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mardi 8 octobre 2013

Le micro-crédit a le vent en poupe

Babyloan a fêté ses 5 ans le 2 octobre,  à l'espace au Comptoir Général, quai de Jemmapes dans le Xème à Paris, j'y étais. Le concept prend racine, la start up s'étoffe et l'on apprend que le micro-crédit va être facilité.

La croissance d'une start up solidaire

A l'occasion de TEDxLaDéfense, je vous présentais cette plateforme et son dirigeant il y a maintenant 15 mois. Comme le montre l'évolution du bandeau de son site ci-dessous entre ces deux dates, la croissance relative de cette activité est significative:


En cinq ans, ce site s'est imposé comme le n°2 mondial du domaine dans le monde. Certes, les montants sont encore faibles en valeur absolue mais les banques traditionnelles s'y positionnent. On sent qu'au delà des critiques pessimistes sur les méfaits de la finance mondiale dont nous nous sommes faits l'écho dans ce blog, il s'agit bien d'une piste de financement de l'économie dite solidaire qui s'impose peu à peu dans les esprits. La goutte d'eau fait une petite flaque et c'est heureux car pour moi l'économie solidaire n'est autre qu'une forme émergente de l'économie tout court.

Je vous avais dit que j'avais moi-même décidé de faire un prêt pour voir. Le projet que j'avais choisi était celui d'une jeune maman palestinienne éleveuse de lapins, il était proposé par une ONG locale, IMF. Ce prêt est désormais remboursé à 75%. L'expérience montre aux Babyloaniens que malgré les risques présentés par la plateforme, eh bien, ces prêts sont remboursés dans une très forte proportion. Cela permet au prêteur de récupérer son argent moins les frais initiaux versés à la plateforme ou de prêter à nouveau à un autre projet. C'est ce qu'ils choisissent la plupart du temps. C'est ce que je ferai.

Babyloan nous a présenté plusieurs entrepreneurs et aussi des collégiennes d'une école participant à un programme scolaire qui associe les classes volontaires au parrainage de certains projets que les élèves choisissent eux-mêmes. 

Les perspectives

Le gouvernement avec qui cette plateforme et d'autres sont en relation serait en train d'assouplir les règles permettant le prêt solidaire c'est-à-dire sans intérêt comme celui que pratique Babyloan mais aussi le prêt de particuliers avec intérêt. Ces mesures, si elles sont votées, permettront sans doute un essor encore plus important de la formule. Les projets financés en France sont déjà une réalité comme nous l'avons constaté avec deux témoignages mais devraient devenir plus communs. Nous avons aussi appris que d'autres pays assouplissent leur législation sur le contrôle des changes, c'est ainsi que le Maroc par exemple s'ouvre désormais et que Babyloan présentera prochainement des projets marocains.

Babyloan prépare de nouveaux projets capitalistiques visant à assurer son développement même si Arnaud Poissonnier, son président, indique qu'elle devrait rester dans le domaine des prêts sans intérêt. Des estimations indiquent que l'ensemble de ce nouveau secteur financier pourrait atteindre un volume d'encours de l'ordre de 6 milliards d'euros d'ici 8 à 10 ans.

En quoi sommes-nous concernés ?

Nous avons évoqué ici et à TEDx le fait que l'humain et le profit pouvaient se conjuguer. Il semble que cet exemple, certes encore tout petit, montre que c'est possible. La meilleure façon que vous auriez de vous en convaincre serait de faire comme moi: essayez. Ce n'est même pas de l'argent perdu !

Peut-être un jour prochain, les PME classiques pourront-elles se financer de cette façon ? Pour que ceci advienne il faudra que beaucoup d'autres choses changent mais enfin, en attendant, je voulais déjà partager cette note d'espoir car elle rejoint le thème d'une autre de nos intervenants de TEDxLaDéfense sur le financement de l'innovation. Il s'agit de Geneviève Bouché, ex-dirigeante de start up et présidente d'un club de Business Angels dont j'ai eu le plaisir de publier le dernier ebook que voici: Des business angels au crowdfunding


samedi 22 décembre 2012

Babyloan rembourse

Le microcrédit On Line fonctionne. Le n°2 mondial de la micro-finance en ligne, Babyloan, vient de me rembourser une première annuité suite à mon investissement dans un projet de cages à Lapin en Palestine il y a deux mois. 

Vous voulez savoir de quoi il retourne, cliquez ici. Voici, à droite, ma "protégée" (et d'une poignée d'autres babyloaniens), Samaher, qui a décidé d'élever des lapins pour arrondir ses fins de mois, son mari travaillant à distance du domicile.

Nous avions parlé de ce thème à plusieurs reprises notamment à l'occasion de l'intervention d'Arnaud Poissonnier le dirigeant de Babyloan.com à TEDxLaDéfense, .

Voici la preuve de mon premier remboursement:

Un rappel, dans le cas de Babyloan, vous vous inscrivez gratuitement sur le site. Vous investissez une somme (généralement quelques centaines d'euros, parfois moins) sur un projet de votre choix présenté par une ONG partenaire. Vous réglez une commission symbolique à Babyloan. Et ensuite le site vous crédite en fonction des échéance de l'emprunteur jusqu'à la dernière échéance. Pour les techniciens, précisons que l'absence d'intérêts et le commissionnement permettent à Babyloan de fonctionner en passant outre les obligations liées aux établissements de crédit qu'il devrait satisfaire si le prêteur était rémunéré. Petite vidéo de présentation générale ci-dessous:



Outre qu'Arnaud (ci-dessus) est devenu un ami après avoir été un brillant orateur de notre TEDx, je n'ai pas d'autre intérêt à vous faire connaître cette initiative sympathique que je vous conseille pour vos cadeaux de Noël. Amenez vos amis et vos proches à aider des micro-entrepreneurs dans le monde (et en France) avec la carte Cadeau:
Pour le faire, cliquez ici:http://www.babyloan.org/fr/passports

Bonne chance et Joyeuses fêtes à vous, à Samaher et aux babyloaniens.

vendredi 20 juillet 2012

Arnaud Poissonnier: vers la banque citoyenne universelle

Le dixième intervenant de TEDxLaDéfense vient du monde de la finance et dirige le deuxième site de micro-crédit sur internet de la planète. Il dit lui-même que c'est encore peu et pourtant la croissance est forte et les perspectives sont prometteuses.

Son angle de vue:

Arnaud est un banquier "dissident" et aussi un pragmatique comme souvent l'aiment à le dire les gens qui savent compter ... Il nous fait part de son expérience dans un domaine en forte croissance et porteur de sens:

Voici la vidéo:


Court résumé:

En tant que dirigeant d'une start up démontrant déjà de belles réussites, notre intervenant témoigne de la difficulté de lever des fonds, les ROI attendus sont désormais de 33% ! Le risque économique perçu par les investisseurs les conduit en effet à être plus restrictifs ... enfin surtout quand il s'agit de financer une entreprise qu'elle soit sociale ou classique !

Il commence à nous expliquer qu'il doit son parcours plutôt brillant, à son côté cancre puis à son intérêt pour le micro-crédit rencontré grâce à l'ONG Actaid. Au passage, notons l'anecdote de Mme Karimov qui reçoit quelques centaines d'euros et ... qui est heureuse de remercier. Le lien toujours le lien ...

Le micro-crédit ...:
90% de la population planétaire n'a aucun accès au crédit.
15% en France pour 50% dans les pays pauvres sont les taux d'adhésion à la création d'entreprise.
Le micro-crédit popularisé par M. Yunus permet la création de la petite activité d'auto-subsistance surtout quand on n'a pas possibilité d'être salarié ... Il représente 65 MM$ d'encours en 30 ans et concerne 200 millions de personnes dont 75% de femmes ... Un triplement est tout à fait possible à court terme.

... auprès du grand public:
Les sources de financement du micro-crédit étaient classiques jusqu'à ce que Kiva ait eu l'idée de solliciter le grand public via internet. Au passage Kiva est un des fellows Ashoka ce qui nous renvoie à l'intervention d'Arnaud Mourot. 160 millions de $ ont été levés et prêtés ainsi par des plateformes de micro-crédit comme Kiva ou Babyloan.com avec une moyenne de 200$ par prêt. Ce représente un quart de pourcent de l'encours mondial du micro-crédit. Kiva se préoccupe moins de la faiblesse actuelle de leur encours que de l'effet réseau à déclencher ... un modèle à la Facebook !

Le micro-crédit est une des briques de la finance d'un possible nouveau monde. Une brique qui double de taille tous les 18 mois et qui s'appuie sur les nouveaux modèles que permettent l'internet en bypassant la banque traditionnelle qui de toutes façon délaisse 90% du marché planétaire disponible. C'est ce qu'Arnaud nomme la Banque Citoyenne Universelle qui, en plus, rend les bénéficiaires plus heureux !
Image tirée du site de Babyloan.com
 En quoi sommes-nous concernés ?

Tout d'abord, si vous désirez réaliser de petits investissements rémunérés et utiles, voilà une piste citoyenne. Sachez au passage que le taux de défaut du micro-crédit est plus faible que celui des prêts bancaires classiques ... plutôt sympathique à savoir par les temps qui courent ... en attendant les premiers défauts de nos banques bien établies.

Ensuite, pour les jeunes "nantis" nourris aux réseaux sociaux et désireux de participer à des actions de développement, voici un véhicule à étudier.

Enfin, votre entreprise ou votre collectivité locale peuvent s'associer à une plateforme comme celle-ci pour développer un engagement citoyen de ses cadres et employés ou un système "glocal" de co-financement. En effet, une entreprise qui souhaiterait promouvoir des actions réellement citoyennes et solidaires peut se rapprocher de Babyloan et monter ses propres actions. Et dans l'autre sens, pourquoi financer des projets seulement loin de chez nous. Babyloan peut également s'appuyer sur une ONG locale en France pour favoriser des investissements dans des projets dans tel ou tel territoire français qui en aurait besoin .... c'est toujours ce qu'elle fait à Manille ou Arusha ...

Retrouvez son blog: http://blog.lefigaro.fr/babyloan/arnaud-poissonnier.html
et le site de Babyloan: http://www.babyloan.org/fr/

La goutte d'eau dans un océan bleu:

Lorsque nous avons préparé ce "talk", Arnaud m'a parlé de cette image de l'océan bleu par opposition à l'océan rouge. Le premier symbolise le monde nouveau, à créer. Le rouge c'est celui, surpeuplé, de l'hyper-compétition. Alors, le choix de cet ancien grand banquier a été d'aller nager dans les eaux où personne ne va. 90% de la population n'a pas accès à la banque et cela veut-il dire que cette humanité-là ne pourrait pas faire bon usage d'un peu de cash ? Or pour ces démunis, il n'y avait pas d'offre. Le micro-crédit est une goutte d'eau dans la finance mondiale et le micro-crédit via le net est une goutte d'eau dans la goutte d'eau. Mais c'est de l'eau bleue, le champ est libre ... Les perspectives de croissances sont énormes.

Il s'agit d'une brique, là-encore, une solution à côté de quelques autres qui commencent à nous faire imaginer qu'une autre croissance est non seulement possible mais absolument nécessaire. Il s'agit aussi d'une illustration de ce que peut être l'économie "inclusive" c'est-à-dire s'intéressant à inclure les plus pauvres. Là, le saut quantique est permis par l'internet qui relie directement les emprunteurs via les ONG locales et le citoyen-investisseur. Nous verrons avec la prochaine conférence, celle d'Isabelle Raugel, d'autres illustrations et surtout qu'il s'agit probablement du surgissement d'une autre forme de Business Models.

samedi 26 mai 2012

Le "social business" selon le Professeur Yunus et danone.communities

Merci à Didier de m’offrir la primeur des articles-invité de son blog. Je visite « Le dire et le faire » depuis ses débuts et ai déjà participé à la discussion via des commentaires. Aujourd’hui, je voudrais vous faire partager les réflexions que m’a inspirées une conférence à laquelle j’ai assisté le 15 mai dernier à la Maison de la Mutualité à Paris.

http://www.flickr.com/photos/danone-communities/7249189814/

La conférence

Cette conférence a été organisée par danone.communities, l’incubateur d’entreprises dans le domaine du social business de Danone, pour fêter ses 5 ans d’existence. L’invité principal en était le Professeur Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank et Prix Nobel de la Paix en 2006. Au programme, après un début en retard qui a été l’occasion de constater la motivation des 2000 participants dans la file d’attente :
  • En introduction, l’état des lieux des projets de danone.communitiesAutour d’une table ronde, les grands enseignements tirés par les gérants des projets les plus aboutis de danone.communities : Grameen Danone Foods Ltd., les Shokti Ladies, 1001 Fontaines pour demain, Naandi Foundation et La Laiterie du Berger
  • Le témoignage d’une demi-douzaine d’entrepreneurs sociaux partout dans le monde
  • Un éclairage sur le social business en France
  • Enfin, sous la forme humoristique d’une interview de Muhammad Yunus par Franck Riboud, Président Directeur Général de Danone, un retour sur la genèse et le développement de la Grameen Danone Foods Ltd.
A la suite de la conférence, un cocktail était organisé à l’étage pour permettre aux participants de rencontrer les différents entrepreneurs sociaux présents sur leurs stands et d’échanger entre eux.

Ce qui m’a frappée

Au-delà du rythme excellent de la conférence, de la richesse des retours d’expérience des différents intervenants et de la simplicité du langage tenu, ce qui m’a frappée dans cette conférence a été l’accent mis sur la question d’être « en accord avec soi-même », sur la nécessité de faire parfois des choix pas exactement rationnels car « après tout » ils ne mettront pas à eux seuls en cause la pérennité de nos activités, sur l’importance à certains moments-clé de faire les choses simplement parce qu’on y croit.

Franck Riboud, ainsi qu’il le raconte, a voulu « être copain » avec Muhammad Yunus et a fait ce qu’il fallait pour : le harceler par courrier pour le rencontrer, lui apprendre que pour aller du Bengladesh à Deauville, on passait nécessairement par Paris et enfin, être tellement d’accord avec le Pr. Yunus qu’il en est venu à se demander si Franck Riboud comprenait bien son anglais.

 

Ce dernier a voulu pousser plus loin et explorer les possibilités qu’ils avaient de travailler ensemble. La Grameen Danone Foods Ltd. s’est élaborée et réalisée à ce moment-là. Malgré les questions de la presse à l’époque sur qui utilisait qui, la Grameen Danone sert aujourd’hui surtout à améliorer la nutrition et le développement des enfants au Bengladesh grâce à un yaourt fortifié en micronutriments et à réduire la pauvreté en incluant les communautés locales dans la chaîne de valeur.

En quoi cela nous concerne-t-il ? 

1) Le social business, c’est en France aussi. Comme l’action humanitaire, il peut trouver son terrain d’action en bas de chez soi dans des activités permettant la réinsertion de personnes marginalisées, l’aide aux plus démunis, l’accès aux soins de santé pour nos seniors, l’alimentation des nourrissons dans les familles vivant sous le seuil de pauvreté, etc.

2) Puisque notre vie professionnelle nous prend beaucoup de temps et d’énergie, pourquoi ne pas faire en sorte qu’elle aille au-delà de la production de richesse économique ? Pourquoi ne pas lui donner du / encore plus de sens et donner à nos compétences un levier d’action plus grand ? A l’inverse des actions humanitaires principalement soutenues par les subventions, les dons et le bénévolat, un « social business » est conçu comme une entreprise classique : avec des produits et services, des clients, des fournisseurs, des marchés, des charges et un chiffre d’affaires. La seule différence avec un « business tout court », c’est qu’il remplace la dimension de maximisation du profit par celle du bénéfice social et les profits réalisés par l’entreprise ont vocation à y être réinvestis pour assurer son développement.

L’élément de sérendipité du jour

La sérendipité, comme elle a été présentée dans l’article Edward Tenner : les conséquences inattendues de l’innovation, est la capacité et le fait de découvrir des choses auxquelles on ne s’attendait pas. A cette conférence, j’ai vu mise en œuvre une technique que j’ai découverte il y a bien longtemps dans un documentaire et que je n’avais jamais rencontrée dans la « vraie » vie.

La conférence était selon les moments et les intervenants en français ou en anglais et nécessitait une traduction en temps réel. Pas d’interprète sur scène pour traduire les discours au fur et à mesure, ce qui aurait rendu la conférence unilingue et pas de traduction par casque puisque la salle n’était pas équipée pour cela. La conférence a donc été sous-titrée, tout du long, sur les écrans latéraux qui affichaient également les images filmées des intervenants sur scène. Lorsque l’intervenant s’exprimait en français, un traducteur produisait les sous-titres en anglais et lorsque l’intervenant s’exprimait en anglais, un traducteur anglais-français prenait le relais.

Le sous-titrage, même s’il était soumis aux aléas du direct, a rempli son rôle et permis à chacun de suivre la conférence dans la langue qu’il maîtrisait le mieux, voire dans les deux langues.

En quoi cela nous concerne-t-il ? Voilà une technique efficace à garder à l’esprit pour tous ceux qui rencontreront des problématiques semblables dans l’organisation d’évènements dans un monde de plus en plus interconnecté où l’on ne peut plus accepter que les langues soient une barrière au partage d’un discours ou d’une idée.

Hanashi

mercredi 22 décembre 2010

La micro-finance s'organise, l'exemple de PlaNet Finance

J'ai ouvert une série de petits flashes sur le micro-crédit parce que cette démarche issue des pays les plus pauvres est porteuse d'espoir même en Europe à l'heure où l'on désespère à juste titre de la finance mondialisée.
Mais n'ayant jusqu'ici proposé que des références anglophones, notamment avec une vidéo de M. Yunus et un reportage de la télévision indienne et toujours dans l'incapacité de proposer un doublage, voici un petit film sur PlaNet Finance, cette ONG dirigée par Jacques Attali. Il présente en français ce qu'est le micro-crédit et aussi des outils au service de la micro-finance:
PlaNet Finance - Film institutionnel 2009


Je reste convaincu que ce type d'initiative est la meilleure réponse à la crise financière et à la déprime générale. Pour aller plus loin, découvrez l'ouvrage de Jacques Attali: Voyage au coeur d'une révolution : La microfinance contre la pauvreté

lundi 20 décembre 2010

Micro-finance: un moyen pour une fin !

Mon dernier billet sur la micro-finance a attiré des visiteurs et quelques remarques. Merci à vous, cela montre que ce blog est un peu lu et que les sujets développés ne sont pas si confidentiels après tout ! Voici donc un petit reportage en Inde qui donne un état des lieux qui me semble assez équilibré du micro-crédit:

Le succès initial du micro-crédit ne se dément pas. Ce reportage reconnaît l'effet bénéfique de cet instrument innovant qui est une sorte de moyen de démultiplier les circuits de distribution du crédit pour les mettre à la disposition des plus pauvres. Seulement au départ de la Grameen Bank, il y avait un homme, M. Yunus, à la fois personnellement capable de garantir les prêts lui-même, suffisamment riche lui-même pour ne pas être tenté de puiser dans la caisse, compétent et réellement voué à aider les autres.
Pour aller plus loin je vous propose de lire: Vers un monde sans pauvreté
Vous noterez au passage, qu'il s'agit de procurer à ces micro-entrepreneurs un complément de "working capital" afin de leur permettre d'investir dans leur propre activité. Il ne s'agit donc pas de prêts à la consommation.
D'autres ont imité son succès sans avoir ces caractéristiques. Ainsi certaines "MFI" (Micro-Finance Institutions) se re-finançaient auprès des banques ce qui explique dans ce cas des taux d'intérêt excessifs et étaient mal gérées d'où au final les situations dramatiques décrites dans l'article de la BBC auquel je réagissais Samedi. 
Autre élément de concurrence pour les MFI: les "Self Help Groups". Ces associations mutuelles de femmes peuvent ouvrir des comptes en banques et recevoir des dépôts ce qui leur permet de proposer des crédits à de meilleurs taux. Pourquoi faudrait-il s'en plaindre ? Nous sommes-là au contraire au coeur du système bancaire originel: l'argent est mis en commun pour des utilisations de proximité dont les femmes sont les garantes. On y développe le Business ET le lien social. Ce système est actuellement encouragé par le gouvernement et par les banques commerciales classiques.
Ce sont les femmes qui empruntent et remboursent ce qui leur donne un rôle important même si elles n'ont pas pour autant un droit de regard dans les activités de leurs maris.
Le dernier intervenant nous ramène à la sagesse: la Micro-finance est un moyen au service d'une fin mais cela ne suffit pas pour éradiquer la pauvreté, il faut aussi du travail, de la compétence et du savoir. La grande presse a certainement trop monté en épingle ce phénomène qu'il faut cependant soutenir. Et lorsque certaines MFI commettent des erreurs, on voudrait  tout remettre en cause ?
Non. comme je l'ai déjà écrit, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain. Et de plus, à l'heure où la crise financière ne s'éloigne que pour les banques ... et que les émules de Cantonna voudraient tout mettre à bas, je trouve que le micro-crédit nous renvoie une image saine de ce à quoi peut et doit servir la finance, y compris chez nous: mutualiser pour investir dans des activités productives de richesses et de lien social.

samedi 18 décembre 2010

Micro-crédit : Yunus plutôt que la BBC !

Pour une fois, je m’essaie ici à produire une réaction personnelle directe à un article qui m’a été transmis sur l’un des sujets auxquels je crois et qui se trouve injustement traité.
Dénonciation d’un mauvais amalgame :
L’article de la BBC est en lien dans le résumé ci-après. La photo ci-dessous en est tirée:
La déprime ambiante qui fait bon ménage avec les tendances naturelles de la grande presse ne touche donc pas que la francophonie.
Profitons-en pour faire une analyse sérieuse de l’information donnée.Faut-il se prémunir contre le micro-crédit ? Ou le réguler ? De quoi parle l’article ?
Un certain nombre de suicides ont eu lieu en Inde de la part de gens sur-endettés. Pas de statistiques mais quelques très tristes histoires individuelles. Ces villageois se sont modestement endettés pour des dépenses (santé,  éducation, logement) qui, toutes, viennent essayer de remédier à une lacune des autorités du Pays ou de l’Etat concernés. Ces sommes sont modestes pour nous (d’où certainement la comparaison avec le micro-crédit) mais représentent beaucoup pour ces personnes pauvres qui ont préféré se suicider … Et de conclure à la nécessité de se méfier du micro-crédit !
Regardons de plus près : l’article nous dit qu’il s’agit en moyenne de dettes de 660$ pour des revenus annuels de 1060$. Supposons que l’endettement soit pris sur 4 ans cela voudrait dire une charge de remboursement de l’ordre de 220 à 250$ compte tenu de taux d’intérêts de plus de 20%.
Ces familles sont dans les limites « acceptables » habituellement par nos banques et sociétés de crédit (environ 30 à 33%). Ces taux d'intérêt sont excessifs pour une inflation indienne inférieure à 6% l'an mais, toujours selon cet article, ils sont inférieurs de moitiés aux taux pratiqués par les prêteurs locaux traditionnels au sujet desquels je vous conseille de revoir le film tiré du roman de Roland Roffé « la cité de la joie » pour apprécier les méthodes de recouvrement …
L’article précise aussi que vraisemblablement, ces prêts ont été agressivement proposés par des commerciaux qui n’ont pas vérifié si les familles pouvaient rembourser. Tiens, amusez-vous à visionner le sketch de Sillig sur le vendeur de voitures (la partie crédit arrive à la fin !). C’est un problème très connu en Europe, le Cetelem et d’autres sont en effet à l’origine de beaucoup de dossiers de surendettement et pourtant ce ne sont ni des usuriers, ni des sociétés de micro-crédit !
Qu’est-ce que le micro-crédit en réalité ?
Il s’agit de très petits crédits d’équipement remboursables rapidement pour permettre à un artisan d’amorcer son activité. Mohammed Yunus, économiste et créateur de la Grameen Bank et prix Nobel de la paix en 2006, a commencé ce système au Bangladesh en finançant  par exemple à un pêcheur l’achat d’un filet pour 20$ ! Cela permet à une famille de se nourrir. Et vous savez-quoi ? Cela fonctionne car si vous mettez un filet dans les mains d’un pêcheur dans un endroit où il y a du poisson, il pêche ! Sous réserve qu’il puisse monétiser un léger surplus, le filet est vite remboursé !
Je n’ai pas encore trouvé le moyen de traduire cette vidéo, mais je vous demande de noter au moins les données suivantes :
1.       Les bénéficiaires n’ont aucune autre façon de financer le premier $ de leur investissement.
2.       Tous les prêts sont garantis par des dépôts à 100%.
3.       98% des prêts sont remboursés sans retard.
Rien que cela devrait nous amener non pas à tout jeter en bloc mais à concevoir des systèmes financiers efficaces et respectueux des liens sociaux comme l’est le micro-crédit.
Mais le plus fascinant, c’est qu’alors que M. Yunus, cherchant à s’appuyer sur les banques existantes a été obligé de garantir personnellement les premiers crédits afin de prouver la validité du modèle, les banques traditionnelles ont encore refusé de reformer leurs idées préconçues. C’est ainsi que naquit la Grameen Bank ! Et si ce dont nous manquions, y compris en Europe, ce n’était pas tout simplement d’ouverture d’esprit et de courage pour faire confiance à ceux qui ont besoin de se nourrir ? Pour aller plus loin, je vous conseille de M. Yunus: Vers un nouveau capitalisme
En quoi cela nous concerne-t-il aussi ?
L’article de la BBC est donc un article superficiel qui fait un amalgame entre micro-crédit (plus de 300 millions de micro-crédits ont été distribués) et vraisemblablement de mauvais petit crédits à la consommation « vendus » à la sauvette à des gens modestes par de mauvais banquiers (M. Yunus les appelle "the new loan sharks").
Je réagis pour deux raisons : les inconduites de certains (à mon avis inévitables) ne doivent pas mener à de tels amalgames. Il n’est pas sérieux de jeter le bébé avec l’eau du bain. Et nous ne devons pas accepter cette défiance irrationnelle et mortifère que je lis sur de nombreux blogs qui ne savent que se plaindre sur le thème : « la crise nous lamine, c’est la faute de la finance, donc des banquiers donc d’un petit nombre de profiteurs donc l’entreprise est morte, le système capitaliste agonise et d’ailleurs la mer monte et nous ne faisons rien … ». Si pour faire échos à M. Cantona, nous retirons tous nos sous en même temps des banques nous détruirons la système mais par quoi allons-nous le remplacer ? Les plus pauvres chez les plus pauvres nous montrent peut-être une voie !
La situation est effectivement difficile, raison de plus pour soutenir les initiatives qui réussissent et qui comme le vrai micro-crédit, justement, se préoccupent sérieusement des plus vulnérables !
Pour ma part et plus près de nous (en France), je soutiens le travail que fait Ashoka.