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mercredi 23 décembre 2015

Impact de la COP21 en 2100: 0,2°C au mieux !

L'accord de la COP 21 n'aura pas d'impact sensible sur le réchauffement climatique, alors que faire ? A partir des thèses du Copenhagen Consensus Center, voyons comment prolonger le premier pas diplomatique réussi de la COP 21 dans le sens ... du bon sens.

L'impossible débat sur le climat

Sensibilisé à la question du changement climatique, j'écoute et je lis désormais les media en étant vigilant sur ce point. Or je constate qu'en ce mois de Décembre si doux, il n'est plus aucun journaliste ou présentateur météo (surtout depuis le licenciement de Philippe Verdier de France 2, ci contre) qui ne fasse son intro sur le réchauffement climatique ... ancrant chaque jour plus profondément l'évidence "climato-consensuelle".

Ainsi qui voudrait encore débattre d'une évidence aussi dangereuse ? Et avec qui ? Les tenants d'autre chose que de la thèse du GIEC sont désormais taxés non plus de "climato-scepticisme" mais de "climato-négationnisme"(c'est une mauvaise traduction de l'anglais climate change denier). Cette référence implicite au nazisme fait désormais office de police de la pensée. Elle montre assez qu'aucune discussion n'est plus possible ... (voyez ce qu'est la loi de Godwin ici) .

Les attaques Ad Hominem des deux côtés font recette. C'est propagande contre propagande d'autant plus qu'aux USA, les Démocrates sont dans l'ensemble du côté du consensus et certains Républicains du côté du scepticisme. Sur un sujet présenté comme engageant la survie de la planète et comportant de nombreux aspects scientifiques, il n'y a donc pas de débat sur le fond, il n'y a que de l'invective. Puisque la politique et la médiatisation ont investi le domaine scientifique, comment le bon sens va-t-il s'y retrouver ? Y-a-t-il une médiation possible vers une gouvernance raisonnable, en commençant par les idées avant de passer aux prélèvements fiscaux ?

L'indispensable retour au bon sens

Je vais m'appuyer sur un auteur et speaker TED, Bjorn Lomborg, pour proposer une approche dont je vois bien le cousinage avec celles que j'ai eu l'occasion de proposer dans un contexte d'entreprise. Je vous dis tout de suite que Lomborg, bien que n'ayant pas le profil-type du pollueur réac classique (c'est un prof danois, ancien de Greenpeace, gay et végétarien !) est considéré comme un provocateur climato-négationniste à la solde des pétroliers. Il n'a plus beaucoup d'amis chez Greenpeace ... Pourtant, ce trublion infréquentable, m'a semblé avoir eu une idée qui "vaut la peine d'être partagée". Voici sa vidéo à l'occasion de TED 2005 (Bjorn Lomborg fixe des priorités pour le monde. | TED Talk | TED.com ):


Lomborg est statisticien et économiste et non climatologue. Dans son livre L'écologiste sceptique, il ne remet en cause ni le réchauffement récent, ni les modèles des gaz à effet de serre mais estime que leur sensibilité au CO2 est exagérée. Pour Lomborg, c'est un problème secondaire comparé aux priorités de développement comme fournir de l'électricité et de l'eau potable à l'Afrique. Il part de l'idée qu'un choix, et surtout un choix d'investissement quel qu'il soit, doit s'évaluer en fonction de deux axes. D'un côté, l'importance de l'impact attendu de l'action considérée et de l'autre son coût qui peut être mesuré en effort financier, en temps et/ou en tout autre forme d'effort. En croisant les deux axes, on a alors une meilleure idée de ce qu'il est utile de faire. Voici le genre de matrices classiques coûts/bénéfices ou atouts/attraits que j'ai souvent utilisé pour ma part à l'occasion de missions de  changement stratégique:
Pourquoi ne pas faire pareil avec les choix politiques ?

L'impossible maîtrise du réchauffement  !

Eh bien, c'est l'idée de Lomborg. Classer les actions en fonction de leur retour sur investissement en croisant leur impact relatif et leur coût. Alors pour cela, il faut d'abord évaluer l'impact de la mesure. C'est ce qu'a fait le CCC sur l'accord de la COP 21. C'était possible dès le début Décembre car très astucieusement, Laurent Fabius avait demandé aux 195 Etats de faire parvenir leurs promesses de réductions d'émissions de CO2 AVANT la conférence (185 l'ont fait). En code ONUsien, il s'agit des INDC (Intended Nationally Determined Contribution). Vous pouvez lire ici un article grand public qui tire la conclusion de ce travail académique.

Voici en rouge la courbe du modèle prévisionnel du GIEC si l'on ne fait rien, en turquoise la même ajustée de l'impact des promesses INDC jusqu'à 2030 selon le modèle GIEC et en vert la même en espérant que les actions seront prolongées jusqu'en 2100.

D'après communiqué de presse de l'article de Lomberg, courbe tirée de: http://www.pensee-unique.fr/news.html#cop21

Cette courbe montre l'impact minuscule de l'accord de Paris: au mieux 0,17°C dans l'hypothèse d'un effort d'investissement soutenu de 100 mds$ par an pendant 85 ans ! Cet article officiel est "revu par les pairs" vous pouvez vous le procurer ici. Il ne me semble pas s'agir d'une propagande invérifiable mais du traitement des chiffres publics et des modèles qu'utilise le GIEC lui-même. Cela mérite réflexion !

Ci dessus, le résumé très clair de cet article dit: "Toutes les politiques du climat ... depuis 2000 et jusqu'à 2030 et maintenues jusqu'à la fin du siècle réduiront probablement le réchauffement climatique d'environ 0,17° en 2100".

Malgré le fait qu'il s'agit d'une publication académique officielle et "revue par des pairs", on pensera que l'auteur ne peut qu'être de parti pris.

Alors, j'ai pu constater que d'autres analystes parviennent aux mêmes conclusions: impact de 0,2°C en 2100 ! Il s'agit au MIT du Joint Program on the Science and Policy of Global Change. A la question de savoir ce que sera l'impact des politiques du climat, la réponse est très claire (page 2 de l'Outlook 2015 que vous pourrez télécharger comme je l'ai fait): "Assuming the proposed cuts are extended through 2100 but not deepened further, they result in about 0.2°C less warming by the end of the century compared with our estimates, under similar assumptions, for Copenhagen–Cancun".


En quoi sommes-nous concernés ?

Tout se passe comme si nous étions tous convaincus qu'il serait essentiel de d'investir 8500 mds de $ pour avoir l'espoir de réduire le réchauffement au mieux de 2 dixièmes de degrés dans un siècle. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce raisonnement !

Pendant ce temps, il y a eu cette année 1 million de réfugiés-migrants en Europe ... Ne serait-il pas plus judicieux de nous préoccuper de nous adapter aux nouvelles conditions de notre monde: climatiques sans doute, mais aussi économiques, sociologiques, démographiques, politiques ? C'est pour cela qu'il pourrait être judicieux de remettre les priorités dans un ordre plus raisonnable à l'image de l'approche du CCC illustrée ci-dessous:







dimanche 28 décembre 2014

La véritable intelligence collective

Dans ce talk venu du Québec, un musicien témoigne de la réussite de sa diffusion grâce au net et illustre le véritable changement de paradigme à l’œuvre par ce qui est la véritable Intelligence Collective.

Voici le lien: https://www.youtube.com/watch?v=iVVFy4QFeFM
Et la vidéo TEDx associée:


L'histoire:

Grâce à un site de partage musical, un groupe de copains se fait connaître localement puis fait des tournées ce qui lui permet de vivre de sa musique et se voit proposé de signer chez un label, ce qu'il refuse. Cette histoire n'est pas unique !

Le Changement de paradigme

Ce musicien a aussi étudié à McGill. Il nous parle à la fin de son talk du changement à l'oeuvre dans notre société. Il plante, arrose, soigne la plante, la fait pousser, récolte les légumes, les épluche, les cuisine, les met dans une assiette et gagnerait pour cela quelques % de ce que payerait le consommateur. Pendant que le gars qui met l'assiette sur le plateau et la sert en salle prendrait tout le reste ? 

C'est l'image qu'il développe du système de production et de diffusion classique de la musique établi en un temps (totalement révolu) où enregistrer un morceau de musique coûtait très cher. Mais enregistrer et diffuser de la musique ne coûte plus rien ou presque. Les anciennes structures de l'industrie musicale (comme de nombreuses autres industries, même protégées par les Etats) sont donc en sursit. Idem celle du livre et de tas d'autres choses où des start ups viennent complètement modifier la donne et ... créer d'inévitables nouveaux chômeurs !

La véritable Intelligence Collective

Thème à la mode, ce concept voudrait convaincre les entrepreneurs et managers que des réunions mieux tenues dans un esprit plus bienveillant leur permettront par un meilleur management d'améliorer leurs résultats et de créer l'entreprise de demain. Pourquoi pas si leur activité a globalement toujours un sens ? Seulement ce que nous montre cet exemple, c'est que nombre d'activités "classiques" n'ont peut-être plus de raison d'être du tout ! 

Une Intelligence Collective plus radicale est à l’œuvre grâce au net surtout, qui n'a nul besoin des réunions organisées au sein des entreprises et qui n'est pas forcément bienveillante. Elle est dans les réseaux, elle rend obsolète des pans entiers de nos vieilles infrastructures (économiques et politiques) et donc les entreprises coincées dans les anciens éco-systèmes. On aura beau vouloir légiférer pour mettre de l'ordre dans tout cela, la véritable Intelligence Collective est en train de réellement prendre la main ... attention aux dégâts collatéraux !

lundi 14 juillet 2014

Ecocéane: apprendre à nager

Illust: http://www.meretmarine.com
Le cas d'Ecocéane démontre l'urgence de conjuguer optimisme et pragmatisme pour ne plus marcher sur la tête.

Devons-nous parier France ?

Mon précédent article faisait un compte rendu de ce livre récent. Livre optimiste mais insuffisant car il importe aussi d'être réalistes sur les obstacles réels et parfois surréalistes que doit vaincre le chef d'entreprise. 

Dans ce livre, Xavier Louys signalait l'incomparable avantage concurrentiel que confère à la France son espace maritime. Connaissant par tradition familiale l'importance de la filière navale et la tristesse de sa situation actuelle, je me suis intéressé à ce cas déjà ancien (création en 2003) d'Ecocéane, une PME innovante qui conçoit et réalise des bateaux dépollueurs sans émulsion. Ses navires sont uniques au monde (efficience multipliée par 20 par rapport aux solutions existantes: lire le dossier technique ici), cette technologie démontre aujourd'hui son utilité a minima dans les eaux du port d'Antibe et pourrait rendre de grands services lors des marées noires en pleine mer comme elle l'a fait en 2010 pour le compte de BP à l'occasion de la catastrophe de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique...

On parle accessoirement de 3000 emplois qui pourraient être créés en Bretagne (Paimpol). 

A défaut de marcher sur deux jambes, apprendre à marcher sur la tête

Or depuis au moins deux ans, le dossier est chez Monsieur Montebourg car ce qui empêche le développement d'Ecocéane n'est pas son financement (public/privé: BPI, Total Développement) mais un obstacle "insurmontable" qui se dresse sur sa route. Je cite, Eric Vidal, le dirigeant:

"L’Emsa, l’agence européenne pour la sécurité maritime, qui est basée à Lisbonne, refuse de nous agréer. De même que le Cedre, à Brest et le Ceppol, qui dépend de la Marine nationale. Et sans agrément, il est difficile de vendre en France. Et difficile voire impossible de vendre en Europe.

Le Cedre et le Ceppol nous connaissent bien. Ils sont venus sur nos bateaux. Le Cedre nous dit qu’il n’est pas possible d’évaluer nos gros bateaux parce que son bassin est trop petit. Et Le Ceppol ne veut pas nous évaluer en mer en mesurant notre ramassage de balles de riz, en nous disant que ce n’est pas du pétrole. 


Tous deux nous affirment qu’il faudrait une vraie marée noire pour nous tester. Mais s’il y a une marée noire, ce que je ne souhaite évidemment pas, nous ne pourrons pas intervenir parce que nous n’avons pas d’agrément."

Voici une vidéo déjà ancienne:


Il semble (lire ici) qu'une solution récente soit enfin en vue pour la PME bretonne. En effet, l'agrément n'étant pas possible en Europe car le bassin de test de Cedre est trop petit ... ce sera donc un agrément américain qui permettra le développement de cette innovation à partir des Etats Unis !

Apprendre à nager !

Nous connaissons tous avec l'Ecotaxe l'efficacité et les synergies des instances d'agréments et d'encadrement des entreprises et de l'Economie. J'avais aussi relaté par le menu l'invraisemblable aventure administrative de la PME mosellane STVI. Nous avons ici un nouvel exemple du pari véritable qu'un entrepreneur doit savoir prendre quand la survie d'une innovation et de son entreprise sont en jeu !

Puisque marcher sur la tête cause des migraines, que marcher sur les deux jambes de l'optimisme ET du pragmatisme n'est pas possible, il aura donc été possible pour un concepteur de bateaux d'apprendre à nager ... au grand large. Bonne chance à lui et quant à vous, monsieur Louys, préparez donc une seconde édition de votre livre sur les obstacles réels à lever pour que la France devienne la puissance maritime que vous décrivez.

Est-ce se délecter de l'absolue bêtise de notre secteur administrativo-réglementaire, est-ce cultiver pessimisme dépressif et déclinisme que de montrer ce qui empêche à notre pays d'aller de l'avant (parmi diverses causes). Ou est-ce simple réalisme ? A vous de juger ... mais ne perdons pas trop de temps car la mer continue de monter ! Elle pourrait même finir par envahir le petit bassin de l'excellent Cedre !

mardi 10 juin 2014

Argent 7: monnaies complémentaires, on en parle sur BFM Business

Il est peut-être temps de monter dans le train des monnaies complémentaires. Un sujet majeur encore en dessous du radar.
Suite à TEDxLaDéfense où nous en avions parlé et mes 6 articles consacrés à ce sujet, que s'est-il passé ? Etienne Hayem, l'un de nos intervenants, le plus jeune, s'affirme comme un expert reconnu dans le domaine en témoigne ci-après la vidéo tirée de l'émission "paris d'avenir" de BFM Business, un média tourné vers l'entreprise et que je trouve décidément très pertinent. Elle évoque un sujet majeur et dont le traitement pourra déterminer avec quelques autres thèmes encore marginaux, les prochaines grandes évolutions sociales et économiques. Voici la vidéo:




Une série de conférences avec certains de ces intervenants a lieu régulièrement: Symba (l'économie symbiotique). J'y serai demain soir. 

A l'heure où certains partis politiques classiques viennent de comprendre (à peine) la gravité de système de la dette sans proposer de véritable remède, certaines idées poursuivent leur chemin. Peut-être figureront-elles un jour au rang des solutions ...

Dans mon précédent article, "le terreau de la net-démocratie", je parlais de tendances  sociétales nouvelles que certains petits partis politiques commencent à incarner. Il nous reste maintenant à faire le lien entre eux et des solutions qui existent déjà, comme celle-ci. Le fait que BFM Business passe une longue émission sur ce thème est bon signe. Les entreprises contribueront peut-être tôt ou tard à faire sortir les monnaies complémentaires de leur environnement "underground" ou "alternatif pour  bâtir une autre économie. A suivre donc.

mardi 10 décembre 2013

La dynamique du capitalisme ou le triomphe d'un pays neuf !

La Dynamique du capitalisme de l'historien Fernand Braudel mérite d'être relu. Il traînait dans ma
F. Braudel, photo: ledevoir.com
bibliothèque et à l'occasion d'un rangement qui avance du coup bien lentement, je l'ai relu avec bonheur en ces temps d'incertitude. Voici pourquoi je vous le conseille.

Une belle synthèse d'une œuvre magistrale

1976: le programme commun de la Gauche en France avait 4 ans et n'avait pas encore produit ses effets électoraux. C'était l'année des conférences prononcée par l'auteur à l'Université John Hopkins sur la dynamique du capitalisme et réunies dans cet ouvrage (mon édition date de 1985 et nous commentons ici celle de 2008). C'est ce qui explique que l'on présente cet ouvrage comme une "introduction" à l’œuvre de ce grand historien qui était alors en train de finir d'écrire Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle. Tome 1: Les structures du quotidien. Une introduction ? Non une sorte de résumé plutôt en à peine plus d'une centaine de pages d'une œuvre monumentale en 3 tomes qui était déjà presque écrite et qui parut en 1979. Le premier mérite de cet ouvrage est donc sa concision qui n'en fait aucunement une ébauche, plutôt une synthèse.

Revenir au sens des mots

Son deuxième mérite est, surtout en regard de la période actuelle, de recadrer les mots et les pratiques dans le temps long (plusieurs siècles) et dans un espace déjà global (méditerranéen et mondial) en relativisant les prismes de notre moment présent. Songez qu'il ne s'est passé que 35 ans entre la publication du troisième tome du Capital de Marx (finalisé par Engels) et la grande crise de 1929 ! Et celle-ci est intervenue seulement 25 ans après la publication de L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme de Max Weber. Peu de champ donc pour vraiment comprendre les ressorts du capitalisme ni pour extraire ses spécificités des crises de l'industrie lourde du Nord Ouest Européen des années trente.

Le mérite du temps long

Or, plus d'un siècle s'est maintenant écoulé depuis ces ouvrages fondateurs et à combien de crises et de mutations le capitalisme a-t-il survécu ? Pourtant, à court de repoussoirs, confondant marché, économie de marché, libéralisme, capitalisme et capitalisme financier nombre de nouveaux "penseurs", pris dans le moment présent, oubliant de se référer au sujet même de leurs thèses font du capitalisme ce qu'il n'est pas: un système. Donc un "isme" qui comme d'autres s'effondrerait si l'on se décidait à le combattre pour mieux faire sortir de terre de nouveaux "ismes" sans doute... C'est le troisième mérite de Braudel et de sa vision longue que de nous replacer dans une perspective historique qui transcende obligatoirement les crises et les débats conjoncturels et qui nous rappelle les grands "glissements" fondamentaux que nous ne voyons plus. Citation p 70:

"Ce glissement définitif, à l'extrême fin du XVIè siècle, de la Méditerranée aux mers du Nord, est le triomphe d'un pays neuf sur un vieux pays. Et c'est aussi un vaste changement d'échelle. A la faveur de la montée nouvelle de l'Atlantique, il y a élargissement de l'économie en général, des échanges, du stock monétaire, et, là encore, c'est le progrès vif de l'économie de marché qui, fidèle au rendez-vous d'Amsterdam, portera sur son dos les constructions amplifiées du capitalisme. Finalement, l'erreur de Max Weber me paraît dériver essentiellement, au départ, d'une exagération du rôle du capitalisme comme promoteur du monde moderne."

Et si, vieux que nous sommes, nos crises et nos malheurs, réels ou fantasmés, étaient le fait non pas d'un "isme" pernicieux ou simplement des autres mais simplement de notre difficulté collective accentuée par notre "grand âge" à nous adapter à ces glissements ?

En quoi ceci nous concerne-t-il ?

Je range donc ce "vieil" ouvrage, pourtant très actuel, sur un rayonnage à côté des réflexions plus récentes d'André Comte Sponville:Le capitalisme est-il moral ? : Sur quelques ridicules et tyrannies de notre temps.  Il nous aide en peu de pages à mieux comprendre une composante essentielle de notre modernité telle qu'elle est que l'on soit parmi les gagnants ou les perdants de celle-ci, que l'on l'aime ou non. La seule chose qu'il a manqué à Braudel dans cet ouvrage c'est le temps de s'apercevoir que le capitalisme se sera à peine ré-acclimaté à Shanghai et à Bengalore que sa dernière mutation le dispense désormais d'avoir encore à se localiser ...

mercredi 27 mars 2013

Reprise d'un de nos billets au sujet de G. Bouché à TEDxLaDéfense

Geneviève Bouché
Un court message aujourd'hui pour signaler que notre blog est repris par un média du net, UP magazine, qui compte 90000 lecteurs et voici aussi pour rappel le lien vers l'article original. Cette reprise concerne notre futurologue de TEDxLaDéfense, Geneviève Bouché.

Ceci m'amène à vous faire part de deux décisions afin de conforter le travail entrepris dans ce blog dans l'idée de donner à mes parutions une plus grande spécialisation et peut-être une audience supérieure. Divers événements récents que je n'ai pas relatés ici me confortent dans l'idée de développer une communication plus spécialisée, "alternative", professionnelle, vécue, argumentée ...

Je vous annonce donc que je vais reprendre sur le blog de TEDxLaDéfense la parution d'articles concernant les suites de cet événement. Cela signifie des brèves autour de TED, TEDx et de nos intervenants, de l'équipe de bénévoles et de nos visiteurs en fonction de leur propre activité. Puisque TED propose de changer le monde, qu'avons nous faits les uns et les autres en matière d'humanisme et de profit depuis ?

En outre, je vais lancer très prochainement un blog dédié à des expériences touchant à une forme d'écologie concrète où seront relatés des cas vécus permettant de mettre en avant des économies et des améliorations environnementales. Au passage, nous parlerons aussi de la manière dont les média traditionnels traitent ou ne traitent pas de ces sujets.

Le Dire et le Faire continuera à proposer des billets sur d'autres thèmes comme ce fut le cas dans les derniers articles. Je vous y parlerai de projets d'édition ou de sujets qui me sont chers dans le domaine de l'enseignement ou de la médiation notamment.

A bientôt.

vendredi 1 février 2013

Un litre de lumière ...

Voici une idée lumineuse de système "D" qui apporte une petite lumière dans nombre de bidon-villes et pourquoi pas aussi dans nos cabanes de jardin ? Cette courte vidéo présente comment, avec une bouteille d'eau en plastique transparent additionnée d'un peu de javel, il est possible de bricoler un petit éclairage écologique sous un toit en tôle ondulée comme il y en a des millions dans de nombreux pays... Concrètement et au sens propre, cet exemple de petite lumière ne changera peut-être pas le monde mais il éclaire une voie d'innovation possible ... celle de la simplicité.

Adresse de la vidéo

La voici:



En quoi sommes-nous concernés ?


Certes, nous n'installerons pas tous cette "ampoule" solaire dans nos salons européens ... et c'est sans doute encore heureux. Cependant, je connais des bricoleurs qui auraient pu le faire dans leur cabane de jardin ou dans un débarras sombre. Cette idée semble intéresser des tas de gens très pauvres dans de nombreux endroits du globe. Il me semble que ce qu'elle nous dit aussi c'est que l'ingéniosité et la débrouille sont  là où cela urge. Une leçon d'innovation peut-être à méditer dans un pays qui, il n'y a pas si longtemps se glorifiait d'être la patrie du "système D". Il s'agit aussi d'un petit exemple minimal de ce "frugal engineering" dont nous parlait Isabelle Raugel à TEDxLaDéfense.

Pour en savoir plus sur le litre de lumière: http://aliteroflight.org/

dimanche 11 novembre 2012

Trade not Aid 2/2

Suite de l'article de Lucy, étudiante en stage en Inde qui s'occupe de micro-crédit pour faire suite à nos articles sur "Humanisme et Profit".
(Billet invité)

Le nécessaire accompagnement

Je n’ai pris ce recul-là sur l’œuvre de la Grameen qu’en arrivant chez NCRC, où après la mise à disposition de l’argent, est mis en place un processus de suivi des partenaires. Ce processus comprend une réunion du groupe chaque mois, dans laquelle est dispensée une formation sur les bases du management. J’entends bien les bases, car à cette échelle du micro-entrepreneuriat, on revient de très loin: il faut être conscient que la majorité des "locaux" ne sait pas comment on calcule un profit. Ils ne séparent pas l’argent du commerce de celui de la maison. Ils sont ignorants du concept de capital et d’épargne. La relation avec le fournisseur est considérée comme très importante, à la base de tout commerce: un fournisseur doit être un ami, mais le problème qui se pose est alors celui de ses prix. Alors que la négociation avec les clients est une des caractéristiques de l’Inde, celle avec le fournisseur est souvent quasi inexistante. 

Le micro-crédit pour amorcer la relation

Voilà donc, pour moi, une des principales leçons d’NCRC. Le microcrédit, comme on me l’a expliqué dès le début, est d’abord  une base pour engager la relation avec les micro-entrepreneurs. Le but est de les aider à augmenter leurs revenus et plus généralement leur niveau de vie. En plus des formations basiques en management, des formations sur des sujets sociaux et médicaux sont dispensées. Des formations professionnelles sont dispensées par les membres eux-mêmes. Un conseiller en "business development" se déplace également lorsqu’il y a des problèmes difficiles à résoudre. Entrepreneurs du Monde offre un appui technique important en favorisant l’échange de compétences. L’équipe d’NCRC, composée uniquement de locaux et parfois de stagiaires étrangers, reçoit un partenaire d’Edm environ tous les deux mois. Phuong, la responsable Edm des services sociaux économiques d’Asie, m’a expliqué que pour elle, NCRC était un des partenaires les plus avancés dans ce domaine.

Appel à contributions

L’équipe, dont la moyenne d’âge se situe autour des 26 ans, est très dynamique et fait preuve d’une grande capacité d’ouverture, d’une envie d’apprendre. Ici, chaque volontaire ou stagiaire est le bienvenu avec ses compétences. Ses recommandations ou ses idées de projets sont écoutées avec attention par le directeur lui-même.  Il y a également un besoin constant de nouvelles formations dans les domaines précédemment décrits. Vous trouverez des exemples d’appels à compétences dans la rubrique « get involved » sur notre site web www.ncrcindia.org. Bien sûr, le côté financier est également à assurer. NCRC n’a pas encore atteint l’autosuffisance et doit en plus encore engager du personnel. Ici, je retrouve bien le contexte indien tel qu’on me l’avait décrit: le réflexe du financement humanitaire n’est pas encore bien installé dans le pays. Or, l’Occident se retire à grande vitesse de ce domaine, estimant que l’Inde est désormais à même de le prendre en charge. C’est vrai, d’un point de vue théorique et économique. Mais pas encore, hélas, d’un point de vue culturel. Il y aurait au moins besoin de volontaires venant essayer d’assurer la transition, d’éveiller un peu les investissements locaux. Je conclurai en vous souhaitant la bienvenue chez NCRC, si vous passez par Calcutta ! Et bien, sûr, bienvenue aussi aux éventuels échanges à partir de cet article.

Lucie Rosello, www.ncrcindia.org .

En quoi sommes-nous concernés ?

J'ai rencontré de nombreux entrepreneurs solidaires ces derniers temps qui s'ajoutent aux nombreux entrepreneurs "classiques" que je connais, j'ai le sentiment qu'un nouveau cycle naturel s'enclenche. En passant, en Inde ou près de chez nous, par les plus pauvres, les plus simples, une nouvelle version de l'entrepreneuriat prend forme en revenant aux sources, aux besoins de base, aux nécessités. Au passage, se posent les mêmes problèmes que toujours: commerciaux, de gestion, financiers. Et pour les résoudre, une nouvelle forme de capitalisme est en train de naître. S'y ajoute simplement semble-t-il la reconnaissance de l'importance de la relation. Nous retrouvons comme toujours: capital, compétences, savoir, travail et désormais un pilier supplémentaire: la solidarité.

Voilà donc par exemple comment se joue concrètement avec l'histoire de Lucy ce que nous avions abordé cet été sous le thème: "Humanisme et Profit". Nous avions dit nos convictions sur la scène de TEDxLaDéfense, Lucy (une autre "petite poucette")  était dans la salle et depuis, elle l'a vécu. Bravo et bonne continuation à elle.

dimanche 4 novembre 2012

Trade not Aid 1/2

Aujourd'hui la parole est à une étudiante en stage en Inde qui s'occupe de micro-crédit pour faire suite à nos articles sur "Humanisme et Profit".
(Billet invité)

S'adresser à des entrepreneurs

Je suis Lucie, étudiante à Audencia Nantes Ecole de Management, après des classes préparatoires littéraires et une licence de lettres modernes-philosophie. Je viens vous témoigner de mon expérience au Bangladesh et en Inde, au sein de la Grameen Bank et d’une petite ONG soutenant le micro-entrepreneuriat, Navnirman Community Resources Center.

J’ai été  très tôt sensible aux questions de développement. Du concept du commerce équitable, j’ai surtout retenu le fameux slogan « Trade not aid ». Du commerce, non de l’assistance. Donner du pouvoir aux gens, non les maintenir en consommateurs. Voir en eux des entrepreneurs, des artistes, des artisans qui peuvent gagner leur vie et apporter du profit. A partir de là, j’ai voulu partir à la découverte de ceux qui emploient leurs compétences à faire du commerce un instrument de développement.


Renforcer la relation

Mohammed Yunus a donné un coup de pied dans la fourmilière en propulsant le concept du microcrédit. Il a révélé à la face (voilée) du monde, qu’il fallait souvent quelques euros, à peine 3 paquets de cigarettes, à des gens pour monter leur affaire et se relever d’eux-mêmes. Oui, l’argent a bien des pouvoirs… malheureusement entravés par l’un d’entre eux ; celui, l’attrait, qu’il exerce sur nous même. C’est ce que ce professeur d’économie explique : aujourd’hui, on a réduit l’être humain à l’attrait que l’argent exerce sur lui, on en a fait un être unidimensionnel, uniquement préoccupé par le profit. Pour lui, il faut réinvestir les autres dimensions, notamment celle de la relation humaine, celle là même qu’on peut encore deviner dans l’étymologie du mot commerce : « cum », avec, « merx, mercis » des marchandises. Quoi, avec des marchandises ? Un échange, une relation gagnant gagnant ? Mais sur quels plans ?

Appartenir à une communauté solidaire

J’ai passé un mois à découvrir la Grameen Bank et j’ai beaucoup apprécié. Loin d’être de ceux qui la déprécient, je trouve que son œuvre auprès des ruraux est très importante et crée beaucoup de valeur. Néanmoins, il est difficile d’incarner parfaitement un concept tel que celui de Yunus. Et, la Grameen a bien commencé à réintroduire le lien humain dans le commerce: pour emprunter, il faut nécessairement être membre d’un groupe solidaire face aux prêts de chacun de ses membres. Ce groupe se réunit régulièrement et son approbation est requise pour déposer une demande. Mais, s’il y avait une seule critique à faire, ce serait le risque de la réduction de l’aide au simple crédit.


Prospérer

Sans argent, on ne monte pas d’entreprise. La Grameen a commencé à résoudre ce problème. Mais comme chacun sait, il ne suffit pas de créer l’entreprise, il faut ensuite la faire prospérer. Quelles sont les premières causes d’échec de l’entrepreneuriat en France ?  70% sont liées à des problèmes commerciaux, tels ceux d’une mauvaise évaluation du marché, contre 40% liées à des problèmes financiers.



Suite au prochain numéro. Lucie Rosello, www.ncrcindia.org .
 

vendredi 12 octobre 2012

Sérendip découvre Solarkiosk

Serendip est le tout nouveau blog de Mélanie ! Pour son second article, il nous fait découvrir Solarkiosk ...
Solarkiosk

Découvrez ici cette innovation d'une start up allemande et Serendip par la même occasion. Si ce nom vous intrigue vous en découvrirez l'origine dans le premier article de ce tout nouveau blog.

lundi 30 juillet 2012

Emmanuel Delannoy: Cérambyx ou l'économie circulaire

Pour cette treizième intervention de TEDxLaDéfense, c'est à une ouverture vers la biosphère et l'économie circulaire qu'Emmanuel Delannoy nous convie pour réinventer une une économie durablement profitable.

Quel est son angle ?

Emmanuel Delannoy est un homme d'entreprise, précédemment chef de projet et manager dans de grands groupes informatiques, il a fondé l'association Inspire afin de promouvoir une économie réellement durable et qui soit réaliste. Son parti pris est donc de nous réexpliquer l'économie en prenant pour point de vue celui d'un coléoptère dont l'ancienneté sur terre, des centaines de millions d'années, lui permet de nous faire une modeste mais efficace leçon en nous conseillant d'investir pour inventer l'Economie Circulaire.

Voici la vidéo:


Résumé:

Capital: il y a le capital productif, le capital humain, le capital social et chacun d'eux fait diversement l'objet d'un ré-investissement. Or le système économique ne se préoccupe pas de ré-investir dans son capital naturel, l'écosystème. La base de notre capital, le capital naturel reste hors des préoccupations économiques.

L'expérience des "vieilles" espèces: nous vivons dans une biosphère limitée, ce que les insectes savent bien, eux qui sont des espèces bien plus anciennes que la nôtre. Il faut apprendre à vivre en circuit fermé. Les énergies fossiles (charbon, pétrole) ne se reforment plus car il s'agit d'un déchet que les insectes éliminent désormais. Il ne faut donc vraiment plus compter dessus même si l'on pouvait attendre 200000 ans !

L'économie circulaire: tout est en permanence recyclé dans la nature, reconstruisons toute notre économie sur ce principe avec les "3 R" devenus "4 R":
  • Réduire les ressources utilisées
  • Réutiliser les ressources dans d'autres produits ou usages
  • Recycler les déchets en de de nouveaux produits et même
  • Relocaliser afin que soient économisés des transports distants. 
De véritables opportunités économiques sont liées à ces quatre thèmes:

  • Maintenir,
  • Réutiliser,
  • Réassembler,
  • Recycler,
... constituent autant d'opportunités de nouveaux modèles nécessaires pour la biosphère et utile pour la croissance économique.

En quoi sommes-nous concernés ?

D'autres l'ont déjà dit, pourtant l'opportunité est sous nos yeux. Il n'est plus temps de faire semblant (Green Waching), il n'est pas sérieux d'instituer le culte béat d'une écologie moralisante et dogmatique, il est certainement en revanche écologiquement pertinent et économiquement rentable de parier sur l'économie circulaire. Nous sommes doublement concernés: en tant qu'habitants de la terre attachés à vivre dans un milieu sain et en tant qu'acteurs économiques attachés à notre niveau de vie.

Pour retrouver Emmanuel:

Association Inspire: http://www.inspire-institut.org/
Son dernier ouvrage: L'économie expliquée aux humains

lundi 23 juillet 2012

Isabelle Raugel: humanisme et profits en action dans les pays émergents

Voici par Isabelle Raugel la onzième intervention de TEDxLaDéfense qui traite des nouveaux modèles proposés par les pays émergents. Elle nous donne une vision pragmatique de l'économie inclusive et une piste de réflexion pour nous-mêmes en Occident.

Quel est son angle de vue ?

Consultante et voyageuse dans les pays émergents, Isabelle nous aide à percevoir les nouveaux modèles d'affaires de ces pays non par analogie avec nos modèles existants mais selon leurs propres contraintes et conditions de possibilité. La clef de son intervention est que ces pays sont obligés d'inventer de nouvelles offres, de nouvelles façons de faire des affaires pour intégrer ces 60% de leur population qui détiennent près de la moitié des revenus mais qui restent individuellement très pauvres. Il nous faut comprendre qu'il s'agit d'une nouvelle forme d'intelligence adaptée à une nouvelle forme d'économie qui se nomme parfois économie inclusive ou économie d'accessibilité.

Voici la vidéo:

Résumé:

1) l'intelligence:

Cette économie nouvelle se caractérise tout d'abord par cet esprit de débrouille qui porte un nom spécifique en sanscrit, "Jugaad" qui s'illustre comme ici à gauche avec cette machine à expresso pas chère et qui fait un très bon café de rue.

 Ceci n'est pas qu'anecdotique et se nomme également "frugal engineering", rappelez-vous à quoi ressemblait le premier aéroplane quand il était construit avec des moyens différents de ceux dont nous disposons ... et pourtant, il en est résulté des innovations déterminantes. Cela donne actuellement par exemple la tablette Akash commercialisée entre 35 et 40 $.

2) la reconnaissance de l'utilisateur:

A la différence du marketing des occidentaux qui capitalise à plaisir dans le désir de l'utilisateur, cette approche reconnaît le véritable besoin de l'utilisateur, voici ci-dessous à quoi ressemble un téléphone "low cost" en Inde.
Il n'est pas du tout "allégé" comme on pourrait le croire, il a même des fonctionnalités spéciales, il fait lampe électrique et les batteries tiennent plus longtemps car les villageois n'ont pas l'électricité, il est multilingue car les communautés le sont etc ... un produit low cost n'est pas un produit "basique", c'est un produit pertinent !
3) les nouvelles alliances:
Un autre ressort de ces nouvelles offres permet de mettre en oeuvre des alliances originales dans un écosystème nouveau (voir les chaines de valeur hybrides d'Arnaud Mourot). C'est par exemple le cas des hôpitaux suivants. Seuls 3,5% des besoins chirurgicaux sont couverts en Inde alors que les hôpitaux n'avaient un taux d'occupation que de 38%. Le Dr Devi Shetty (ci-contre à droite) de Bengalore a donc créé un centre de chirurgie cardiaque intégrant un système de micro-assurance distribué par les coopératives agricoles auprès des paysans qui pour 22 centimes peuvent accéder à 1200 opérations. Le volume induit a permis l'amortissement des équipements, la répétition des gestes et donc leur qualité. Le tout a attiré des patients aisés qui subventionnent en retour l'accès aux soins de la masse pauvre.

30000 lits sont prévus dans les 5 ans et cette chaîne vertueuse a pris naissance sans aucune subvention publique. A la place, on trouve dans ces pays: l'audace, un état d'esprit innovant et la capacité à utiliser d'emblée les infrastructures virtuelles du XXI ème siècle.

4) le "cloud":
Ce même médecin a également créé un important réseau de télé-médecine qui s'est affranchi de la connexion par satellite qu'il a remplacée par ... skype ! Toute la chaîne de valeur se trouve transformée par la capacité à utiliser le savoir faire qui se trouve non plus dans l'hôpital mais dans le "cloud". Ainsi se créent des hôpitaux de chirurgie cardiaque "low cost" connectés de 300 lits en 6 mois pour 6 millions de dollars ce qui est extrêmement peu.

En conclusion:
 De nombreux exemples existent qui sont des cas "d'Humanisme et Profits" en action. Notre vision d'une "redistribution humanitaire" d'un "profit sale" doit être changée. Notre référentiel culturel notamment sur l'innovation n'est plus adapté. En outre, toujours plus de fonctionnalités pour des produits chers destinés à un petit nombre est un modèle qui arrive à son terme. Le moteur de l'innovation, à l'instar de ce que font les émergents, sera probablement plutôt le "low cost"en enlevant deux zéros à nos équations !

Jaimé Lerner
Le problème de l'Occident aujourd'hui, c'est qu'il sort de l'ère de l'abondance et continue à vouloir innover comme pendant l'ère d'abondance alors qu'il lui faudrait trouver comme les émergents un nouveau moteur permettant le partage. Selon le mot de Jaimé Lerner, maire de Curitiba au Brésil, ce sont de nouvelles "équations de co-responsabilité" qui va falloir résoudre.

La première étape du changement à venir est donc un changement d'état d'esprit. De nouvelles chaînes de valeurs, de nouvelles équations de co-responsabilté doivent donc être trouvées au sein de notre société telle qu'elle est avec les entreprises et les partenaires de tous ordres pour que nous innovions dans notre mode d'innovation-même ...

En quoi sommes-nous concernés ?

Ce "talk" ne parle pas seulement des émergents. Il parle de nous, de notre vision de l'avenir ou plutôt du passé. D'immenses opportunités existent pour nous car nous disposons d'énormément de ressources et aussi de freins. Isabelle nous le dit, le partage pour des raisons humanitaires c'est une idée d'hier. Le partage, aujourd'hui dans les pays émergents, et très bientôt chez nous est une nécessité économique !

Je crois que c'est une bonne nouvelle pour l'humanisme car la machine économique comme l'entreprise ne sont pas là pour accomplir une oeuvre morale. Elles sont là pour le profit et si le partage est la condition du profit alors de puissants moteurs économiques viendront seconder les aspirations humanistes. Un changement d'état d'esprit reste à faire qui, lui, n'est pas naturelle car on ne passe pas volontairement d'une logique de l'abondance à celle de la rareté ou de la précarité sans abandonner privilèges et avantages acquis....

C'est l'idée intéressante d'innover sur l'acte d'innover. J'ai envie de retenir cette idée pour l'avenir de notre projet TEDxLaDéfense: "changer de changement" afin que nous puissions dans les faits conjuguer "Humanisme ET profits". Pour cela, il va falloir travailler notre état d'esprit.

Lien:

Retrouvez la plateforme co-créée par Isabelle Raugel sur ces sujets: http://www.ebplab.com/

dimanche 15 juillet 2012

Arnaud Mourot: Les chaînes de valeur hybrides

Notre neuvième intervention de TEDxLaDéfense nous fait entrer directement dans le monde des entrepreneurs sociaux. Arnaud Mourot dirige Ashoka pour l'Europe francophone et également l'ONG Sports sans frontières.

Son angle:

Arnaud est dirigeant d'ONG, entrepreneur social et ancien sportif de haut niveau. Il finance le développement de projets d'entrepreneuriat social se présentant comme capital investisseur philanthropique.


Eléments clefs présentés:

Rôle d'Ashoka: historiquement il s'agissait de financer des projets d'entreprises sociales dans des pays comme l'Inde, le Brésil ... Que faire en France où l'on considère que ces "débutances" doivent être aidées par le régalien et non par la société civile ? Il fallait essayer en trouvant un premier entrepreneur.

Site de SIEL Bleu
Le tout premier entrepreneur en France: en 1997 à Strasbourg,  Jean-Daniel Muller et Jean-Michel Ricard veulent s'occuper des personnes âgées, développer les activités physiques des seniors pour les sortir de situations de dépendances ... SIEL Bleu fait économiser des milliards à la Société par la prévention des chutes des personnes âgées. Cette ONG compte désormais 300 personnes, touche 80000 personnes par semaine et divise par 2 ou 3 le risque de fractures. Appliqué à la réduction des fractures et au diabète de type 2, Arnaud nous dit qu'une étude évalue à 56 milliards l'économie en 9 ans que permet ce modèle ...

La question qui se pose aujourd'hui: alors que ce type d'accompagnement aide peut-être 200 ou 300 millions de personnes dans le monde (la cible est de 4 milliards), comment accélérer le processus ? Comment aussi permettre aux entrepreneurs sociaux de franchir les plafonds de verre et d'atteindre la taille que leur modèle permet ? Un besoin immense reste encore à servir:

Slide d'Ashoka tirée de la présentation d'Arnaud

Le levier, c'est le business: différents leviers existent, Arnaud choisit de mettre l'accent sur celui du "Business" car c'est là que se trouvent les process, les moyens. Il faut combler le vide entre l'univers des entrepreneurs sociaux qui savent adresser tous ces "nouveaux clients" et le "Business" qui en a les moyens. Car il s'agit de voir ces publics comme des clients et non comme des assistés et leur proposer des offres adaptées: c'est l'idée de l'hybridation des chaînes de valeur:

Slide d'Ashoka tirée de la présentation d'Arnaud

En quoi sommes-nous concernés ?

Arnaud n'a pas besoin d'être paraphrasé. Le besoin est là, le phénomène de convergence est amorcé. Il s'agit de l'accélérer car le temps qui nous reste est court. Le monde de l'entreprise n'est pas celui d'une morale ou d'une sensibilité humaine. Il est celui de l'action.

Nous avons l'opportunité véritable de faire converger "humanisme" et "profits", c'est-à-dire tout simplement réorganiser les priorités du monde économique en tenant compte des besoins de la société (globale qui plus est) non pas parce que c'est seulement "bien" mais parce que c'est ce qu'il faut faire: le marché existe et le savoir-faire et les moyens pour répondre à ses besoins existe .... Ou nous avons aussi le choix de gloser sur les vieilles lunes ou nos privilèges amoindris....

Voici, en tous cas, un message fort et clair en faveur à la fois des plus démunis ET des entrepreneurs.