samedi 15 février 2014

Le chômage augmente et l'école n'est toujours pas obligatoire !

Allons-nous "dans le bon sens" entre les propos tièdes de François Hollande et ceux bouillants de ses ministres ? Est-il envisageable de gouverner sans se payer de mots ?

Pile: "l'understatement" à la française, qu'il est donc difficile de parler de ce qui blesse !

L'"Understatement" est un art très britannique de la conversation polie voire ironique, qui consiste à utiliser des mots très "softs" pour désigner des réalités plus crues. Par exemple, la région est inondée et l'on dira "well, it rained a little bit more than usual" (il a plu un petit peu plus que d'habitude). Personne n'est dupe. N'y avait-t-il pas un peu de cela après la conférence de presse de F. Hollande ? Ne dit-on pas qu'il a beaucoup d'humour ? Mais allons-nous pour autant dans le bon sens ?

Ph: A. Jocard AFP
Passons sur sa vie sentimentale. La grande nouvelle dont on se félicitait il y a quelque semaines , c'est que son côté "HEC" prend le dessus sur son côté "ENA". Il assume le "virage" ... Il va réfléchir à sauver l'emploi en se préoccupant de l'offre.

Par exemple, on supprimera les cotisations familiales des entreprises. Et les commentateurs de dire que cela va dans "le bon sens" ...  alors que le financement de la politique familiale (rare indicateur positif pour la France) n'est pas évoqué.

Understatement à la française ou prophétie auto-réalisatrice ? Autre exemple, on va faire des économies de 30 milliards ici et de 45 milliards là (en trois ans) ... (déjà entériné par la commission de Bruxelles). Le déficit budgétaire ne dépasse-t-il pas annuellement les 80 milliards ... par an ? Mais oui, nous allons dans le bon sens.

Un peu plus tard, le chef de l'Etat concèdera que la courbe du chômage ne s'inverse pas tout à fait comme prévu. Et ces derniers jours, à 0,3 % de croissance, Moscovici est à deux doigts de parler d'embellie comme Jospin en son temps ... Assurément, nous allons dans le bon sens. Et l'eau monte dans le Var comme ailleurs ...

Face: qu'il est doux de céder à la provocation !

Après Montebourg dans les différentes affaires de "désinvestissement productif" (Mittal, Continental ...) qui s'empêtra en son temps dans des déclarations rendant toute discussion très difficile, après Valls jouant dans l'affaire Dieudonné le rôle de la fermeté qui avait si bien réussi au Sarkosy-ministre de l'intérieur, c'est Vincent Peillon qui a cédé récemment à la tentation de la contre-provocation dans l'histoire de l'expérimentation scolaire sur "l'égalité des genres".

Vincent Peillon
Le ministre m'a en effet semblé peu informé ou bien naïvement manipulateur. Quand quelques excités fondamentalistes d'ailleurs liés à la mouvance contestataire de Dieudonné, envoient des twitts pour inciter des parents à faire la grève du zèle de l'école publique un jour par mois, celui-ci se raidit et se drape dans de grands principes; c'est aussi déplacé et maladroit que faux.

Peillon a envoyé une lettre demandant aux chefs d'établissements de convoquer les parents pour leur rappeler les principes républicains. Comment les chefs d'établissements vont-ils faire pour "convoquer" des parents ? Vont-ils envoyer la force publique ? Quant retour aux principes, voici des extraits de la vieille loi de Jules Ferry du 28 mars 1882, complétée mais pas abrogée depuis:

"Art 4: L’instruction primaire est obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de six ans révolus à treize ans révolus; elle peut être donnée soit dans les établissements d’instruction primaire ou secondaire, soit dans les écoles publiques ou libres, soit dans les familles, par le père de famille lui-même ou par toute autre personne qu’il aura choisie ... 
Art 12: Lorsqu’un enfant se sera absenté de l’école quatre fois dans le mois, pendant au moins une demi-journée, sans justification admise par la commission municipale scolaire, le père, le tuteur ou la personne responsable sera  invité, trois jours au  moins à l’avance, à comparaître dans la salle des actes de la mairie, devant ladite commission, qui lui rappellera le texte de la loi et lui expliquera son devoir.
En cas de non-comparution, sans justification admise, la commission appliquera la peine énoncée dans l’article suivant.
Art 13: En cas de récidive dans les douze mois qui suivront la première infraction, la commission municipale scolaire ordonnera l’inscription, pendant quinze jours ou un mois, à la porte de la mairie, des nom, prénoms et qualités de la personne responsable, avec indication du fait relevé contre elle.
La même peine sera appliquée aux personnes qui n’auront pas obtempéré aux prescriptions de l’article 9."

Vous remarquerez qu'il y a plus d'un siècle (où vraiment la république était en danger), le processus était bien plus ouvert et progressif que ne le montre la réaction péremptoire et sans doute mal informée du ministre. Car non, l'école n'est toujours pas obligatoire et, non, le chef d'établissement ne peut pas "convoquer" les parents n'importe comment. Il n'en a ni le droit, ni le pouvoir.

En revanche, il est tentant pour les ministres plutôt que de gérer les péripéties médiatiques avec flegme, d'attiser les discours qui renvoient aux bonnes vieilles oppositions fondamentales entre vieille droite et vieille gauche. Les déchirements sur l'école font toujours recette dans notre pays depuis plus d'un siècle mais est-ce vraiment la priorité du moment ? Est-ce le moment de regarder ailleurs ?

En quoi sommes-nous concernés ?

Il est certes facile de critiquer ceux qui ont été élus pour diriger. Cependant entre l'eau trop tiède de Hollande et la vapeur vite dissipée de ses ministres soupe au lait, on aimerait prendre la mesure d'une gouvernance conséquente. 

Ce gouvernement, comme le précédent d'ailleurs, fait la preuve "médiatique" de son manque de maîtrise et cela n'abuse plus le pays même si cela amuse la Presse. Les insuffisances sur les mesures de fond où courage et leadership sont attendus s'intercalent avec les excès verbaux et l'ignorance qui sont assénés là où tempérance et pédagogie seraient judicieuses. Nous assistons semaines après semaines au spectacle d'une gouvernance simplement incompétente.

Tellement incompétente que pour ma part, je ne commenterai même plus ces aspects-là de l'actualité. Je n'ai plus le temps ni l'envie. Je voudrais vous tenir au courant, plutôt, de ce que la Presse ne publie pas mais que les Gouvernants ne gèrent pas non plus ou "oublient" comme nous le verrons dans un prochain article qui reviendra sur l'Ecotaxe.

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