mardi 31 juillet 2012

Paul-Henri Pion: voir les choses ensemble plutôt que les exclure

Voici donc le dernier sujet de TEDxLaDéfense. Il présente un point de vue central entre humanisme et profit. Il est l'un ET l'autre puisque le sujet de cette intervention est justement la conjonction de coordination "ET" !

Quel est l'angle de l'intervention ?

Paul-Henri Pion est issu de la finance d'entreprise ET il est psychopraticien. Il se focalise ici sur un sujet qui est un outil de développement personnel pour dépasser certains blocages psychologiques. Cet outil est la conjonction "ET". Il ne prend pas position dans le débat sur le type d'économie ou le mode de relation sociale en vigueur autour de nous, il nous raconte une histoire mainte fois rencontrée dans son cabinet.

Voici la vidéo:


Quelle est la thèse ?

Paul-Henri Pion que vous avez déjà rencontré dans ce blog nous invite à préférer une attitude associative plutôt qu'oppositionnelle. C'est ainsi qu'il nous parle d'un vécu personnel où il s'est senti à la fois heureux et triste en contemplant une réalité vraie et fausse à la fois. Il nous conseille à sa suite de chercher à associer les sentiments comme les idées contraires et à ne pas les opposer car le cerveau ne sait pas les accommoder ensemble et cela nous oblige à faire un saut créatif. Ainsi son provoquant aimer ET insulter ... Ainsi ce chauffard qui vous a fait peur et qui ne conduit pas si mal puisque l'accident ne s'est pas produit ...

Nous avons conçu "Humanisme et profits" dans cette optique et Paul-Henri Pion relève cela comme un moyen de favoriser le changement. Nous espérons que ce que les experts des comportements de l'individu dans son milieu nous donnent comme un outil individuel utile pourra s'appliquer en Société.

En quoi sommes-nous concernés ?

L'exercice que propose notre intervenant paraît bien simple en regard de l'immensité de la tâche. Remplacer le "oui mais" par le "oui et". Cela fait quelques années que Paul Henri Pion m'en parle. Il a depuis écrit deux livres ceci figure parmi d'autres exercices. 

Alors, étant comme il le dit culturellement immergé dans le "oui mais", j'ai tout d'abord cherché à démontrer que cela ne marchait pas. Pourquoi et comment dire "ET" plutôt que "mais" allait-il changer la donne ? Commençons par le faire dans le discours des autres et regardons ce qu'il se passe. Si nous avions nommé notre journée "Humanisme mais profit". On aurait lu et oublié le premier mot pour ne retenir que le second, marquant par là que l'humanisme c'est bien beau MAIS que l'important c'est de gagner des sous. 

Dire "Humanisme ET profit" signifie que nous postulons comme le disait Djamel Berbachi que ces deux mots nous envoient dans des directions différentes, alors que mis ensemble, ils ont un pouvoir différent, nouveau. C'est le pouvoir de l'oxymore en linguistique. C'est une technique utilisée en créativité. Comme l'a dit Paul-Henri Pion, notre esprit a des biais, en l'espèce il ne s'accorde pas des opposés. Si l'on en met un en exergue avec MAIS , l'autre mot devient un faire valoir. En revanche, si l'on souligne la simultanéité et l'équivalence, il nous faut alors basculer dans une réalité nouvelle. Et c'est ce que nous voulions car c'est ce qui nous attend ... de gré ou de force.

Nous reviendrons sur ce point dans notre dernier article qui sera la conclusion de cette série sur TEDxLaDéfense.

Pour retrouver les ouvrages de Paul-Henri Pion:

50 exercices pour lâcher prise et aussi:

Manuel de lâcher prise

lundi 30 juillet 2012

Emmanuel Delannoy: Cérambyx ou l'économie circulaire

Pour cette treizième intervention de TEDxLaDéfense, c'est à une ouverture vers la biosphère et l'économie circulaire qu'Emmanuel Delannoy nous convie pour réinventer une une économie durablement profitable.

Quel est son angle ?

Emmanuel Delannoy est un homme d'entreprise, précédemment chef de projet et manager dans de grands groupes informatiques, il a fondé l'association Inspire afin de promouvoir une économie réellement durable et qui soit réaliste. Son parti pris est donc de nous réexpliquer l'économie en prenant pour point de vue celui d'un coléoptère dont l'ancienneté sur terre, des centaines de millions d'années, lui permet de nous faire une modeste mais efficace leçon en nous conseillant d'investir pour inventer l'Economie Circulaire.

Voici la vidéo:


Résumé:

Capital: il y a le capital productif, le capital humain, le capital social et chacun d'eux fait diversement l'objet d'un ré-investissement. Or le système économique ne se préoccupe pas de ré-investir dans son capital naturel, l'écosystème. La base de notre capital, le capital naturel reste hors des préoccupations économiques.

L'expérience des "vieilles" espèces: nous vivons dans une biosphère limitée, ce que les insectes savent bien, eux qui sont des espèces bien plus anciennes que la nôtre. Il faut apprendre à vivre en circuit fermé. Les énergies fossiles (charbon, pétrole) ne se reforment plus car il s'agit d'un déchet que les insectes éliminent désormais. Il ne faut donc vraiment plus compter dessus même si l'on pouvait attendre 200000 ans !

L'économie circulaire: tout est en permanence recyclé dans la nature, reconstruisons toute notre économie sur ce principe avec les "3 R" devenus "4 R":
  • Réduire les ressources utilisées
  • Réutiliser les ressources dans d'autres produits ou usages
  • Recycler les déchets en de de nouveaux produits et même
  • Relocaliser afin que soient économisés des transports distants. 
De véritables opportunités économiques sont liées à ces quatre thèmes:

  • Maintenir,
  • Réutiliser,
  • Réassembler,
  • Recycler,
... constituent autant d'opportunités de nouveaux modèles nécessaires pour la biosphère et utile pour la croissance économique.

En quoi sommes-nous concernés ?

D'autres l'ont déjà dit, pourtant l'opportunité est sous nos yeux. Il n'est plus temps de faire semblant (Green Waching), il n'est pas sérieux d'instituer le culte béat d'une écologie moralisante et dogmatique, il est certainement en revanche écologiquement pertinent et économiquement rentable de parier sur l'économie circulaire. Nous sommes doublement concernés: en tant qu'habitants de la terre attachés à vivre dans un milieu sain et en tant qu'acteurs économiques attachés à notre niveau de vie.

Pour retrouver Emmanuel:

Association Inspire: http://www.inspire-institut.org/
Son dernier ouvrage: L'économie expliquée aux humains

dimanche 29 juillet 2012

Philippe van den Bosch: de la sculpture cérébrale ...


Avec cette douzième intervention à TEDxLaDéfense, Philippe van den Bosch nous fait entrer dans le cerveau. Nous avons voulu dans cette session "ouvertures" approfondir notre thème sur l'humain ... et c'est à une plongée sous la calotte crânienne que nous sommes conviés.

Quel est l'angle de l'intervention ?

Philippe est chercheur. Neurobiologiste. Il fut un pionnier de la recherche sur l'imagerie appliquée au système nerveux. Il enseigne et a dirigé à Louvain un laboratoire de référence qui fit de lui un expert mondialement reconnu dans le domaine de la résilience du système nerveux et un conférencier apprécié notamment sur le thème de la maladie d'Alzheimer. J'ai demandé à Philippe, par ailleurs curieux et informé d'un très grand nombre de sujets hors de son champ immédiat de travail, de nous proposer sa vision sur les dérives actuelles de certaines prises de décisions économiques et financières. 

On peut en effet s'interroger sur la constance avec laquelle pour reprendre le mot d'Einstein, nos contemporains s'obstinent à faire sans arrêt la même chose en espérant un résultat différent. Ce qu'il donne comme définition de la folie. 

Nos précédents interlocuteurs nous ont montré tout d'abord que nous vivons des crises dont la nature est structurelle, que des solutions d'apaisement existent à conditions de placer les choses dans des perspectives différentes ce qui nous amènerait à accepter de transformer notre société de manière drastique. Pourquoi ne faisons-nous pas ce qui semble nécessaire alors ?

Voici la vidéo:


Tentative de résumé:

Une grande spécialisation des différentes aires du cerveau existe et ce qui importe c'est que toutes ces aires fonctionnent ensemble, c'est même pour Philippe van den Bosch un bel exemple de coopération !

Le nombre de connexions d'un seul cerveau humain dépasse celui de tous les ordinateurs du monde "occidental". Les neurones se remplacent pour renouveler ces connexions même si le nombre de neurones décroît.

Nous câblons nous-même notre réseau de connexions de façon unique avec notre expérience. Comme dans l'image du verre de vin, chacun va en avoir par avance une expérience différente. C'est une véritable sculpture cérébrale qui va commander nos actions de façon spécifique...

Nous avons un déficit de gestation à la naissance d'environ 2 mois ... l'enfant humain est donc "libéré" trop tôt, c'est un prématuré surstimulé par l'environnement extérieur. Cela expliquerait ainsi les meilleures performances intellectuelles de l'humain par rapport aux autres primates, par ailleurs génétiquement peu différents.

La deuxième conséquence de cette naissance précoce est la nécessité pour l'enfant d'être pris en charge par la mère, les parents, le groupe ... très tôt se met donc en place une communication, un babillage parallèlement au développement des neurones miroirs qui favorisent au final le mimétisme des mouvements (et sans doute l'apprentissage).

Toutes ces choses sont gérées par le cortex préfrontal qui trie et permet d'agir en fonction de notre histoire neuronale.

A ces actions sont associés des processus procurant du plaisir avec une substance que l'on appelle "dopamine" selon le schéma suivant:

On comprend que ce "mécanisme" permette une recherche de la maximisation du plaisir, ce que l'on peut maintenant visualiser et mesurer comme dans l'illustration suivante:
La thèse:

Philippe nous propose alors l'interprétation suivante: si l'individu se coupe de plus en plus des émotions "humaines" découlant du "groupe" et qui ont fait le succès de l'espèce à travers les âges au profit d'une recherche d'actions visant à produire un plaisir de plus en plus en décalage, on peut parler alors d'une "perversion". Si l'on remplace "plaisir" par "profits", nous nous retrouvons devant une simplification d'une situation qui donne peut-être une idée d'un possible ressort profond de la crise de l'économie financiarisée actuelle !

Le plus amusant c'est que Philippe glisse au passage que pour ces individus "en décalage", le plaisir que génère ainsi la dopamine, et cela a été mesuré en laboratoire, est plus fort que celui généré par des images érotiques ... Du coup, notre intervenant ironise sur le fait que ces individus auront ainsi statistiquement moins de chance de se reproduire ... Sur longue période, Darwin gagne toujours et donc à l'échelle de l'évolution de l'espèce humaine, nous finirons par en sortir ... !

En quoi sommes-nous concernés ?

Les progrès de l'imagerie ont permis de progresser depuis une quarantaine d'années dans l'exploration des mécanismes de la prise de décision et de l'action (stimulus-réponse). Philippe se place ici au carrefour des sciences dures et des sciences humaines. Il faut certainement prendre en compte une complexité plus grande et d'autres substances (ocytocine, testostérone ...) et leurs interactions... La simplicité du propos n'est donc qu'apparente.

Cependant, il nous reste une idée puissante. Et si, plutôt que pour la complexité des marchés ou l'abstraction de la complexité, l'humain était surtout fait pour le petit groupe et donc pour une société et une économie qui se refonderaient en retrouvant du sens dans la richesse de véritables relations ?

samedi 28 juillet 2012

Eric Elias: le premier jour du reste de notre vie !


Voici la dernière vidéo invitée de TEDxLaDéfense, en guise d'introduction de notre dernière session, introspective et centrée, non seulement sur l'humanisme, mais sur l'humain. Eric Elias était dans cet avion qui s'est crashé au décollage dans l'Hudson. Il nous raconte les 5 dernières secondes de sa précédente vie.

Voici la vidéo:


En quoi ne serions-nous pas concernés ?

Ce quadra en pleine réussite dans sa vie professionnelle de publicitaire est amené pendant les dernières secondes de sa vie précédente à considérer ce qui lui importe vraiment. Et du coup, il retrouve tout simplement l'humain commun à chacun de nous. Sans la complication de notre fatras de complexité, ce sont juste les dernières pensées d'un presque-mort:
1) ne plus jamais rien remettre à demain, vivre,
2) ne plus essayer d'avoir raison, être heureux,
3) un seul objectif dans la vie: être un bon père, voir grandir ses enfants,

A sa place, qu'aurions-nous changé dans nos vies ? 

Il nous a semblé que ce petit témoignage permettait à la fois d'ouvrir le débat "Humanisme et Profits" et de commencer à emmener notre public sur des sujets plus personnels.

Voici pour conclure, une citation tirée de la chanson d'Etienne Daho elle-même provenant d'un proverbe traditionnel anglais:

"Aujourd'hui est le premier jour du reste de notre vie !"

vendredi 27 juillet 2012

Wan: le Hang musique de l'âme

Après la troisième session de TEdxLaDéfense consacrée à des "ouvertures", nous voulions proposer une dernière session plus introspective appelée "Perspectives". 

Le musicien Wan nous présente ainsi ce curieux instrument:

Voici la vidéo:


Les musiciens sont généralement étonnés des possibilités harmoniques de cet instrument qui est bien plus qu'un simple instrument de percussion. Wan l'utilise également en musicothérapie.

Une approche originale de la musique que Wan a découverte à cause de ses difficultés auditives et des mélodies originales.

Wan vient de gagner le concours de KR magazine.

Retrouvez ses principales mélodies sur son site: http://www.myspace.com/wanpercussion


lundi 23 juillet 2012

Isabelle Raugel: humanisme et profits en action dans les pays émergents

Voici par Isabelle Raugel la onzième intervention de TEDxLaDéfense qui traite des nouveaux modèles proposés par les pays émergents. Elle nous donne une vision pragmatique de l'économie inclusive et une piste de réflexion pour nous-mêmes en Occident.

Quel est son angle de vue ?

Consultante et voyageuse dans les pays émergents, Isabelle nous aide à percevoir les nouveaux modèles d'affaires de ces pays non par analogie avec nos modèles existants mais selon leurs propres contraintes et conditions de possibilité. La clef de son intervention est que ces pays sont obligés d'inventer de nouvelles offres, de nouvelles façons de faire des affaires pour intégrer ces 60% de leur population qui détiennent près de la moitié des revenus mais qui restent individuellement très pauvres. Il nous faut comprendre qu'il s'agit d'une nouvelle forme d'intelligence adaptée à une nouvelle forme d'économie qui se nomme parfois économie inclusive ou économie d'accessibilité.

Voici la vidéo:

Résumé:

1) l'intelligence:

Cette économie nouvelle se caractérise tout d'abord par cet esprit de débrouille qui porte un nom spécifique en sanscrit, "Jugaad" qui s'illustre comme ici à gauche avec cette machine à expresso pas chère et qui fait un très bon café de rue.

 Ceci n'est pas qu'anecdotique et se nomme également "frugal engineering", rappelez-vous à quoi ressemblait le premier aéroplane quand il était construit avec des moyens différents de ceux dont nous disposons ... et pourtant, il en est résulté des innovations déterminantes. Cela donne actuellement par exemple la tablette Akash commercialisée entre 35 et 40 $.

2) la reconnaissance de l'utilisateur:

A la différence du marketing des occidentaux qui capitalise à plaisir dans le désir de l'utilisateur, cette approche reconnaît le véritable besoin de l'utilisateur, voici ci-dessous à quoi ressemble un téléphone "low cost" en Inde.
Il n'est pas du tout "allégé" comme on pourrait le croire, il a même des fonctionnalités spéciales, il fait lampe électrique et les batteries tiennent plus longtemps car les villageois n'ont pas l'électricité, il est multilingue car les communautés le sont etc ... un produit low cost n'est pas un produit "basique", c'est un produit pertinent !
3) les nouvelles alliances:
Un autre ressort de ces nouvelles offres permet de mettre en oeuvre des alliances originales dans un écosystème nouveau (voir les chaines de valeur hybrides d'Arnaud Mourot). C'est par exemple le cas des hôpitaux suivants. Seuls 3,5% des besoins chirurgicaux sont couverts en Inde alors que les hôpitaux n'avaient un taux d'occupation que de 38%. Le Dr Devi Shetty (ci-contre à droite) de Bengalore a donc créé un centre de chirurgie cardiaque intégrant un système de micro-assurance distribué par les coopératives agricoles auprès des paysans qui pour 22 centimes peuvent accéder à 1200 opérations. Le volume induit a permis l'amortissement des équipements, la répétition des gestes et donc leur qualité. Le tout a attiré des patients aisés qui subventionnent en retour l'accès aux soins de la masse pauvre.

30000 lits sont prévus dans les 5 ans et cette chaîne vertueuse a pris naissance sans aucune subvention publique. A la place, on trouve dans ces pays: l'audace, un état d'esprit innovant et la capacité à utiliser d'emblée les infrastructures virtuelles du XXI ème siècle.

4) le "cloud":
Ce même médecin a également créé un important réseau de télé-médecine qui s'est affranchi de la connexion par satellite qu'il a remplacée par ... skype ! Toute la chaîne de valeur se trouve transformée par la capacité à utiliser le savoir faire qui se trouve non plus dans l'hôpital mais dans le "cloud". Ainsi se créent des hôpitaux de chirurgie cardiaque "low cost" connectés de 300 lits en 6 mois pour 6 millions de dollars ce qui est extrêmement peu.

En conclusion:
 De nombreux exemples existent qui sont des cas "d'Humanisme et Profits" en action. Notre vision d'une "redistribution humanitaire" d'un "profit sale" doit être changée. Notre référentiel culturel notamment sur l'innovation n'est plus adapté. En outre, toujours plus de fonctionnalités pour des produits chers destinés à un petit nombre est un modèle qui arrive à son terme. Le moteur de l'innovation, à l'instar de ce que font les émergents, sera probablement plutôt le "low cost"en enlevant deux zéros à nos équations !

Jaimé Lerner
Le problème de l'Occident aujourd'hui, c'est qu'il sort de l'ère de l'abondance et continue à vouloir innover comme pendant l'ère d'abondance alors qu'il lui faudrait trouver comme les émergents un nouveau moteur permettant le partage. Selon le mot de Jaimé Lerner, maire de Curitiba au Brésil, ce sont de nouvelles "équations de co-responsabilité" qui va falloir résoudre.

La première étape du changement à venir est donc un changement d'état d'esprit. De nouvelles chaînes de valeurs, de nouvelles équations de co-responsabilté doivent donc être trouvées au sein de notre société telle qu'elle est avec les entreprises et les partenaires de tous ordres pour que nous innovions dans notre mode d'innovation-même ...

En quoi sommes-nous concernés ?

Ce "talk" ne parle pas seulement des émergents. Il parle de nous, de notre vision de l'avenir ou plutôt du passé. D'immenses opportunités existent pour nous car nous disposons d'énormément de ressources et aussi de freins. Isabelle nous le dit, le partage pour des raisons humanitaires c'est une idée d'hier. Le partage, aujourd'hui dans les pays émergents, et très bientôt chez nous est une nécessité économique !

Je crois que c'est une bonne nouvelle pour l'humanisme car la machine économique comme l'entreprise ne sont pas là pour accomplir une oeuvre morale. Elles sont là pour le profit et si le partage est la condition du profit alors de puissants moteurs économiques viendront seconder les aspirations humanistes. Un changement d'état d'esprit reste à faire qui, lui, n'est pas naturelle car on ne passe pas volontairement d'une logique de l'abondance à celle de la rareté ou de la précarité sans abandonner privilèges et avantages acquis....

C'est l'idée intéressante d'innover sur l'acte d'innover. J'ai envie de retenir cette idée pour l'avenir de notre projet TEDxLaDéfense: "changer de changement" afin que nous puissions dans les faits conjuguer "Humanisme ET profits". Pour cela, il va falloir travailler notre état d'esprit.

Lien:

Retrouvez la plateforme co-créée par Isabelle Raugel sur ces sujets: http://www.ebplab.com/

samedi 21 juillet 2012

Halla Tomasdottir: doing good business to change the world

Voici le troisième film présenté à TEDxLaDéfense juste avant notre onzième intervention sur scène. On y parle de nouvelle finance telle que celle-ci s'est réinventée en Islande à la suite de la crise des subprimes.

Son angle:

Ancienne cadre sup d'entreprises US, Halla était responsable de la CCI de Reykjavik lors de la crise des subprimes qui a emporté et le système financier local et les hommes politiques qui avaient rendus le pays insolvable. Comme le peuple décida de ne pas rembourser des dettes qu'il ne comprenait pas, il a fait table rase. La côte de risque de l'Icelande a sombré ... et une économie plus saine et plus "sérieuse s'est mise en place. Halla et son associée ont décidé de quitter leurs postes respectifs et de créer un fonds d'investissement fondé sur les valeurs de réalisme ... des femmes islandaises.

Voici la vidéo:



Résumé:

Halla et son associée considèrent que la situation catastrophique de leur pays n'était pas seulement la faute des hommes cependant une trop grande uniformité de valeurs et de pensée masculines leur semble en avoir été une des causes majeure. Leur réaction fut donc de repartir de valeurs qu'elles considèrent être les valeurs traditionnelles des femmes de leur pays à savoir:

1) Comprendre les domaines dans lesquels nous investissons (Risk Awareness): qui a compris dans quoi on investissait au plus fort de la crise des subprimes ?

2) Parler vrai et dire les choses comme elles sont avec des mots simples (Straight Talking). (là j'ai bien envie de me souvenir des paroles lénifiantes de Christine Lagarde (qui "dirige" aujourd'hui le FMI) tout au long des crises financières.

3) Capital Emotionnel: en plus de l'analyse financière sur Exel, il faut aussi prendre en compte le facteur émotionnel. Ce sont en effet les gens qui créent de la valeur pas les feuilles de calcul ...

4) Profits et principes: gagner de l'argent en respectant nos principes ce qui implique de définir le mot "profit" plus largement. Les profits ne sont pas seulement les profits financiers du trimestre mais doivent intégrer des bénéfices sociaux et environnementaux à plus long terme.

Voici en quoi cette approche peut changer les choses:


Halla nous fait part de son espoir que le facteur féminin, plus divers et réaliste dans la prise de décision et la révolution verte peuvent être les bases d'une nouvelle économie pour saine et plus respectueuse. En même temps, elle observe à quel point nous nous précipitons à recréer les conditions mêmes de notre échec. Et elle cite la définition de la folie selon Einstein:
"Faire inlassablement les mêmes erreurs en espérant un résultat différent ..."
Elle nous fait part de ses doutes et aussi de la longue histoire des femmes islandaises qui, depuis les vikings, et jusqu'à la première femme islandaise élue présidente, Vigdis Finnbogadottir, ont influencé profondément leurs époques.

En quoi sommes-nous concernés ?

L'Islande est un cas intéressant. Ce fut le premier pays d'Europe frappé par la crise. Il n'a pas du tout fait ce que nous faisons: le déni n'a pas été longtemps tenable, les banques ont été mises au pas, les politiques ont été remplacés et les créanciers internationaux (anglais et néerlandais) n'ont pas été indemnisés. La côte de risque du pays a donc été dégradée, la récession s'est installée et aujoud'hui l'économie repart sur de nouvelles bases ... Probablement n'y-a-t-il aucun rapport avec nous ... l'Islande c'est tout petit et tout froid alors ? Regardons tout de même, on ne sait jamais !

J'accorde en outre un grand intérêt à cette idée que la diversité "écologique" dans les affaires comme ailleurs est plus efficace que la pensée unique. L'approche féminine (que j'aurais plutôt tendance à appeler de "bon sens") de Halla me semble plus efficace pour éviter les crises qui découlent des biais que Georges Soros pointe de son côté dans la prise de décision financière et économique.

C'est moins l'aspect masculin de l'économie financiarisée qui est dénoncé ici que son côté monolithique, borné, entre soi, conforme et panurgique. Cela devrait nous inspirer car nous sommes atteints du même mal dans nos entreprises, dans les rouages de l'Etat, des collectivités locales et des institutions en général. Comme me le disait un élu local il y a peu dans une petite région de France vide et sans imagination: "en effet, la meilleure alliée du changement auquel nous n'arrivons pas à nous résoudre c'est peut-être cette crise qui nous arrive ..."

Au total, j'ai particulièrement aimé la conclusion de ce "talk" qui a été d'ailleurs comme un fil conducteur de notre journée: ras-le-bol d'une pensée qui opposerait le masculin au féminin, une économie "bonne" parce que philanthropique à de "mauvaises" pratiques qui seraient financières. Il faut aboutir à une unité efficace: une économie saine pour tous: "Humanisme ET profits": 
"doing good business to change the world" !
Les liens:

Retrouvez son site ici: Audur
et un article résumé récent des crises islandaises ici: Le Point

vendredi 20 juillet 2012

Arnaud Poissonnier: vers la banque citoyenne universelle

Le dixième intervenant de TEDxLaDéfense vient du monde de la finance et dirige le deuxième site de micro-crédit sur internet de la planète. Il dit lui-même que c'est encore peu et pourtant la croissance est forte et les perspectives sont prometteuses.

Son angle de vue:

Arnaud est un banquier "dissident" et aussi un pragmatique comme souvent l'aiment à le dire les gens qui savent compter ... Il nous fait part de son expérience dans un domaine en forte croissance et porteur de sens:

Voici la vidéo:


Court résumé:

En tant que dirigeant d'une start up démontrant déjà de belles réussites, notre intervenant témoigne de la difficulté de lever des fonds, les ROI attendus sont désormais de 33% ! Le risque économique perçu par les investisseurs les conduit en effet à être plus restrictifs ... enfin surtout quand il s'agit de financer une entreprise qu'elle soit sociale ou classique !

Il commence à nous expliquer qu'il doit son parcours plutôt brillant, à son côté cancre puis à son intérêt pour le micro-crédit rencontré grâce à l'ONG Actaid. Au passage, notons l'anecdote de Mme Karimov qui reçoit quelques centaines d'euros et ... qui est heureuse de remercier. Le lien toujours le lien ...

Le micro-crédit ...:
90% de la population planétaire n'a aucun accès au crédit.
15% en France pour 50% dans les pays pauvres sont les taux d'adhésion à la création d'entreprise.
Le micro-crédit popularisé par M. Yunus permet la création de la petite activité d'auto-subsistance surtout quand on n'a pas possibilité d'être salarié ... Il représente 65 MM$ d'encours en 30 ans et concerne 200 millions de personnes dont 75% de femmes ... Un triplement est tout à fait possible à court terme.

... auprès du grand public:
Les sources de financement du micro-crédit étaient classiques jusqu'à ce que Kiva ait eu l'idée de solliciter le grand public via internet. Au passage Kiva est un des fellows Ashoka ce qui nous renvoie à l'intervention d'Arnaud Mourot. 160 millions de $ ont été levés et prêtés ainsi par des plateformes de micro-crédit comme Kiva ou Babyloan.com avec une moyenne de 200$ par prêt. Ce représente un quart de pourcent de l'encours mondial du micro-crédit. Kiva se préoccupe moins de la faiblesse actuelle de leur encours que de l'effet réseau à déclencher ... un modèle à la Facebook !

Le micro-crédit est une des briques de la finance d'un possible nouveau monde. Une brique qui double de taille tous les 18 mois et qui s'appuie sur les nouveaux modèles que permettent l'internet en bypassant la banque traditionnelle qui de toutes façon délaisse 90% du marché planétaire disponible. C'est ce qu'Arnaud nomme la Banque Citoyenne Universelle qui, en plus, rend les bénéficiaires plus heureux !
Image tirée du site de Babyloan.com
 En quoi sommes-nous concernés ?

Tout d'abord, si vous désirez réaliser de petits investissements rémunérés et utiles, voilà une piste citoyenne. Sachez au passage que le taux de défaut du micro-crédit est plus faible que celui des prêts bancaires classiques ... plutôt sympathique à savoir par les temps qui courent ... en attendant les premiers défauts de nos banques bien établies.

Ensuite, pour les jeunes "nantis" nourris aux réseaux sociaux et désireux de participer à des actions de développement, voici un véhicule à étudier.

Enfin, votre entreprise ou votre collectivité locale peuvent s'associer à une plateforme comme celle-ci pour développer un engagement citoyen de ses cadres et employés ou un système "glocal" de co-financement. En effet, une entreprise qui souhaiterait promouvoir des actions réellement citoyennes et solidaires peut se rapprocher de Babyloan et monter ses propres actions. Et dans l'autre sens, pourquoi financer des projets seulement loin de chez nous. Babyloan peut également s'appuyer sur une ONG locale en France pour favoriser des investissements dans des projets dans tel ou tel territoire français qui en aurait besoin .... c'est toujours ce qu'elle fait à Manille ou Arusha ...

Retrouvez son blog: http://blog.lefigaro.fr/babyloan/arnaud-poissonnier.html
et le site de Babyloan: http://www.babyloan.org/fr/

La goutte d'eau dans un océan bleu:

Lorsque nous avons préparé ce "talk", Arnaud m'a parlé de cette image de l'océan bleu par opposition à l'océan rouge. Le premier symbolise le monde nouveau, à créer. Le rouge c'est celui, surpeuplé, de l'hyper-compétition. Alors, le choix de cet ancien grand banquier a été d'aller nager dans les eaux où personne ne va. 90% de la population n'a pas accès à la banque et cela veut-il dire que cette humanité-là ne pourrait pas faire bon usage d'un peu de cash ? Or pour ces démunis, il n'y avait pas d'offre. Le micro-crédit est une goutte d'eau dans la finance mondiale et le micro-crédit via le net est une goutte d'eau dans la goutte d'eau. Mais c'est de l'eau bleue, le champ est libre ... Les perspectives de croissances sont énormes.

Il s'agit d'une brique, là-encore, une solution à côté de quelques autres qui commencent à nous faire imaginer qu'une autre croissance est non seulement possible mais absolument nécessaire. Il s'agit aussi d'une illustration de ce que peut être l'économie "inclusive" c'est-à-dire s'intéressant à inclure les plus pauvres. Là, le saut quantique est permis par l'internet qui relie directement les emprunteurs via les ONG locales et le citoyen-investisseur. Nous verrons avec la prochaine conférence, celle d'Isabelle Raugel, d'autres illustrations et surtout qu'il s'agit probablement du surgissement d'une autre forme de Business Models.

dimanche 15 juillet 2012

Arnaud Mourot: Les chaînes de valeur hybrides

Notre neuvième intervention de TEDxLaDéfense nous fait entrer directement dans le monde des entrepreneurs sociaux. Arnaud Mourot dirige Ashoka pour l'Europe francophone et également l'ONG Sports sans frontières.

Son angle:

Arnaud est dirigeant d'ONG, entrepreneur social et ancien sportif de haut niveau. Il finance le développement de projets d'entrepreneuriat social se présentant comme capital investisseur philanthropique.


Eléments clefs présentés:

Rôle d'Ashoka: historiquement il s'agissait de financer des projets d'entreprises sociales dans des pays comme l'Inde, le Brésil ... Que faire en France où l'on considère que ces "débutances" doivent être aidées par le régalien et non par la société civile ? Il fallait essayer en trouvant un premier entrepreneur.

Site de SIEL Bleu
Le tout premier entrepreneur en France: en 1997 à Strasbourg,  Jean-Daniel Muller et Jean-Michel Ricard veulent s'occuper des personnes âgées, développer les activités physiques des seniors pour les sortir de situations de dépendances ... SIEL Bleu fait économiser des milliards à la Société par la prévention des chutes des personnes âgées. Cette ONG compte désormais 300 personnes, touche 80000 personnes par semaine et divise par 2 ou 3 le risque de fractures. Appliqué à la réduction des fractures et au diabète de type 2, Arnaud nous dit qu'une étude évalue à 56 milliards l'économie en 9 ans que permet ce modèle ...

La question qui se pose aujourd'hui: alors que ce type d'accompagnement aide peut-être 200 ou 300 millions de personnes dans le monde (la cible est de 4 milliards), comment accélérer le processus ? Comment aussi permettre aux entrepreneurs sociaux de franchir les plafonds de verre et d'atteindre la taille que leur modèle permet ? Un besoin immense reste encore à servir:

Slide d'Ashoka tirée de la présentation d'Arnaud

Le levier, c'est le business: différents leviers existent, Arnaud choisit de mettre l'accent sur celui du "Business" car c'est là que se trouvent les process, les moyens. Il faut combler le vide entre l'univers des entrepreneurs sociaux qui savent adresser tous ces "nouveaux clients" et le "Business" qui en a les moyens. Car il s'agit de voir ces publics comme des clients et non comme des assistés et leur proposer des offres adaptées: c'est l'idée de l'hybridation des chaînes de valeur:

Slide d'Ashoka tirée de la présentation d'Arnaud

En quoi sommes-nous concernés ?

Arnaud n'a pas besoin d'être paraphrasé. Le besoin est là, le phénomène de convergence est amorcé. Il s'agit de l'accélérer car le temps qui nous reste est court. Le monde de l'entreprise n'est pas celui d'une morale ou d'une sensibilité humaine. Il est celui de l'action.

Nous avons l'opportunité véritable de faire converger "humanisme" et "profits", c'est-à-dire tout simplement réorganiser les priorités du monde économique en tenant compte des besoins de la société (globale qui plus est) non pas parce que c'est seulement "bien" mais parce que c'est ce qu'il faut faire: le marché existe et le savoir-faire et les moyens pour répondre à ses besoins existe .... Ou nous avons aussi le choix de gloser sur les vieilles lunes ou nos privilèges amoindris....

Voici, en tous cas, un message fort et clair en faveur à la fois des plus démunis ET des entrepreneurs.

mardi 10 juillet 2012

Joe Smith: du bon usage de l'essuie mains à TEDxLaDefense

Dans un TEDx, il y a aussi des vidéos  TED. A TEDxLaDéfense, après la pause, nous avons projeté cette vidéo de Joe Smith prise à TEDxConcordiaUPortland.

Vous allez comprendre pourquoi après la pause ... En fait nous aurions probablement dû la passer avant !

La voici:


Son angle ?

Joe Smith a été "District Attorney", c'est-à-dire Procureur de la République. C'est lui qui était responsable de poursuivre les crimes dans son district pour le compte du ministère public. Cela ne le prédisposait pas à son sujet: du bon usage de l'essuie mains à moins qu'il ne s'agisse d'une résurgence de l'attitude de Ponce Pilate !

Pourtant, c'est bien la cause qu'il défend ici !

Résumé:

Secouez douze fois, prenez une feuille, pliez, c'est sec et les économies pour la planète sont importantes !

Histoire de traduction:

Nous avions envie d'une vidéo amusante tout en restant sérieuse. Elle nous a plu bien que ne faisant pas une référence directe au sujet du jour: "Humanisme et Profits". Alors go ... Seulement nous avons réalisé le jour de l'événement qu'il n'existait même pas de sous-titres traduits en français ... Dommage pour un TEDx qui se voulait francophone. Alors j'ai improvisé sur scène une traduction mimée: "shake, fold, dry" est devenu: secouez, pliez, c'est sec ! 

En quoi sommes-nous concernés ?

Rares sont les sujets qui nous concernent plus que celui-ci ! 

Au passage, il n'est pas si éloigné de nos thèmes car en effet, voici un moyen d'agir concrètement, immédiatement de là où l'on en application du premier principe de Management Ethique dont nous avait parlé Stéphanie Boulay deux talks avant.

Et il annonce pour l'an prochain un autre sujet: du bon usage du papier toilette ! Vu l'impact de ce talk, ça promet !!!!

Geneviève Bouché: scenario pour le futur

Le huitième sujet de TEDxLaDéfense ouvrait deux nouvelles sessions consacrées aux "convergences" et aux "perspectives". Geneviève étant futurologue, il s'agit de se projeter dans le temps. Nous lui avons demandé de résumer quelques éléments saillants d'un scénario possible pour les 30 ans à venir. 

L'angle de la prospective:

En préparant avec Geneviève ce sujet, j'ai en effet appris que la futurologie travaille à 30 ans. On peut s'en étonner quand on sait qu'une génération au sens des affaires dans les pays émergents dure 10 à 15 ans et que dire du temps internet ou des changements technologiques affectant les microprocesseurs ?

Cela dit, ce dont il sera question dans ce sujet concerne plutôt le temps de la Société et celui que prennent en compte les équipes programmatiques des partis politiques ... un temps long !

Voici la vidéo:



En résumé:

Le scénario proposé marque en réalité un changement de paradigme peut-être de civilisation. Il touche au plus profond et au plus terre à terre des activités humaines: produire, vivre ensemble pour renouveler l'espèce et découvrir le monde pour le dominer et/ou mieux le comprendre.

Or Produire est un acte dont la nature a changé. L'industrialisation a permis de produire en se servant de ressources distantes générant un surplus massif et des échanges conduisant à capter la richesse de l'autre ou à sa mise en dépendance. Cela a classiquement mis en jeu du Capital et des Hommes et des organisations  d'inspiration militaire...

La mondialisation consacre cette tendance en y ajoutant la complexité. Aux facteurs Capital et Travail s'ajoute le Réseau. Le tout est générateur de fortes tensions, de souffrances et d'inefficacité et nécessite l'apparition de nouveaux modèles.

L'entreprise en réseau, de taille moyenne, plus adaptable devient un nouveau modèle. La formule du salariat est remise en cause, le contributeur entend suivre un parcours de vie où il pourra produire, apprendre, transmettre et innover ... La consommation elle-même ne se centre plus sur la possession mais sur l'accès aux fonctionnalités ...

Le modèle sociétal se dessine autour du noyau central de la famille avec un secteur marchand aujourd'hui dominant, un secteur régalien qui encadre et régule, un secteur du "vivre ensemble" (culturel, religieux etc ...) et un nouveau secteur du pré-marchand.

Vivre ensemble et pré-marchand forment le terreau des autres secteurs appelés "factuels". Le terreau nourrit le factuel alors que se pose aujourd'hui le problème du financement du terreau par les secteurs "factuels". L'Etat n'a plus les moyens et le régalien est devenu un mille feuille invraisemblable (cela c'est moi qui le dit) et ce n'est pas le rôle du secteur marchand, alors ?

Les pistes de travail:

Geneviève met en avant dans cette conférence trois axes de travail (mais elle en a beaucoup plus ...):

1) Les monnaies complémentaires décrites par Etienne Hayem sont une piste qui souffre selon Geneviève d'être efficaces pour un trop petit nombre de gens ou d'être trop peu soutenues quand elles s'attaquent à des communautés ou des situations plus larges et plus diverses. Elles restent une piste d'intérêt à condition d'être développées.

2) Le revenu de base: il s'agit de reconnaître une situation de fait; une partie importante des populations perçoit un revenu sans que lui soit demandé un "travail" (en tant qu'administrateur d'une CAF, je confirme) seulement, pour cela, plus d'une centaine d'organismes divers est mobilisée (selon moi dans la plus parfaite inefficience économique). Ce revenu de base permettrait à la fois une nette rationalisation, des parcours de vie féconds et le développement du terreau indiqué précédemment. Il viendra soutenir les talents émergents, moteur des affrontements "en réseau" déjà vifs.

3) Les débutances: il s'agit de l'inverse de la finance qui cherche un emploi rentable à des fonds excédentaires. Les débutances recherchent les moyens incontournables d'activités innovantes ou émergentes. On retrouve là l'échec plus ou moins marqué des sociétés européennes à se renouveler, à innover dans des activités dont on ne peut pas toujours prédire la fin marchande. Si vous ne me croyez pas demandez-vous pourquoi Google, Facebook ou même l'artiste JR sont "américains" et rappelez-vous ce que nous disait Jean-David Haddad du rôle de la Bourse.

En quoi sommes-nous concernés ?

Bon, j'entends déjà ceux qui trouvent inutile de se projeter à 30 ans ... pour ma part, je trouve ces questions fort actuelles !

On me dira: "mais ce n'est pas concret" ... Mario Capraro est concret, il tue des banquiers mais il écrit des romans. Geneviève n'écrit pas de romans, elle fait de la prospective pour les comités qui préparent les programmes de certains partis politiques ... A ce stade, il nous a semblé utile de signaler que peu à peu semble se dessiner un cadre possible qu'il faudra sans doute compléter ... et vous verrez que les prochains articles le feront.

Alors que retenir ? Pour ma part, j'ai déjà dit mon intérêt pour les monnaies complémentaires. Je suis plus réticent sur le revenu de base ... pourtant, je crois qu'il faudrait regarder les choses de façon pragmatique comme dans certains pays nordiques parce que pendant le temps que nous passerons à nous demander s'il s'agit d'une mesure Marxiste ou Trotskiste (ni l'une, ni l'autre en fait), nous risquons de ne pas avoir regroupé, supprimé, réorganisé les organismes qui le font déjà et pas de la façon la plus juste, ni la plus efficiente ... Regardez le temps qu'il a fallu pour regrouper ANPE et Assedic. Et pour quelle amélioration notable de la productivité de Pôle Emploi ?

Il reste les débutances. Là se trouve un enjeu de société et d'efficacité à situer dans ce qui est aujourd'hui disséminé dans le milieu associatif, dans les pépinères d'entreprises, dans les universités, dans les pôles de compétitivitén dans des programmes de développement territorial avec des financements européens ou régionaux à l'efficience à mseurer, dans la TPE (très petite entreprise) qui vit chichement, dans le culturel voire au sein de la famille. Partout et nulle part, pour moi c'est un sujet d'avenir absolument central dont les intervenants suivant diront également un mot selon leurs angles respectifs.

Pour aller plus loin voici le dernier ouvrage de Geneviève que vous pouvez télécharger gratuitement ici: http://www.vitacogita.fr/fr/ebook/2800000000790/mieux-que-la-r%C3%A9industrialisation
ainsi que son site internet: http://www.genevieve-b.fr/


samedi 7 juillet 2012

Etienne Hayem: la monnaie comme lien !

Et voici le septième intervenant de TEDxlaDéfense. La monnaie, complémentaire,  comme moyen de créer et de densifier les liens quand l'économie déraisonne selon Etienne Hayem. Ce fut un moment d'émotion car la salle a ressenti que malgré son jeune âge, le benjamin de notre TEDx capitalisait beaucoup de vécu.


Voici la vidéo:


Le rêve:

Etienne nous a fait part de l'importance qu'avait eu pour lui TED puis il nous a raconté son rêve de gosse. Dans ce rêve d'enfant, il comprend qu'il ne sert à rien de braquer une banque, d'avoir de l'argent et même d'avoir tout ce que l'on veut ... si l'on est seul en fin de compte à pouvoir en profiter. Dans son rêve, Etienne peut aussi réveiller qui il veut et le voilà parti, devenu grand, dans ce qu'il appelle une "quête d'abondance" où la richesse n'est pas dans la monnaie mais dans le lien et le partage qu'elle permet. La finalité prime sur le moyen.

Voici ce qu'il dit de son expérience avec nous dans son blog.

Au passage une citation:
"Ils ont échoué parce qu’ils n’ont pas commencé par le rêve'" . Etienne ne la reprend pas mais moi si, à la marge d'abord parce que je n'ai pas réussi à convaincre mes collègues d'adopter dans une mission de conseil un language direct et une option ambitieuse, il n'y a pas pire dormeur que celui qui ne veut pas se réveiller. Et pour le fun ensuite parce que François Hollande l'a reprise dans un discours en Janvier 2012 en se trompant car il l'a attribuée à William Shakespeare alors qu'elle est de l'un de ses lointains descendants contemporains journaliste au "Telegraph" de Londres !

Le message:

Tout commence donc pour Etienne par un voyage d'étude au Mexique puis en Argentine. Il y côtoie des "vrais humains" appauvris, marginalisés voire désocialisés du fait de l'explosion de leur dette et de leur incapacité à rembourser comme son ami et mentor Manolo. Impact des crises qui ne sont pas l'exception mais la règle et des intérêts composés qui seraient "la plus grande force qui existe" ! Qu'il s'agisse de la dette immobilière de Manolo ou de la dette souveraine des Etats, la force des intérêts composés et l'impact des crises à répétition semblent en effet impossible à contre-carrer...

Et pourquoi ? Et si le système financier et monétaire était simplement mal conçu ? Et s'il s'agissait de se réveiller pour ne plus courir après l'argent mais utiliser l'argent dans toute sa dimension de création de valeur par le lien ?

Facile à dire mais quand on n'a plus d'argent du tout comment échanger ? C'est justement l'intérêt des monnaies complémentaires.

Je vous renvoie à un article que j'avais déjà écrit sur Etienne et sur les monnaies complémentaires, ici.

Je ne sais pas si Etienne a "réveillé" nos visiteurs mais il n'a certainement pas laissé la salle indifférente.

En quoi sommes-nous concernés ?

Concernés par les crises, nous sommes menacés des mêmes dangers que Manolo. Je retiens en outre cette idée de résilience monétaire qui nécessite une certaine diversité de moyens d'échanger (monnaies) qui renvoie à des articles que j'avais écrits pour traiter de résilience en écologie ici, ici et ici.

Etienne reprend sur ce point les théories de Bernard Liétard. N'avoir qu'une seule monnaie ou seulement quelques monnaies internationales renforcerait l'asphyxie monétaire des classes moyennes pendant les crises. Avoir une pléthore de monnaies locales ne serait guère mieux qu'un système peu efficient de troc. En revanche disposer en plus des grandes monnaies de monnaies complémentaires  solides permettrait de créer pour les précaires et pour les autres un surcroît de richesses et de lien social.

jeudi 5 juillet 2012

Stéphanie Boulay: management éthique

Sixième intervention de TEDxLaDéfense, Stéphanie Boulay parle de management éthique à partir de son expérience de la banque dans l'optique de cette seconde session consacrée aux "apaisements".

L'angle de Stéphanie Boulay:

La Banque lui a tout d’abord permis de percevoir les interactions entre finance et économie puis, en tant que manager, de rapidement prendre conscience de l’importance de la qualité d’expérience de ses collaborateurs sur la qualité de leur travail et de leur implication. Elle a alors cherché à améliorer son savoir-être, source de toute qualité ou non qualité, qu’elle soit managériale ou autre. Le Leadership Ethique lui a fait prendre la pleine mesure de l’impact du système financier sur notre économie, des sommes en jeu et de la qualité ou de la non-qualité massive qui découle des choix des investisseurs, quels qu’ils soient.

Voici la vidéo:


Les clefs de ce talk:

Pour Stéphanie, tout commence avec le blanchiment d'argent qui représentait 15% des flux transitant par ses équipes. Cela signifiait drogue, trafics d'armes, prostitution et quand il s'est agi pour elle de participer dans sa banque à un grand projet sur le management éthique, elle a réalisé qu'il était question, en vérité, d'une façade et non d'un engagement de fond. Elle a donc quitté la finance pour étudier puis former au leadership éthique.

L'exemple par l'absurde de la crise des subprimes

Prêts immobiliers aux plus modestes fondés sur deux espoirs déçus à savoir que les taux variables peuvent ne pas rester bas et ensuite que le marché immobilier peut aussi se retourner. Les risques associés ont été disséminés sur la planète par les "dérivés de crédits".
  • Actifs toxiques en lien avec les subprimes: 800 milliards de $,
  • Dettes contractées par les Etats pour aider les banques: 2800 milliards de $,
  • Pertes en capitalisation boursière: 30 000 50 000 milliards de $
  • Coût humain: 3,5 millions de familles perdent leur toit, 600000 emplois détruits.
L'urgence de la survie: coûts annuels au niveau planétaire
  • Traitement de la malnutrition sévère: 3 milliards de $,
  • Faim dans le monde: 30 milliards de $,
  • Accès à l'eau potable: investissement unique de 200 milliards de $.
Ces quelques éléments montrent qu'à l'échelle globale, un gâchis et une grande disproportion existent montrant que les priorités d'actions éthiquement correctes ne sont pas prises.

A l'intérieur des organisations, puisqu'il s'agit en Management Ethique de commencer à agir là où l'on est et où on peut le faire, le BIT estime à 3 à 4% du PIB les pertes en non-qualité liées au stress sans parler des coûts du manque de confiance, de la résignation, des conflits ouverts ou larvés, du manque d'initiative et de créativité ...

Conjuguer Humanisme et Profits en particulier dans une banque, c'est réaliser à quel point la seule démarche rationnelle et humaine consiste à remettre l'Humain au coeur de l'économie.

En quoi sommes-nous concernés ?

Stéphanie nous souhaite à tous de tenter l'aventure et de tous devenir des leaders éthiques en commençant par résoudre les problèmes du quotidien pour participer à la résolution des absurdités globales.

Stéphanie est venue compléter le sujet de Spiros Risopoulos en le généralisant. Lors de la constitution de notre programme, nous avons été frappés par la convergence de ces deux sujets. Et pourtant, ils ont des perspectives et des origines fort différentes.

mercredi 4 juillet 2012

Spiros Rizopoulos: du romantisme dans l'économie





Voici notre cinquième intervenant de TEDxLaDéfense. Dans la session "apaisement", pourtant il vient nous parler lui-aussi de la crise . La crise de la Grèce. Il le fait en voisin, comme un ami qui vient à la fois chercher de l'aide et nous prévenir en revenant à l'essentiel qui, cependant, est actuellement passé sous silence.

Voici la vidéo de TEDxLaDéfense:



Les sous-titres français et grecs sont disponibles en cliquant sur "cc" en rouge, en bas à droite de l'écran.
(click on the red "cc", bottom right of the screen to select French, English or Greek subtitles)

Quel est l'angle de Spiros ?

Politologue et analyste écouté des médias grecs et internationaux, il commente régulièrement les évolutions de son pays et propose une vision de l’action à mener qui va rechercher l’humain au cœur de l’économie.

Formé au management politique aux Etats Unis, Spiros y mène une carrière de conseil en stratégie et en communication avant de revenir en Grèce en 2004 pour fonder Spin-Communications un cabinet leader dans ce pays en matière de planning stratégique et de communication de crise.

Voici une vidéo par Yiorgos Gotsinas du même cabinet qui présente une analyse de la situation politique grecque:


En résumé voici les éléments clefs du discours de Spiros à TEDxLaDéfense:

Flash back sur une scène d'un vieux film grec des années 50, un homme a perdu une Drachme et la cherche sous un réverbère. Pourquoi là ? il y a de la lumière !  Image classique ... et totalement d'actualité.

La situation grecque est aussi désespérément simple que cela. Les gens sont perdus. Ils n'ont plus d'espoir, plus le ressort psychologique pour trouver les solutions adaptées, plus d'initiative. C'est pour cela que le thème Humanisme et Profits est aussi important pour nous en Grèce en ce moment. Mais est-ce seulement en Grèce ?

De quoi s'agit-il au fond ? D'idées et de théories comme toujours en Europe et particulièrement en Grèce depuis l'aube de la civilisation. D'idées et de vivre ensemble. Il s'agit de ré-activer les cerveaux. Il faudrait un plan Marshal européen de la formation !

La Grèce fait partie de l'Europe. Elle doit s'appuyer sur ses partenaires comme sur ses amis non parce qu'ils sont ses créanciers focalisant sur des chiffres. Elle doit convaincre ses amis de lui venir en aide sur l'essentiel: l'aider à bâtir ce programme pour re-fonder l'espoir, réapprendre à entreprendre dans les règles (diriger, suivre, respecter des délais, rendre un reporting ...), ré-inventer les productions nécessaires, ré-inventer les emplois existants et si croissance il y a (et quelle raison y aurait-il qu'il n'y ait pas croissance ?) en créer de nouveaux !

Croyez-moi, quel que soit le niveau et l'origine (grecque ou étrangère) de la formation de nos dirigeants, cadres ou employés plus personne ne semble savoir, vouloir ni pouvoir entreprendre et travailler. La clef est dans la ré-invention radicale des compétences entrepreneuriales. Nous voulons le dire à l'Europe pour que l'on ne focalise pas les aides européennes sur l'accessoire (la dette ou les infrastructures) mais qu'une partie s'investisse dans l'essentiel: les ressources humaines ! A l'intérieur des grandes entreprises, la fonction RH doit intégrer le triangle de la décision stratégique pour le transformer en  un quadrilatère à côté de la finance, du commerce et de la production.

Ne s'agit-il pas d'une réflexion qui dépasse le cadre national ? Ne s'agit-il pas de la compétitivité de l'Europe ? Si nous n'y arrivons pas dans un aussi petit pays que la Grèce, il n'y aura bientôt plus d'Europe. Merci.

En quoi sommes-nous concernés ?

Lors de mon récent passage à Athènes, j'ai constaté que tout fonctionne. Il n'y a pas plus de mendiants dans les rues que de SDF à Paris. Alors tout va bien ? En apparence et jusqu'à ce que l'on parle aux gens dans la rue, dans les boutiques ... le moral semble bien bas. Spiros nous dit cela justement. Relancer la Grèce et l'Europe, c'est s'attaquer au moral, à l'humain. Pas pour des raisons idéologiques, pour des raisons économiques. Personne ne remboursera rien si l'on laisse la Dépression s'installer. Dépression nerveuse avant que d'être économique. C'est cela le romantisme de Spiros ! Un romantisme pragmatique.

mardi 3 juillet 2012

Djamel Berbachi: Mal nommer les choses c'est ajouter au malheur



Voici donc notre quatrième intervenant de la journée TEDxLaDéfense , Djamel Berbachi vient opportunément nous rappeler le pouvoir des mots et de l'écoute.

Pierre Bigazzi avait rappelé des concepts philosophiques, Jean David Haddad pointé l'une des expressions aigües de la crise financière, Mario Capraro a décortiqué la construction d'un scénario de crise violente. Nous venions aussi de projeter la vidéo de Justin Hall Tipping déjà présentée ici et qui est une de mes favorites qui montre que la finance peut aussi chercher à sauver la planète. Cette intervention inaugurait la session "apaisements".

Et si une grande partie de nos difficultés venait aussi d'une insuffisance d'écoute et de compréhension des mots ? La vidéo ci-après présente une approche centrée sur la relation à travers l'usage prudent des mots justes et partagés.


Quel est l'angle de Djamel ?

Il intervient depuis 25 ans dans les entreprises, les administrations, associations et syndicats spécialement sur l’art d’expliquer, d’argumenter, d’informer, de dire sans froisser son interlocuteur … oralement comme par écrit.

Ses interlocuteurs sont employés, cadres, dirigeants ou travailleurs sociaux. Dans ses interventions, le contexte est parfois difficile, les mots peuvent être lourds et froids, il aide à mieux les apprivoiser. Pour cela, il réfléchit aux intentions qui conduisent à prononcer ou à écrire tel ou tel mot et aux effets produits par le langage.

Quelques clefs autour du malentendu:

Fable des 4 mendiants: le syndrôme de babel est toujours présent. Chacun a ses mots et ses propres sens. Le mal entendu conduit facilement au malentendu.

Oxymore: par exemple "une triste joie", écartèlement de sens qui crée un choc sémantique qui  engendre dans le nuage de sens un contre-choc conceptuel créatif comme dans "Humanisme et profits" justement !

Trois filtres: éducation, expérience personnelle, bain social. Le mot "chien" rappelle au choix une morsure, un souvenir d'enfance ... un plat en sauce ! Ainsi se crée le malentendu.

Citation de Bourdieu: "Le malentendu est la règle, la compréhension est l'exception".

Trois préconisations:

L'émetteur doit prendre garde à bien nommer les choses. "Mal nommer les choses c'est ajouter aux malheurs du monde" selon Albert Camus.

Le récepteur doit être attentif à produire une écoute prudente. La prudence évite d'être victime d'une perception automatique. Ainsi, un bébé africain de 3 semaines peut être blanc et le restera d'ailleurs toute sa vie car l'Afrique n'est pas uniquement noire ...

Emetteur et récepteur doivent se mettre d'accord ensemble sur le sens des mots pour qu'ils profitent à tous.

Conclusion du talk:

Prenons la plus grande attention aux mots:

"Le mot qui illumine ou redonne vie, déchiffre et définit avant de nous faire sombrer dans une énigme plus vaste encore." Zoé Valdès.

En quoi sommes-nous concernés ?

Si mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur des choses, il nous fallait à ce point du déroulement de notre journée faire cette parenthèse sémantique. La fureur des arguments, l'émotion des prises de positions, l'énormité des enjeux comme nous l'avaient rappelés les trois premiers sujets et la vidéo de Justin, nous obligeaient à observer cette petite pause.

L'apparente simplicité de ce talk est essentielle pour nous rappeler que la crise que nous vivons aujourd'hui est d'abord celle de l'opacité. Est-ce si difficile de comprendre qu'aucune organisation ne peut vivre à crédit indéfiniment ? Que les arbres ne montent pas jusqu'au ciel ? Qu'on ne peut dépenser ce que l'on n'a pas ?

Les mots utilisés par les rhéteurs professionnels (politiques et media, les 1er et 4eme pouvoirs ) prospèrent surtout dans le malentendu. Malentendu sur les chiffres, nous le reverrons avec d'autres intervenants et malentendus sur les mots. Mis à part les intérêts propres aux rhéteurs donc, serait-il si difficile de définir ce qu'est un capitalisme acceptable, ce que sont des outils financiers adaptés et comment le fonctionnement de l'ensemble reste à portée "démocratique" de ceux auxquels ils doivent profiter et qui, entre-temps, doivent régler la facture ?

Autre leçon que je tire de ce talk et qui renvoie au travail du médiateur de tout conflit: aller chercher l'autre là où il se trouve. Cela signifie faire l'effort de comprendre les mots de l'autre à travers le prisme de ses trois filtres à lui. Et faire cela pour les diverses parties afin de renouer vraiment le dialogue !

Mario Capraro: un polar pour penser l'impensable

Ceci est le troisième article de notre série TEDxLaDéfense. Déjà présenté dans ce blog Mario Capraro, nous parle de la crise de la dette de la façon la plus simple, la plus agréable et aussi la plus impertinente et pertinente qui soit.

Nous avions le choix, travailler dans le sens des banquiers et creuser l'explication pour donner du crédit au déni ou poursuivre dans le sens de Jean-david Haddad et finalement risquer de verser dans le catastrophisme. Nous ne voulions ni de l'un ni de l'autre ...

Pourquoi le roman policier ?

Hé bien vous le voyez ici dès le début de la vidéo:


Mario pose le problème: la dette. Mais il nous met au parfum tout de suite, il en joue. Les banquiers, il va les tuer et  aussi les économistes creux qui ne savent donner aucune solution claire ! Ce parti pris de romancier est merveilleux car il restitue le temps d'un roman au lecteur comme à l'écrivain ce qu'il n'aurait jamais dû perdre: le pouvoir ! Les banquiers nous gênent, il les tue ! Et s'il s'avère qu'en réalité le problème le plus gênant est la dette elle-même bien plus que le banquier, il la tue aussi ... 

Sous le sourire, une remarque non dite, une solution dont l'évidence devrait nous sauter aux yeux et qu'il faudrait vraisemblablement évoquer de face: ne pas payer les intérêts, voire ne pas rembourser du tout. Est-ce envisageable ? Nous verrons dans un prochain article que cela s'est fait en Icelande. en attendant, cela s'est souvent fait dans l'histoire, lorsqu'un roi ne pouvait plus rembourser, il supprimait le créancier ! Le dernier livre de Mario ici nous l'explique précisément.

Le roman est donc un outil commode pour penser l'impensable.Et en plus, on ne s'y ennuie pas et on comprend tout !

Les ingrédients du polars:

Finalement, l'écrivain procède comme un manager, il enquête et répond à quelques questions de base:

Le crime ? Y-a-t-il crime ? C’est quoi le crime.
Le mobile ? Quel enjeu ?
Les auteurs du crime ? Le, les criminels ? Qui, quoi ?
L’intrigue ? « Combinaisons de circonstances et d’incidents, enchaînement d’événements qui forment le nœud de l’action. Et quels rebondissements ? Comment se sont-ils pris ?
L’enquêteur ? Celui qui va révéler toute l’histoire et qui va nous amener jusqu’à la résolution, la délivrance, le dénouement. Voyons comment sortir de la crise.
Le dénouement ? La meilleur façon de comprendre tout ce qui précède et notamment les causes du crime et, peut-être, la manière de l’éviter.

La morale ?

Notez au passage l'interrogation habituelle. Qui est le bon ? Le héros qui enquête sur les meurtres bien sûr. Et le méchant ? Finalement une incertitude demeure. Est-ce celui qui propose la solution impensable ou ne serait-ce pas plutôt ceux qui ont mis leurs pays à force d'aveuglement et de déni dans une situation impossible ?

L'impensable est d'autant plus facile à penser que l'histoire est là pour nous montrer que l'impensable est arrivé souvent ! Du coup, on peut prendre les parallèles osés de Mario comme une aimable plaisanterie ou au contraire y voir une allusion à peine voilée.

Qui est l'intervenant ?

Il n'est pas banquier mais tous ses romans se passent dans ou autour de l'entreprise et ce n'est pas un hasard. Actuellement intervenant à l’Université de Lyon I, à l'INSA de Lyon, à l'ISEG Lyon, au DIU de Psychocriminalistique, il est né en 1946 à Brindisi, Italie et arrivé en France à l’âge de 22 ans avec un CAP de mécanique, un Bac technique et 10 francs en poche.

Après un début comme ouvrier, puis technicien et un passage dans le conseil, il a dirigé des PME indépendantes, une grande filiale d’un groupe, créé sa propre entreprise et assuré  au sein d’une organisation patronale la conception, le développement et la mise en œuvre  de plusieurs programmes de développement industriel territorial ayant impliqué plus de mille PME en France.

Ses livres:

Le Cercle des Lombards: il est la référence de la conférence ci-dessus et nous plonge à la fois dans l'Italie de la renaissance et le Lyon des cyber-pirates.

Le Pacte des Grands Rois: je l'ai lu dans l'avion l'autre week end et il nous entraîne à la fois dans la Chine du 17ième siècle et d'aujourd'hui et dans l'univers des black hackers autour de l'archivage numérique.

J'ai beaucoup aimé ces romans dont je connaissais de nombreux décors et certains enjeux. On ne s'ennuie pas une seconde.

En quoi sommes-nous concernés ?

Le roman est un gisement de signaux faibles nous dit Mario. Il a entrepris son enquête il y a près de deux ans maintenant. Autant dire qu'il avait vu bien des choses bien mieux que beaucoup dont c'est le métier ! Alors nous avons choisi de lui faire parler de l'impensable qui devient de plus en plus probable et de le faire avec le sourire en se disant que nous devrions nous voir nous mêmes comme les vrais héros de l'histoire et comme le romancier lui-même. Nous devrions nous voir comme ceux qui vont décider de leur propre avenir !