dimanche 4 novembre 2012

Trade not Aid 1/2

Aujourd'hui la parole est à une étudiante en stage en Inde qui s'occupe de micro-crédit pour faire suite à nos articles sur "Humanisme et Profit".
(Billet invité)

S'adresser à des entrepreneurs

Je suis Lucie, étudiante à Audencia Nantes Ecole de Management, après des classes préparatoires littéraires et une licence de lettres modernes-philosophie. Je viens vous témoigner de mon expérience au Bangladesh et en Inde, au sein de la Grameen Bank et d’une petite ONG soutenant le micro-entrepreneuriat, Navnirman Community Resources Center.

J’ai été  très tôt sensible aux questions de développement. Du concept du commerce équitable, j’ai surtout retenu le fameux slogan « Trade not aid ». Du commerce, non de l’assistance. Donner du pouvoir aux gens, non les maintenir en consommateurs. Voir en eux des entrepreneurs, des artistes, des artisans qui peuvent gagner leur vie et apporter du profit. A partir de là, j’ai voulu partir à la découverte de ceux qui emploient leurs compétences à faire du commerce un instrument de développement.


Renforcer la relation

Mohammed Yunus a donné un coup de pied dans la fourmilière en propulsant le concept du microcrédit. Il a révélé à la face (voilée) du monde, qu’il fallait souvent quelques euros, à peine 3 paquets de cigarettes, à des gens pour monter leur affaire et se relever d’eux-mêmes. Oui, l’argent a bien des pouvoirs… malheureusement entravés par l’un d’entre eux ; celui, l’attrait, qu’il exerce sur nous même. C’est ce que ce professeur d’économie explique : aujourd’hui, on a réduit l’être humain à l’attrait que l’argent exerce sur lui, on en a fait un être unidimensionnel, uniquement préoccupé par le profit. Pour lui, il faut réinvestir les autres dimensions, notamment celle de la relation humaine, celle là même qu’on peut encore deviner dans l’étymologie du mot commerce : « cum », avec, « merx, mercis » des marchandises. Quoi, avec des marchandises ? Un échange, une relation gagnant gagnant ? Mais sur quels plans ?

Appartenir à une communauté solidaire

J’ai passé un mois à découvrir la Grameen Bank et j’ai beaucoup apprécié. Loin d’être de ceux qui la déprécient, je trouve que son œuvre auprès des ruraux est très importante et crée beaucoup de valeur. Néanmoins, il est difficile d’incarner parfaitement un concept tel que celui de Yunus. Et, la Grameen a bien commencé à réintroduire le lien humain dans le commerce: pour emprunter, il faut nécessairement être membre d’un groupe solidaire face aux prêts de chacun de ses membres. Ce groupe se réunit régulièrement et son approbation est requise pour déposer une demande. Mais, s’il y avait une seule critique à faire, ce serait le risque de la réduction de l’aide au simple crédit.


Prospérer

Sans argent, on ne monte pas d’entreprise. La Grameen a commencé à résoudre ce problème. Mais comme chacun sait, il ne suffit pas de créer l’entreprise, il faut ensuite la faire prospérer. Quelles sont les premières causes d’échec de l’entrepreneuriat en France ?  70% sont liées à des problèmes commerciaux, tels ceux d’une mauvaise évaluation du marché, contre 40% liées à des problèmes financiers.



Suite au prochain numéro. Lucie Rosello, www.ncrcindia.org .
 

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