mardi 25 février 2014

Un souffle de jeunesse avec TEDxMinesNancy

Quelques nouvelles pour ceux qui me suivent sur ce blog. Moins d'activités ici depuis quelques temps. Mes articles vont sans doute être plus courts pour relayer d'autres parutions dans lesquels je suis engagé. Je pense que je donnerai à lire ici des articles que l'on m'a demandé par ailleurs.

Quelques nouvelles 

Je l'ai déjà annoncé, un blog consacré à des expériences écologiques vécues va voir le jour dans lequel je parlerai de mon vécu sur le traitement de l'eau, l'économie de carburant ... d'un point de vue économique et écologique mais toujours sous l'angle du réalisable à l'échelle individuelle ou familiale. Cela fait plus d'un an que j'y travaille et je dois avouer que pour l'instant, j'ai peu de choses vraiment probantes dans la durée mais j'ai bon espoir tout de même.

Un site professionnel de la société Vintec et un blog dédié à la Marque et à la personnalisation sont ouverts, je vous les présenterai dans un prochain billet.

Enfin, je vais collaborer à deux TEDx. Un premier très prochainement à Nancy dont je vous parle ci-dessous et un autre en novembre ... à la Défense dont je parlerai un peu plus tard !

Je ferai également prochainement un article de mise à jour sur l'écotaxe, STVI et le travail de fond qui est en train de se faire dont nous verrons s'il aboutit ou non à traiter le problème que j'ai déjà signalé dans ce blog. Je ne sais pas si je creuserai bien au delà ... cela dépendra des solutions trouvées. J'ai vraiment l'impression qui si nous voulons du neuf, il va falloir se tourner vers nos sources habituelles ...

Un souffle de jeunesse

Alors voici un échos de TEDx en Lorraine plus de trois ans après mon idée d'un TEDxMetz. Il faut savoir qu'à l'échelle de TED.com, les vidéos TED ont franchi le seuil du milliardième visionnage sur le net. Pour inspirer les entrepreneurs et les investisseurs locaux, peut-être n'est-il plus temps de réfléchir pour savoir si c'est assez "mûr" ou pas ?

C'est ainsi que ne connaissant pas cette docte interrogation, une sympathique équipe lorraine d'élèves ingénieurs de l'Ecole des Mines de Nancy prépare le premier TEDx lorrain sur le très beau campus de l'ARTEM de Nancy. Le thème en sera cette année "un souffle de jeunesse", un thème bienvenu. Je dis cette année parce que Nancy disposant d'un très beau campus et d'un groupement de diverses écoles, ce TEDx sera sans doute appelé à se pérenniser. 
http://www.tedxminesnancy.com/
Il me semble que pour les étudiants, un TEDx est un très beau projet et pour les écoles, c'est un bon moyen de se montrer sous leur meilleur jour. Ainsi divers aspects de l'Innovation seront au programme de TEDxMinesNancy et présenteront d'excellent intervenants que j'ai actuellement l'honneur et le plaisir d'aider à se préparer. Ceux que j'ai déjà rencontrés sont vraiment excellents. L'équipe a fait un très bon travail de repérage. Ne manquez pas cet événement.

En guise de leçon du jour...

Préparer les intervenants est décidément un exercice très "tonique". Chacun est expert dans son domaine. Et l'on a toujours un peu l'impression de piloter des pilotes, de coacher des coachs, de former des formateurs ou de conseiller des conseils ... C'est passionnant et cela se passe très bien. Plusieurs répétitions sont encore au programme, programme dont vous trouverez d'ailleurs ici un extrait. Peut-être un de ces jours ferais-je une synthèse écrite de cette expérience hors du commun qui consiste à aider de très bons intervenants à organiser, raffiner et rendre un "talk" clair, unique, mémorable et apprécié ?

samedi 15 février 2014

Le chômage augmente et l'école n'est toujours pas obligatoire !

Allons-nous "dans le bon sens" entre les propos tièdes de François Hollande et ceux bouillants de ses ministres ? Est-il envisageable de gouverner sans se payer de mots ?

Pile: "l'understatement" à la française, qu'il est donc difficile de parler de ce qui blesse !

L'"Understatement" est un art très britannique de la conversation polie voire ironique, qui consiste à utiliser des mots très "softs" pour désigner des réalités plus crues. Par exemple, la région est inondée et l'on dira "well, it rained a little bit more than usual" (il a plu un petit peu plus que d'habitude). Personne n'est dupe. N'y avait-t-il pas un peu de cela après la conférence de presse de F. Hollande ? Ne dit-on pas qu'il a beaucoup d'humour ? Mais allons-nous pour autant dans le bon sens ?

Ph: A. Jocard AFP
Passons sur sa vie sentimentale. La grande nouvelle dont on se félicitait il y a quelque semaines , c'est que son côté "HEC" prend le dessus sur son côté "ENA". Il assume le "virage" ... Il va réfléchir à sauver l'emploi en se préoccupant de l'offre.

Par exemple, on supprimera les cotisations familiales des entreprises. Et les commentateurs de dire que cela va dans "le bon sens" ...  alors que le financement de la politique familiale (rare indicateur positif pour la France) n'est pas évoqué.

Understatement à la française ou prophétie auto-réalisatrice ? Autre exemple, on va faire des économies de 30 milliards ici et de 45 milliards là (en trois ans) ... (déjà entériné par la commission de Bruxelles). Le déficit budgétaire ne dépasse-t-il pas annuellement les 80 milliards ... par an ? Mais oui, nous allons dans le bon sens.

Un peu plus tard, le chef de l'Etat concèdera que la courbe du chômage ne s'inverse pas tout à fait comme prévu. Et ces derniers jours, à 0,3 % de croissance, Moscovici est à deux doigts de parler d'embellie comme Jospin en son temps ... Assurément, nous allons dans le bon sens. Et l'eau monte dans le Var comme ailleurs ...

Face: qu'il est doux de céder à la provocation !

Après Montebourg dans les différentes affaires de "désinvestissement productif" (Mittal, Continental ...) qui s'empêtra en son temps dans des déclarations rendant toute discussion très difficile, après Valls jouant dans l'affaire Dieudonné le rôle de la fermeté qui avait si bien réussi au Sarkosy-ministre de l'intérieur, c'est Vincent Peillon qui a cédé récemment à la tentation de la contre-provocation dans l'histoire de l'expérimentation scolaire sur "l'égalité des genres".

Vincent Peillon
Le ministre m'a en effet semblé peu informé ou bien naïvement manipulateur. Quand quelques excités fondamentalistes d'ailleurs liés à la mouvance contestataire de Dieudonné, envoient des twitts pour inciter des parents à faire la grève du zèle de l'école publique un jour par mois, celui-ci se raidit et se drape dans de grands principes; c'est aussi déplacé et maladroit que faux.

Peillon a envoyé une lettre demandant aux chefs d'établissements de convoquer les parents pour leur rappeler les principes républicains. Comment les chefs d'établissements vont-ils faire pour "convoquer" des parents ? Vont-ils envoyer la force publique ? Quant retour aux principes, voici des extraits de la vieille loi de Jules Ferry du 28 mars 1882, complétée mais pas abrogée depuis:

"Art 4: L’instruction primaire est obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de six ans révolus à treize ans révolus; elle peut être donnée soit dans les établissements d’instruction primaire ou secondaire, soit dans les écoles publiques ou libres, soit dans les familles, par le père de famille lui-même ou par toute autre personne qu’il aura choisie ... 
Art 12: Lorsqu’un enfant se sera absenté de l’école quatre fois dans le mois, pendant au moins une demi-journée, sans justification admise par la commission municipale scolaire, le père, le tuteur ou la personne responsable sera  invité, trois jours au  moins à l’avance, à comparaître dans la salle des actes de la mairie, devant ladite commission, qui lui rappellera le texte de la loi et lui expliquera son devoir.
En cas de non-comparution, sans justification admise, la commission appliquera la peine énoncée dans l’article suivant.
Art 13: En cas de récidive dans les douze mois qui suivront la première infraction, la commission municipale scolaire ordonnera l’inscription, pendant quinze jours ou un mois, à la porte de la mairie, des nom, prénoms et qualités de la personne responsable, avec indication du fait relevé contre elle.
La même peine sera appliquée aux personnes qui n’auront pas obtempéré aux prescriptions de l’article 9."

Vous remarquerez qu'il y a plus d'un siècle (où vraiment la république était en danger), le processus était bien plus ouvert et progressif que ne le montre la réaction péremptoire et sans doute mal informée du ministre. Car non, l'école n'est toujours pas obligatoire et, non, le chef d'établissement ne peut pas "convoquer" les parents n'importe comment. Il n'en a ni le droit, ni le pouvoir.

En revanche, il est tentant pour les ministres plutôt que de gérer les péripéties médiatiques avec flegme, d'attiser les discours qui renvoient aux bonnes vieilles oppositions fondamentales entre vieille droite et vieille gauche. Les déchirements sur l'école font toujours recette dans notre pays depuis plus d'un siècle mais est-ce vraiment la priorité du moment ? Est-ce le moment de regarder ailleurs ?

En quoi sommes-nous concernés ?

Il est certes facile de critiquer ceux qui ont été élus pour diriger. Cependant entre l'eau trop tiède de Hollande et la vapeur vite dissipée de ses ministres soupe au lait, on aimerait prendre la mesure d'une gouvernance conséquente. 

Ce gouvernement, comme le précédent d'ailleurs, fait la preuve "médiatique" de son manque de maîtrise et cela n'abuse plus le pays même si cela amuse la Presse. Les insuffisances sur les mesures de fond où courage et leadership sont attendus s'intercalent avec les excès verbaux et l'ignorance qui sont assénés là où tempérance et pédagogie seraient judicieuses. Nous assistons semaines après semaines au spectacle d'une gouvernance simplement incompétente.

Tellement incompétente que pour ma part, je ne commenterai même plus ces aspects-là de l'actualité. Je n'ai plus le temps ni l'envie. Je voudrais vous tenir au courant, plutôt, de ce que la Presse ne publie pas mais que les Gouvernants ne gèrent pas non plus ou "oublient" comme nous le verrons dans un prochain article qui reviendra sur l'Ecotaxe.

mardi 14 janvier 2014

Mais que fait la police ?

Voici un aperçu des conséquences pratiques sur le terrain des lacunes de notre gouvernance et qui peut finir par être dommageable. Deux "taxis de brousse" à la française ont été agressés hier à Roissy par des artisans taxis en colère sous les yeux de la police.

Aziz Senni l'auteur du célèbre L'ascenseur social est toujours en panne... : Il y a du monde dans l'escalier , expliquait ce matin 14 Janvier 2014 sur BFM Business comment deux de ses chauffeurs ont été agressés et deux de ses véhicules mis hors d'usage par des artisans-taxis à la faveur de leur mouvement de revendication d'hier sous les yeux des "forces de l'ordre" ... qui ne sont pas intervenues.

Le taxi "low cost" des banlieues

Il faut se souvenir, lire ici, que la société de ce jeune marocain, ATA, avait été distinguée par Jacques Chirac en 2001. Il s'agit d'une franchise comptant 70 véhicules en 2012 en Ile de France. Il s'agit de proposer un service "low cost" de taxis indépendants aux habitants des "cités" où les taxis ordinaires ne vont plus ... Les chauffeurs sont le plus souvent des chômeurs de longue durée vivant sur place.

Aziz Senni m'avait d'ailleurs inspiré en 2005 le projet qui m'a conduit à racheter un petit groupe de PME dans le domaine du courrier ... Il m'est donc sympathique, même s'il n'avait jamais répondu à mes emails à l'époque. Il s'agit d'un entrepreneur qui agit et transforme des manques en opportunités tout en intégrant une véritable dimension solidaire. Mais il semble que cela ne plaise pas aux concurrents établis, concurrents est d'ailleurs vite dit puisque ces derniers ne font pas les mêmes courses que ATA.

En quoi sommes-nous concernés ?

Nous vivons dans un pays où l'on attend obstinément les solutions de l'Etat. Nous constatons chaque jours que les solutions qui ont fonctionné depuis 40 ans (inflation puis dette publique, jacobinisme administratif, corporatisme, électoralisme et langue de bois ...) ne fonctionnent plus. L'alternative est simple: l'action entrepreneuriale solidaire concrète ! Or nous avons-là une entreprise privée et solidaire agressée sous le yeux de la police et l'Etat de Droit ne semble pas devoir s'appliquer pourquoi ?

Je suppose qu'entre le mouvement des taxis et le cordon de sécurité qui protégeait les abords du théâtre de la Main d'or où jouaient hier Dieudonné, la Police avait des priorités différentes ... Il serait vraiment temps que les citoyens insistent pour que les services de l'Etat se focalisent sur leurs véritables priorités et que l'on arrête de faire diversion avec des affaires ultra-médiatisées qui tentent de détourner l'attention des sujets majeurs: l'adaptation de notre société aux nouvelles conditions économiques et écologiques. En attendant, ce fait divers vient plutôt confirmer ce qui dit Dieudonné même s'il le dit de façon irrecevable: il y aurait bien "deux poids, deux mesures".

Et cela c'est dérangeant, car si l'Etat n'est plus légitime pour relancer l'emploi, son rôle essentiel est de garantir un cadre de fonctionnement sain dans un état de droit !

lundi 13 janvier 2014

La médiation ou la quenelle ?

Voici une reprise personnelle des événements autour de Dieudonné qui illustre le thème du dernier article de ce blog et rappelle qu'il existait et existe ici une autre voie possible.

J'ai déjà décrit ma position sur "l'affaire Dieudonné", pas sur le fond de la querelle/quenelle mais sur la solution générique que j'entrevois en contre-point au conflit. Voyez à ce sujet mon article dans le cercle + des Echos.

Dieudonné Mbala Mbala
L'angle de la médiation et de la négociation:

Comme le sujet "Dieudonné" est abondamment commenté partout et que le fond de cette dispute n'est pas le sujet de ce blog, je n'en dirai rien de plus sauf sur la forme. Ce tapage médiatique a de quoi étonner et c'est plutôt l'absence depuis le début d'une approche plus pragmatique et respectueuse que je voudrais commenter. Car cette absence "contraint" maintenant les plus hautes autorités de l'Etat jusqu'à François Hollande qui appuie son ministre de l'intérieur, à recourir au Conseil d'Etat pour interdire Dieudonné. Je m'intéressais peu au cas Dieudonné mais j'ai été étonné par ce vacarme comme sans doute beaucoup d'entre vous. Voici quelques liens qui illustrent sans le résumer, le fond de l'histoire:

Il y a tout d'abord cette longue vidéo d'une heure dix par le "regard dissident" qui est  pro-Dieudonné avec toutefois, m'a-t-il semblé, un vrai travail de reconstitution des événements chronologiques et qui donne des précisions troublantes avec des tas d'images publiques d'archives qui ne sont pas contestables.

Voici deux extraits sonores très partiels "volés" par des journalistes du Point sur le fameux spectacle interdit. On comprend que cela puisse choquer en plus ce n'est pas drôle.

Voici en outre la vidéo d'un sketch tout récent d'Elie Sémoun, l'ancien compère de Dieudonné,  dont je parle dans mon article du cercle des Echos car je trouve qu'elle appelle bien, à sa façon, à revenir à une plus juste mesure, préalable selon moi à la démarche que je suggère.

Et enfin, je vous conseille ce livre d'entretiens croisés entre Bruno Gaccio, co-créateur des Guignols et Dieudonné: Peut-on tout dire?. Pour la petite histoire, j'ai lu ce livre dans le hall d'un Palais de Justice où j'attendais une audience d'un procès minuscule (et qui n'a rien à voir avec le thème de cette bagarre) où l'on me faisait l'honneur d'être convié en qualité d'accusé dans une histoire dont je suis sorti gagnant et qui n'était autre qu'un détournement d'attention ... Je l'avais donc lu de l’œil sensibilisé de celui que l'on accuse et que l'on calomnie en même temps ! Mais j'arrête-là pour ne pas que l'on pense que je fais un vilain transfert.

En quoi sommes-nous concernés par tout ce bruit ?

Je voulais juste vous dire que malgré les apparences, cette histoire me rend plutôt optimiste. Voici pourquoi:

1) Je ne crains pas, malgré le recours au Conseil d'Etat, que notre démocratie soit malade. Au contraire, cette histoire pourrait bien remettre les choses à leur place et ramener les gens à leurs véritables priorités.
2) Je ne crois pas que Dieudonné soit l'incarnation du mal ni que nous assistions à une nouvelle montée du nazisme.
3) Je ne crois pas que nos tribunaux normaux soient dépourvus de moyens d'action en cas de dérapages antisémites ou racistes même si l'attitude de Manuel Valls laisse croire le contraire.
4) Je ne crois pas que les représentants associatifs soient tous des agents du Mossad.
5) Il me semble que les médias et les hommes politiques qui ont cru devoir faire étalage de leur "fermeté" dans cette affaire découvriront qu'il n'est plus si simple d'enrôler "l'opinion".
6) J'espère que Dieudonné saura faire bon usage de la prospérité que sa popularité lui a amenée et qu'il paiera ses impôts et ses condamnations !
7) Malgré les excès et la vulgarité, les observateurs attentifs comme le sociologue Michel Wieworka par exemple, ne feront pas l'erreur de mettre tout le monde dans le même sac.
8) Cette triste histoire de quenelles traduit un désespoir et un ras le bol réels qui pour l'instant, malgré les incitations médiatiques, s'expriment de façon non-violente.
9) Dieudonné est plus fin que ce que l'on avait cru, en témoigne sa décision de respecter les décisions du Conseil d'Etat et de changer de spectacle ... peut-être irons-nous finalement dans cette affaire vers une solution de paix comme le dit mon article ?
10) Enfin, ce n'est pas parce que tout a été fait des deux côtés pour que ce conflit soit rendu emblématique et médiatique que nous serons individuellement et collectivement incapables d'en tirer des leçons dans le sens d'une voie pacifique de règlement des conflits.

dimanche 5 janvier 2014

La folie c'est de répéter les mêmes erreurs et espérer des résultats différents

Je vous souhaite une excellente année 2014. Pour cela, voici un petit article juste pour méditer un axe de travail et identifier un écueil possible.

Un aphorisme pour inspirer le changement

" La folie c'est de répéter les mêmes erreurs en espérant des résultats différents " est ma traduction de l'original américain qui dit ceci: " Insanity is repeating the same mistakes and expecting different results".

J'aime bien cette phrase. Je l'ai trouvée, je crois, au début dans mes discussions avec Paul-Henri Pion. Il se référait alors au fait qu'il importe de mettre en place des stratégies parfois étonnantes pour aider les individus qui en souffrent à sortir de certains blocages psychologiques. Depuis, je l'ai eue en mémoire de nombreuses fois en conseillant des entreprises, en travaillant sur nos TEDx et en commentant l'apathie de notre société et l'incapacité de nos représentants à la faire changer.  Je l'ai rencontrée très souvent en lisant des livres ou des articles consacrés au Développement Personnel, au Management du Changement ... 

Et c'est bien normal car cette formule est là pour suggérer le changement. A certains moments, ce peut être un changement de rupture, complet, brutal et radical. Le plus souvent, il faudra s'appuyer sur ses erreurs pour persévérer dans son action mais en changeant certains paramètres pour trouver de nouvelles solutions et ainsi innover de façon fluide.

Ce sujet me passionne car justifier le blocage, le nier ou l'ignorer conduit à l'échec progressif et souvent, tardivement, à subir le soubresaut violent.
La force des habitudes

Le sujet me passionne tellement que j'ai fini par me demander d'où venaient ces mots que je répétais comme d'autres, consultants, psys, auteurs, marketeurs ... sans savoir. La formule est bien faite mais de qui est-elle ? La réponse massive que vous trouverez si vous la googlisez sera: Einstein bien sûr !

J'ai trouvé cette photo ici . Elle a fait l'objet d'un procès intenté par l'Université Hébraïque de Jérusalem à General Motors qui s'en servait pour promouvoir son dernier SUV. Procès gagné par GM. Oui Einstein est un symbole du génie et donc de l'innovation ... réelle ou suggérée mais il ne semble pas plus être l'auteur de cette formule qu'il n'a posé pour cette photo !

Si l'on recherche en anglais, on tombe sur des variantes qui font précéder la formule ci-dessus de "la définition de ..." et elle est parfois attribuée à Benjamin Franklin ou à Mark Twain mais sans preuve. Selon le site Salon.com il s'agirait d'une phrase souvent servie par les Clinton et beaucoup reprise par les journalistes et acteurs du monde politique américain. En fait, selon The Yale Book of Quotations cette phrase a été repérée pour la première fois dans le roman sentimental Sudden Death publié en 1983 et dont l'action se déroule dans l'univers du tennis féminin.

Et si l'on recherche encore un peu plus loin, il semble que la toute première fois que cette formule ait été évoquée, ce fut pour donner la philosophie d'une association d'inspiration religieuse  "Narcotics Anonymous" dont vous trouverez le texte de 1981 reproduit en intégralité ici. Le lien avec Mark Twain, alcoolique notoire, est possible mais pas du tout attesté ... Le passage suivant qui contient, en dernière ligne,  notre formule se trouve page 25.


En quoi sommes-nous concernés ?

Même lorsque nous voulons inspirer le changement, ce sont d'abord nos habitudes de pensée qui nous font agir. Cette formule reste inspirante et prétendre qu'Einstein en est l'auteur est une erreur, voire une petite imposture pas bien grave. Notez qu'aux USA, les cercles politiques l'attribuent aussi assez fréquemment à B. Franklin. Admettons donc qu'il s'agit d'un "bienveillant" stratagème pour rendre la chose plus crédible. Mais n'en soyons pas victimes !

Pour ceux qui aiment approfondir, on découvrira que la réalité de l'évolution de cette petite phrase est sans doute beaucoup plus belle que son attribution par les communicants à Einstein ou à Franklin. La formule serait donc née dans un obscur manifeste associatif pour drogués. Elle aurait été reprise dans un roman "de mœurs" peut-être lu par Madame ou Monsieur Clinton jamais en mal d'inspiration sur le plan sentimental ... Les journalistes de Washington en auraient fait une belle formule introductive préalable à leurs commentaires des actions politiques...et la planète "pensante" d'en faire une référence incontournable. N'est-ce pas un succès extraordinaire pour le véritable et obscur auteur de cette phrase ?

Restons constructivement critiques et apprenons donc à maîtriser nos sources d'inspiration ! Pour finir, voici une autre citation attribuée à Einstein (Je n'en confirme absolument pas la source !):

"Dieu m'a puni de mon mépris des maîtres à penser en me faisant l'un de leurs !"



dimanche 15 décembre 2013

Jean Lassalle: la grande marche


Un député atypique a marché pendant 8 mois et 6000 km pour rencontrer les français. Retour sur ce
Jean Lassalle
périple qui vient tout juste de s'achever à Paris et lui a valu quelques minutes d'antenne de la part des grands media.

L'homme

Ce fils de berger est maire de son village des Pyrénées Atlantiques, Lourdios-Ichère (150 hab.), depuis qu'il a eu 21 ans. Député du modem, chose rare, il prend systématiquement des chemins de traverses: il interpelle Sarkosy à l'Assemblée en chantant, il fait une grêve de la faim de 41 jours couronnée de succès pour empêcher le départ d'une usine Sony de sa circonscription et maintenant ... il marche.

Et il attrape ampoules et rhumes mais rencontre aussi au hasard de son périple 20 personnes par jour qui ne sont pas intimidées et lui disent ce qu'elles ont à dire. Ajoutons que le personnage à tout pour me plaire: un accent basco-pyrénéen à couper au couteau, un fils qui joua dans l'équipe de France de Rugby des -21 ans, un charisme simple mais réel ...


Le message

Les français ont peur, détestent leurs élus et ne croient plus en l'Europe. On le savait. Il rejoint ce que nous disions dans nos articles antérieurs sur la détestation des élus et des élites (publiques et privées) ce qui nous met devant une crise de la représentation au sens large. Rien de nouveau non plus sauf que peut-être il y a le constat que les "vrais" gens sont peut-être plus conscients des réalités que ce que l'on croit parfois comme le montrent les bonnets rouges. Et puis il y a aussi le constat réel et direct que font par ailleurs mais en chambre, les sociologues à savoir la décomposition des liens sociaux qui faisaient la matière du pays. Quoi après alors ?

Périple de Jean Lassalle
Ce qui me plait dans cet élu pas ordinaire c'est qu'il n'affiche ni optimisme, ni pessimisme, il part de la réalité brute. Par exemple, quand des gens veulent lui cracher dessus ou quand on lui tient des propos racistes ou xénophobes, il ne se dérobe pas. Et les gens finissent par lui emboîter le pas et marcher avec lui.

De passage à Florange, photo Loreina TV
Les symboles

La marche: rappelez-vous il y a quelques mois, je republiais un livre de lecture pour enfants, livre de morale républicaine et nationale, qui racontait l'histoire symbolique de deux enfants alsaciens-lorrains qui marchaient pour retrouver leur identité perdue et celle de leur pays vaincu et dévasté après 1870 ... Jean Lassalle ne l'a peut-être pas fait exprès mais il retrouve-là une veine qui est peut-être bien celle de l'urgence et aussi celle d'après la violence.

La non-violence: il nous dit que les gens espèrent que ça va "péter" et qu'en même temps, il ne veulent pas devenir violents. Enjeu majeur que j'ai cité souvent dans ce blog. Pouvons-nous changer et changer le mode de changement aussi ? Il dit que oui car les gens qu'il rencontre sont conscients, en colère mais également qu'ils changent eux-mêmes à leur niveau. Qu'ils ont envie ... encore. J'ai lu un livre récemment qui propose l'idée de "vie-o-lence" ...

L'imperceptible: On entend les arbres qui tombent, les forêts qui brûlent, Jean Lassalle semble avoir essayé de regarder les brins d'herbes qui poussent.

Le "slow": j'entendais une femme chef d'entreprise récemment dire, en exprimant une souffrance non-jouée sur son visage que même dans les entreprises, on n'en peut plus de faire les choses toujours trop vite et que les salariés veulent enfin avoir le temps. Lassalle, lui, à 58 ans a marché à son pas c'est-à-dire lentement car son corps semble lui avoir imposé des limites et pourtant, il totalise déjà pas loin de 5000 personnes rencontrées ... plus que la plupart des échantillons sondagiers ...

En quoi sommes-nous concernés ?

Simple excentrique qui fait du buzz ou phénomène de fond qu'un sage atypique révèle ? Première remarque que l'on peut faire: "ah oui, c'est très tendance de marcher". Sans doute et le coup médiatique semble avoir fonctionné. Mais et si encore une fois cette réaction-là n'était de nouveau qu'une manifestation du syndrome de l'imbécile qui regarde le doigt du sage qui montre la lune ?

En tous cas, si l'heure est effectivement grave et qu'il importe de changer la société et le mode de changement avec, d'autres ont utilisé cette méthode, la Marche, avec quelques résultats. Souvenez-vous de ce que j'écrivais sur les chemins d'Abraham et il y a plus longtemps d'un certain Gandhi ...

Je vous suggère de suivre l'évolution de ce marcheur-fou ... peut-être pas fou du tout.

Pour en savoir plus: http://la-marche-2013.over-blog.com/

mardi 10 décembre 2013

La dynamique du capitalisme ou le triomphe d'un pays neuf !

La Dynamique du capitalisme de l'historien Fernand Braudel mérite d'être relu. Il traînait dans ma
F. Braudel, photo: ledevoir.com
bibliothèque et à l'occasion d'un rangement qui avance du coup bien lentement, je l'ai relu avec bonheur en ces temps d'incertitude. Voici pourquoi je vous le conseille.

Une belle synthèse d'une œuvre magistrale

1976: le programme commun de la Gauche en France avait 4 ans et n'avait pas encore produit ses effets électoraux. C'était l'année des conférences prononcée par l'auteur à l'Université John Hopkins sur la dynamique du capitalisme et réunies dans cet ouvrage (mon édition date de 1985 et nous commentons ici celle de 2008). C'est ce qui explique que l'on présente cet ouvrage comme une "introduction" à l’œuvre de ce grand historien qui était alors en train de finir d'écrire Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle. Tome 1: Les structures du quotidien. Une introduction ? Non une sorte de résumé plutôt en à peine plus d'une centaine de pages d'une œuvre monumentale en 3 tomes qui était déjà presque écrite et qui parut en 1979. Le premier mérite de cet ouvrage est donc sa concision qui n'en fait aucunement une ébauche, plutôt une synthèse.

Revenir au sens des mots

Son deuxième mérite est, surtout en regard de la période actuelle, de recadrer les mots et les pratiques dans le temps long (plusieurs siècles) et dans un espace déjà global (méditerranéen et mondial) en relativisant les prismes de notre moment présent. Songez qu'il ne s'est passé que 35 ans entre la publication du troisième tome du Capital de Marx (finalisé par Engels) et la grande crise de 1929 ! Et celle-ci est intervenue seulement 25 ans après la publication de L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme de Max Weber. Peu de champ donc pour vraiment comprendre les ressorts du capitalisme ni pour extraire ses spécificités des crises de l'industrie lourde du Nord Ouest Européen des années trente.

Le mérite du temps long

Or, plus d'un siècle s'est maintenant écoulé depuis ces ouvrages fondateurs et à combien de crises et de mutations le capitalisme a-t-il survécu ? Pourtant, à court de repoussoirs, confondant marché, économie de marché, libéralisme, capitalisme et capitalisme financier nombre de nouveaux "penseurs", pris dans le moment présent, oubliant de se référer au sujet même de leurs thèses font du capitalisme ce qu'il n'est pas: un système. Donc un "isme" qui comme d'autres s'effondrerait si l'on se décidait à le combattre pour mieux faire sortir de terre de nouveaux "ismes" sans doute... C'est le troisième mérite de Braudel et de sa vision longue que de nous replacer dans une perspective historique qui transcende obligatoirement les crises et les débats conjoncturels et qui nous rappelle les grands "glissements" fondamentaux que nous ne voyons plus. Citation p 70:

"Ce glissement définitif, à l'extrême fin du XVIè siècle, de la Méditerranée aux mers du Nord, est le triomphe d'un pays neuf sur un vieux pays. Et c'est aussi un vaste changement d'échelle. A la faveur de la montée nouvelle de l'Atlantique, il y a élargissement de l'économie en général, des échanges, du stock monétaire, et, là encore, c'est le progrès vif de l'économie de marché qui, fidèle au rendez-vous d'Amsterdam, portera sur son dos les constructions amplifiées du capitalisme. Finalement, l'erreur de Max Weber me paraît dériver essentiellement, au départ, d'une exagération du rôle du capitalisme comme promoteur du monde moderne."

Et si, vieux que nous sommes, nos crises et nos malheurs, réels ou fantasmés, étaient le fait non pas d'un "isme" pernicieux ou simplement des autres mais simplement de notre difficulté collective accentuée par notre "grand âge" à nous adapter à ces glissements ?

En quoi ceci nous concerne-t-il ?

Je range donc ce "vieil" ouvrage, pourtant très actuel, sur un rayonnage à côté des réflexions plus récentes d'André Comte Sponville:Le capitalisme est-il moral ? : Sur quelques ridicules et tyrannies de notre temps.  Il nous aide en peu de pages à mieux comprendre une composante essentielle de notre modernité telle qu'elle est que l'on soit parmi les gagnants ou les perdants de celle-ci, que l'on l'aime ou non. La seule chose qu'il a manqué à Braudel dans cet ouvrage c'est le temps de s'apercevoir que le capitalisme se sera à peine ré-acclimaté à Shanghai et à Bengalore que sa dernière mutation le dispense désormais d'avoir encore à se localiser ...