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samedi 24 janvier 2015

Nous aussi nous sommes de sales français

Pour dépasser le slogan sur "l'amalgame" Islam/islamisme, voici une proposition de sortie par le haut.
Ghaleb Bencheikh

Je vais me contenter de prélever quatre courtes citations d'une  intervention de Ghaleb Bencheikh que j'ai présenté dans notre précédent article. Il résume le point de vue d'un collectif de français musulmans nommé: "Nous aussi nous sommes de sales français":

"En tant que musulman, ... il y avait une lâcheté à ne pas suffisamment dénoncer les dérives meurtrières au nom de la tradition islamique... et ceux qui le faisaient ne trouvaient pas suffisamment de tribunes médiatiques pour relayer leur clameur occupées qu'elles sont par leur focalisation sur le vil, le pervers, le maladif ..." (Voir ici, l'article du Figaro ).

"Nous n'avons pas fait le travail de sortie des enfermements doctrinaux ..."

"Les imams ont un rôle fondamental ... or nous avons assisté à des auto-proclamations ... certains (de ces imams) sont ignares et incultes ..."

"Puisque le concordat existe .... en profiter pour former des imams français !"

Il s'agit d'un enregistrement de l'émission de France Inter le 26 Septembre 2014 à 13h. L'actualité d'alors portait sur l'exécution d'Hervé Gourdel en Algérie.



En quoi sommes-nous concernés ?

Plutôt qu'un repli apeuré sur soi, une stigmatisation aveugle ou une langue de bois relativiste molle ... et si notre pays renvoyait les obscurantistes à leurs chères études en créant une véritable "Université Coranique Libre d'Europe"? Après tout, notre pays n'a-t-il pas toujours eu des prétentions universalistes ? N'a-t-il pas eu l'art de créer des "Grandes Ecoles" ?

C'est le moment, l'Islam (sunnite) qui, par nature, n'a aucun centre et aucun clergé y trouvera peut-être une réponse à ses obscurantismes régressifs tenaces.

Avoir été le déclic d'une telle vague serait en outre une revanche posthume extraordinaire pour les victimes des derniers attentats ... Rêvons !







vendredi 16 janvier 2015

Islamalgame ou islamaction ?

Après l'émotion des attentats, il est urgent d'avoir les idées claires sur l'Islam et de refuser les slogans faciles sur l'amalgame pour enfin agir réellement.

Prendre acte du fondamentalisme musulman

Pour un musulman fondamentaliste, comme il n'y a (par définition !) qu'une seule interprétation possible des textes, la sienne ou celle de son imam, les caricatures de Charlie Hebdo même celle de la dernière Une du journal (qui ne casse vraiment pas trois pattes à un canard selon moi !) est forcément impie, attitude que partagent même les officiels d'un pays "ami" comme le Maroc, voir mon article ici. Pourtant, d'autres musulmans, érudits eux, ont une autre opinion sur ce point particulier comme sur les dogmes de l'Islam en général ... 

L'étude SCIICS du WZB de Berlin que je citais dans mon avant-dernier article et dont les média ne semblent pas avoir connaissance est précieuse car, en termes scientifiques, elle définit le mot "fondamentalisme". En plus, elle constate empiriquement que l'écart entre les attitudes fondamentalistes des immigrés musulmans d'Europe et les populations locales des six pays de l'enquête est TRES significatif.

Mais en tant que non-musulman, ce débat ne me concerne que de l'extérieur. Je vais donc simplement me contenter de citer trois intellectuels musulmans dont je voudrais me faire l'échos qui appellent de leurs vœux un "toilettage" nécessaire des dogmes et des traditions de l'Islam :

Dépasser le slogan sur l'amalgame, le terrorisme, c'est aussi l'Islam: Naser Khader
  
Sauf disqualification sur le plan scientifique de l'étude pré-citée , il n'y a pas à ergoter pour savoir si ce constat est "fascite" ou autres. Je le considère comme un fait et je ne suis pas le seul, de nombreux intellectuels musulmans vont même plus loin, extrait du Figaro:

"Naser Khader [ancien membre du parlement danois, syrien d'origine]affirme qu'Obama et Hollande «n'aident pas» en répétant sans cesse que les
Crédit photo: Le Figaro
terroristes n'ont rien à voir avec l'islam. «Je ne suis pas d'accord. C'est l'islam aussi. En refusant de le reconnaître, les Occidentaux ne nous rendent pas service, à nous les musulmans démocrates. Car comment se battre si on n'identifie pas clairement l'ennemi?» 

Naser Khader se dit en revanche favorablement impressionné par les récentes déclarations du président égyptien al-Sissi qui a appelé à une révolution dans l'islam. «Il faut qu'il aille plus loin, dit-il. Qu'il explique qu'on ne peut continuer de tolérer que les juifs soient traités de singes et les chrétiens de cochons dans les mosquées égyptiennes.» 

«Il est très important que le pouvoir politique donne l'exemple, car les grands centres théologiques comme l'université al-Azar ne bougeront que s'ils se sentent soutenus», conclut Khader."

Remettre en question les dogmes de l'Islam : Abdenour Bidar

Crédit photo: Ouest France
Il a 43 ans, il est docteur en philosophie, agrégé de philosophie et normalien. Il est français issu d'une famille de convertis à l'islam par le soufisme (mystique islamique), spécialiste des évolutions de l'islam contemporain et des théories de la sécularisation.

Ses ouvrages: Un islam pour notre temps (Seuil, Paris, 2004), Self Islam, Histoire d'un islam personnel (Seuil, Paris, 2006), L'islam sans soumission, Pour un existentialisme musulman (Albin Michel, Paris, 2008), L'islam face à la mort de Dieu, Actualité de Mohammed Iqbal (François Bourin, Paris, 2010), Comment sortir de la religion ? (La Découverte, Paris, 2012).

Extrait d'un article de Ouest France du 15 Octobre 2014: "

"[Islam]Tu as choisi de croire et d'imposer que l'islam veut dire soumission alors que le Coran lui-même proclame qu'« il n'y a pas de contrainte en religion » (La ikraha fi Dîn). Tu as fait de son appel à la liberté l'empire de la contrainte ! Comment une civilisation peut-elle trahir à ce point son propre texte sacré ? Je dis qu'il est l'heure, dans la civilisation de l'islam, d'instituer cette liberté spirituelle - la plus sublime et difficile de toutes - à la place de toutes les lois inventées par des générations de théologiens !"

Vous pouvez lire par ici une version plus récente de cet article, suite aux attentats, parue dans le Huffington Post. Voilà une vision de la situation de l'Islam français qui me parle déjà bien plus que le slogan: "gardons-nous de faire des amalgames !" rabâché par les vieilles barbes qui représentent les musulmans de France et que reprennent sans réflexion nos politiques.

"Upgrader" la gouvernance de l'Islam: Ghaleb Cheibek

55 ans né à Djeddah en Arabie saoudite, il est un docteur en sciences et physicien franco-algérien. Fils du Cheikh Abbas Bencheikh el Hocine et frère de Soheib Bencheikh, ancien recteur de la Grande Mosquée de Paris et ancien mufti de Marseille, il présente l'émission Les chemins de la foi" diffusée sur France 2 le dimanche matin. Il préside la Conférence mondiale des religions pour la paix, ce qui l'amène à de nombreuses interventions en France et à l'étranger. Ghaleb Bencheikh vulgarise les thèses de son frère Soheib. Voici ce qu'il disait le 13 Janvier dans une interview à Catherine Schwaab de Paris Match:

"On continue d’utiliser l’outillage intellectuel de l’époque du Prophète, le 7ème siècle pour comprendre ce texte [Le Coran]. Or on a aujourd’hui besoin ... des Sciences de l’Homme et de la Société pour élaborer l’islam de l’humanisme et du progrès. Il y a des tabous à transgresser, des passages du Coran dont les incidences sociales sont totalement inapplicables et donc sont à déclarer caduques, il faut déplacer l’étude du sacré vers d’autres horizons cognitifs et porteurs de sens dans l’ère contemporaine. C’est un chantier titanesque."

"Comme citoyen, je suis représenté par mes élus. Mais là, je ne me sens pas plus représenté par le Président du CFCM [Hassan Chalgoumi, (imam de Drancy)], un homme fatigué et malade – à qui nous souhaitons un prompt rétablissement - [ni par] ... Dalil Boubakeur,  (recteur de la Grande Mosquée de Paris et Président du Conseil Français du Culte Musulman) , figure sur-fabriquée qui ânonne des évidences. Ce n’est pas la calotte qui fait l’imam, c’est son savoir ! C’est bien d’avoir du cœur, mais cela ne suffit pas. On n’a que faire des personnages falots. Cela entérine l’image médiocre qui colle aux musulmans."

Voici une vidéo qui analyse calmement ce qu'est l'islamophobie (même si j'ai de sérieuses réserves sur R. Ramadan, l'invité). Elle est passée dans l'émission de G. Bencheick : 

Prendre nos responsabilités

Je voudrais finir par ce dernier extrait d'un même article et du même témoin (G. Bencheick):
http://www.ina.fr/video/CAB89042091
"Si on avait réagi il y a vingt-cinq ans quand deux gamines se sont pointées au collège de Creil avec un voile et qu’elles ont été exclues, on aurait peut-être stoppé une sinistre régression. Les hiérarques de l’islam et de France auraient dû clamer d’une seule voix, d’un seul élan qu’emmitoufler une fille en compromettant sa scolarité était inacceptable, point. Plutôt que laisser des minables faire croire à des jeunes que s’ils voient  - ou montrent  - une touffe de cheveux, ils - et elles - périront par le feu de l’enfer !! Mais non, on a démissionné, et aujourd’hui, on a le tchador! "

Ceci fait bien comprendre que nos élus qui ont effectivement bien géré la crise récente sur les plans médiatique et policier ne doivent pas se contenter de gérer l'émotion au profit de leur image par de simples slogans comme le débile: "évitons les amalgames". Ils doivent impulser un changement majeur avec les musulmans de France. 

Il y a du boulot et cela demande de véritables compétences politiques et un vrai leadership aussi bien chez les élus du culte musulman que chez les élus de la République. Il n'est plus temps pour nos politiques de jouer à être des intellectuels adeptes du "relativisme culturel", il y a un chantier concret à lancer et vite avant que les banlieues ne s'enflamment à nouveau. Et c'est un chantier essentiel que seul l'Etat peut prendre en charge. Et là son rôle ainsi que celui des politiques est incontestable !

lundi 12 janvier 2015

Amalgame: cachez ce Charlie que je ne saurais voir ...


Grande ferveur nationale et dans le monde en faveur de la liberté d'expression. Certes, et pourtant, le
Salah Eddine Mezouar
Maroc qui a compati n'a pas pu envoyer son représentant au défilé de Paris hier pour ne pas risquer d'y voir les caricatures de Charlie !

Dans le magazine Lemag.ma, on peut lire: "au cas où des caricatures du Prophète- prière et salut sur Lui, seraient représentées pendant cette marche, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération (ci-contre) ou tout autre officiel marocain ne pourraient y participer". 

On se peut demander si ce businessman titulaire, entre autres, d'un DEA de sciences éco de l'Université de Grenoble aurait été tellement choqué de voir les dessins de Charlie dans le défilé ... à moins qu'il y ait un vrai problème de tolérance non pas lié à de rares extrémistes mais à des sociétés entières et à des Etats souverains réputés amis et confrontés en réalité à une police des idées très rigoureuse. Qu'en dit le roi du Maroc, le "Commandeur des Croyants" ?

Que le "Tout-Puissant" nous préserve de tout "amalgame" bien sûr mais n'est-ce pas un peu faible comme position de soutien ? La liberté oui, mais pas les caricatures de Charlie alors ?

Il faudrait peut-être creuser sérieusement ce que nous apprenait l'étude SCIICS présentée dans notre dernier article et essayer de comprendre l'environnement réel dans lequel se pose le problème du terrorisme qui est désormais également chez nous ?

Histoire de répondre à la langue de bois et aux faux-semblants des "officiels" marocains "par une authentique "option de négociation" que l'on pourrait proposer à tous ceux qui soutiennent officiellement la liberté de dessiner tout en restant "fondamentalement" attachés aux enseignements du prophète, voici un dessin de Geluck qui convient bien à mon état d'esprit du moment:





vendredi 9 janvier 2015

Les immigrés musulmans d’Europe majoritairement fondamentalistes ?

Et si ce n’était pas de l'« islamophobie » que d’évaluer correctement l’ampleur de l’Islam fondamentaliste en Europe ? L’émotion est à son comble après l’attentat de Charlie Hebdo et les prises d’otages. Nos dirigeants jaugeront-ils correctement la situation ?

On entend dix fois pas heure cette injonction médiatique: "ne faisons pas d'amalgame surtout". Sous-entendu, il y a d'un côté les excités ignares et de l'autre les gens informés qui savent que ces attentats ne sont le fait que de quelques fous isolés qu'il ne faut pas confondre avec la majorité des musulmans. Et s'il y avait à la fois d'un côté des excités ignares et de l'autre autre chose que des fous isolés ?

En Europe, « l'Islam » des immigrés rimerait majoritairement avec « fondamentalisme » …

Il semble en effet qu’il faille se méfier de l’affirmation : ne pas confondre « Islam » et « Islamisme ». Les médias ne définissent pas le terme « Islamisme ». Parle-t-on de fondamentalisme musulman ? Je fais l’hypothèse que oui et je définis précisément ce terme plus loin. Et partant, voici ce que je découvre en allant plus loin que ce que nous livrent en boucle chaînes info et/ou généralistes: l’Islam des immigrés d’Europe serait majoritairement « fondamentaliste » !

Ca y est, vous dites-vous, je le savais, il a tourné FN ! Eh bien non, je ne veux simplement pas laisser au FN le monopole d’une information dérangeante. Je ne m’habitue pas au matraquage d'idées-reçues dont nous sommes victimes notamment dès que l'on nous dit d'éviter les amalgames !

Une recherche du WZB de Berlin me semble en effet parfaitement digne de foi. Et ses conclusions viennent contredire ce que nous entendons à longueur d’antenne depuis l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo rendant la situation en réalité plus inquiétante que ce l'on en entend dire.

SCIICS: une étude sérieuse et dérangeante

Prof. Dr. Ruud Koopmans


Voici comment vous procurer cette étude (SCIICS):
Et en voici l’essentiel en français. L’étude comparative (Six Country Immigrant Integration Comparative Survey) a été menée en 2008 dans 6 pays (Allemagne, France, Suède, Autriche, Pays Bas, Belgique) par téléphone et par des enquêteurs professionnels. Elle est commanditée par un respectable Institut de recherche non universitaire de Berlin sous la direction du professeur Ruud Koopmans (photo WZB). Le WZB Berlin Social Science Center (Wissenschaftszentrum Berlin für Sozialforschung) est intégralement financé par l’Etat Fédéral allemand et la ville de Berlin.

La cible de l’enquête est double. D’une part, un échantillon de «natifs» Européens (nés dans l'un des de l'enquête) et se définissant à 70% comme des chrétiens de diverses obédiences. D’autre part, des immigrés d’origines turque ou marocaine se définissant comme musulmans à 96% avec une prédominance marquée de sunnites et la présence secondaire d’autres obédiences tels les Alévites de Turquie. L’échantillon total compte 9000 répondants.

Le questionnaire s’appuie sur la définition de Bob Altermeyer et Bruce Hunsberger connus pour leurs travaux sur le fondamentalisme calviniste aux USA et au Canada. L’étude procède en deux temps. L’interviewé doit répondre à trois questions discriminantes servant à évaluer une éventuelle attitude «fondamentaliste». Ensuite, on pose aux répondants trois questions permettant d’évaluer leur propension à exclure ceux qui leur sont étrangers.

Une majorité d’immigrés musulmans en Europe serait "fondamentaliste"

Les trois questions posées sont dans l’ordre :
  1. Les Chrétiens (resp les musulmans) devraient revenir aux valeurs du Christianisme (resp de l’Islam)
  2. Il n’y a qu’une seule interprétation possible de la Bible (resp du Coran) et tout chrétien (resp musulman) devrait en rester à cette interprétation.
  3. Les lois de la Bible (resp du Coran) sont plus importantes pour moi que les lois de (pays de l’étude)
Entre près de 60% et jusqu’à 75% des musulmans interrogés se déclaraient en accord avec au moins un des trois critères précédents et plus de 40% avec les trois. Respectivement, les chrétiens interrogés étaient entre 13 et 21% en accord avec un au moins des critères. Et moins de 4% étaient en accord avec les trois à la fois. Il y a quelques variations selon les pays d’origine ou les pays de l’étude et selon les sous-rites considérés mais la conclusion est statistiquement très significative.

De surcroît, les chercheurs ont tenté d'expliquer les écarts selon d’autres critères tels que l’âge, le sexe, le niveau d’étude ou la catégorie socio-professionnelle. En gros, il y a plus de pauvres chez les immigrés et un niveau d’étude inférieur, cela pourrait expliquer le radicalisme … Les analyses statistiques montrent en effet un impact de ces autres critères mais l’explication de loin principale de l’écart se trouve bien dans le facteur religieux.

Une majorité d’immigrés musulmans européens développerait une attitude d’exclusion

Sur le thème de l’exclusion des groupes « extérieurs », trois affirmations sont proposées :
  1. Je refuse d’avoir pour amis des homosexuels
  2. On ne peut faire confiance aux juifs
  3. Les musulmans cherchent à détruire la culture occidentale (aux « natifs ») et Les pays occidentaux cherchent à détruire l’Islam (aux immigrés d’origines turque ou marocaine)
Le schéma suivant va dans le même sens que le précédent. L'écart entre les deux échantillons est significatif. 


On voit notamment que 20% des natifs européens développent une attitude « islamophobe » et 10% une attitude antisémite. Pendant que les immigrés musulmans affichent à plus de 50% une attitude anti-occidentale.

Réserves

J’ai été étonné des résultats de cette enquête, ils ne me semblaient pas "cadrer" avec l'image que donnent mes relations de confession musulmane. Je crois pourtant que cette recherche est très sérieuse et je pense vraiment que ses hypothèses devraient être retravaillées dans le contexte actualisé de la crise française actuelle. Au moins dans les cercles du pouvoir ...

Le terme « islamisme » renvoie à l’usage de l’islam comme doctrine politique ou à l’usage de la charia comme système politique et légal … mais il est controversé. Il y a débat sur l’équation « islamisme » = « fondamentalisme musulman ». Mais c'est un débat totalement accessoire.
Même minoritaires, tous les musulmans immigrés ne sont pas fondamentalistes. Un fondamentaliste n’est pas pour autant un terroriste … un terroriste dans l’âme ne passe pas forcément à l’acte … il lui faut pour cela un réseau ... or justement c'est sans doute là que nous avons besoin d'y voir plus clair.

Et l’étude ne prend pas en compte les musulmans de la nationalité du pays étudié. Mais cela ne nous rassure pas ... car les terroristes de Charlie étaient tous français et non immigrés !
Soyons plus vigilants que les commentateurs des médias
La nation toute entière et les autres pays communient avec la France dans un élan de ferveur renouvelée … comme après le 11 Septembre. Allons-nous nous précipiter dans de nouveaux errements ? C’est déjà l’occasion de débordements inacceptables à l’encontre des mosquées et des musulmans. L’ordre et les principes républicains doivent s’imposer. La fraternité exprimée hier parlé défilés pacifiques est de bon augure. Et comme toujours l'émotion dans un sens ou dans l'autre n'est pas bonne conseillère.
Il me semble en effet que l'invitation à éviter l'amalgame matraquée avec la force de l’évidence devrait être réexaminée: apparemment, il est faux de croire que les fondamentalistes musulmans seraient une toute petite minorité. Au moins avons-nous vu qu'elle n'est pas négligeable. Simplement pour prospérer elle a eu besoin d'un terreau.

La résistance de bon aloi aux amalgames correspond aux croyances de beaucoup: résistance républicaine et laïque pour les uns, résistance humaniste et de gauche pour d’autres, résistance religieuse et fraternelle pour d’autres enfin … Or s'il s'agit de résister avant tout au terrorisme, il convient de regarder cet aspect de la réalité en face: l’acclimatation de l’Islam en Europe est un peu plus complexe et problématique que ce nous voulions croire.

Les commentateurs français semble malgré les attentats sous-estimer le problème, de bonne foi la plupart du temps. Or méconnaître un problème conduit plus sûrement à l’aggraver qu’à le résoudre ! Espérons que nos "stratèges" en ont une claire conscience, eux:

Selon la recherche SCIICS du WZB: 
  • l’Islam fondamentaliste est majoritaire dans la population immigrée européenne !
  • La France n’est en rien spécifique sous cet angle en Europe !
Conclusion
 
En valeur absolue, les fondamentalistes musulmans restent bien une faible minorité dans l’ensemble de la population. On comprend que cette minorité importante, non intégrée et hostile ait permis à des prêcheurs et à des réseaux logistiques de préparer et d’organiser les actes terroristes auxquels nous assistons. Arrêtons de croire qu'il ne peut s'agir que de quelques fous isolés.

Je terminerai par ceci :
  1. Je crois que nos dirigeants et nos forces de police réagissent et vont réagir avec efficacité, professionnalisme et mesure. Elles viennent déjà de le démontrer.
  2. Je crois que le phénomène est plus profond et plus grave que ce que nous avons voulu croire. L’Etat va devoir s’atteler sérieusement à se recentrer sur ses fondamentaux et aller à l'essentiel au lieu de défendre ses réformettes en trompe l’œil, les prébendes de son administration et de ses protégés et de donner dans les guéguerres pré-électorales.
  3. Je voudrais enfin saluer les musulmans de culture, de foi et de paix que j’ai le bonheur de connaître et qui sont un précieux point d'appui dans ce contexte. J’adresse par exemple un amical salut à Saad dont vous pouvez lire le communiqué ici.


dimanche 28 décembre 2014

La véritable intelligence collective

Dans ce talk venu du Québec, un musicien témoigne de la réussite de sa diffusion grâce au net et illustre le véritable changement de paradigme à l’œuvre par ce qui est la véritable Intelligence Collective.

Voici le lien: https://www.youtube.com/watch?v=iVVFy4QFeFM
Et la vidéo TEDx associée:


L'histoire:

Grâce à un site de partage musical, un groupe de copains se fait connaître localement puis fait des tournées ce qui lui permet de vivre de sa musique et se voit proposé de signer chez un label, ce qu'il refuse. Cette histoire n'est pas unique !

Le Changement de paradigme

Ce musicien a aussi étudié à McGill. Il nous parle à la fin de son talk du changement à l'oeuvre dans notre société. Il plante, arrose, soigne la plante, la fait pousser, récolte les légumes, les épluche, les cuisine, les met dans une assiette et gagnerait pour cela quelques % de ce que payerait le consommateur. Pendant que le gars qui met l'assiette sur le plateau et la sert en salle prendrait tout le reste ? 

C'est l'image qu'il développe du système de production et de diffusion classique de la musique établi en un temps (totalement révolu) où enregistrer un morceau de musique coûtait très cher. Mais enregistrer et diffuser de la musique ne coûte plus rien ou presque. Les anciennes structures de l'industrie musicale (comme de nombreuses autres industries, même protégées par les Etats) sont donc en sursit. Idem celle du livre et de tas d'autres choses où des start ups viennent complètement modifier la donne et ... créer d'inévitables nouveaux chômeurs !

La véritable Intelligence Collective

Thème à la mode, ce concept voudrait convaincre les entrepreneurs et managers que des réunions mieux tenues dans un esprit plus bienveillant leur permettront par un meilleur management d'améliorer leurs résultats et de créer l'entreprise de demain. Pourquoi pas si leur activité a globalement toujours un sens ? Seulement ce que nous montre cet exemple, c'est que nombre d'activités "classiques" n'ont peut-être plus de raison d'être du tout ! 

Une Intelligence Collective plus radicale est à l’œuvre grâce au net surtout, qui n'a nul besoin des réunions organisées au sein des entreprises et qui n'est pas forcément bienveillante. Elle est dans les réseaux, elle rend obsolète des pans entiers de nos vieilles infrastructures (économiques et politiques) et donc les entreprises coincées dans les anciens éco-systèmes. On aura beau vouloir légiférer pour mettre de l'ordre dans tout cela, la véritable Intelligence Collective est en train de réellement prendre la main ... attention aux dégâts collatéraux !

mardi 9 décembre 2014

La réussite et les contes de fées

Deux ou trois cents ans de contes de fées nous montrent une curieuse et sensible évolution de la notion de réussite que nous enseignons à nos enfants que ce soit au coucher avec un traditionnel livre de contes et que ce soit à travers les "blockbusters" comme ceux tirés du Seigneur des Anneaux et dont les suites sont présentes sur tous les écrans tous les ans pour les fêtes de fin d'année.

C'est ce que j'essaie de dire dans ce lien et dans la vidéo ci après:


 (https://www.youtube.com/watch?v=wb8BDXPJ0gA#t=66)

Au début, le vol et le meurtre comme dans Jack et le haricot magique, étaient légitimes. C'était une morale sous-jacente de survie. Avec la société bourgeoise industrielle, la morale de l'histoire devint plus correcte mais restait égoïste. Aujourd'hui, cette morale traditionnelle ne colle plus. Pourtant, elle est encore à l’œuvre dans tous les livres de développement Personnel d'entrée de gamme comme dans une certaine philosophie du management. 

En effet, le seul endroit structuré et agissant de notre société, l'entreprise, semble requérir une morale nouvelle. Le nouveau héros contemporain, l'entrepreneur, à l'image des hobbits du seigneur des anneaux et à l'inverse de Jack, ne peut plus réussir seul, ni pour lui seul ...

Je développe aussi cette thèse dans un petit ouvrage bilingue sous ma marque "Acatl Editions"que j'avais consacré à "Jack et le haricot magique" qui est l'un des contes les plus connus et les plus repris sur la planète entière (le conte, pas mon ebook pour l'instant !). Vous pouvez trouver cette version spéciale ici.

Je vous engage à "liker" la vidéo ou, si vous n'êtes pas d'accord, à mettre un commentaire ci-dessous.

samedi 15 novembre 2014

Comment sauver la vie du contrôleur de la SNCF

Affaire de vie et de mort, le 19 Juin 2009, l'opération "Défibril'à coeur" était lancée par la SNCF. Elle visait à doter les gares et TGV de "DAE" (Défibrillateur Automatisé Externe). 60000 personnes décèdent chaque année d'un arrêt cardiaque à défaut d'une intervention RAPIDE avec un tel appareil.

S'adresser au contrôleur svp !

Les DAE furent donc déployés dans les TGV. Peut-être pas partout ni sans retard mais qu'importe, la statistique est bonne fille. D'ailleurs, il n'y a pas de statistique. Pourquoi donc ?

Je voyage très souvent par le TGV-Est. L'autre semaine, j'ai pris une consommation au bar ce que je ne fais jamais car je n'aime pas attendre ... Là, j'avais une petite faim ! Le gentil barman me fit signe de la main que je ne devais pas attendre accoudé au bar pour ne pas gêner le service de ceux qui attendaient déjà leur croque-monsieur accoudés aux tables derrière moi ! Oups, pardon ! Me décalant sur la gauche suite à cette injonction peu amène mais de bon sens, j'entrepris la lecture de la notice de l'objet vert avec lequel j'étais désormais en tête à tête: je déchiffrai "DAE" et sa notice d'utilisation. C'est simple, il faut appeler le personnel de bord, ouvrir la boîte et utiliser l'instrument. Tiens pourquoi faudrait-il appeler le personnel de bord ?

Enfin mon croque-monsieur fut réchauffé et je posai ma question au barman. Entretemps, j'avais eu le temps de remarquer que la boîte était nantie, sur le dessus, d'une serrure fermée à clef. Le barman parut surpris et me dit que la boîte était fermée à clef (merci, j'avais remarqué). Pour utiliser le DAE, il faut demander au personnel de bord (ah bon). D'ailleurs lui, il a une clef ... et d'ouvrir un tiroir pour me le prouver; mais apparemment pas de clef dans le fouillis ... !

"Non mais, de toute façon, il faut aller chercher le contrôleur !" 

Je résolus donc de poser la question au contrôleur lors de son contrôle.

C'est le contrôleur qui a la clef

20 minutes plus tard, au contrôleur: 
- bonjour monsieur, à votre avis ... supposons que je sois médecin et que je diagnostique que mon voisin fait une crise cardiaque,  aussitôt je tente de le sauver mais comment faire sans défibrillateur ?
- mais même si vous n'êtes pas médecin (large sourire condescendant et ton légèrement soulagé), il vous suffit d'utiliser le "DAE", juste là ... et l'homme en uniforme de s'apprêter à tourner les talons ...
- ah merci, seulement je n'ai pas la clef ...
- et non, la clef, c'est moi qui l'ai (sourire)... Et de me montrer à sa ceinture une grosse clef en laiton de la SNCF qui n'a rien à voir avec le DAE, ce qu'il réalise (le sourire disparaît), et de me faire entendre alors le cliquetis d'un trousseau dans sa poche.
- ah, je dois donc d'abord trouver le contrôleur pour utiliser l'appareil alors.
- ben oui (ennuyé)
- et ça pourrait être long, objectai-je, par exemple si je pars vers l'arrière du train alors que le contrôleur est à l'avant ou l'inverse ... une vie ne tient décidément qu'à un fil et parfois à une clef !

Le contrôleur n'est plus si soulagé et paraît nettement moins sûr de lui. Il arbore plutôt un air d'impuissance et de surprise (personne ne s'était semble-t-il posé une telle question, à commencer par lui)
- pourtant, continuai-je, si j'ai bien compris, pour sauver une vie dans ce cas, il faut agir vite non ?
- (sur le ton légèrement agacé de celui à qui l'on parle d'un cas qui n'arrive jamais) vous savez, on nous en a tellement volé que la décision a été prise de les mettre sous clef alors hein ...
- ah très bien, donc si je résume, il n'est pas nécessaire d'être médecin pour utiliser l'appareil mais il faut être contrôleur pour avoir la clef qui y donne accès  ... 
- blanc (là le contrôleur est pressé de poursuivre son contrôle).

Le cas de la crise cardiaque d'un passager étant réglé tragiquement par défaut, il reste toutefois un cas hypothétique qui pourrait encore justifier la présence des DAE.

- juste une dernière question dis-je encore, et si c'était vous qui aviez une crise cardiaque ?

Comment sauver la vie du contrôleur de la SNCF

Là bien sûr, cette hypothèse ne peut qu'être farfelue puisque le contrôleur y a répondu par un haussement d'épaule avant de poursuivre son labeur. Mais si je devais être par extraordinaire la personne devant sauver la vie d'un contrôleur défaillant cardiaque, je connais désormais la marche à suivre, la "best practice":
  1. faire les poches du contrôleur, toutes ses poches, se saisir de toutes ses clefs,
  2. courir au prochain défibrillateur (je sais maintenant qu'il y en a un au bar),
  3. essayer toutes les clefs ...
  4. ... jusqu'à trouver la bonne,
  5. ouvrir et se saisir de l'instrument,
  6. revenir sur le lieu du malaise du contrôleur,
  7. faire usage de l'instrument,
  8. noter l'heure du décès, et
  9. prendre les noms des témoins pour ne pas être accusé de non-assistance à personne en danger !
Dernière minute

Je n'ai pas publié l'article tout de suite afin de faire de menues vérifications. Sur un autre train, un contrôleur plus jeune et moins défensif a fait une autre réponse. En fait, le contrôleur doit au départ du train passer donner un tour de clef pour ouvrir la boîte ... Voilà sans doute pourquoi le premier interrogé s'était montré si défensif, il se sentait coupable de n'avoir pas appliqué la consigne !

Dernière minute 2

Je pose maintenant la question presqu'à chaque voyage. Ce qui est très étonnant c'est que certes ma première façon de raconter cette histoire ci-dessus est contestée mais pas de la même façon. La dernière fois les contrôleurs étaient en force, au moins cinq ! Et ils m'ont montré que le boitier du DAE est certes muni d'une serrure mais que celle-ci reste ouverte ! En fait, il n'y aurait pas eu tant de vols que cela. J'ai donc pu, en forçant un peu, ouvrir le boîtier sans clef. Pour autant, personne ne peut me dire si l'appareil fonctionne car les contrôleurs ne savent pas s'il a été utilisé dans le TGV ... Enfin, nous progressons.
En quoi sommes-nous concernés ?

Un homme serait mort de crise cardiaque dans le TGV Rennes-Paris le 24 Novembre 2011 (je n'ai pas vérifié l'info et rien ne dit qu'il s'agissait du contrôleur !)...

Selon une enquête de l'ANSM datant de Juillet 2014, 30% des exploitants de DAE déclarent avoir eu un usage au moins une fois de l'appareil sur au moins une personne (l'enquête ne précise pas dans combien de TGV !) et selon cette enquête, 18% auraient connu une panne !

Notre Société se drogue de communication sécuritaire mais semble en panne de bon sens. Elle a le secret pour développer des procédures et des normes de sécurité de toutes sortes pour parer à tout. Elle oublie juste de prendre en compte leur rapide obsolescence du fait ... notamment du facteur humain et des contre-mesures de sécurité ...Et tout ça pour quoi ?

A propos, j'allais oublier. Pour être parfaitement tranquillisé, j'ai un fugace instant, imaginé acheter mon propre DAE et le placer dans mon sac de voyage (sans clef). J'y ai renoncé car j'ai lu que ces instruments ne doivent pas être utilisés dans un véhicule ni en situation de déplacement avec vibrations et chocs ...!


samedi 11 octobre 2014

Fin de l'Ecotaxe, place aux fermiers généraux !

Voilà c'est fait, comme nous l'annoncions ici depuis des mois, le projet Ecotaxe est enterré. Il serait trop facile d'imputer ce fiasco à Ségolène Royale. Elle a eu au moins le courage de trancher.

250 millions par an pendant 11 ans

C'est ce que va coûter l'entreprise "Lorraine" Ecomouv à l'Etat français en pure perte ! Car comme le disait le député Savary, nous vivons dans un Etat de droit, nous ne pouvons déjuger la signature de la France au bas d'un contrat. Donc avant, il y avait un consortium hyper inefficace mais extrêmement rentable, maintenant il y a un transfert financier direct et en totalité du contribuable vers un consortium italien piloté par Goldman Sachs !

Cela vaudrait la peine de voir comment l'on pourrait amener, dans le respect du droit, ce consortium à intervenir pour au moins soutenir les PME et start up lorraines !

Le retour des fermiers généraux

A l'occasion de cette funeste affaire, on apprend que comme il va bien falloir financer les infrastructures existantes qui se dégradent, on va augmenter le coût des péages, donc faire payer non plus les transporteurs mais tous les usagers ! 

Vous remarquez que malgré les cris des écolos, il ne s'agit plus du tout d'une politique environnementale, il s'agit ici purement de collecte d'impôts pour entretenir les routes et autoroutes ! Et cet impôt est confié à Vinci et à Eiffage entre autres. Comme le dit encore Savary, sur un euro payé à Vinci, 40c reviennent à l'Etat, tout de même ! Encore heureux pourrait-on se dire !

Ne trouvez-vous pas frappant le parallèle avec la fin du 18e siècle comme le remarquait dès 2011 Jean Pierre Fourcade, devenu sénateur ? A cette époque en effet, des particuliers, appelés fermiers généraux, achetaient une charge (comme les professions protégées dont nous parlions dans le précédent article) et prélevaient l'impôt dont il reversait une part au roi. Déjà à l'époque cela permettait à court terme à l'etat de faire rentrer de l'argent frais mais cela réduisait les rentrées ultérieures, alourdissait la charge du contribuable et conduisait l'Etat à s'endetter. 

Aujourd'hui, des groupes achètent des concessions par appels d'offres interposés (comme l'a fait Ecomouv, dans des conditions plus que suspectes) et prélèvent un véritable octroi. CQFD.

L'inefficience de notre système étatique de gouvernance

En Septembre, mon épouse et moi avons conduit notre fille à Vienne (Autriche) où elle a emménagé pour un séjour Erasmus. Nous avons traversé une partie de l'Europe Centrale avec notre grosse voiture familiale pour transporter sacs, ustensiles, vêtements et vélos. En dehors du carburant, à l'aller, il nous en a coûté 8 euros soit le prix de la vignette autoroutière autrichienne pour 10 jours car nous sommes passés par le Luxembourg et l'Allemagne où les autoroutes sont gratuites par puis l'Autriche où l'on achète une vignette. Au retour, nous sommes passés par Haguenau. Nous avons donc acquitté 8 euros rien que pour faire le trajet d'Haguenau à Forbach !

Même si je dois à la vérité de dire que la qualité du revêtement et même des sanitaires est de bien meilleure facture en France, on ne peut que s'étonner de la différence de prix pour ce service régalien quasiment obligatoire ! Cela traduit la déroute d'une conception erronée de la gouvernance de l'Etat à la française. La toute puissante et arrogante puissance publique passe de l'autoritarisme sourcilleux à la délégation de Service Public sans limite ni réel contrôle (lire l'auto-satisfecit ici). Cela revient finalement dans les deux cas à créer une classe privilégiée et à en faire payer le coût au contribuable et/ou à l'usager. Des fermiers généraux de Louis XVI à Ecomouv, même combat !

Dans le cas des autoroutes, nos gouvernements récents, égarés par une certaine conception pseudo-libérale ont concédé ces "charges" de fermiers généraux aux sociétés d'autoroutes jusqu'en 2032. Et comme nous l'avons montré dans nos articles précédents, ce sont les mêmes qui commencent dans les cabinets ministériels pour finir dans les comités de direction de ce type d'entreprises selon le système bien connu de la pantoufle.

En quoi sommes-nous concernés ?

Si l'on y regarde bien, notre vie quotidienne est corsetée par de multiples obligations de consommer de façon normée des services obligatoires qui ne sont finalement que des impôts prélevés par des organisations privées qui en laissent une part congrue à l'Etat. Vinci par exemple, une compagnie des eaux gèrent les péages autoroutiers, les parkings de centre ville incontournables au moment les municipalités font tout ce qu'elles peuvent pour limiter l'accès des centre-villes ... Tout devient péage obligatoire (on disait "octroi" dans l'ancien temps) et tout pointe dans la direction de ces entreprises spécialistes des "utilities" par ailleurs devenues expertes en l'art subtil du "Marketing Social et Politique".


Depuis quelques temps déjà, nous avons entrepris de nous échapper de tous ces systèmes contraints par exemple en ne prenant plus l'autoroute quand c'est possible. Et il semble qu'à la faveur de la crise, nous ne soyons pas les seuls car pour la première fois en 2011, le trafic "VL" a baissé sur les autoroutes de notre beau pays.

Mais la situation que révèle le fiasco de l'Ecotaxe pose plus largement le problème d'une gouvernance que décidément les citoyens vont devoir reprendre en main. Cela finira inévitablement par entraîner la rupture unilatérale des contrats qui leur sont trop défavorables et de placer devant leurs responsabilités ceux qui les ont signés et qui en font profiter leurs amis. Ces "amis" sont des consortium divers qui n'agissent plus selon les principes de la libre entreprise ni d'une saine concurrence mais appliquent bien souvent des pratiques de lobbying et d'influence politique qui confinent avec des pratiques mafieuses comme nous l'avons montré ici  dans le cas de l'Ecotaxe. 

Pour les curieux, rappelons-nous que des 45 fermiers-généraux de1791, 37 furent ensuite guillotinés (jugement du 19 floréal An II, soit le 8 mai 1794). 

mardi 10 juin 2014

Argent 7: monnaies complémentaires, on en parle sur BFM Business

Il est peut-être temps de monter dans le train des monnaies complémentaires. Un sujet majeur encore en dessous du radar.
Suite à TEDxLaDéfense où nous en avions parlé et mes 6 articles consacrés à ce sujet, que s'est-il passé ? Etienne Hayem, l'un de nos intervenants, le plus jeune, s'affirme comme un expert reconnu dans le domaine en témoigne ci-après la vidéo tirée de l'émission "paris d'avenir" de BFM Business, un média tourné vers l'entreprise et que je trouve décidément très pertinent. Elle évoque un sujet majeur et dont le traitement pourra déterminer avec quelques autres thèmes encore marginaux, les prochaines grandes évolutions sociales et économiques. Voici la vidéo:




Une série de conférences avec certains de ces intervenants a lieu régulièrement: Symba (l'économie symbiotique). J'y serai demain soir. 

A l'heure où certains partis politiques classiques viennent de comprendre (à peine) la gravité de système de la dette sans proposer de véritable remède, certaines idées poursuivent leur chemin. Peut-être figureront-elles un jour au rang des solutions ...

Dans mon précédent article, "le terreau de la net-démocratie", je parlais de tendances  sociétales nouvelles que certains petits partis politiques commencent à incarner. Il nous reste maintenant à faire le lien entre eux et des solutions qui existent déjà, comme celle-ci. Le fait que BFM Business passe une longue émission sur ce thème est bon signe. Les entreprises contribueront peut-être tôt ou tard à faire sortir les monnaies complémentaires de leur environnement "underground" ou "alternatif pour  bâtir une autre économie. A suivre donc.

dimanche 13 avril 2014

L'importance du ton

L'actualité politique et des média ainsi que mes expériences récentes de "TEDx-coach " m'incitent à vous proposer de revenir sur un angle de lecture particulier de notre environnement médiatique. Vous souvenez-vous de vos récitations à l'école primaire ? Et de votre instituteur vous incitant à "y mettre le ton". Voilà mon sujet du jour.

Commençons par notre nouveau premier ministre dont j'ai désapprouvé ici l'attitude face à
Crédit photo: C. Platiau Reuters
Dieudonné. Hé bien politiquement c'est lui qui avait raison. Contrairement à ce qu'affirmait Dieudonné, il ne s'est pas fait le public relations de ce dernier. C'est Dieudonné qui lui a servi de marche-pied pour son nouveau job. Mais passons.

Changement de ton

Les éditorialistes et la presse que je lis, comme celle que je ne lis pas (le Parisien par exemple), ont tous salué de la part du Premier Ministre un "changement de ton". Et quand j'ai écouté son discours d'investiture (sans revenir sur le fond qui reste malheureusement bien insuffisant), j'ai entendu et éprouvé une véritable émotion sur la fin. Plus que Sarkosy avant lui, Valls est un immigré et, mieux que Sarkosy, il a su faire ressentir une émotion authentique lorsqu'il a parlé de son engagement en tant que français. Et j'ai remarqué que sur les bancs de l'assemblée, nombre de députés de droite ont applaudi. Je suis sûr qu'ils étaient sincèrement touchés.

Cela m'a donné l'idée de relier cette observation à ce que nous disons à nos intervenants dans nos TEDx. Cherchez à faire passer une véritable émotion. Valls a fait cela. Et cela a marché pour clôturer un discours tout d'abord dans la droite ligne du pilotage à vue. Le ton, voilà l'élément fondamental. Il ne lisait plus, le niveau d'énergie général avait visiblement augmenté, les yeux se posaient sur l'assemblée de façon semi-circulaire. On n'avait enfin plus l'impression d'une récitation de Cours Moyen... Le personnage semblait s'engager. Les mots évoquaient enfin une action, en l'occurrence, la démarche personnelle d'un vrai bipède. Sémantique et gestuelle étaient en cohérence. Même l'opposition aurait eu envie de lui emboîter le pas !

La trouille de se montrer, la trouille de tout

C'est tout ce qui manque cruellement au personnel politique et encore plus aux hauts fonctionnaires et même aux dirigeants de grandes entreprises. Etre vraiment là, présents derrière les mots pour évoquer l'action. Sans cela, l'engagement a-t-il seulement la moindre chance d'exister ? La réponse, même si le ton à lui seul ne suffit pas, il faut aussi du contenu, la réponse dis-je se trouve dans les 25 dernières années de surplace de notre pays. Notre personnel dirigeant de tous bords a trop été occupé à réciter une leçon à laquelle il ne croyait pas pourvu qu'elle lui rapporte des voix et des dividendes. 

Il ne s'apercevait pas que sa sourde trouille d'être mauvais, de s'avancer à découvert, de risquer ne pas être réélu ou d'être en privé démoli par la "com" et lâché par les actionnaires s'il se risquait hors du politiquement correct était la même que celle des rugbymen français ou des footeux du PSG. La trouille de gagner, d'oser se montrer vraiment, d'avancer dans la tourmente, de démontrer par l'action ses véritables convictions, d'avoir du courage. Hé bien comment voulez-vous que le dirigeant qui ne peut montrer cela dans son discours entraîne une équipe, une entreprise, un gouvernement ou un pays quand justement il va falloir agir... enfin ? Là ça change, dans le ton au moins.

Le courage d'être soi et de se dépasser

Finalement, et j'en ai été le témoin et un petit peu l'acteur en coulisse, c'est ce que font nos intervenants de TEDx. Ils osent prendre la parole et parler à la fois avec leur tête et avec leurs tripes. Je reviendrai prochainement sur les interventions de TEDxMinesNancy, très emblématique de cela.

Pour finir, je voudrais évoquer un grand et "jeune" patron français, Matthieu Pigasse, que j'avais imaginé inviter à TEDxLaDéfense2012. Il passait hier à "On n'est pas couché" face à des chroniqueurs-auteurs (Polony et Caron) pas faciles, flanqués en plus de Michel Onfray ... L'exercice n'était pas simple: se présenter comme de gauche, patron de Presse, dirigeant de la Banque Lazare, ami de Strauss Kahn et pourfendeur de la "normalité" de F Hollande pour finalement défendre l'approche libérale et européenne dont beaucoup pensent qu'elle est la cause de tous nos mots...

Là non plus, je ne veux pas revenir sur le fond. Je voudrais simplement garder l'angle du TEDx-coach. Matthieu Pigasse était visiblement très tendu, la transpiration perlait, la posture était mal assurée, la sémantique était plaidante, il demandait la permission de dire... Tous les signes d'une communication loupée, la curée n'était pas loin... Onfray ne l'a pas raté d'ailleurs mais...

Tout d'abord, Pigasse a vraiment réfléchi à ses sujets et a certainement écrit son livre lui-même. Ensuite, malgré son trouble et même grâce à lui, il a réussi à être lui-même (me semble-t-il). Il a été sincère tout du long et quand on lui a demandé pour qui il roulait, sans être brillant, il est resté crédible malgré ses amitiés gauche-caviars plus que sulfureuses. Onfray a même dit comme un cri du coeur: "il vendrait des frigos au pôle Nord". Venant d'Onfray, je peux affirmer qu'il y avait une sorte d'hommage derrière la pique.

Une condition de l'engagement et du changement

On regretterait qu'un Pigasse ne se présente pas... La condition de l'engagement et du dépassement de soi qui font vraiment changer les choses sont cette ambition qui vous met en risque justement. Gardons-nous de trop d'enthousiasme mais notons ce changement de ton à peu de jours d'intervalle chez un premier ministre et un grand dirigeant d'entreprise.

mardi 14 janvier 2014

Mais que fait la police ?

Voici un aperçu des conséquences pratiques sur le terrain des lacunes de notre gouvernance et qui peut finir par être dommageable. Deux "taxis de brousse" à la française ont été agressés hier à Roissy par des artisans taxis en colère sous les yeux de la police.

Aziz Senni l'auteur du célèbre L'ascenseur social est toujours en panne... : Il y a du monde dans l'escalier , expliquait ce matin 14 Janvier 2014 sur BFM Business comment deux de ses chauffeurs ont été agressés et deux de ses véhicules mis hors d'usage par des artisans-taxis à la faveur de leur mouvement de revendication d'hier sous les yeux des "forces de l'ordre" ... qui ne sont pas intervenues.

Le taxi "low cost" des banlieues

Il faut se souvenir, lire ici, que la société de ce jeune marocain, ATA, avait été distinguée par Jacques Chirac en 2001. Il s'agit d'une franchise comptant 70 véhicules en 2012 en Ile de France. Il s'agit de proposer un service "low cost" de taxis indépendants aux habitants des "cités" où les taxis ordinaires ne vont plus ... Les chauffeurs sont le plus souvent des chômeurs de longue durée vivant sur place.

Aziz Senni m'avait d'ailleurs inspiré en 2005 le projet qui m'a conduit à racheter un petit groupe de PME dans le domaine du courrier ... Il m'est donc sympathique, même s'il n'avait jamais répondu à mes emails à l'époque. Il s'agit d'un entrepreneur qui agit et transforme des manques en opportunités tout en intégrant une véritable dimension solidaire. Mais il semble que cela ne plaise pas aux concurrents établis, concurrents est d'ailleurs vite dit puisque ces derniers ne font pas les mêmes courses que ATA.

En quoi sommes-nous concernés ?

Nous vivons dans un pays où l'on attend obstinément les solutions de l'Etat. Nous constatons chaque jours que les solutions qui ont fonctionné depuis 40 ans (inflation puis dette publique, jacobinisme administratif, corporatisme, électoralisme et langue de bois ...) ne fonctionnent plus. L'alternative est simple: l'action entrepreneuriale solidaire concrète ! Or nous avons-là une entreprise privée et solidaire agressée sous le yeux de la police et l'Etat de Droit ne semble pas devoir s'appliquer pourquoi ?

Je suppose qu'entre le mouvement des taxis et le cordon de sécurité qui protégeait les abords du théâtre de la Main d'or où jouaient hier Dieudonné, la Police avait des priorités différentes ... Il serait vraiment temps que les citoyens insistent pour que les services de l'Etat se focalisent sur leurs véritables priorités et que l'on arrête de faire diversion avec des affaires ultra-médiatisées qui tentent de détourner l'attention des sujets majeurs: l'adaptation de notre société aux nouvelles conditions économiques et écologiques. En attendant, ce fait divers vient plutôt confirmer ce qui dit Dieudonné même s'il le dit de façon irrecevable: il y aurait bien "deux poids, deux mesures".

Et cela c'est dérangeant, car si l'Etat n'est plus légitime pour relancer l'emploi, son rôle essentiel est de garantir un cadre de fonctionnement sain dans un état de droit !

lundi 13 janvier 2014

La médiation ou la quenelle ?

Voici une reprise personnelle des événements autour de Dieudonné qui illustre le thème du dernier article de ce blog et rappelle qu'il existait et existe ici une autre voie possible.

J'ai déjà décrit ma position sur "l'affaire Dieudonné", pas sur le fond de la querelle/quenelle mais sur la solution générique que j'entrevois en contre-point au conflit. Voyez à ce sujet mon article dans le cercle + des Echos.

Dieudonné Mbala Mbala
L'angle de la médiation et de la négociation:

Comme le sujet "Dieudonné" est abondamment commenté partout et que le fond de cette dispute n'est pas le sujet de ce blog, je n'en dirai rien de plus sauf sur la forme. Ce tapage médiatique a de quoi étonner et c'est plutôt l'absence depuis le début d'une approche plus pragmatique et respectueuse que je voudrais commenter. Car cette absence "contraint" maintenant les plus hautes autorités de l'Etat jusqu'à François Hollande qui appuie son ministre de l'intérieur, à recourir au Conseil d'Etat pour interdire Dieudonné. Je m'intéressais peu au cas Dieudonné mais j'ai été étonné par ce vacarme comme sans doute beaucoup d'entre vous. Voici quelques liens qui illustrent sans le résumer, le fond de l'histoire:

Il y a tout d'abord cette longue vidéo d'une heure dix par le "regard dissident" qui est  pro-Dieudonné avec toutefois, m'a-t-il semblé, un vrai travail de reconstitution des événements chronologiques et qui donne des précisions troublantes avec des tas d'images publiques d'archives qui ne sont pas contestables.

Voici deux extraits sonores très partiels "volés" par des journalistes du Point sur le fameux spectacle interdit. On comprend que cela puisse choquer en plus ce n'est pas drôle.

Voici en outre la vidéo d'un sketch tout récent d'Elie Sémoun, l'ancien compère de Dieudonné,  dont je parle dans mon article du cercle des Echos car je trouve qu'elle appelle bien, à sa façon, à revenir à une plus juste mesure, préalable selon moi à la démarche que je suggère.

Et enfin, je vous conseille ce livre d'entretiens croisés entre Bruno Gaccio, co-créateur des Guignols et Dieudonné: Peut-on tout dire?. Pour la petite histoire, j'ai lu ce livre dans le hall d'un Palais de Justice où j'attendais une audience d'un procès minuscule (et qui n'a rien à voir avec le thème de cette bagarre) où l'on me faisait l'honneur d'être convié en qualité d'accusé dans une histoire dont je suis sorti gagnant et qui n'était autre qu'un détournement d'attention ... Je l'avais donc lu de l’œil sensibilisé de celui que l'on accuse et que l'on calomnie en même temps ! Mais j'arrête-là pour ne pas que l'on pense que je fais un vilain transfert.

En quoi sommes-nous concernés par tout ce bruit ?

Je voulais juste vous dire que malgré les apparences, cette histoire me rend plutôt optimiste. Voici pourquoi:

1) Je ne crains pas, malgré le recours au Conseil d'Etat, que notre démocratie soit malade. Au contraire, cette histoire pourrait bien remettre les choses à leur place et ramener les gens à leurs véritables priorités.
2) Je ne crois pas que Dieudonné soit l'incarnation du mal ni que nous assistions à une nouvelle montée du nazisme.
3) Je ne crois pas que nos tribunaux normaux soient dépourvus de moyens d'action en cas de dérapages antisémites ou racistes même si l'attitude de Manuel Valls laisse croire le contraire.
4) Je ne crois pas que les représentants associatifs soient tous des agents du Mossad.
5) Il me semble que les médias et les hommes politiques qui ont cru devoir faire étalage de leur "fermeté" dans cette affaire découvriront qu'il n'est plus si simple d'enrôler "l'opinion".
6) J'espère que Dieudonné saura faire bon usage de la prospérité que sa popularité lui a amenée et qu'il paiera ses impôts et ses condamnations !
7) Malgré les excès et la vulgarité, les observateurs attentifs comme le sociologue Michel Wieworka par exemple, ne feront pas l'erreur de mettre tout le monde dans le même sac.
8) Cette triste histoire de quenelles traduit un désespoir et un ras le bol réels qui pour l'instant, malgré les incitations médiatiques, s'expriment de façon non-violente.
9) Dieudonné est plus fin que ce que l'on avait cru, en témoigne sa décision de respecter les décisions du Conseil d'Etat et de changer de spectacle ... peut-être irons-nous finalement dans cette affaire vers une solution de paix comme le dit mon article ?
10) Enfin, ce n'est pas parce que tout a été fait des deux côtés pour que ce conflit soit rendu emblématique et médiatique que nous serons individuellement et collectivement incapables d'en tirer des leçons dans le sens d'une voie pacifique de règlement des conflits.

dimanche 15 décembre 2013

Jean Lassalle: la grande marche


Un député atypique a marché pendant 8 mois et 6000 km pour rencontrer les français. Retour sur ce
Jean Lassalle
périple qui vient tout juste de s'achever à Paris et lui a valu quelques minutes d'antenne de la part des grands media.

L'homme

Ce fils de berger est maire de son village des Pyrénées Atlantiques, Lourdios-Ichère (150 hab.), depuis qu'il a eu 21 ans. Député du modem, chose rare, il prend systématiquement des chemins de traverses: il interpelle Sarkosy à l'Assemblée en chantant, il fait une grêve de la faim de 41 jours couronnée de succès pour empêcher le départ d'une usine Sony de sa circonscription et maintenant ... il marche.

Et il attrape ampoules et rhumes mais rencontre aussi au hasard de son périple 20 personnes par jour qui ne sont pas intimidées et lui disent ce qu'elles ont à dire. Ajoutons que le personnage à tout pour me plaire: un accent basco-pyrénéen à couper au couteau, un fils qui joua dans l'équipe de France de Rugby des -21 ans, un charisme simple mais réel ...


Le message

Les français ont peur, détestent leurs élus et ne croient plus en l'Europe. On le savait. Il rejoint ce que nous disions dans nos articles antérieurs sur la détestation des élus et des élites (publiques et privées) ce qui nous met devant une crise de la représentation au sens large. Rien de nouveau non plus sauf que peut-être il y a le constat que les "vrais" gens sont peut-être plus conscients des réalités que ce que l'on croit parfois comme le montrent les bonnets rouges. Et puis il y a aussi le constat réel et direct que font par ailleurs mais en chambre, les sociologues à savoir la décomposition des liens sociaux qui faisaient la matière du pays. Quoi après alors ?

Périple de Jean Lassalle
Ce qui me plait dans cet élu pas ordinaire c'est qu'il n'affiche ni optimisme, ni pessimisme, il part de la réalité brute. Par exemple, quand des gens veulent lui cracher dessus ou quand on lui tient des propos racistes ou xénophobes, il ne se dérobe pas. Et les gens finissent par lui emboîter le pas et marcher avec lui.

De passage à Florange, photo Loreina TV
Les symboles

La marche: rappelez-vous il y a quelques mois, je republiais un livre de lecture pour enfants, livre de morale républicaine et nationale, qui racontait l'histoire symbolique de deux enfants alsaciens-lorrains qui marchaient pour retrouver leur identité perdue et celle de leur pays vaincu et dévasté après 1870 ... Jean Lassalle ne l'a peut-être pas fait exprès mais il retrouve-là une veine qui est peut-être bien celle de l'urgence et aussi celle d'après la violence.

La non-violence: il nous dit que les gens espèrent que ça va "péter" et qu'en même temps, il ne veulent pas devenir violents. Enjeu majeur que j'ai cité souvent dans ce blog. Pouvons-nous changer et changer le mode de changement aussi ? Il dit que oui car les gens qu'il rencontre sont conscients, en colère mais également qu'ils changent eux-mêmes à leur niveau. Qu'ils ont envie ... encore. J'ai lu un livre récemment qui propose l'idée de "vie-o-lence" ...

L'imperceptible: On entend les arbres qui tombent, les forêts qui brûlent, Jean Lassalle semble avoir essayé de regarder les brins d'herbes qui poussent.

Le "slow": j'entendais une femme chef d'entreprise récemment dire, en exprimant une souffrance non-jouée sur son visage que même dans les entreprises, on n'en peut plus de faire les choses toujours trop vite et que les salariés veulent enfin avoir le temps. Lassalle, lui, à 58 ans a marché à son pas c'est-à-dire lentement car son corps semble lui avoir imposé des limites et pourtant, il totalise déjà pas loin de 5000 personnes rencontrées ... plus que la plupart des échantillons sondagiers ...

En quoi sommes-nous concernés ?

Simple excentrique qui fait du buzz ou phénomène de fond qu'un sage atypique révèle ? Première remarque que l'on peut faire: "ah oui, c'est très tendance de marcher". Sans doute et le coup médiatique semble avoir fonctionné. Mais et si encore une fois cette réaction-là n'était de nouveau qu'une manifestation du syndrome de l'imbécile qui regarde le doigt du sage qui montre la lune ?

En tous cas, si l'heure est effectivement grave et qu'il importe de changer la société et le mode de changement avec, d'autres ont utilisé cette méthode, la Marche, avec quelques résultats. Souvenez-vous de ce que j'écrivais sur les chemins d'Abraham et il y a plus longtemps d'un certain Gandhi ...

Je vous suggère de suivre l'évolution de ce marcheur-fou ... peut-être pas fou du tout.

Pour en savoir plus: http://la-marche-2013.over-blog.com/

jeudi 5 décembre 2013

La gouvernance française peut mieux faire

Suite à mes divers articles sur la Gouvernance démarrés par une réflexion sur la Morale Publique, voici une courte référence extérieure proposée par l'ONG Internationale "Transparancy": la France doit beaucoup mieux faire.

Transparency International France 

Cette ONG appelle à faire enfin de la lutte contre la corruption et de l’éthique publique une Grande cause nationale. Les coûts de la corruption en période de crise - pour les finances publiques, pour la confiance des citoyens - font qu’il y a urgence à mettre en œuvre un véritable plan national d’action.

Elle incite (voir ici) l'ensemble des citoyens mais aussi le gouvernement, les élus, les entreprises, et toutes les organisations de la société civile à soutenir son appel.

De quoi s'agit-il ?

De classer les pays selon la perception de la corruption pratiquée par ses représentants et institutions.


La vidéo ci-dessus décrit sa campagne de signatures actuelle en France, la suivante est un extrait de reportage réalisé par une chaîne africaine.


Qu'est-ce que cela nous apprend ?

Vous comprendrez que les faits visés par nos précédents articles relatifs à l'Ecotaxe et pas encore au centre du débat sur cette mesure fiscale relèvent bien de l'objet de cette ONG. Mais ils ne sont pas encore "perçus" par elle car aucun jugement n'est encore intervenu. Que dit le rapport publié cette semaine ? Le rapport pourrait être plus transparent lui-même sur sa méthode. Il décrit essentiellement la perception de la chose dans l'opinion et à travers l'arsenal judiciaire. Attention, ce point capital est généralement oublié par les journalistes simplificateurs. Je crains que le sujet ne nécessite une méthode nettement plus incisive. C'est pourtant déjà un début.

La France se place au 22ème rang mondial, 9ème européen, voici la carte:

Le rapport illustre son propos de cas jugés. Il indique que des lois et des mesures ont été prises récemment en France (qu'il reste à appliquer) et que donc les choses vont dans le bon sens mais que notre pays n'est pas ce phare planétaire que l'on se plaisait parfois à imaginer et à présenter en exemple au monde médusé ...

Ce sont sans surprise les partis politiques qui sont présentés comme les plus corrompus ...

L'arbre qui cache la forêt ...

Ce rapport a le mérite d'exister. Il a deux limites. Il classe un résultat qui confond un phénomène et la plus ou moins grande habileté de ses auteurs à le dissimuler ... Or notre toute puissante "Puissance Publique" est très habile et très complexe ... Ensuite, comme nous l'avons vu avec l'Ecotaxe et avec la Douane en général, il ne s'agit pas seulement de la corruption de quelques Cahuzac. Ce serait trop simple. Il s'agit certes de corruption de la part d'élus ou de gouvernants mais pas seulement et aussi de dysfonctionnements structurels et de profonde incompétence, terreau dans lequel la corruption prend alors plus facilement racine aux niveaux intermédiaires et subalternes.

En quoi sommes-nous concernés ?

Le rapport a une intéressante conclusion que je prends comme une hypothèse et non comme une vérité révélée. Il met en évidence que les pays les plus corrompus en Europe (Italie et Grèce) sont aussi les plus endettés ... Une piste donc qui semblerait nous indiquer que chasser la corruption de la maison n'est pas seulement une mesure vertueuse, bonne pour la Morale et le Salut de nos Âmes, mais qu'il y aurait peut-être une vraie corrélation entre corruption et qualité des résultats économiques et sociaux...