lundi 13 janvier 2014

La médiation ou la quenelle ?

Voici une reprise personnelle des événements autour de Dieudonné qui illustre le thème du dernier article de ce blog et rappelle qu'il existait et existe ici une autre voie possible.

J'ai déjà décrit ma position sur "l'affaire Dieudonné", pas sur le fond de la querelle/quenelle mais sur la solution générique que j'entrevois en contre-point au conflit. Voyez à ce sujet mon article dans le cercle + des Echos.

Dieudonné Mbala Mbala
L'angle de la médiation et de la négociation:

Comme le sujet "Dieudonné" est abondamment commenté partout et que le fond de cette dispute n'est pas le sujet de ce blog, je n'en dirai rien de plus sauf sur la forme. Ce tapage médiatique a de quoi étonner et c'est plutôt l'absence depuis le début d'une approche plus pragmatique et respectueuse que je voudrais commenter. Car cette absence "contraint" maintenant les plus hautes autorités de l'Etat jusqu'à François Hollande qui appuie son ministre de l'intérieur, à recourir au Conseil d'Etat pour interdire Dieudonné. Je m'intéressais peu au cas Dieudonné mais j'ai été étonné par ce vacarme comme sans doute beaucoup d'entre vous. Voici quelques liens qui illustrent sans le résumer, le fond de l'histoire:

Il y a tout d'abord cette longue vidéo d'une heure dix par le "regard dissident" qui est  pro-Dieudonné avec toutefois, m'a-t-il semblé, un vrai travail de reconstitution des événements chronologiques et qui donne des précisions troublantes avec des tas d'images publiques d'archives qui ne sont pas contestables.

Voici deux extraits sonores très partiels "volés" par des journalistes du Point sur le fameux spectacle interdit. On comprend que cela puisse choquer en plus ce n'est pas drôle.

Voici en outre la vidéo d'un sketch tout récent d'Elie Sémoun, l'ancien compère de Dieudonné,  dont je parle dans mon article du cercle des Echos car je trouve qu'elle appelle bien, à sa façon, à revenir à une plus juste mesure, préalable selon moi à la démarche que je suggère.

Et enfin, je vous conseille ce livre d'entretiens croisés entre Bruno Gaccio, co-créateur des Guignols et Dieudonné: Peut-on tout dire?. Pour la petite histoire, j'ai lu ce livre dans le hall d'un Palais de Justice où j'attendais une audience d'un procès minuscule (et qui n'a rien à voir avec le thème de cette bagarre) où l'on me faisait l'honneur d'être convié en qualité d'accusé dans une histoire dont je suis sorti gagnant et qui n'était autre qu'un détournement d'attention ... Je l'avais donc lu de l’œil sensibilisé de celui que l'on accuse et que l'on calomnie en même temps ! Mais j'arrête-là pour ne pas que l'on pense que je fais un vilain transfert.

En quoi sommes-nous concernés par tout ce bruit ?

Je voulais juste vous dire que malgré les apparences, cette histoire me rend plutôt optimiste. Voici pourquoi:

1) Je ne crains pas, malgré le recours au Conseil d'Etat, que notre démocratie soit malade. Au contraire, cette histoire pourrait bien remettre les choses à leur place et ramener les gens à leurs véritables priorités.
2) Je ne crois pas que Dieudonné soit l'incarnation du mal ni que nous assistions à une nouvelle montée du nazisme.
3) Je ne crois pas que nos tribunaux normaux soient dépourvus de moyens d'action en cas de dérapages antisémites ou racistes même si l'attitude de Manuel Valls laisse croire le contraire.
4) Je ne crois pas que les représentants associatifs soient tous des agents du Mossad.
5) Il me semble que les médias et les hommes politiques qui ont cru devoir faire étalage de leur "fermeté" dans cette affaire découvriront qu'il n'est plus si simple d'enrôler "l'opinion".
6) J'espère que Dieudonné saura faire bon usage de la prospérité que sa popularité lui a amenée et qu'il paiera ses impôts et ses condamnations !
7) Malgré les excès et la vulgarité, les observateurs attentifs comme le sociologue Michel Wieworka par exemple, ne feront pas l'erreur de mettre tout le monde dans le même sac.
8) Cette triste histoire de quenelles traduit un désespoir et un ras le bol réels qui pour l'instant, malgré les incitations médiatiques, s'expriment de façon non-violente.
9) Dieudonné est plus fin que ce que l'on avait cru, en témoigne sa décision de respecter les décisions du Conseil d'Etat et de changer de spectacle ... peut-être irons-nous finalement dans cette affaire vers une solution de paix comme le dit mon article ?
10) Enfin, ce n'est pas parce que tout a été fait des deux côtés pour que ce conflit soit rendu emblématique et médiatique que nous serons individuellement et collectivement incapables d'en tirer des leçons dans le sens d'une voie pacifique de règlement des conflits.

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