers réel de Wattles est sociologiquement bien plus passionnant que les fables qu'on nous raconte souvent dans les bouquins de Développement Personnel. Ensuite, ce que démontre sa biographie, c'est que cet homme était sincère.

Alors ? La Science de la Richesse donnée à découvrir dans ce livre en VO et dans une retraduction personnelle très proche du texte d'origine est un curieux témoignage de cette foi calviniste rénovée qui se fonde sur le principe de la "loi de l'Attraction". En fait, ce livre en est l'un des "Evangiles" même si le terme "Attraction" n'y est pas utilisé.

C'est quoi l'"Attraction" ? 

Il s'agit de considérer que la nature de notre pensée oriente l'énergie de l'univers dont elle fait intrinsèquement partie. Si cette nature est positive, on réussit; sinon on attire la poisse ! Vous trouverez le détail dans le livre. Plus de 180 livres étaient en vente en français sur ce thème en Juillet dernier !

Et ce discours, à lui seul, tira Wattles de l'indigence, preuve pour lui de l'efficacité de "sa science". Et après lui s'ouvrit un énorme marché ... qui connaît actuellement un regain de forme du fait de la "crise".

Quelle importance ?

11 Milliards de dollards ! C'est la taille estimée du marché américain du Développement Personnel constitué notamment de petits livres sur: comment devenir riche, influant, bien portant, sexy ou mince ... Et cette loi de l'Attraction est la théorie de loin la plus souvent invoquée à l'appui des gourous qui ont investi cette important niche éditoriale. Ajoutons qu'en ce domaine comme dans d'autres, le marché américain se décalque sur un autre marché de même orientation mais plus vaste encore: le Marché Global !

Autre élément moins connu, sous différents aspects sur lesquels je reviendrai, notamment le principe de Pensée Positive et une nuée de techniques psychologiques qui en découlent, nous retrouvons cette "loi" à la manœuvre dans l'enseignement de nos grandes écoles après l'avoir été sur les plus prestigieux campus américains. Harvard, par exemple, a été l'un des creusets de la Nouvelle Pensée.

Ainsi donc, livres de Développement Personnel, stages motivationnels, enseignement du management, pratiques d'entreprises s'appuient en partie sur une base de croyances dont j'ai voulu retrouver et donner à lire, comme tels, les textes et contextes des histoires vécues originelles. D'où ce premier livre et il y en aura au moins deux autres. J'espère que vous aurez à coeur de les lire et même de les faire connaître.

J'ai voulu donner le "vrai" texte et les commentaires qui permettent de le situer. Libre ensuite aux uns et aux autres, croyants et sceptiques de se faire leur opinion. En plus, vous verrez, cela se lit vite.

Vieille histoire que voilà, pourquoi remuer ainsi la poussière ? 

Mais parce que nous sommes en "crise" et que ces petits livres, sous couvert de nous redonner de l'espoir, vendent un dogme qui vaut ce que valent tous les dogmes, à chacun d'en faire ce qu'il veut. Il m'a paru utile de les resituer, justement parce que la crise pousse beaucoup de gens à vouloir désespérer ... ou à vouloir croire ...

En France, nous sommes peu informés et très éloignés du phénomène évangéliste et des "Mégachurchs", qui s'inspirent du contenu de ce livre. D'où d'ailleurs notre incompréhension de certains aspects économiques, sociaux et politiques américains ... Certes, nous avons aussi nos propres dogmes religieux et politiques. Raison de plus pour être attentifs aux courants de pensée d'où qu'ils viennent. Ils influencent l'édition, le management et imperceptiblement aussi les discours "positifs" des dirigeants économiques et politiques. Peut-être apportent-ils du nouveau d'ailleurs ? A chacun de se faire une opinion.



vendredi 22 février 2013

Le triangle dramatique de Karpman

S. Karpman karpmandramatriangle.com
Dans mon dernier article, je vous parlais de la loi de Godwin à l'occasion d'une altercation par mail avec un inconnu. Cette histoire me donne l'occasion de creuser un peu en partageant un concept courant dans les relations 2.0 et dans la vie réelle. (La photo du ténébreux de droite n'est pas celle de mon inconnu ... c'est celle de Stephen Karpman !).

Le triangle dramatique

Peu importe la cause réelle de l'ire de mon quidam et qui l'a conduit à me traiter de nazi. L'important est que cette histoire m'a remis en mémoire le  "triangle de Karpman" qui sert en Analyse Transactionnelle notamment à décrypter des situations de harcèlement,  de manipulation et de conflit en général.

Voici une représentation du triangle modélisé par Karpman dès 1968 et empruntée à un blog français (enquête de sens) que j'apprécie pour sa clarté:
Source: blog "enquête de sens"

Le piège du triangle dramatique appliqué à une situation simple :

Sans doute mon inconnu s'est-il senti légitimement (à ses propres yeux) agressé par mon attitude méfiante. Peut-être a-t-il revécu sincèrement une situation pénible pour lui et a-t-il endossé le rôle de la VICTIME ?

Ou peut-être a-t-il senti que sa prospection ayant échoué, il pouvait se défouler ou se donner le beau rôle en me collant le timbre de ce qu'il dit détester le plus et jouer au SAUVEUR ? Il se disait expert de tas de choses et brandissait les traités européens sur la tolérance pour pacifier obligatoirement les consciences...

Bien vite donc, emporté par  ses émotions non assumées, il a alors endossé un rôle qui est le seul que j'ai perçu sur le moment (du fait du choc émotionnel en retour provoqué chez moi: surprise,  étonnement, indignation ...) celui du PERSECUTEUR qui insulte, agresse et menace de façon déplacée. Voici ce que dit un autre coach du rôle du persécuteur:

"Ne nous y trompons pas... il cache une personne pétrifiée de trouille face aux relations. C'est souvent (une victime ou) un sauveur déçu qui, ne sachant plus comment s'y prendre, emploie la manière forte..."

Après réflexion, ma position est devenue: prenons acte de tous les délires sans pour autant y accorder d'autre intérêt que ... pédagogique. Voici pourquoi et comment.

Pour en sortir: reconnaissance et refus ferme 

Dès que se met en place un début de harcèlement, il y a bien vite une tentative d'inversion des rôles. La "victime" du harcèlement est immédiatement accusée et sommée de mettre fin à des agissements qui sont en fait ceux du harceleur. C'est ce qui peut rendre la tâche d'un juge assez complexe quand les choses ont dégénéré et qu'il est impossible d'en démêler les fils. Avant d'en arriver là; se trouve parfois une petite place pour le médiateur qui est théoriquement mieux formé que le juge à éviter les pièges du triangle dramatique ...

L'important est de refuser d'entrer dans les rôles du triangle, tous sont perdants. Endosser le rôle assigné de victime soumise sera perçu par la partie adverse comme un signal invitant à plus de violence. La surenchère violente, à l'inverse, vous ferait entrer dans le rôle d'un persécuteur ce qui est un piège encore plus évident que l'on vous tend. Quand au sauveur, il finit souvent épuisé et très frustré.

Les spécialistes de l'Analyse Transactionnelle insistent sur la non-défense (et non-attaque): une attitude de reconnaissance de la situation et de refus ferme d'entrer dans le triangle. Quand on parvient à démontrer que l'on reste à distance du triangle, cela rend alors le jeu beaucoup moins drôle ! Et l'on peut enfin revenir au vrai sujet.

Seulement dans la vie quotidienne, on ne peut pas toujours éviter un fâcheux. Il peut être un proche: un collègue, un client, un patron, un important partenaire de négociation.

Les fâcheux du net nous offrent gratuitement un vaccin anti triangle dramatique !
Dans mon histoire, il a été facile de couper court à l'échange et de supprimer l'inconnu de ma liste de contacts. Ce cas-là était facile à gérer car sans implication réelle et pourtant tous les ingrédients classiques que décrivent les coachs étaient bien là et il n'est pas douteux que le quidam adopte dans la vie réelle les mêmes postures dès que son interlocuteur commence à réfléchir par lui-même... Un individu sans doute aussi toxique à la ville que par mail. A éviter donc. Et c'est pour cela que je saisis l'occasion, car tout est plus compliqué dans la vie réelle. Voici donc ce que je propose:

Mon hypothèse est que les gens qui se défoulent sur le net, se croyant à l'abri, jouent constamment ces exacts mêmes rôles qu'ils jouent en face à face. Plutôt que de seulement les "zapper" (ce qui est légitime), observons gratuitement les mécanismes en jeu alors que nous pouvons y couper court à tout moment pour apprendre à tenir les fâcheux à distance quand nous les avons en face à face. Au lieu de seulement les stigmatiser et comme nous ne pouvons pas les éviter (loi de Godwin), servons-nous de ces études de cas à ciel ouvert comme d'entraînements pour éviter de tomber dans le jeu du triangle quand c'est vraiment important dans la vraie vie.

jeudi 20 décembre 2012

Coué ce grand méconnu par ACATL

Qui n’a pas entendu parler de la méthode Coué ? Et pourtant qui s’en sert et qui peut la définir précisément sans contre-sens ? Un cliché nous est resté mais avons-nous retenu son apport essentiel ? C'est le sujet et l'auteur du premier livre des éditions ACATL que je démarre avec cet ouvrage (article à venir).

C'est Emile Coué lui-même qui vient ici vous présenter sa "méthode" en toute simplicité. Nous avons rassemblé documents anciens et notes récentes pour permettre d’intégrer plus facilement sans le paraphraser, ni le déformer le texte original révisé d’Emile Coué : « la maîtrise de soi par l’autosuggestion consciente ». Un menu dynamique facilite la navigation et des notes de lectures complètent le texte dans l'édition Kindle d'Amazon. 

Une version papier est en cours de réflexion donc pour l'instant il n'est disponible qu'en format kindle. On peut acquérir ce livre pour le prix promo de 0,89€ en cliquant ci-dessous: 


Conçue aux alentours et pendant la première guerre mondiale, cette méthode a été le point de départ d’une nouvelle façon de guérir le corps et l’esprit. Souvent copiée parfois raillée, elle se retrouve aujourd’hui à la base des thérapies brèves orientées « solutions ».
Dans cet ouvrage :
• Vous découvrirez comment ce pharmacien de province est devenu une star mondiale.
• Vous comprendrez pourquoi et comment Clémenceau et de Gaulle furent les seuls français à recevoir un accueil plus grandiose que lui à New York.
• Vous aurez en une page le résumé de sa méthode simple et gratuite qui peut vous apporter beaucoup pour vous-même et pour votre connaissance de l’humain en général.
• Emile Coué vous donnera lui-même les conseils de mise en œuvre qu’il a eu le temps de tester en 50 années de pratique dans son officine de Troyes puis dans sa clinique de Nancy en face à face et en groupe.
• L’essentiel vous est révélé pour une mise en pratique qui ne dépendra que de vous quand de nombreux « spécialistes » vendent très cher accompagnements, conférences, séminaires et méthodes diverses.
• Vous lirez des témoignages à travers le temps qui vous feront vous demander si vous n’aviez pas manqué quelque chose …
• Il vous est expliqué pourquoi cet auteur qui semble apparemment oublié est, aux dires des spécialistes, le « premier coach » dont tous les autres se sont inspirés.
Bien des « gourous » vous serinent que le pouvoir est en vous. Or, directement ou indirectement, c’est de ce petit pharmacien de Troyes, grand homme des Sciences Humaines, qu’ils tiennent nombre de leurs certitudes. Alors maintenant oui, vous avez le pouvoir de laisser Coué lui-même vous dire avec ses mots comment vous pourriez vous y prendre à votre tour dans votre vie ou dans votre activité pour bénéficier de sa méthode ou plus simplement pour en comprendre la portée.

vendredi 19 octobre 2012

Chroniques du défaitisme (1 sur 3) : finance suicidaire et fin du monde ?

Le constat qu'un tribunal de Washington vient d’invalider une mesure de régulation de la Commodity Futures Trading Commission des marchés de produits dérivés serait un signe que la finance se suicide et que notre civilisation court à sa perte. C’est l’hypothèse d'un article de Paul Jorion.

Le tribunal n’a pas résolu la crise !

Oui, certains financiers ont des intérêts à défendre et ils résistent ! Cela vous étonne au pays des lobbies ? Au lieu d’en tirer une conclusion finale, Geneviève Bouché, entrepreneur, auteure et futurologue, propose  à juste titre d’élargir le débat. La finance déraisonne certes mais c’est  toute la Société qui mute. D’autres dysfonctionnements existent que les « produits dérivés »  et d’autres solutions aussi. Geneviève ne dit-elle pas à sa façon polie que quand le sage montre la lune, certains semblent préférer regarder le doigt … ou leur nombril  ? Je partage tout à fait son point de vue quand elle dit : « Ce n’est pas parce qu’un problème est difficile qu’il faut renoncer à le résoudre ». En revanche, encore une fois, la position de P. Jorion m’est étrangère et étrange.

Le fait que l'on ne puisse résoudre le problème des marchés financiers de produits dérivés par une mesure d'ajustement  règlementaire ou juridique est il forcément le signe du suicide de la Finance ? La Finance se résume-t-elle au seul marché de produits dérivés aussi importants soit-il en flux ?  Et s’il fallait de force accepter ce raccourci, ce suicide anticipé annonce-t-il fatalement la fin de notre civilisation ?

Crise systémique et fin de la civilisation ?

Peut-être que oui si, comme Paul Jorion, nous  restons  figés sur l’application des solutions du passé, celles dont on sait déjà qu’elles échouent. Dans ce schéma-là, l'approfondissement de la crise pourrait bien en effet déboucher sur la violence dont le milieu du XXième siècle a donné l'illustration et pourquoi pas sur notre anéantissement total ? Accessoirement, les retraités, qu’ils soient supporters de P. Jorion ou non, ne toucheraient donc pas leurs retraites.  La peur d’aujourd’hui  n’empêchera pas le danger de demain s'il est réel et non fantasmé... Comme dit la maman de Djamel Debouze dans son sketch désormais ancien où est évoquée l'élection de Sarkosy: "quel dommage, demain c'était jour de marché ..."
Peut-être que non, si l'on constate qu'aucune crise systémique ne se règle par de simples ajustements habituels. Les partis politiques « de gouvernements » font semblant de croire qu’un ajustement suffira et Paul Jorion fait semblant de croire que leur échec confirme ses prophéties catastrophiques.  En fait, il n’y a guère à s’étonner, nous sommes mal "barrés" et rien ne confirme non plus le parti pris des défaitistes.

Si la crise est systémique, il faut avoir la liberté d'esprit, le courage et l’énergie de changer de logiciel. Et qui dit que c'est impossible ? Pourquoi faudrait-il avec Paul Jorion en conclure que la seule issue est la mort ? Cela me semble être le seul point de vue étriqué des petits rentiers européens apeurés. Et si, tout au contraire, la crise financière était justement l'occasion de faire un saut de conscience quantique ?  Nous serions alors confrontés à la difficulté de changer de Société sans violence et non forcément à l'anéantissement cataclysmique et inéluctable de notre Civilisation (et donc de la Sécu) ! Les écologistes « résilients » nous apprennent, qu’au naturel, les feux de forêts régulent et régénèrent régulièrement les forêts primaires …

Alors quelles sont les preuves que nous sommes foutus ? Ou bien sont-ce des croyances que colporte Paul Jorion parmi d’autres ? Réponse au prochain article.

mardi 31 juillet 2012

Paul-Henri Pion: voir les choses ensemble plutôt que les exclure

Voici donc le dernier sujet de TEDxLaDéfense. Il présente un point de vue central entre humanisme et profit. Il est l'un ET l'autre puisque le sujet de cette intervention est justement la conjonction de coordination "ET" !

Quel est l'angle de l'intervention ?

Paul-Henri Pion est issu de la finance d'entreprise ET il est psychopraticien. Il se focalise ici sur un sujet qui est un outil de développement personnel pour dépasser certains blocages psychologiques. Cet outil est la conjonction "ET". Il ne prend pas position dans le débat sur le type d'économie ou le mode de relation sociale en vigueur autour de nous, il nous raconte une histoire mainte fois rencontrée dans son cabinet.

Voici la vidéo:


Quelle est la thèse ?

Paul-Henri Pion que vous avez déjà rencontré dans ce blog nous invite à préférer une attitude associative plutôt qu'oppositionnelle. C'est ainsi qu'il nous parle d'un vécu personnel où il s'est senti à la fois heureux et triste en contemplant une réalité vraie et fausse à la fois. Il nous conseille à sa suite de chercher à associer les sentiments comme les idées contraires et à ne pas les opposer car le cerveau ne sait pas les accommoder ensemble et cela nous oblige à faire un saut créatif. Ainsi son provoquant aimer ET insulter ... Ainsi ce chauffard qui vous a fait peur et qui ne conduit pas si mal puisque l'accident ne s'est pas produit ...

Nous avons conçu "Humanisme et profits" dans cette optique et Paul-Henri Pion relève cela comme un moyen de favoriser le changement. Nous espérons que ce que les experts des comportements de l'individu dans son milieu nous donnent comme un outil individuel utile pourra s'appliquer en Société.

En quoi sommes-nous concernés ?

L'exercice que propose notre intervenant paraît bien simple en regard de l'immensité de la tâche. Remplacer le "oui mais" par le "oui et". Cela fait quelques années que Paul Henri Pion m'en parle. Il a depuis écrit deux livres ceci figure parmi d'autres exercices. 

Alors, étant comme il le dit culturellement immergé dans le "oui mais", j'ai tout d'abord cherché à démontrer que cela ne marchait pas. Pourquoi et comment dire "ET" plutôt que "mais" allait-il changer la donne ? Commençons par le faire dans le discours des autres et regardons ce qu'il se passe. Si nous avions nommé notre journée "Humanisme mais profit". On aurait lu et oublié le premier mot pour ne retenir que le second, marquant par là que l'humanisme c'est bien beau MAIS que l'important c'est de gagner des sous. 

Dire "Humanisme ET profit" signifie que nous postulons comme le disait Djamel Berbachi que ces deux mots nous envoient dans des directions différentes, alors que mis ensemble, ils ont un pouvoir différent, nouveau. C'est le pouvoir de l'oxymore en linguistique. C'est une technique utilisée en créativité. Comme l'a dit Paul-Henri Pion, notre esprit a des biais, en l'espèce il ne s'accorde pas des opposés. Si l'on en met un en exergue avec MAIS , l'autre mot devient un faire valoir. En revanche, si l'on souligne la simultanéité et l'équivalence, il nous faut alors basculer dans une réalité nouvelle. Et c'est ce que nous voulions car c'est ce qui nous attend ... de gré ou de force.

Nous reviendrons sur ce point dans notre dernier article qui sera la conclusion de cette série sur TEDxLaDéfense.

Pour retrouver les ouvrages de Paul-Henri Pion:

50 exercices pour lâcher prise et aussi:

Manuel de lâcher prise

dimanche 29 juillet 2012

Philippe van den Bosch: de la sculpture cérébrale ...


Avec cette douzième intervention à TEDxLaDéfense, Philippe van den Bosch nous fait entrer dans le cerveau. Nous avons voulu dans cette session "ouvertures" approfondir notre thème sur l'humain ... et c'est à une plongée sous la calotte crânienne que nous sommes conviés.

Quel est l'angle de l'intervention ?

Philippe est chercheur. Neurobiologiste. Il fut un pionnier de la recherche sur l'imagerie appliquée au système nerveux. Il enseigne et a dirigé à Louvain un laboratoire de référence qui fit de lui un expert mondialement reconnu dans le domaine de la résilience du système nerveux et un conférencier apprécié notamment sur le thème de la maladie d'Alzheimer. J'ai demandé à Philippe, par ailleurs curieux et informé d'un très grand nombre de sujets hors de son champ immédiat de travail, de nous proposer sa vision sur les dérives actuelles de certaines prises de décisions économiques et financières. 

On peut en effet s'interroger sur la constance avec laquelle pour reprendre le mot d'Einstein, nos contemporains s'obstinent à faire sans arrêt la même chose en espérant un résultat différent. Ce qu'il donne comme définition de la folie. 

Nos précédents interlocuteurs nous ont montré tout d'abord que nous vivons des crises dont la nature est structurelle, que des solutions d'apaisement existent à conditions de placer les choses dans des perspectives différentes ce qui nous amènerait à accepter de transformer notre société de manière drastique. Pourquoi ne faisons-nous pas ce qui semble nécessaire alors ?

Voici la vidéo:


Tentative de résumé:

Une grande spécialisation des différentes aires du cerveau existe et ce qui importe c'est que toutes ces aires fonctionnent ensemble, c'est même pour Philippe van den Bosch un bel exemple de coopération !

Le nombre de connexions d'un seul cerveau humain dépasse celui de tous les ordinateurs du monde "occidental". Les neurones se remplacent pour renouveler ces connexions même si le nombre de neurones décroît.

Nous câblons nous-même notre réseau de connexions de façon unique avec notre expérience. Comme dans l'image du verre de vin, chacun va en avoir par avance une expérience différente. C'est une véritable sculpture cérébrale qui va commander nos actions de façon spécifique...

Nous avons un déficit de gestation à la naissance d'environ 2 mois ... l'enfant humain est donc "libéré" trop tôt, c'est un prématuré surstimulé par l'environnement extérieur. Cela expliquerait ainsi les meilleures performances intellectuelles de l'humain par rapport aux autres primates, par ailleurs génétiquement peu différents.

La deuxième conséquence de cette naissance précoce est la nécessité pour l'enfant d'être pris en charge par la mère, les parents, le groupe ... très tôt se met donc en place une communication, un babillage parallèlement au développement des neurones miroirs qui favorisent au final le mimétisme des mouvements (et sans doute l'apprentissage).

Toutes ces choses sont gérées par le cortex préfrontal qui trie et permet d'agir en fonction de notre histoire neuronale.

A ces actions sont associés des processus procurant du plaisir avec une substance que l'on appelle "dopamine" selon le schéma suivant:

On comprend que ce "mécanisme" permette une recherche de la maximisation du plaisir, ce que l'on peut maintenant visualiser et mesurer comme dans l'illustration suivante:
La thèse:

Philippe nous propose alors l'interprétation suivante: si l'individu se coupe de plus en plus des émotions "humaines" découlant du "groupe" et qui ont fait le succès de l'espèce à travers les âges au profit d'une recherche d'actions visant à produire un plaisir de plus en plus en décalage, on peut parler alors d'une "perversion". Si l'on remplace "plaisir" par "profits", nous nous retrouvons devant une simplification d'une situation qui donne peut-être une idée d'un possible ressort profond de la crise de l'économie financiarisée actuelle !

Le plus amusant c'est que Philippe glisse au passage que pour ces individus "en décalage", le plaisir que génère ainsi la dopamine, et cela a été mesuré en laboratoire, est plus fort que celui généré par des images érotiques ... Du coup, notre intervenant ironise sur le fait que ces individus auront ainsi statistiquement moins de chance de se reproduire ... Sur longue période, Darwin gagne toujours et donc à l'échelle de l'évolution de l'espèce humaine, nous finirons par en sortir ... !

En quoi sommes-nous concernés ?

Les progrès de l'imagerie ont permis de progresser depuis une quarantaine d'années dans l'exploration des mécanismes de la prise de décision et de l'action (stimulus-réponse). Philippe se place ici au carrefour des sciences dures et des sciences humaines. Il faut certainement prendre en compte une complexité plus grande et d'autres substances (ocytocine, testostérone ...) et leurs interactions... La simplicité du propos n'est donc qu'apparente.

Cependant, il nous reste une idée puissante. Et si, plutôt que pour la complexité des marchés ou l'abstraction de la complexité, l'humain était surtout fait pour le petit groupe et donc pour une société et une économie qui se refonderaient en retrouvant du sens dans la richesse de véritables relations ?

samedi 28 juillet 2012

Eric Elias: le premier jour du reste de notre vie !


Voici la dernière vidéo invitée de TEDxLaDéfense, en guise d'introduction de notre dernière session, introspective et centrée, non seulement sur l'humanisme, mais sur l'humain. Eric Elias était dans cet avion qui s'est crashé au décollage dans l'Hudson. Il nous raconte les 5 dernières secondes de sa précédente vie.

Voici la vidéo:


En quoi ne serions-nous pas concernés ?

Ce quadra en pleine réussite dans sa vie professionnelle de publicitaire est amené pendant les dernières secondes de sa vie précédente à considérer ce qui lui importe vraiment. Et du coup, il retrouve tout simplement l'humain commun à chacun de nous. Sans la complication de notre fatras de complexité, ce sont juste les dernières pensées d'un presque-mort:
1) ne plus jamais rien remettre à demain, vivre,
2) ne plus essayer d'avoir raison, être heureux,
3) un seul objectif dans la vie: être un bon père, voir grandir ses enfants,

A sa place, qu'aurions-nous changé dans nos vies ? 

Il nous a semblé que ce petit témoignage permettait à la fois d'ouvrir le débat "Humanisme et Profits" et de commencer à emmener notre public sur des sujets plus personnels.

Voici pour conclure, une citation tirée de la chanson d'Etienne Daho elle-même provenant d'un proverbe traditionnel anglais:

"Aujourd'hui est le premier jour du reste de notre vie !"