jeudi 22 novembre 2012

La gouvernance de la France par le roi de Prusse

Que dire de l'actualité ? Je vous propose de poser la question au ... roi de Prusse, Frédéric II afin de prendre un peu de recul ! Voici donc un texte tiré d'un document jamais publié en France. 

La puissance de la France:

Après l’Allemagne, la France est la monarchie la plus puissante de l'Europe; mais les Etats ne sont que ce que les font les hommes qui les gouvernent. On peut prévoir presque avec sûreté que les rois de France, vu la mauvaise éducation qu'on leur donne, seront tous des princes faibles. Leurs gouvernements seront pareils au nom près à ceux de la race carolingienne (NDLR: les Mérovingiens en fait), des rois indolents déposaient l’autorité royale entre les mains des maires du palais. Heureux seront encore les Français, si la nation se trouvait gouvernée par un premier-ministre; au moins leur politique sera-t-elle liée à un système, au lieu qu'à présent tout va au hasard, et que les ministres, chefs des départements, sont plus jaloux de leurs collègues que des ennemis du royaume.

Le malheur de la France: la division

Le plus grand malheur qui peut arriver à la France dans l'ordre des choses possibles et prochaines, c'est l’extinction de la famille régnante. Deux partis s'élèveraient d'abord les uns contre les autres, celui d'Espagne et celui d'Orléans, d'où se suivraient des guerres civiles. Ce serait alors que les ennemis de cette couronne auraient beau jeu, et qu'ils contribueraient à la déchirer et peut-être même au démembrement de ses provinces. Personne ne pourrait, dans une pareille confusion, empêcher la maison d'Autriche de reprendre l’Alsace et la Lorraine ; peut-être que les Anglais feraient une irruption en Normandie et Bretagne, et c’est à savoir si ces puissances ennemies ne parviendraient pas à partager la monarchie entre l'Espagne et le duc d'Orléans, à condition de conserver leurs conquêtes. Mais le Dauphin est un prince qui peut voir augmenter sa famille et la race régnante peut se perpétuer et conserver la couronne. Si cela arrive, on trouvera dans ce qu'il y a d'histoires de France, l'histoire future de ce royaume.

La mollesse des dirigeants et les immenses ressources du Pays:

Souvent malheureux à la guerre par sa négligence, il s'est relevé soit par ses ressources immenses ou par l'habileté de grands capitaines qui ont commandé ses armées. Les entreprises malheureuses de Louis XII sur l'Italie n'affaiblirent point le royaume. A peine François Ier fut-il sorti des prisons de Madrid, qu’il obligea Charles-Quint de lever le siège de Metz. La France, perdue sous Henri III, devint redoutable à ses voisins sous Henri IV. Louis XIV fut près de succomber pendant la guerre de la succession; il se releva par la paix séparée qu'il fit avec la reine Anne d'Angleterre, et par le gain de la bataille de Denain. Nous avons vu les affaires de la France, désespérées après la sortie de ses troupes de Bohême, prendre une nouvelle face sous la conduite du maréchal de Saxe qui, par le gain de trois grandes batailles et par la conquête de la Flandre et du Brabant, avait mis Louis XV en situation d'imposer des lois à ses ennemis. Mais la faiblesse du Roi et de ses ministres fit qu'il ne profita pas de la plus belle occasion du monde, pour ajouter cette conquête à son royaume.

Les abus et la vivacité:
La négligence et les abus qui sont dans ce royaume, feront toujours commettre de grosses fautes à cette nation, et sa vivacité qui la porte également au bien comme au mal, contribuera, selon qu'elle est poussée, à ruiner ou à relever ses affaires, sans qu'il soit possible de deviner ce qui arrivera. Cependant la grande mollesse où cette nation est plongée, ne l’empêchera pas de faire la guerre, surtout lorsque sa vanité l'engage à croire qu'il est de la dignité de la France de se mêler de toutes les affaires de l’Europe. Ceci peut être regardé comme une maxime, et vous pouvez compter qu'il ne se fera aucune guerre, pour peu qu'elle soit considérable, de laquelle la France ne soit mêlée bientôt.

En quoi ceci nous concerne-t-il aujourd'hui ?

Ressemblances fortuites ou inquiétantes ? A vous de voir chers amis, je voulais juste vous faire partager un extrait choisi de ce texte écrit en langue française entre Avril et Juillet 1752 par celui qui donna à l'Europe l'icône du despote éclairé. Ce texte ne fut traduit en allemand et publié qu'en 1920. Il n'est pas douteux que Bismark l'ait lu alors qu'il était encore secret ainsi, de nos jours, qu'Angela et tous les étudiants allemands en sciences politiques .

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