samedi 25 juin 2011

Solar Odyssey: l'aventure sans combustible embarque

Un mot sur le Salon du Bourget:
Pour poursuivre dans la veine de mon dernier billet, Solar Impulse a retenu beaucoup d'attention médiatique même s'il n'a pas pu voler du fait du mauvais ensoleillement. Preuve que le rêve technologique se poursuit, que les avions attirent toujours les petits garçons et que le solaire intéresse.

De Solar Impulse à Zehst:
Pour certains, Solar Impulse fait penser à l'avion à pédales et prête à sourire. Pour d'autres, c'est le rêve du Progrès qui se poursuit: on n'hésite pas à imaginer le voyage en avion hypersonique Paris-Tokyo en 2h30 en montrant la maquette du Zehst (photo à droite) qui volerait à Mach 4 avec des moteurs d'avion utilisant du kérosène "vert" (issu des algues) et des moteurs de fusée (Oxygène-hydrogène ...donc propres !). Un super Concorde dont les promoteurs regrettent simplement que "le voyage ne soit trop court pour permettre aux voyageurs d'apprécier les plaisirs de la Business Class !" Là vraiment, c'est un rêve que je ne partage plus du tout. Rêve pour les nantis tout au plus et faible utilité économique réelle. Notons cependant qu'il existe aux USA un projet de bombardier hypersonique qui a des chances d'être plus sérieux mais pour d'autres raisons.

Le rêve continue sur la mer
Revenons à l'électrique. J'y avais consacré un billet sur une voiture électrique, la Voltéis que m'avait fait connaître Jean Patrick Teyssaire de Planète Verte Mobilité. La semaine dernière, je parlais donc de Solar Impulse, l'avion. Voici aujourd'hui toujours grâce à Jean Patrick, Solar Odyssey, un trimaran électrique équipé de capteurs solaires et conçu pour traverser l'Atlantique puis faire le tour du monde, un projet porté par une PME Nantaise, Lemer Pax:

Quel est l'intérêt d'un tel projet ?
C'est dit dans la vidéo par Frédéric Dahirel, l'un des hélionautes et co-skipper: plutôt que de vainement sponsoriser la Formule 1 ou les courses à la voile, pourquoi les sponsors ne chercheraient-ils pas plutôt à arrimer leur image à un projet qui fait la promotion d'une transformation discrète majeure: celle des véhicules sans combustible embarqué ? Dit comme cela vous voyez que cela peut donner un peu plus de sens à un jeu qui n'est pour l'heure que d'image. L'idée est en effet comme l'a fait Solar Impulse d'attirer les sponsors pour réussir d'abord à battre le record de la traversée de l'Atlantique puis celui du tour du monde. A noter que j'aurais bien aimé qu'un hybride voile-solaire fût inventé à cette occasion mais cela n'aurait pas permis l'homologation des records. Et puis comme la finalité est la communication, il importait que le concept fût simple. En outre certes, il s'agit de la coque de Foncia, un voilier, mais Solar Odyssée n'a plus de pied de mât, de puits de dérive ni l'envergure nécessaire pour naviguer à la voile. Il a été totalement transformé. Cependant, notez aussi à cette occasion la notion de recyclage !

En quoi sommes-nous concernés ?
Je pense aussi à ceux qui ne croient ni au solaire ni au moteur électrique. Prenons justement un peu de champ: en 1880 Gustave Trouvé faisaient naviguer dans le Bois de Boulogne le premier canot électrique (photo ci-contre à droite tirée du site: www.bateau-électrique.fr).

Plus de 130 ans de développement des moteurs thermiques et comparativement rien ou presque (sauf dans les sous-marins et les tondeuses à gazon...) pour le moteur électrique mobile pourtant plus propre et plus silencieux, pourquoi ? Les moteurs électriques ont toujours souffert d'avoir un fil (électrique) à la patte alors que le moteur thermique pouvait être mobile ... à condition d'embarquer son combustible ! Or justement, les technologies du vent et du soleil ont progressé au point de permettre à l'électrique de devenir mobile. C'est ce qu'ont en commun Solar Impulse et Solar Odyssey. Sans eux, et je crois d'avantage à Solar Odyssey, il ne serait pas possible, dans le jeu médiatique actuel, d'intéresser les "forces vives" à de cette recherche pour l'avenir.
Et c'est promis, la prochaine fois, on parle des nouveaux capteurs fins.

vendredi 17 juin 2011

Solar Impulse: quel rêve pour quelle réalité ?

Quand j'étais petit garçon dans les années soixante (1960s, pas 1860s !), les magazines que j'apercevais montraient souvent des images du progrès technique et scientifique représentées par les avions, et les fusées.  Cela faisait rêver les petits garçons et le monde entier. Certes  dans le même temps, les Mirages israéliens clouaient au sol les aviations syriennes et égyptiennes et les B52 américains noyaient la jungle vietnamienne sous des tonnes de défoliant ... Mais c'était pour la bonne cause et ce qui surnageait alors, c'était que la science et la technique portaient notre Société vers le Progrès ! Deux secteurs économiques symbolisaient ce progrès: le secteur pétrolier et le transport aérien. Chacun mettait ou espérait mettre un peu d'essence dans sa propre voiture pour le dimanche aller se promener à Orly et voir les avions avant de pouvoir  un jour y monter soi-même ... Le rêve et la réalité du progrès grâce au pétrole et au transport aérien ! A l'occasion du prochain salon du Bourget, les media nous présentent maintenant cet avion suisse propulsé à l'électricité produite par les capteurs solaires placés sur la la voilure.

Le rêve toujours mais sans pétrole ... Retour aussi aux images des premiers "plus lourds que l'air". Et si demain, les avions volaient grâce au solaire ? Rêve renouvelé ou illusion ? Déjà le prototype a dû recharger 40% de ses batteries au sol à une prise de courant... Quand on connaît le rendement des capteurs actuels, il est probable que nos longs courriers ne voleront pas ainsi avant longtemps !

C'est pourtant avec Solar Impulse le but que poursuit Bertrand Piccard (photo à droite): boucler un tour du monde sans escale et sans pétrole. Bon vent à lui. Vous pouvez trouver l'un de ses livres ci-après: Une trace dans le ciel

A cette occasion, je voudrais signaler deux débuts de réalité pour peut-être prolonger le rêve de façon tangible.

Vers des solutions relais et une poursuite du rêve:
FIAT, le constructeur automobile vient d'annoncer pour 2012 l'arrivée d'un revêtement fin intégrant des nano-capteurs solaires qui a un double avantage. Tout d'abord, le rendement électrique est sensiblement meilleur que celui des capteurs actuels, ensuite, s'agissant de revêtement fins voire d'une simple peinture, ce système serait peu coûteux à installer artisanalement comme industriellement. Le rêve technologique semble donc se prolonger. Il ne s'agira certainement pas de propulser complètement le véhicule mais de contribuer à recharger un moteur hybride et/ou les équipements électriques embarqués. Un bon début. Il y a encore un an, je croyais cette avancée technologique très éloignée et voilà que l'on commence à annoncer des applications pratiques dans les bâtiments, les véhicules, les appareils électroniques ... Je me propose de faire un billet plus précis sur ces nouvelles technologies très prochainement.

Vers un changement des usages et une forme de renoncement:
Ensuite, quelle est l'évolution prévisible du transport aérien ? La disparition du pétrole n'est peut-être pas pour tout de suite même si nous sommes probablement déjà au "peak oil". Cependant, nous pouvons  constater que le prix à la pompe s'envole et que des surtaxes sont déjà appliquées sur les billets d'avion pour compenser la hausse du prix du kérosène. Il n'y aura donc peut-être pas de grand soir écologique mais une transformation économique discrète: le renchérissement progressif du coût du transport et particulièrement du transport aérien devrait en réduire progressivement l'usage. On pourra certainement encore bombarder Kadhafi pendant deux générations et par ailleurs aller en avion en vacances ou en réunion à l'autre bout de la planète. Il faudra simplement être de plus en plus riche pour cela.

En quoi ceci nous concerne-t-il ?
On peut donc imaginer que les prédictions des économistes de la décroissance se réaliseront ici d'elles-même. Comme on peut prendre ses vacances dans le Cantal et qu'il est déjà largement possible de tenir ses réunions avec Skype sans sortir de son bureau, le voyage aérien a des chances de se limiter plus ou moins rapidement aux usages vraiment essentiels. Il faut donc aussi s'attendre à ce que les industries du tourisme de masse en soit lourdement touchées. Enfin, d'ici-là peut-être les nano-capteurs et d'autres technologies auront alors suffisamment progressé pour proposer des solutions relais c'est-à-dire plus économiques et accessoirement moins coûteuses également pour l'environnement. Il résulte de ces deux évolutions que le rêve reste permis mais que les transformations discrètes en cours annoncent donc A LA FOIS des solutions technologiques possibles mais aussi des remises en cause majeures de la société de consommation et du gaspillage telle que nous la connaissons.

samedi 11 juin 2011

Copier: est-ce voler ou foisonner ? Partie 2 sur 2

Je vous ai relaté brièvement que j'ai été confronté à un problème très classique de tricherie en jury étudiant. J'ai relié ce petit fait non pas à des principes moraux tout aussi classiques (du genre: qui vole un oeuf, vole un boeuf  ...) mais à un problème de société très actuel qui débouche sur une question pédagogique et c'est à l'appui de cette réflexion pédagogique que je vous ferai découvrir une vidéo d'un prof anglais pas très classique, lui, le Dr Ken Robinson !

Que cela a-t-il à voir avec les questions de copyright et de copyleft ?
Hé bien dans mon dernier billet, je démarrais par ce débat de spécialistes qui oppose les "libertaires" des échanges communautaires et (presque) non-marchands dont le fer de lance est la communauté des Linuxiens aux "marchands" des grandes sociétés comme Microsoft. S'ajoute à ce débat, la problématique des droits d'auteurs dans la musique, les livres, les films etc... Notre gouvernement  qui se donne volontiers des accents répressifs et les auteurs voudraient contrôler les échanges (Hadopi), les jeunes veulent télécharger sans payer.

Là réside le lien. Il n'est pas douteux que même les "communistes" chinois ne parviendront pas à empêcher les téléchargements illégaux, je ne parie donc pas sur la réussite de notre petit Nicolas ici. Sujet difficile d'autant plus que la société de demain dont on nous dit qu'elle sera surtout immatérielle est en train de saper imperceptiblement le sacro-saint principe des échanges marchands qui est  pourtant présenté comme le triomphe planétaire du "modèle" capitaliste ... Nous nous préparons donc à faire face à grande échelle à une contradiction lourde: la croissance planétaire sera surtout immatérielle et on ne sait pas bien comment répartir les fruits de cette croissance de manière légale (et je ne parle même pas d'équité). Alors dans ce contexte, que pouvons-nous faire à notre toute petite échelle pour rester justes ? Faut-il renforcer les règles traditionnelles ou s'embarquer dans une ouverture libertaire "laxiste" ?

Demandons-nous sérieusement si l'interdiction du plagiat ne paraît pas un peu "old fashioned" à nos jeunes. Entendons-nous, je crois que nous devrions encourager nos enfants à respecter ceux  dont ils "s'inspirent" dans leurs devoirs. Je veux toutefois souligner le fait que s'ils le font actuellement en se cachant, c'est certes sûrement par paresse et facilité mais aussi peut-être un peu parce que l'on leur dit que c'est mal alors qu'il n'en sont pas vraiment convaincus. Et d'ailleurs, est-ce si mal que ça ?

Le gamin qui a cherché un texte, l'a trituré pour le rendre indécelable n'en a-t-il pas retiré quelque chose et sans rien enlever pour autant à son auteur ? En fait, je crois qu'il y a passé presque autant de temps que s'il l'avait  recherché, lu, assimilé, résumé et cité à la régulière. A nous de leur faire faire juste ce petit pas supplémentaire plutôt que de se borner à stigmatiser et à sanctionner des attitudes qui, en fait, se révèlent souvent d'excellents réflexes dans la vie de l'entreprise ... Rappelez-vous de ce que nous enseigne A Comte Sponville: par nature l'entreprise n'est ni morale ni immorale, elle cherche ce qui marche et non ce qui est vertueux ... de façon relativement amorale dans le cadre de ce qui est permis (sinon cela ne marche plus). Alors pour éviter de nous trouver déphasés, faisons évoluer notre pratique pédagogique pour la rendre fonctionnelle dans le cadre de ce qui est moralement acceptable.

Que s'est-il passé depuis le dernier billet ?
Les jurys se sont déroulés, les indélicats ont été sanctionnés individuellement par des notes de mémoires très basses et des mesures pédagogiques d'accompagnement sont à l'étude. Deux des trois étudiants ont assez vite (mais par paliers) admis qu'ils avaient "pompé" sur internet. C'est drôle, pour eux "internet" est une source anonyme et gratuite. Ils citent internet sans se préoccuper du site ni de l'auteur même lorsque leur succès en dépend. Tout se passe comme si "Internet" était synonyme pour eux de domaine public... Raison de plus donc de creuser le sujet avec eux pour leur faire comprendre qu'avec un tout petit peu plus de rigueur, leur plagiat deviendrait un enrichissement non seulement acceptable mais valorisable.

Pour l'instant, nous nous sommes limités au minimum syndical. Dans combien d'écoles, combien d'universités sommes-nous coupables de finalement renoncer à éduquer ? Dans un tel cas, nous risquons également par manque de rigueur de manquer l'opportunité de dépasser l'événement, d'en faire ce que l'un de mes anciens patrons finlandais appelait une "learning experience". Notre Société aura besoin des indélicats eux-mêmes non comme délinquants diplômés mais comme responsables véritables (et qu'on ne me dise pas que c'est la même chose !).

Quel pourrait être un plan d'action en pareil cas ?
Pour les punis (ceux qui ont eu la malchance se faire prendre), je propose de:
  • leur faire refaire le travail en citant leurs sources, 
  • les faire participer à la rédaction d'un code de bonne conduite sur l'utilisation et la citation des oeuvres 
  • de contribuer à un plan de prévention du plagiat dans leur propre établissement comprenant un volet technique (vérification du manuscrit électronique au moyen de filtres logiciels) et un volet d'information à faire auprès des élèves voire des profs et des parents. 
  • de tester le volet technique sur les mémoires déjà notés pour évaluer la proportion de fraude actuelle.
Pour les écoles et les parents, je propose:
  • de mettre en oeuvre ce plan 
  • et de faire évoluer l'approche pédagogique afin de préparer nos enfants à ne pas simplement être sélectionnés sur: 
    • la longueur des rapports, 
    • l'aptitude à mémoriser,
    • le "talent à être banalement conformes"
  •  mais  plutôt d'encourager leur capacité à foisonner, à partager, à faire fonctionner leur esprit critique et à produire une pensée originale, structurée et utile tout en respectant les "oeuvres publiées". 
Dans le monde idéal qui en résulterait, le débat initié dans le domaine du logiciel et se développant autour de toute création originale déboucherait peut-être sur une société plus harmonieuse et plus innovante ...  sans pour autant que soit haïssable toute idée de compétition ou de valorisation différenciée ! Enfin, rien n'empêche de rêver !

Pour préparer l'avenir, misons sur une éducation responsable:
Citer ses sources devrait donc être la règle mais s'appuyer sur ce que d'autres ont déjà fait pour aller soi-même vers du neuf devrait être plus valorisé que la recherche de la conformité. Pour illustrer mon propos, je voudrais vous présenter le professeur Ken Robinson, intervenant vedette des conférences TED qui nous l'explique avec brio (tendez l'oreille son anglais est très british et son humour aussi):


En quoi ceci concerne-t-il nos entreprises ?
Au passage, notons que comme dans beaucoup de "Modèles" du net, TED non seulement ne limite pas la diffusion de ses conférences mais l'encourage ! Cela ne signifie pas que les droits d'image ne sont pas protégés ni que les intervenants ne sont pas respectés. Simplement de plus en plus  d'intervenants acceptent  en superposition des règles marchandes, le principe d'un échange non marchand mutuellement favorable. Au zénith de son développement global, voilà donc que notre société "libérale" est en train de s'hybrider en ré-intégrant d'autres formes de "liens" et d'échanges.

Une autre façon d'appréhender cette hybridation est de considérer que cette forme de don est une approche commerciale où ce qui est donné possède une réelle valeur. Le récepteur en fait son profit et le donneur augmentant sa visibilité et sa crédibilité augmente ses chances de devenir une référence et donc à terme de "vendre" son savoir ou ses produits. C'est beaucoup plus que ce que fait la publicité classique et cela n'a pas la naïveté de prétendre être une démarche désintéressée.

Et que faisons-nous en cela ? Nous retrouvons les pratiques des 17ième et du 18ième siècles mais pour d'autres raisons. A cette époque, les intellectuels (infime minorité) ne vivaient pas de leur plume, leurs écrits étaient dupliqués à quelques dizaines d'exemplaires pour être lus dans les salons ! Le but pour eux était d'être repris par d'autres intellectuels dans leurs correspondances privées ou dans les lectures des salons (le buzz de l'époque) ce qui comptait c'était d'être cité et repris même pas forcément nommément (à cause de la censure du roi) ... Intéressant bouclage même si les temps ont bien changé !

vendredi 10 juin 2011

TEDxValencia: l'aventure continue

Un court billet aujourd'hui pour vous dire que le développement de TED se poursuit. TEDxValencia (vue de Valence à droite) a eu lieu le 6 Mai dernier. TEDGlobal aura lieu à Edimbourg dans un mois. J'y serai et je vous en donnerai des nouvelles. En attendant, les événements indépendants se poursuivent dans le monde entier.

TEDxMetz a enregistré des accords et aussi des retards. Il se produira certainement début 2012. L'aventure continue donc. 

Figurez-vous que la dernière critique que j'ai entendue sur le phénomène TED, c'est qu'il s'agirait d'un phénomène sectaire ! Il n'y a plus à douter: si l'on parle de secte, c'est que les dernières barrières ont été levées et que la chose va prendre même en France. Et puis une secte de cette ampleur, ce serait plutôt une religion ! Autre signe, je ne parviens plus à trouver de "talks" à traduire en français car ils sont pris tout de suite. Le public français du net semble donc de plus en plus accroc. Parmi les grands pays européens,  l'Allemagne et l'Italie semblent plus lentes que la France à adopter la formule TED  mais à en juger par le nombre de traductions, cela progresse là-aussi !

Pour vous montrer que la barrière linguistique tombe et aussi pour satisfaire les curieux, je vous propose  ci-après cette courte vidéo du "making of" de TEDxValencia très axé sur les questions d'apprentissage:


Je cite cet événement-là car la région de Valence en Espagne a décidé de faire de TEDxValencia non pas un événement, ni même un événement annuel récurrent mais une plate forme de partage et de dynamisation régionale. Le but est d'inciter d'autres organisateurs à prendre le relais dans d'autres villes, institutions, entreprises ou organisations de la région afin de démultiplier l'idée un cran de plus !

lundi 6 juin 2011

Copier, est-ce voler ou foisonner ? Partie 1 sur 2.

Du vécu pour soutenir les idées et les initiatives et réciproquement, c'est la ligne de ce blog. Alors voici: nous allons parler de copie légale et illégale et de droit de propriété et je vous raconterai ensuite le triple petit fait presque anodin qui m'a conduit à aborder ce thème fondamental pour le "vivre ensemble".

Commençons par ce documentaire très long présentant, des micro-trottoirs, des témoignages de créateurs et des extraits de conférences en français, anglais et espagnol. Je vous recommande notamment Richard Stallmann (photo de droite), vers le milieu du documentaire, pape du "copyleft" (GNU: système de diffusion de logiciels libres sous Linux), intellectuel américain de gauche et qui s'exprime ici (comble de la provoc !) en français  et aussi Albert Jacquard (photo ci-dessous à droite):


Comment résumer tout cela ?
En gros, il y a deux écoles.
A) les droits d'auteurs protègent la propriété intellectuelle car les auteurs doivent pouvoir vivre de leur production, comme tout propriétaire doit pouvoir jouir de son bien. Base de notre société.
B) Mais dès 1840, Proudhon écrivait: "la propriété c'est le vol" dans "Qu'est-ce que la Propriété". Aujourd'hui, les tenants "du libre" défendent plus modestement la libre copie car elle permet et provoque la créativité et la plus large diffusion  en dupliquant sans rien retrancher à l'auteur. Donc aucun vol possible.
Alors êtes-vous plutôt tradi ou plutôt libertaire ?

Sources: j'ai trouvé le documentaire vidéo ici, vous pouvez le télécharger sur coagul.org et à l'origine, je l'ai découvert grâce à compilatio.net, ici. Je précise afin que l'on ne m'accuse pas de ne pas avoir cité mes sources mais je ne connais pas le nom du réalisateur !

Deux visions de la Société et de l'économie se font face:
La vision A dominant les 19ème et 20ème siècle correspond à une économie de la rareté matérielle. Elle commande la protection et l'accumulation capitalistique. Toute l'économie se centre sur l'échange marchand de biens (matériels), Proud'hon et Marx perdent sur toute la ligne car les démocraties capitalistes s'enrichissent et se développent. On comprend cependant que ce qui semble indiscutable alors pour les biens matériels s'étend aujourd'hui aux biens immatériels encore minoritaires par paresse et intérêts acquis plutôt que par suite d'une réflexion bien adaptée.

Car en face, depuis trente ans, s'affirme une vision B, celle de l'internet et l'économie des biens numériques (économie du lien  et de l'immatériel ?). Elle a transformé le paradigme gagnant-perdant  de la vision A bien plus que toutes les idéologies en une possibilité de fonctionnement gagnant-gagnant. A la fin de mon cours (s'il est bon) j'ai transmis un savoir que j'ai toujours, je ne l'ai donc pas vendu puisque je l'ai toujours. Et si quelqu'un en fait un résumé qu'il poste sur le net, il n'en a pas commis un vol pour autant ! En revanche, si l'on m'a piqué mon vélo pendant le cours, je ne peux plus rentrer chez moi ! Il y a donc bien une différence de nature.

Dans le contexte du 20ème siècle, les économies et sociétés du "partage" ont brillé par leur incurie et leur propension à devenir d'effroyables dictatures ou ont sombré dans un oubli bien mérité comme les phalanstères de Fourrier par exemple. Par contre, dans notre nouveau 21ème siècle, 80% de l'économie développée est immatérielle en totalité ou en grande partie et, en valeur, la part des productions purement intellectuelles ne fait qu'augmenter. On voit donc que le vieux schéma propriétaire risque bientôt être totalement fallacieux alors que faire ? "Hadopiser" (Sarkozy en a fait le sommaire du eG8 tout de même !) ou laisser-faire ? On voit d'ailleurs que ceux qui défendent d'habitude plutôt l'égalité sont  ici du côté de la liberté et que ceux qui d'habitude sont du côté de la liberté d'entreprendre préfèrent corseter, légiférer et privilégier le droit à la différence entre les propriétaires et ceux qui aimeraient aussi toucher des dividendes.

Quel est donc ce vécu anodin qui me fait vous parler de ce sujet complexe ?
Eh bien on ne m'a pas volé mon vélo, ni même mon Iphone, on l'a retrouvé dans le métro ! Non,  je prépare des jurys étudiants et sur trois mémoires que je lis, je découvre  trois plagiats ! Et je me demande quelle attitude adopter face à cette tricherie qui semble se banaliser. Faut-il durement sanctionner ou laisser-faire ?

Pour l'un des rapports, 50% du texte est du copier-coller réorganisé dans un plan nouveau. Le second "auteur" a recopié un chapitre complet qui constitue 30% de son "oeuvre" en ajoutant de ci, de là une phrase de son cru. Le troisième a "pompé" différents passages d'articles et le plus drôle c'est que l'un d'entre eux était probablement un rapport d'étudiant lui-même recopié sur un autre document !

En quoi sommes-nous concernés ?
Face aux escrocs qui ont volé l'Etat, les actionnaires et les salariés de notre entreprise, (voir ici), ma réaction avait été de penser que l'on ne peut pas laisser les tricheurs s'en tirer ainsi. Mais à quelle justice allons-nous faire appel dans le cas de cette tricherie-ci ? Et pour défendre quel droit de propriété ? Il n'y a même pas de préjudice apparent !

Est-ce pour autant un problème dérisoire? Si mes trois rapports (sur trois) sont bien tous des plagiats (et c'est bien le cas, rassurez-vous mon dossier est blindé, j'en ai pris l'habitude !), c'est que je n'ai vraiment pas de chance ou que la situation est gravement répandue ... Il y a donc une certaine urgence pédagogique sinon "sociétale" qui justifie mon préambule !

Peut-être vous direz-vous que le début de mon billet sur les droits d'auteurs et ce "vécu-là" ne constituent pas le même sujet. Je crois que si et j'en ferai la démonstration au prochain numéro comme je vous donnerai les solutions que nous aurons trouvées ... car la suite est encore à venir, je ne la connais pas. J'attends le matin du jury pour publier le présent billet. J'attendrai ensuite quelques jours pour vous faire part dans un autre billet des solutions. D'ici là, vous aurez tout loisir de me laisser vos commentaires pour aider à régler ce délicat problème de façon créative, j'ai hâte de lire vos commentaires  !!!