dimanche 25 novembre 2012

Radi Aid

Quand le paradoxe et l'humour prennent le pouvoir ... L'Afrique au secours de la Norvège !



Vue près de 1,2 millions de fois, il semble que certains n'en aient pas compris l'humour. Tant pis.

C'est Etienne Hayem qui me transmet cette vidéo très mélodique.

jeudi 22 novembre 2012

La gouvernance de la France par le roi de Prusse

Que dire de l'actualité ? Je vous propose de poser la question au ... roi de Prusse, Frédéric II afin de prendre un peu de recul ! Voici donc un texte tiré d'un document jamais publié en France. 

La puissance de la France:

Après l’Allemagne, la France est la monarchie la plus puissante de l'Europe; mais les Etats ne sont que ce que les font les hommes qui les gouvernent. On peut prévoir presque avec sûreté que les rois de France, vu la mauvaise éducation qu'on leur donne, seront tous des princes faibles. Leurs gouvernements seront pareils au nom près à ceux de la race carolingienne (NDLR: les Mérovingiens en fait), des rois indolents déposaient l’autorité royale entre les mains des maires du palais. Heureux seront encore les Français, si la nation se trouvait gouvernée par un premier-ministre; au moins leur politique sera-t-elle liée à un système, au lieu qu'à présent tout va au hasard, et que les ministres, chefs des départements, sont plus jaloux de leurs collègues que des ennemis du royaume.

Le malheur de la France: la division

Le plus grand malheur qui peut arriver à la France dans l'ordre des choses possibles et prochaines, c'est l’extinction de la famille régnante. Deux partis s'élèveraient d'abord les uns contre les autres, celui d'Espagne et celui d'Orléans, d'où se suivraient des guerres civiles. Ce serait alors que les ennemis de cette couronne auraient beau jeu, et qu'ils contribueraient à la déchirer et peut-être même au démembrement de ses provinces. Personne ne pourrait, dans une pareille confusion, empêcher la maison d'Autriche de reprendre l’Alsace et la Lorraine ; peut-être que les Anglais feraient une irruption en Normandie et Bretagne, et c’est à savoir si ces puissances ennemies ne parviendraient pas à partager la monarchie entre l'Espagne et le duc d'Orléans, à condition de conserver leurs conquêtes. Mais le Dauphin est un prince qui peut voir augmenter sa famille et la race régnante peut se perpétuer et conserver la couronne. Si cela arrive, on trouvera dans ce qu'il y a d'histoires de France, l'histoire future de ce royaume.

La mollesse des dirigeants et les immenses ressources du Pays:

Souvent malheureux à la guerre par sa négligence, il s'est relevé soit par ses ressources immenses ou par l'habileté de grands capitaines qui ont commandé ses armées. Les entreprises malheureuses de Louis XII sur l'Italie n'affaiblirent point le royaume. A peine François Ier fut-il sorti des prisons de Madrid, qu’il obligea Charles-Quint de lever le siège de Metz. La France, perdue sous Henri III, devint redoutable à ses voisins sous Henri IV. Louis XIV fut près de succomber pendant la guerre de la succession; il se releva par la paix séparée qu'il fit avec la reine Anne d'Angleterre, et par le gain de la bataille de Denain. Nous avons vu les affaires de la France, désespérées après la sortie de ses troupes de Bohême, prendre une nouvelle face sous la conduite du maréchal de Saxe qui, par le gain de trois grandes batailles et par la conquête de la Flandre et du Brabant, avait mis Louis XV en situation d'imposer des lois à ses ennemis. Mais la faiblesse du Roi et de ses ministres fit qu'il ne profita pas de la plus belle occasion du monde, pour ajouter cette conquête à son royaume.

Les abus et la vivacité:
La négligence et les abus qui sont dans ce royaume, feront toujours commettre de grosses fautes à cette nation, et sa vivacité qui la porte également au bien comme au mal, contribuera, selon qu'elle est poussée, à ruiner ou à relever ses affaires, sans qu'il soit possible de deviner ce qui arrivera. Cependant la grande mollesse où cette nation est plongée, ne l’empêchera pas de faire la guerre, surtout lorsque sa vanité l'engage à croire qu'il est de la dignité de la France de se mêler de toutes les affaires de l’Europe. Ceci peut être regardé comme une maxime, et vous pouvez compter qu'il ne se fera aucune guerre, pour peu qu'elle soit considérable, de laquelle la France ne soit mêlée bientôt.

En quoi ceci nous concerne-t-il aujourd'hui ?

Ressemblances fortuites ou inquiétantes ? A vous de voir chers amis, je voulais juste vous faire partager un extrait choisi de ce texte écrit en langue française entre Avril et Juillet 1752 par celui qui donna à l'Europe l'icône du despote éclairé. Ce texte ne fut traduit en allemand et publié qu'en 1920. Il n'est pas douteux que Bismark l'ait lu alors qu'il était encore secret ainsi, de nos jours, qu'Angela et tous les étudiants allemands en sciences politiques .

dimanche 11 novembre 2012

Trade not Aid 2/2

Suite de l'article de Lucy, étudiante en stage en Inde qui s'occupe de micro-crédit pour faire suite à nos articles sur "Humanisme et Profit".
(Billet invité)

Le nécessaire accompagnement

Je n’ai pris ce recul-là sur l’œuvre de la Grameen qu’en arrivant chez NCRC, où après la mise à disposition de l’argent, est mis en place un processus de suivi des partenaires. Ce processus comprend une réunion du groupe chaque mois, dans laquelle est dispensée une formation sur les bases du management. J’entends bien les bases, car à cette échelle du micro-entrepreneuriat, on revient de très loin: il faut être conscient que la majorité des "locaux" ne sait pas comment on calcule un profit. Ils ne séparent pas l’argent du commerce de celui de la maison. Ils sont ignorants du concept de capital et d’épargne. La relation avec le fournisseur est considérée comme très importante, à la base de tout commerce: un fournisseur doit être un ami, mais le problème qui se pose est alors celui de ses prix. Alors que la négociation avec les clients est une des caractéristiques de l’Inde, celle avec le fournisseur est souvent quasi inexistante. 

Le micro-crédit pour amorcer la relation

Voilà donc, pour moi, une des principales leçons d’NCRC. Le microcrédit, comme on me l’a expliqué dès le début, est d’abord  une base pour engager la relation avec les micro-entrepreneurs. Le but est de les aider à augmenter leurs revenus et plus généralement leur niveau de vie. En plus des formations basiques en management, des formations sur des sujets sociaux et médicaux sont dispensées. Des formations professionnelles sont dispensées par les membres eux-mêmes. Un conseiller en "business development" se déplace également lorsqu’il y a des problèmes difficiles à résoudre. Entrepreneurs du Monde offre un appui technique important en favorisant l’échange de compétences. L’équipe d’NCRC, composée uniquement de locaux et parfois de stagiaires étrangers, reçoit un partenaire d’Edm environ tous les deux mois. Phuong, la responsable Edm des services sociaux économiques d’Asie, m’a expliqué que pour elle, NCRC était un des partenaires les plus avancés dans ce domaine.

Appel à contributions

L’équipe, dont la moyenne d’âge se situe autour des 26 ans, est très dynamique et fait preuve d’une grande capacité d’ouverture, d’une envie d’apprendre. Ici, chaque volontaire ou stagiaire est le bienvenu avec ses compétences. Ses recommandations ou ses idées de projets sont écoutées avec attention par le directeur lui-même.  Il y a également un besoin constant de nouvelles formations dans les domaines précédemment décrits. Vous trouverez des exemples d’appels à compétences dans la rubrique « get involved » sur notre site web www.ncrcindia.org. Bien sûr, le côté financier est également à assurer. NCRC n’a pas encore atteint l’autosuffisance et doit en plus encore engager du personnel. Ici, je retrouve bien le contexte indien tel qu’on me l’avait décrit: le réflexe du financement humanitaire n’est pas encore bien installé dans le pays. Or, l’Occident se retire à grande vitesse de ce domaine, estimant que l’Inde est désormais à même de le prendre en charge. C’est vrai, d’un point de vue théorique et économique. Mais pas encore, hélas, d’un point de vue culturel. Il y aurait au moins besoin de volontaires venant essayer d’assurer la transition, d’éveiller un peu les investissements locaux. Je conclurai en vous souhaitant la bienvenue chez NCRC, si vous passez par Calcutta ! Et bien, sûr, bienvenue aussi aux éventuels échanges à partir de cet article.

Lucie Rosello, www.ncrcindia.org .

En quoi sommes-nous concernés ?

J'ai rencontré de nombreux entrepreneurs solidaires ces derniers temps qui s'ajoutent aux nombreux entrepreneurs "classiques" que je connais, j'ai le sentiment qu'un nouveau cycle naturel s'enclenche. En passant, en Inde ou près de chez nous, par les plus pauvres, les plus simples, une nouvelle version de l'entrepreneuriat prend forme en revenant aux sources, aux besoins de base, aux nécessités. Au passage, se posent les mêmes problèmes que toujours: commerciaux, de gestion, financiers. Et pour les résoudre, une nouvelle forme de capitalisme est en train de naître. S'y ajoute simplement semble-t-il la reconnaissance de l'importance de la relation. Nous retrouvons comme toujours: capital, compétences, savoir, travail et désormais un pilier supplémentaire: la solidarité.

Voilà donc par exemple comment se joue concrètement avec l'histoire de Lucy ce que nous avions abordé cet été sous le thème: "Humanisme et Profit". Nous avions dit nos convictions sur la scène de TEDxLaDéfense, Lucy (une autre "petite poucette")  était dans la salle et depuis, elle l'a vécu. Bravo et bonne continuation à elle.

dimanche 4 novembre 2012

Trade not Aid 1/2

Aujourd'hui la parole est à une étudiante en stage en Inde qui s'occupe de micro-crédit pour faire suite à nos articles sur "Humanisme et Profit".
(Billet invité)

S'adresser à des entrepreneurs

Je suis Lucie, étudiante à Audencia Nantes Ecole de Management, après des classes préparatoires littéraires et une licence de lettres modernes-philosophie. Je viens vous témoigner de mon expérience au Bangladesh et en Inde, au sein de la Grameen Bank et d’une petite ONG soutenant le micro-entrepreneuriat, Navnirman Community Resources Center.

J’ai été  très tôt sensible aux questions de développement. Du concept du commerce équitable, j’ai surtout retenu le fameux slogan « Trade not aid ». Du commerce, non de l’assistance. Donner du pouvoir aux gens, non les maintenir en consommateurs. Voir en eux des entrepreneurs, des artistes, des artisans qui peuvent gagner leur vie et apporter du profit. A partir de là, j’ai voulu partir à la découverte de ceux qui emploient leurs compétences à faire du commerce un instrument de développement.


Renforcer la relation

Mohammed Yunus a donné un coup de pied dans la fourmilière en propulsant le concept du microcrédit. Il a révélé à la face (voilée) du monde, qu’il fallait souvent quelques euros, à peine 3 paquets de cigarettes, à des gens pour monter leur affaire et se relever d’eux-mêmes. Oui, l’argent a bien des pouvoirs… malheureusement entravés par l’un d’entre eux ; celui, l’attrait, qu’il exerce sur nous même. C’est ce que ce professeur d’économie explique : aujourd’hui, on a réduit l’être humain à l’attrait que l’argent exerce sur lui, on en a fait un être unidimensionnel, uniquement préoccupé par le profit. Pour lui, il faut réinvestir les autres dimensions, notamment celle de la relation humaine, celle là même qu’on peut encore deviner dans l’étymologie du mot commerce : « cum », avec, « merx, mercis » des marchandises. Quoi, avec des marchandises ? Un échange, une relation gagnant gagnant ? Mais sur quels plans ?

Appartenir à une communauté solidaire

J’ai passé un mois à découvrir la Grameen Bank et j’ai beaucoup apprécié. Loin d’être de ceux qui la déprécient, je trouve que son œuvre auprès des ruraux est très importante et crée beaucoup de valeur. Néanmoins, il est difficile d’incarner parfaitement un concept tel que celui de Yunus. Et, la Grameen a bien commencé à réintroduire le lien humain dans le commerce: pour emprunter, il faut nécessairement être membre d’un groupe solidaire face aux prêts de chacun de ses membres. Ce groupe se réunit régulièrement et son approbation est requise pour déposer une demande. Mais, s’il y avait une seule critique à faire, ce serait le risque de la réduction de l’aide au simple crédit.


Prospérer

Sans argent, on ne monte pas d’entreprise. La Grameen a commencé à résoudre ce problème. Mais comme chacun sait, il ne suffit pas de créer l’entreprise, il faut ensuite la faire prospérer. Quelles sont les premières causes d’échec de l’entrepreneuriat en France ?  70% sont liées à des problèmes commerciaux, tels ceux d’une mauvaise évaluation du marché, contre 40% liées à des problèmes financiers.



Suite au prochain numéro. Lucie Rosello, www.ncrcindia.org .