mercredi 30 mars 2011

Permis à point: rentabiliser ou responsabiliser ?

Dans ce blog, je n'ai pas en général pris la parole pour râler. Je souhaite plutôt y présenter des expériences  positives qui marchent. Aujourd'hui cependant, je voudrais vous présenter une expérience personnelle qui me fait suggérer des changements à ceux qui sont chargés d'administrer cette institution: le permis à point et spécifiquement la récupération des points.
Voici une vidéo explicative pour ceux qui ne connaissent pas encore:

Perte de points:
Vous dirais-je que j'en suis à mon deuxième stage en 4 ans ?  Hé bien oui, plusieurs excès de vitesse de moins de 5 km/h à des endroits où les radars avaient été astucieusement déplacés et un téléphone décroché à l'arrêt au feu m'ont amené à faire ce stage pour ne pas risquer de rouler sans permis et sans assurance comme le font désormais des centaines de milliers de personnes.

Conduire sans permis n'est pas un mythe:
Par deux fois d'ailleurs, j'ai eu chez Let (mon ancienne entreprise si chèrement acquise) deux cas de chauffeurs conduisant sans permis. L'un nous a prévenu une semaine avant de recevoir sa lettre et deux jours avant de commettre un accident responsable avec dommages corporels. Ainsi prévenus, nous avons agi de façon ad hoc et échappé à une mise en cause pénale et même réussi à aider le chauffeur malgré son licenciement ... L'autre a cherché à éviter de présenter son permis prétendant un vol, une perte ... Avec l'aide officieuse des services appropriés, nous avons su que cet employé conduisait depuis presque un an sans permis. Bon conducteur, prudent au demeurant. Il a été licencié et nous avons échappé de peu au prud'homme pour licenciement sans cause réelle et sérieuse (je n'exagère pas du tout, mais c'est un autre sujet sur lequel le Procureur de la République a oublié de me répondre !).

Tour de table:
Donc tour de table des 21 participants de mon deuxième stage.... pendant une grosse demi-journée. Et ce ne sera pas le seul. Objectif: nous montrer avec qui nous partageons la route. Apparemment pas de cas pathologiques dans cette cession mais beaucoup de témoins exaspérés par l'attitude des forces de l'Ordre et par le côté "racket organisé" qui indigne tout un chacun. Un livre au passage:Le scandale du permis à points

Méthodologie de gestion du changement:
Les organisateurs de stages (nous laisserons de côté les affairistes peu scrupuleux qui profitent de la manne) suivent une méthode et un contenu prescrits par l'autorité de tutelle. Il s'agit de sensibiliser pour faire changer: Bon !
1) La première cause d'accidents est le comportement du conducteur (je ne dis pas le contraire !)
2) Pour diminuer le nombre de tués, il faut changer de comportement et surtout réduire la vitesse (pas seulement mais jusque là je suis d'accord)
3) Pour cela, il faut que les conducteurs prennent conscience de leurs défauts (certes mais comment ?)
4) Pour cette prise de conscience, il suffit d'en parler et prendre connaissance des informations de la Prévention Routière (là non, aucune parole pédagogique n'est aussi puissante que cela)
5) La pédagogie justement est fondée sur l'échange entre participants. Chacun se rendant compte de qui partage la route avec lui ... "le plus intéressant, c'est ce que disent les stagiaires entre eux". Justement cette pédagogie-là est en défaut complet par rapport aux objectifs.

Contenu de la "formation"
Interrogé comme les autres participants, j'ai souligné que si l'objectif d'un tel stage est louable (sensibiliser pour faire changer les comportements), les moyens mis en oeuvre ne sont pas adaptés. Faire raconter les cas particuliers et présenter quelques statistiques générales (hors contexte d'ailleurs) pour tenter de justifier l'effort répressif de l'Etat n'induit pas sérieusement une prise de conscience. Il s'agit de renforcer la peur du gendarme et de la justifier par une tentative maladroite de culpabiliser les participants.
Que faire alors ? J'ai, comme lors de mon premier stage, suggéré des mises en situation au volant pour tester par exemple, le comportement du véhicule en cas de freinage, les temps de réaction et les distances d'arrêt. Cela peut se faire sur circuit ou même sur un parking. Le psychologue (l'un des deux intervenants agréés de chaque stage) dispose en outre de petits jeux perceptifs à administrer en salle révélant les défaillances de notre oeil, de nos temps de réaction ou de notre cerveau. Pourquoi n'est-ce pas fait de façon professionnelle ou pas fait du tout ?
Pourquoi les acquis de la gestion du changement ne serait-il pas utiles dans un tel contexte ? Apprendre, c'est effectivement changer son comportement. Les participants le disent sans se cacher: ils ne sont pas là pour changer mais pour récupérer les points et éviter de se faire prendre à l'avenir si possible.

Attitudes et liens entre participants et avec les intervenants:
Les participants se livrent peu mais développent entre eux une certaine complicité. Il m'est arrivé de voir que si l'on répond sérieusement aux animateurs en commentant par exemple les statistiques tronquées qui sont livrées, les animateurs peuvent aller jusqu'à "craquer"car ils se rendent compte de leur propre insuffisance.
Par exemple, savez-vous qu'il y a plus d'accidents en terrain plat qu'en route de montagne ? En déduisez-vous comme les animateurs que cela montre que seule l'inattention ou le mauvais comportement des conducteurs est en cause. Non, en l'absence d'une comparaison de ces données précises avec le nombre de kilomètres parcourus sur la même période de recueil sur le plat et en montagne, on ne peut simplement rien conclure statistiquement. Entendant cette réponse de bon sens, j'ai alors personnellement vu  l'intervenant de la prévention routière fondre en larme et quitter le stage en prétendant que les participants avaient vis à vis de cette personne une attitude perverse et sexiste (cas vécu en 2007 à l'occasion de mon premier stage)!
Cette fois-ci j'ai été éberlué d'entendre la psychologue affirmer, afin de "tuer dans l'oeuf" l'idée de faire des stages de pilotage routier, que "8 pilotes de course automobile sur 10 périssant en voiture mourraient sur la route plutôt que sur la piste" ! Interrogée, l'intervenante n'avait évidemment pas de sources pour une telle "statistique". Nous lui avons alors fait la suggestion d'établir une liste nominative. Ce doit être possible grâce à Google ! L'état d'esprit n'était donc pas, là non plus, ni à la franche confiance, ni à la sympathie. La tentative de manipulation est à la fois trop maladroite et trop dérisoire.

Etat d'esprit:
Le présupposé sur le changement souhaité et sa faible efficacité étant établis, il me reste à témoigner d'un état d'esprit qui me semble inadéquat.  Il y a un désamour des conducteurs vis-à-vis de leur Police et de l'Etat qui, lui, a les caisses vides. Il s'installe par ricochet une situation désagréable, participants culpabilisés et faussement écoutés, intervenants moralisateurs et manipulateurs maladroits eux-mêmes manipulés.
Le tout fonctionne sur un contrat minimal: les uns paient leurs 210 à 250€ et respectent les horaires scrupuleusement, les autres qu'ils soient convaincus ou non suivent un canevas et déroulent sans talent ni conviction un discours convenu. Les uns repartent frustrés d'avoir été pris pour des enfants, les autres d'avoir été agressés par des "sales gosses". Le b-a-ba de l'analyse transactionnelle nous apprend que s'installe  ainsi une relation parent-enfant directement issue de la politique de l'Etat. Des relations Adultes-Adultes pourraient prévaloir  dans de tels stages comme d'ailleurs après, sur la route et vis-à-vis des forces de l'ordre. Non seulement l'objectif n'est pas atteint et le temps et l'argent sont gaspillés mais j'ai même le sentiment que les attitudes vis-à-vis de l'Autorité en sortent dégradées. N'est-ce pas le signe d'un malaise plus profond ? Vous savez, ces fameux signaux faibles que l'on n'écoute qui si rarement ...


Petites dérives ordinaires:
Nageant a priori dans la "bien-pensance", un tel stage permet  au surplus de voir apparaître des dérives ordinaires inquiétantes que je vous soumets.
1) Les participants posent des questions précises, on y répond par: "on va voir cela". Compte tenu du temps énorme passé en tours de tables inutiles, beaucoup de ces points ne sont jamais traités.
2) Telle participante émet des avis contraires ou cite des attitudes plus positives à l'étranger qui déplaisent à la "psychologue". Lorsque viendra le moment de donner une feuille de papier aux participants qui en font la demande pour répondre à un jeu d'observation d'ailleurs bien sommaire, elle sera ostensiblement punie d'un refus ... Pourquoi une telle pédagogie vexatoire de la part d'une "psychologue" agréée ?
3) Tel autre participant est africain et s'exprime difficilement devant un groupe. Ses questions seront interrompues, "on verra", et on n'y revient pas vraiment. Par contre, quand il s'agit de décrire tel élément visuel, la même "psychologue" fera la remarque que l'élément en question est "noir, comme toi X !" en désignant ce participant africain en particulier. Nous n'avons pas réagi tellement c'était inattendu. Je m'en veux de n'avoir pas quitté la salle. Il est aisé d'imaginer ce que peut ressentir cette personne en un tel cas et encore plus demain en situation de stress sur la route devant les représentants de l'Ordre.
4) Enfin, malgré la demande explicite de plusieurs participants, les intervenants refusent de remettre une fiche d'évaluation à remplir par les participants ... ont-il si peur ?


En quoi cela nous concerne-t-il ?
Tout d'abord, il serait probablement temps de faire savoir aux Autorités, que la farce de la "sensibilisation" a assez duré et qu'à l'heure où l'on cherche à réaliser des économies, il y a lieu soit de passer à autre chose, soit de chercher sincèrement à améliorer et à professionnaliser l'existant.
Ensuite, je faisais allusion dans un billet à propos de M. Gauchet aux faiblesses et imperfections chroniques  de la démocratie. Je crois que ces faiblesses sont partout. Sous couvert de sécurité et d'Ordre public qui sont des intentions légitimes, notre Etat, ses représentants ou ici ses sub-délégués commettent au quotidien des petits abus, certes tout petits. Je les crois significatifs et peut-être représentatifs de quelque chose qui se délite doucement.
Il appartient à chacun de nous de rester vigilants, de chercher à respecter lois et règlements mais jamais ni au mépris du bon sens, ni au détriment des principes qui fondent théoriquement notre "vivre ensemble".

mardi 29 mars 2011

Mitchell Joachim: faire pousser sa maison !

C'est le printemps, soyons primesautiers ! Voici donc un sujet de saison. Michael Joachim nous parle de ses projets et recherches sur l'architecture biologique dans la vidéo TED de moins de 6 minutes qui voici:



On peut commencer par des cabannes dans les arbres comme celles de notre enfance mais avec des lits, le wifi et dont la structure elle-même est vivante:
Et on peut imaginer  des maisons et même des villages entiers qui peuvent selon Mitchell Joachim pousser en moins de 7 à 10 ans.





Et pour aller plus loin quelques liens si le coeur vous en dit:
Site de M. Joachim Terreform.
Article de Wired.
Article de Der Spiegel
  



En quoi ceci nous concerne-t-il ?

Bien sûr, ce sont des projets futuristes encore dans les cartons et encore, vous avez sûrement compris sur la fin de cette vidéo que Joachim prépare des matériaux vivants pour faire pousser des cloisons et des systèmes de ventilation à partir de culture de cellules de porc ... Pas réaliste donc ? Voire: l'illustration tirés de "Trends Update" est bien réelle:

Nous sommes certes encore loin du compte mais ce n'est pas de la science fiction. A ce propos d'ailleurs, n'avez-vous pas été frappés dans le film "Avatar" (l'arbre des Na'vis à gauche) de l'extraordinaire apologie de la Nature et de l'intégration de l'humain à celle-ci quand les machines et la technologie représentent le mal. Cela n'a pas été sans  rappeler les palais elfiques dans les arbres du Seigneur des Anneaux de Tolkien. La science fiction n'est décidément plus ce qu'elle était: mécaniste, impérialiste, violente. A l'inverse, nous sommes donc déjà dans nos représentations et donc ici dans la tête des chercheurs passés à l'âge de l'homme intégré au biotope ! Un peu comme si notre société envisageait pour son futur de réintégrer certains de ses mythes sylvestres venus d'Europe du Nord.


mercredi 23 mars 2011

Transformations discretes Part 1: conflits et médiation

Mon dernier billet célébrait les valeurs féminines. Ce n'était pas démagogique, j'ai fait cette observation personnellement dans certains pays du Sud, souvent les solutions économiques, respectueuses des valeurs humaines viennent des femmes parce que ce sont elles qui traditionnellement sont chargées de faire vivre la famille. Dans nos sociétés dites développées, il est un domaine où les valeurs que divers sociologues qualifieraient de "féminines" trouvent à s'employer en remplacement d'approches plus traditionnellement "masculines", et c'est par exemple le cas de la gestion des conflits que je voudrais aborder ici.

Transformations et Conflits
Mon domaine d'exercice professionnel est l'entreprise. La grande d'abord, voire la très grande entreprise où j'ai été formé pour être cadre dirigeant et où j'interviens maintenant comme consultant. Le monde de la PME ensuite comme ancien patron-repreneur et actionnaire majoritaire où je suis également consultant, investisseur et accompagnateur de dirigeants. Dans ces deux contextes, j'ai eu finalement assez régulièrement, directement ou indirectement, à traiter de conflits. Et le conflit, quand on y survit, c'est une manière de changer. Seulement, on peut vivre le conflit de manière "soft" ou de manière "hard". Je parlais récemment de façon encore allusive de celui qui a été le plus grave pour moi ici. Je me propose d'aborder prochainement dans ce blog certaines transformations "discrètes" à l'oeuvre en entreprise dans une série de billets en référence lointaine aux travaux de F Jullien souvent évoqués dans ce blog. Il s'agira cette fois de sujets concrets pour action et non seulement pour réflexion.

Conflit et médiation
L'entreprise est donc souvent le champ clos d'affrontements, ce sera le premier mode de transformation que nous aborderons dans cette série. Parfois, il s'agit comme je l'ai vécu, d'agressions organisées aux visées précises comme lorsque l'on vise un objectif militaire. Dans ce cas, il n'y a d'autre choix que de lutter. Souvent cependant, des conflits naissent de situations de mauvaise communication ou de déficiences relativement mineures du management. Comme en témoigne le chef d'entreprise de cette vidéo, il est alors possible de trouver des solutions par la médiation:
Que retenir ?
Tout d'abord, étant moi-même finalement intervenu comme médiateur sans le savoir et surtout étant en cours de formation (au CMAP à Paris) pour le devenir officiellement, précisons que cela existe et que les occasions de médiations ne manquent pas, ni dans les conflits à l'intérieur de l'entreprise, ni dans les conflits entre l'entreprise et ses partenaires extérieurs. Ce qui manque comme le dit M. Sulpice c'est de comprendre ce que c'est et de savoir comment y avoir recours.

Ensuite que nous dit-on ici ?
  1. La médecine du travail n'est pas là pour traiter un conflit interpersonnel. Pire, de mon vécu de dirigeant au sein d'un grand groupe comme de celui de chef de PME, je tire la conviction que le médecin jouera toujours "safe" et prescrira ce qu'il connaît voire (vécu) se laissera volontiers manipuler pour le "bien" de son patient. Et à l'arrivée, il y a gros à parier que même si c'est le chef d'entreprise qui a initié la démarche, il pourra se voir reprocher tel ou tel manquement en matière de conditions de travail. Au moins, la Faculté aura fait son travail qui n'est pas de régler des conflits et elle aura prévenu des risques relevant de sa juridiction tout en évitant de se trouver mise en cause ... !
  2. Le chef d'entreprise (ou le manager) décide de régler le problème mais visiblement ici (valeurs féminines ?), il ne pense pas que taper sur la table et distribuer des coups de pieds au C .. ou des tapes dans le dos soit le bon remède. Et oui, le temps du patron "travaillomane", "valeureux" et "paternaliste" semble révolu même dans les PME. J'ajoute que compte tenu d'un tel contexte, là encore, le dirigeant fait bien d'être prudent afin de ne pas passer de l'état de "tiers" neutre et bienveillante à celui de bouc-émissaire. Après tout, n'est-il pas le premier responsable du Bien Etre au travail ? Vous noterez d'ailleurs à la fin du témoignage que ce qu'il nous présente comme un conflit entre deux salariés au début semble finir par être un conflit entre une salariée et lui-même ... (je ne connais pas le cas mais ...)
  3. Les solutions classiques sont simples mais coûteuses. Là encore, je peux témoigner de la réalité de ce que dit ce dirigeant. Fataliste, on provisionne les prud'hommes et on licencie. On y perd de l'argent et de la compétence. Solution perdant-perdant. La même en faisant intervenir un avocat, là on ajoute les honoraires. Notons cependant que de plus en plus d'avocats se forment aussi aux techniques de médiation.
  4. Le médiateur improvisé que décide d'être le dirigeant déroule une méthode logique et se heurte à un mur. Il faut comprendre qu'il n'est sans doute pas neutre en tant que patron et qu'en plus, il s'agit ici de mettre en place une écoute empathique des émotions et non d'analyser des causes objectives ... Pire, le patron s'en mêle et cela ne débouche pas. Il y a risque que celui-ci perde sa crédibilité et que le conflit s'étende par un jeu d'alliances et d'allégeances voire, comme je l'ai vécu, sous l'effet d'une manipulation perverse visant à détruire l'entreprise et son dirigeant.
  5. La médiation improvisée du dirigeant peut fonctionner sur des sujets assez neutres et l'on est alors plutôt dans la résolution de problème que dans la sortie de conflit. Dans des structures importantes, il peut y avoir des structures de médiation interne (pourvu qu'elles soient temporaires !) enfin et c'est sa raison d'être, on peut faire appel à un tiers neutre,, indépendant, formé et bienveillant qui s'appelle justement un médiateur !
  6. La base de la médiation est de se mettre d'accord  sur le désaccord puis sur une méthode pour sortir du conflit. Le médiateur n'utilise le fond que pour travailler sur la forme: passer de la guerre à la paix.
Comme observation personnelle, je vous renvoie à mon billet sur le témoignage de Jean Pierre Massias concernant les négociations de paix à la fin d'un conflit armé. Lorsque j'ai rencontré Jean Pierre, j'ai été frappé du parallélisme qui existe entre une guerre et un conflit lourd au sein ou entre entreprises.

En quoi ceci nous concerne-t-il ?
Ce sujet est généralement un peu périphérique pour le dirigeant qui se consacre au positif or le conflit, c'est du négatif que l'on préfère ne pas voir. Cela nous concerne cependant, que l'on soit patron ou pas d'ailleurs, parce que les conflits sont légions et les situations de médiation ne sont pas rares. Cependant, faute de les déceler assez tôt, les solutions peuvent devenir très difficiles à faire émerger. Le réflexe de la médiation est donc à intégrer.

Pour élargir encore le débat, ajoutons que nous vivons dans une société de plus en plus sécuritaire et de plus en plus judiciarisée. Le coût de l'accès à la Justice risque de devenir prohibitif même pour les entreprises. La médiation apparaît comme une excellente solution à la frontière du préventif et du curatif. Pour finir, la médiation a le gros avantage de permettre la sortie de crise tout en préservant l'essentiel: le lien n'est pas rompu, la vie peut continuer !

Dans un prochain billet sur les transformations discrètes, je vous parlerai d'une expérience peu orthodoxe de management du changement doublée d'une réussite brillante que bizarrement les gourous du management  ne mentionnent jamais, peut-être est-ce parce que cela s'est fait sans eux ? En tous cas, nous verrons qu'il est aussi possible de changer radicalement sans conflit.


vendredi 18 mars 2011

Jody Williams: et si les femmes étaient l'avenir de la planète ?

Mon précédent billet vous présentait un héros des nouveaux média hybrides, déclencheur et emblème des événements d'Egypte. Mais autour de lui combien de femmes anonymes voilées ou non ? Je voudrais aujourd'hui vous présenter une autre intervention "TED", celle de Jody Williams en faveur des femmes qui défendent la paix pour leurs pays et pour la planète. La voici:


Qui est Jody Williams ?
Jody est professeur de langues aux USA Elle a entrepris de militer contre la politique interventionniste des États-Unis en Amérique centrale. Réunissant une coalition de six ONG, elle lance en 1992 la Campagne internationale pour l'interdiction des mines terrestres. Comme principale stratège et porte-parole de la campagne pour l'interdiction des mines antipersonnel, elle reçoit en 1997 le prix Nobel de la paix. Elle en a tiré un livre: Banning Landmines: Disarmament, Citizen Diplomacy, and Human Security. Elle rappelle qu'avec le budget que les seuls Etats Unis entendent affecter à la rénovation d'une partie de leur arsenal nucléaire, il serait possible selon les estimations de l'ONU de subvenir à la totalité des besoins de base des populations les plus pauvres de toute la planète.

Pour ma part, je retiens ici une leçon toute simple: rien ne se fera sans effort. Or qui fait de réels efforts au quotidien pour réussir les transformations nécessaires ? Jody nous présente dans cette vidéo l'action de quelques femmes d'exception qui sont représentatives du travail de fond que livrent les femmes dans le monde entier et particulièrement dans le "tiers monde" pour faire évoluer la société et le monde. Rappelez-vous par exemple ce que j'écrivais il y a peu sur les communautés villageoises de femmes qui organisent de véritables mutuelles de micro-crédit ou encore le travail remarquable de Mme Gabre-Madhin en Ethiopie.

Pour un féminisme bien compris:
Exceptionnellement, je ne chercherai pas à répondre à ma question habituelle (en quoi cela nous concerne-t-il ?) tant la réponse est évidente. Je me contenterai de vous rappeler par la vidéo ci-dessous la chanson de Jean Ferrat qui montrera aux éventuels sceptiques que l'inspiration de TED n'est pas si éloignée de notre culture française:



jeudi 17 mars 2011

Wael Ghonim: le pouvoir des gens est plus fort que les gens de pouvoir

Je vous propose de trouver aujourd'hui ci-dessous une vidéo de Wael Ghonim prise lors de son intervention dans le dernier TEDxCairo. Il a pris une part emblématique dans les événements récents en Egypte et nous explique l'importance des nouveaux médias comme le disait Michel Levy-Provençal . Vous trouverez ci dessous la vidéo, elle est en anglais et vous pouvez faire apparaître des sous-titres français en cliquant sur "Subtitles" en bas à gauche de l'écran de la vidéo. Au passage, ça y est le français est devenu sur TED la première langue de traduction des sous-titres. Il y a 4 mois, le français était encore loin derrière le Brésilien, le bulgare et le Coréen !


Voici un extrait du texte français de cette présentation vidéo diffusée par TED:
Une page a été créée. Un administrateur anonyme invitait en quelque sorte le peuple à rejoindre la page, et il n'y avait pas de plan. « Qu'allons nous faire ? » « Je ne sais pas. » En quelques jours, des dizaines de milliers de personnes, là-bas -- des Égyptiens en colère, demandaient au Ministre de l'Intérieur : « Assez. Attrapez ceux qui ont tué cet homme et faites-les traduire en justice. » Mais bien sûr, ils n'ont pas écouté. C'était une histoire fantastique -- la façon dont tout le monde commençait à se sentir impliqué. Tout le monde se sentait propriétaire de cette page. Les gens ont commencé à échanger des idées. En fait, l'une des idées les plus ridicules consistait à adopter une posture silencieuse."

En quoi ceci nous concerne-t-il ?
Tout d'abord, il y a ceux, avant les événements, qui m'ont objecté que tout ceci (TED, Google, Facebook ...) ne font que mettre en scène du "Story telling" manipulatoire en faveur des "américains" (c'est aussi ce que dit Khadafi mais lui, ne m'a pas écrit !).  A chacun de se faire une idée en considérant les résultats. Cette fois, il n'y a pas eu besoin d'envoyer des troupes pour que le peuple se libère !

Ensuite, il y a tous ceux qui,,dans nos pays riches regardent les autres pays avec plus ou moins de condescendance et d'arrogance parfois repentante le plus souvent ignorante. Et si la technologie 2.0 était en train de donner à ceux qui ont vraiment besoin et envie de bouger le pouvoir de le faire ?

Et si nous avions des leçons à prendre pour nous-mêmes, nos activités et notre société du courage, de la détermination, du pacifisme et de l'ingéniosité des Egyptiens ?

dimanche 13 mars 2011

Résilience part 3: Buzz Holling, saisir les opportunités pour s'adapter

Crawford Stanley "Buzz" Holling
Je vous ai présenté plusieurs articles sur un concept qui m'apparaît d'une grande utilité aussi bien dans le domaine de l'écologie d'où il est issu que dans son application à la sociologie des organisations et donc à l'entreprise elle même et jusqu'à l'individu pris isolément. Vous retrouverez mes premiers articles ci-après: 

Les travaux de CS "Buzz"  Holling
Le Stockholm Resilience Center reconnaît en Buzz Holling le grand initiateur de cette théorie de la résilience évoquée dans les deux articles précédents. Holling est Canadien, c'est un scientifique (voir wikipédia) qui a étudié l'influence des populations de prédateurs sur un écosystème. Il en a tiré notamment ses vues sur la Résilience dont nous vous avons dit quelques mots. Voici un résumé de son apport à l'occasion du prix qui lui a été remis en 2008 par la fondation Volvo. Cette vidéo n'est pas complète, je vous donnerai sa conclusion vidéo à la fin du billet:

Quelques phrases fortes de Buzz:
  • La notion de fluctuations est beaucoup plus fondamentale que celle d'équilibre
  • Les destructions créatrices ont un rôle majeur dans le maintien de la résilience du système
  • Les crises fournissent autant d'opportunité d'adaptation et donc de renforcement de la résilience.
Quelques éléments clés du film:
  • Tout système socio-écologique dispose en lui même de la capacité à encaisser des chocs à y survivre et à se reconstruire.
  • Buzz et ses adeptes sont également des inspirateurs politiques puisque le sauvetage en 2003 de la grande Barrière de Corail en Australie leur est dû. Laissé à lui-même, le système coralien s'est régénéré.
  • La crise financière de 2008 est le résultat du "shift" soudain intervenu après une série de signaux faibles divers non-linéaires révélant le changement d'état sous-jacent du système. 
  • Dans le domaine écologique, les changements majeurs de système ne sont pas seulement le fait des hommes, en fait ils sont courants. Les hommes cependant ont affaibli leur écosystème en réduisant la diversité donc en réduisant la résilience de celui-ci, rendant plus probable l'apparition de nouveaux "shifts" rapprochés.
  • Les communautés "aborigènes" du Canada par leur survie démontrent une grande Résilience dont nous pourrions nous inspirer.
Buzz a déduit de ses travaux sur l'observation des relations entre les prédateurs et leurs proies un modèle dont je vous donne une illustration ci dessous. Pour aller plus loin cliquez ici:
 
Voici le lien vers le site de l'organisation mentionnée dans le film: Ecotrust. Et pour aller plus loin sur ces questions d'adaptation et de résilience:
http://www.ecoeco.org/content/
http://www.resalliance.org
http://www.ecologyandsociety.org/



Le climat va-t-il changer ?
Réponse oui et plutôt que de chercher stupidement à s'opposer à ces phénomènes qui nous dérangent et culpabilisent les bienpensants, "Buzz" préfère nous conseiller de nous adapter.


Conclusion de "Buzz" Holling, et en quoi tout ceci nous concerne-t-il ?

Propos d'écolo ou propos de sage ? "buzz" Holling rejoint l'approche systémique traditionnelle chinoise présentée à l'occasion du billet sur François Jullien. Les Hommes doivent selon Holling apprendre à se saisir de ce qui se présente comme une crise et qui offre des opportunités à saisir pour notre nécessaire adaptation.

J'ai une petite pensée pour les croyants en l'approfondissement de la crise économique et financière conduisant à la fin du capitalisme, de la Démocratie et de l'Humanité... Les pragmatiques comme Buzz constatent puis agissent pour s'adapter. Les dépressifs susnommés croient se soigner en ingurgitant ce que dit leur maître à croire du moment, vocifèrent en guise de débat d'idées puis s'endorment comme des mammifères repus en attendant d'être emportés par le Tsunami. Au moins auront-ils le plaisir de se dire: je l'avais prévu !