Cette semaine, le ministre de l'Intérieur a confirmé sa décision de retirer les panneaux annonçant les contrôles radar fixes, mesure proposée le 11 Mai par le CISR. Cette même semaine aussi, j'ai reçu avec près de 3 mois de décalage, deux courriers m'annonçant le prélèvement d'un total de 3 points sur mon capital restant qui était remonté à 11 après le stage dont je vous avais parlé dans un billet précédent. Je m'y interrogeais sur la stratégie du gouvernement: rentabilisation ou responsabilisation ?
Avant d'aller plus loin, voici comme mise en bouche une petite vidéo pour les amateurs de spectaculaire:
Avant d'aller plus loin, voici comme mise en bouche une petite vidéo pour les amateurs de spectaculaire:
Nous pourrons nous convaincre que venant d'ailleurs, cela ne nous concerne pas. Panneaux radars ou pas ces films auraient-ils été très différents chez nous ?
Que nous dit-on en France aujourd'hui ? Verbatim et résumé:
1 Les faits statistiques sont difficiles à établir:
"1 256 personnes ont trouvé la mort sur les routes de notre pays depuis janvier 2011. Cela correspond à une hausse d'environ 12,5% par rapport à l'an dernier à la même époque" selon le député Armand Jung à l'Assemblé Nationale le 25 mai."
Questions au gouvernement du 25 mai 2011 (A.JUNG) par Ministere_interieur
En fait, il y a eu 5748 accidents corporels, 355 tués, 7295 blessés dont 2739 hospitalisées en avril 2011, le nombre de morts sur la route a donc augmenté pour Avril de près de 20% en un an mais en y regardant de plus près, seul le nombre de tués a augmenté car il y a eu 2 % de moins d'accidents corporels et 0,5 % de blessés en moins ! Il serait à propos de regarder les causes, les circonstances et les conséquences précises ...
Les causes ne fondent pas la décision:
Si nous étions dans une entreprise cherchant au mieux à allouer ses ressources en vue d'une décision optimisée, que ferions-nous ? Nous rechercherions les causes d'accidents et leurs conséquences. Or, selon le Dossier Statistiques d'accidents de la route du site de l'APR: "Il s'agit de chiffres provisoires pour l'année 2010. Dans le reste de ce dossier (statistiques d'accidents détaillées par mode de transport ou par âge), nous indiquons les chiffres 2009, qui sont les seuls à notre disposition pour le moment." Donc personne ne peut analyser sérieusement ces chiffres-là parce qu'ils ne sont pas encore disponibles !
Il semble par ailleurs que ce mois d'avril ait été significativement plus beau que celui de l'an passé. Beau temps semble rimer avec accidents. Eh oui, si vous l'aviez oublié je vous le rappelle, le climat se réchauffe et la mer continue de monter mais ceci est une autre histoire ! Voilà donc que l'on polémique sur une accidentologie partiellement en progression et que l'on prend des décisions politiques du type "réprimons !" sans avoir aucune analyse des causes de cette "dégradation" sauf "les gens ralentissent avant les panneaux et accélèrent après le radar" Un peu court M. Guéant. Pourquoi en sommes-nous là ?
2 L'objectif est avant tout politique:
"Sarkozy le 21 Mai lors de l'inauguration d'une brigade de gendarmerie à La Londe-Les-Maures: Je ne laisserai pas repartir le nombre de morts sur les routes à la hausse. Je ne cèderai pas sur cet objectif", ." Sarkozy avait donné un objectif de diminution du nombre des tués à 3000 par an en 2012. Or la vérité c'est que le véritable infléchissement de cette statistique a été enregistré sous Chirac et Raffarin. Le règne du petit Nicolas en cette matière n'aura pas été très brillant ! Durcissons donc notre texte pour atteindre l'objectif semble-t-il nous dire comme feu le pudibond M. Royer en son temps !
Le ressort est l'émotion:
Nous venons de voir que les chiffres sont très discutables et/ou indisponibles, alors sur quoi repose donc cette politique ? Réponse: sur l'émotion. Dans un débat à l'émission "C dans l'Air," la représentante d'une association rétorquait "vous ne verriez pas les choses comme cela si c'était votre fils qui avait été tué dans un accident ..." Tenez, si vous voulez des exemples de drames allez voir là. C'est effectivement poignant. Mais si poignants que soient les drames humains, faut-il accepter ainsi que l'émotion remplace la rigueur de la véritable collecte et de l'analyse de données objectives ? Faut-il qu'en l'absence de celles-ci et cherchant à faire coller la réalité aux objectifs politiques, on arrête des plans d'action inadaptés ? Des plans toujours plus répressifs car "rassurants" :
Permettez-moi de faire franchement du mauvais esprit. Pensez donc à ces victimes d'accidents de la route ayant échappé à la mort. Je rappelle qu'il y a eu en 2010 un tout petit peu moins de 4000 décès. Arrivés à l'hôpital, les survivants (30000 blessés graves) ne sont pour autant pas sortis d'affaire car un autre fléau les guette: les maladies nosocomiales. Le site doctissimo donne des chiffres. 6,9% des patients des hôpitaux y attrapent une maladie et 4200 en meurent chaque année ! Donc mes amis, sur environ 30000 blessés de la route, (voir ce site), il est à craindre que par simple construction, près de 7% de ces blessés soit environ 2000 personnes, tombent malade du fait des mauvaises conditions d'hygiène et d'asepsie de l'hôpital ! Question: ne faudrait-il pas plutôt s'occuper des maladies nosocomiales en priorité puisqu'elles font plus de dégâts que les accidents de la route ? D'autant plus qu'elles tuent directement une proportion des blessés qui survivent à un accident de la route
Derrière toute décision, il y a une évaluation, un "trade off". Or on a diminué le nombre de tués d'un facteur 3 depuis 15 ans et l'on sait que plus on améliore une performance, plus il est difficile de grapiller encore quelques points supplémentaires. Donc je m'étonne qu'un conseiller de Sarko ne lui ait pas déjà proposé de travailler sur les maladies nosocomiales afin d'améliorer son score sur les tués de la route ! En plus, vue la disproportion des budgets "com" entre les deux sujets, il est très probable que pour Sarko le $ investi en maladies nosocomiales soit bien plus rentable que le $ sécurité routière si le but est bien d'améliorer le rendement de la com sur les décès de la route !
Est-ce le bon indicateur de l'objectif ?
En outre, à juste titre, on essaie de réduire le nombre de morts et de ce fait on réduit le nombre de blessés mais la prévention ne devrait elle pas s'interroger sur la réduction du nombre de blessés graves également ? Et ne serait-ce pas une meilleure priorité ? L'exploitation médiatique des statistiques a souvent tendance à confondre un objectif et son indicateur. Ici l'objectif est d'améliorer la sécurité routière et l'indicateur le nombre de morts. A moins que l'objectif ne soit d'améliorer l'image sécuritaire du gouvernement et l'indicateur le nombre de pages vues ... Si l'objectif est la sécurité réelle, d'autres indicateurs sont certainement plus probants notamment quand on les ramène aux lieux, conditions, distances de transports permettant de proposer des ratios comparatifs sérieux, en voici un exemple.
Que faudrait-il faire ?
Revenons à des considérations sérieuses supposant que l'on veuille réellement améliorer les conditions de survenance d'une réelle sécurité routière. Il faudrait agir en partant des causes observées, prenons l'exemple suédois d'une compagnie d'assurance mutualiste, la société Folksam. Je vous conseille de lire ce chapitre du "rapport mondial sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la route". Vous y trouverez une approche scientifique exempte de Sarkozisme. Nos assureurs suédois ne sont pas des méchants mais des gens logiques, ils cherchent à réduire tout ce qui leur coûte cher. Donc ils cherchent à indemniser moins de sinistres et non à réduire le nombre de morts qui ne sont peut-être pas à tout prendre les sinistres les plus coûteux pour leur compagnie ! Mais en faisant cela ,ils réduisent aussi le nombre de morts. Et pour cela, ils s'intéressent à toutes sortes de facteurs comme ceux du tableau ci-dessus et en tirent des observations comme celle ayant trait à la compensation des privations consécutive à la chute du rideau de fer dans les pays de l'Est dans l'encadré ci-après:
Prévention, protection, incitations: l'exemple suédois de Folksam
Après ce très rapide aperçu de ce que les vrais spécialistes observent quand il s'agit réellement de s'attaquer aux causes, Claes Tingvall de la société Folksam qui fut mon client avait mis sur pied dans les années 80/90 une équipe chargée de faire baisser le coût des sinistres dans un domaine sensible pour la compagnie, c'est-à-dire non pas les morts en voitures mais les blessés graves en moto. Blessés généralement jeunes portant un casque, touchés à basses vitesses, en ville ! Vous remarquez qu'on ne part pas ici tous azimuts mais de façon ciblée et chiffrée.
La compagnie voulait améliorer sa rentabilité et son image, elle choisit donc non pas d'augmenter les cotisations pour les jeunes motards (ce que firent toutes les assurances françaises) mais de changer les conditions du problème. Tingvall et son équipe (voir rapport) analysa les causes d'accidents et leurs conséquences et comprit qu'il fallait protéger coudes, genoux et épaules, causes de millions de SEK d'indemnisations de jeunes motards devenus handicapés pour avoir défoncé une carrosserie avec leur coude ou leur genou.
Focalisation sur les vrais sujets. Ils utilisèrent une mousse révolutionnaire molle lors des déformations lentes mais dure comme une coque en cas de choc, le "Temper Foam" créé par la Nasa (voir photo à gauche au dessus) et firent fabriquer une combinaison avec cette mousse intégrée aux bons endroits. Voici à droite l'une des combinaisons dérivées de ces études. Elle fut vendue avec une incitation financière en Suède c'est-à-dire un gros discount sur le prix de l'assurance moto. Résultat: quelques centaines de paraplégiques de moins par an depuis près de 25 en Suède. Je me demande toujours pourquoi les compagnies françaises peut-être pétries des mêmes principes que ceux de Sarkozy plutôt que du pragmatisme de leurs concurrents suédois, n'ont pas adopté cette même politique d'incitation: intelligente, rentable et socialement responsable.
On voit d'ailleurs en reprenant le rapport mondial cité plus haut que rapportés à leur utilisation, les deux-roues sont infiniment plus coûteux en vies humaines que les autres véhicules. Si Sarkozy et Guéant se préoccupaient réellement de faire baisser leurs statistiques de tués, n'auraient-ils pas intérêt à se préoccuper de ce point noir avec un effet bien meilleur que de supprimer les panneaux annonciateurs de présence de radars ?
Que nous dit-on en France aujourd'hui ? Verbatim et résumé:
1 Les faits statistiques sont difficiles à établir:
"1 256 personnes ont trouvé la mort sur les routes de notre pays depuis janvier 2011. Cela correspond à une hausse d'environ 12,5% par rapport à l'an dernier à la même époque" selon le député Armand Jung à l'Assemblé Nationale le 25 mai."
En fait, il y a eu 5748 accidents corporels, 355 tués, 7295 blessés dont 2739 hospitalisées en avril 2011, le nombre de morts sur la route a donc augmenté pour Avril de près de 20% en un an mais en y regardant de plus près, seul le nombre de tués a augmenté car il y a eu 2 % de moins d'accidents corporels et 0,5 % de blessés en moins ! Il serait à propos de regarder les causes, les circonstances et les conséquences précises ...
Les causes ne fondent pas la décision:
Si nous étions dans une entreprise cherchant au mieux à allouer ses ressources en vue d'une décision optimisée, que ferions-nous ? Nous rechercherions les causes d'accidents et leurs conséquences. Or, selon le Dossier Statistiques d'accidents de la route du site de l'APR: "Il s'agit de chiffres provisoires pour l'année 2010. Dans le reste de ce dossier (statistiques d'accidents détaillées par mode de transport ou par âge), nous indiquons les chiffres 2009, qui sont les seuls à notre disposition pour le moment." Donc personne ne peut analyser sérieusement ces chiffres-là parce qu'ils ne sont pas encore disponibles !
Il semble par ailleurs que ce mois d'avril ait été significativement plus beau que celui de l'an passé. Beau temps semble rimer avec accidents. Eh oui, si vous l'aviez oublié je vous le rappelle, le climat se réchauffe et la mer continue de monter mais ceci est une autre histoire ! Voilà donc que l'on polémique sur une accidentologie partiellement en progression et que l'on prend des décisions politiques du type "réprimons !" sans avoir aucune analyse des causes de cette "dégradation" sauf "les gens ralentissent avant les panneaux et accélèrent après le radar" Un peu court M. Guéant. Pourquoi en sommes-nous là ?
2 L'objectif est avant tout politique:
"Sarkozy le 21 Mai lors de l'inauguration d'une brigade de gendarmerie à La Londe-Les-Maures: Je ne laisserai pas repartir le nombre de morts sur les routes à la hausse. Je ne cèderai pas sur cet objectif", ." Sarkozy avait donné un objectif de diminution du nombre des tués à 3000 par an en 2012. Or la vérité c'est que le véritable infléchissement de cette statistique a été enregistré sous Chirac et Raffarin. Le règne du petit Nicolas en cette matière n'aura pas été très brillant ! Durcissons donc notre texte pour atteindre l'objectif semble-t-il nous dire comme feu le pudibond M. Royer en son temps !
Le ressort est l'émotion:
Nous venons de voir que les chiffres sont très discutables et/ou indisponibles, alors sur quoi repose donc cette politique ? Réponse: sur l'émotion. Dans un débat à l'émission "C dans l'Air," la représentante d'une association rétorquait "vous ne verriez pas les choses comme cela si c'était votre fils qui avait été tué dans un accident ..." Tenez, si vous voulez des exemples de drames allez voir là. C'est effectivement poignant. Mais si poignants que soient les drames humains, faut-il accepter ainsi que l'émotion remplace la rigueur de la véritable collecte et de l'analyse de données objectives ? Faut-il qu'en l'absence de celles-ci et cherchant à faire coller la réalité aux objectifs politiques, on arrête des plans d'action inadaptés ? Des plans toujours plus répressifs car "rassurants" :
- qui amalgament vraies et fausses causes d'accidents,
- qui ne cherchent pas à identifier les conséquences réelles des comportements stigmatisés
- qui ne mesurent pas les résultats des mesures prises
- qui ne ciblent ni les populations, ni les circonstances, ni les lieux à risques
- qui culpabilisent pour la "racketer" la grande majorité des usagers de la route sur qui au contraire on pourrait s'appuyer en la responsabilisant pour vraiment changer les choses !
Permettez-moi de faire franchement du mauvais esprit. Pensez donc à ces victimes d'accidents de la route ayant échappé à la mort. Je rappelle qu'il y a eu en 2010 un tout petit peu moins de 4000 décès. Arrivés à l'hôpital, les survivants (30000 blessés graves) ne sont pour autant pas sortis d'affaire car un autre fléau les guette: les maladies nosocomiales. Le site doctissimo donne des chiffres. 6,9% des patients des hôpitaux y attrapent une maladie et 4200 en meurent chaque année ! Donc mes amis, sur environ 30000 blessés de la route, (voir ce site), il est à craindre que par simple construction, près de 7% de ces blessés soit environ 2000 personnes, tombent malade du fait des mauvaises conditions d'hygiène et d'asepsie de l'hôpital ! Question: ne faudrait-il pas plutôt s'occuper des maladies nosocomiales en priorité puisqu'elles font plus de dégâts que les accidents de la route ? D'autant plus qu'elles tuent directement une proportion des blessés qui survivent à un accident de la route
Derrière toute décision, il y a une évaluation, un "trade off". Or on a diminué le nombre de tués d'un facteur 3 depuis 15 ans et l'on sait que plus on améliore une performance, plus il est difficile de grapiller encore quelques points supplémentaires. Donc je m'étonne qu'un conseiller de Sarko ne lui ait pas déjà proposé de travailler sur les maladies nosocomiales afin d'améliorer son score sur les tués de la route ! En plus, vue la disproportion des budgets "com" entre les deux sujets, il est très probable que pour Sarko le $ investi en maladies nosocomiales soit bien plus rentable que le $ sécurité routière si le but est bien d'améliorer le rendement de la com sur les décès de la route !
Est-ce le bon indicateur de l'objectif ?
En outre, à juste titre, on essaie de réduire le nombre de morts et de ce fait on réduit le nombre de blessés mais la prévention ne devrait elle pas s'interroger sur la réduction du nombre de blessés graves également ? Et ne serait-ce pas une meilleure priorité ? L'exploitation médiatique des statistiques a souvent tendance à confondre un objectif et son indicateur. Ici l'objectif est d'améliorer la sécurité routière et l'indicateur le nombre de morts. A moins que l'objectif ne soit d'améliorer l'image sécuritaire du gouvernement et l'indicateur le nombre de pages vues ... Si l'objectif est la sécurité réelle, d'autres indicateurs sont certainement plus probants notamment quand on les ramène aux lieux, conditions, distances de transports permettant de proposer des ratios comparatifs sérieux, en voici un exemple.
Que faudrait-il faire ?
Revenons à des considérations sérieuses supposant que l'on veuille réellement améliorer les conditions de survenance d'une réelle sécurité routière. Il faudrait agir en partant des causes observées, prenons l'exemple suédois d'une compagnie d'assurance mutualiste, la société Folksam. Je vous conseille de lire ce chapitre du "rapport mondial sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la route". Vous y trouverez une approche scientifique exempte de Sarkozisme. Nos assureurs suédois ne sont pas des méchants mais des gens logiques, ils cherchent à réduire tout ce qui leur coûte cher. Donc ils cherchent à indemniser moins de sinistres et non à réduire le nombre de morts qui ne sont peut-être pas à tout prendre les sinistres les plus coûteux pour leur compagnie ! Mais en faisant cela ,ils réduisent aussi le nombre de morts. Et pour cela, ils s'intéressent à toutes sortes de facteurs comme ceux du tableau ci-dessus et en tirent des observations comme celle ayant trait à la compensation des privations consécutive à la chute du rideau de fer dans les pays de l'Est dans l'encadré ci-après:
Prévention, protection, incitations: l'exemple suédois de Folksam
Après ce très rapide aperçu de ce que les vrais spécialistes observent quand il s'agit réellement de s'attaquer aux causes, Claes Tingvall de la société Folksam qui fut mon client avait mis sur pied dans les années 80/90 une équipe chargée de faire baisser le coût des sinistres dans un domaine sensible pour la compagnie, c'est-à-dire non pas les morts en voitures mais les blessés graves en moto. Blessés généralement jeunes portant un casque, touchés à basses vitesses, en ville ! Vous remarquez qu'on ne part pas ici tous azimuts mais de façon ciblée et chiffrée.
La compagnie voulait améliorer sa rentabilité et son image, elle choisit donc non pas d'augmenter les cotisations pour les jeunes motards (ce que firent toutes les assurances françaises) mais de changer les conditions du problème. Tingvall et son équipe (voir rapport) analysa les causes d'accidents et leurs conséquences et comprit qu'il fallait protéger coudes, genoux et épaules, causes de millions de SEK d'indemnisations de jeunes motards devenus handicapés pour avoir défoncé une carrosserie avec leur coude ou leur genou.
Focalisation sur les vrais sujets. Ils utilisèrent une mousse révolutionnaire molle lors des déformations lentes mais dure comme une coque en cas de choc, le "Temper Foam" créé par la Nasa (voir photo à gauche au dessus) et firent fabriquer une combinaison avec cette mousse intégrée aux bons endroits. Voici à droite l'une des combinaisons dérivées de ces études. Elle fut vendue avec une incitation financière en Suède c'est-à-dire un gros discount sur le prix de l'assurance moto. Résultat: quelques centaines de paraplégiques de moins par an depuis près de 25 en Suède. Je me demande toujours pourquoi les compagnies françaises peut-être pétries des mêmes principes que ceux de Sarkozy plutôt que du pragmatisme de leurs concurrents suédois, n'ont pas adopté cette même politique d'incitation: intelligente, rentable et socialement responsable.
On voit d'ailleurs en reprenant le rapport mondial cité plus haut que rapportés à leur utilisation, les deux-roues sont infiniment plus coûteux en vies humaines que les autres véhicules. Si Sarkozy et Guéant se préoccupaient réellement de faire baisser leurs statistiques de tués, n'auraient-ils pas intérêt à se préoccuper de ce point noir avec un effet bien meilleur que de supprimer les panneaux annonciateurs de présence de radars ?
Formation à la conduite et expérience de la peur Je reviens maintenant à ce que je rapportais dans mon billet sur les stages de récupération de points. Il semble que le dogme soit qu'il suffise que les gens parlent de leurs expériences et se repentent sincèrement devant leurs semblables dans ces stages pour que la grâce leur vienne. En revanche, évoquer des stages pratiques avec mise en situation dangereuse de freinages tardifs ou de perte d'adhérence semble être une insulte à la raison.
Et pourtant, investir dans la formation pratique serait-ce un luxe ? Faire éprouver physiquement au conducteur la trouille d'avant l'impact, la perte de contrôle du dérapage etc ... Pourquoi cela ne fonctionnerait-il pas en ce domaine quand cela fonctionne partout ailleurs ?
En quoi cela nous concerne-t-il ?
Cet exemple nous concerne en tant qu'usagers. Il nous concerne surtout car nous sommes dans ce domaine comme dans d'autres, victimes de la dictature de la pensée unique, pensée irrationnelle et qui privilégie le préjugé et ignore ce qui réussit ailleurs ou autrement. Cette histoire de panneaux est ridicule et le tapage médiatique qui s'ensuit masque en vérité l'indigence de la politique actuelle.
En ce domaine de la sécurité routière, le gouvernement semble s'en tenir aux recettes médiatiques et démagogiques. Pour ma part, je leur préfère des démarches objectives et sérieuses s'appuyant sur des sujets d'étude correctement définis où la mesure est possible. Je le fais systématiquement observer dans ce blog, on peut procéder en cuistres comme Claude Guéant ou sérieusement. Dans le premier cas, on agitera l'air . Dans le second comme le fait Folksam, on observera pour patiemment créer les conditions de l'émergence d'une situation favorable nouvelle. Folksam a ainsi réussi en Suède à devenir l'instrument d'une transformation discrète ! Cette compagnie gagne de l'argent sur un segment où ses concurrents européens en perdent et la Suède s'évite ainsi quelques centaines de jeunes paraplégiques chaque année.
Enfin avant de terminer ce long billet, je voudrais mentionner le livre Leçons de conduitede Gaspard Koening, jeune haut fonctionnaire qui raconte de façon drôle les travers du permis de conduire à la française et à l'anglaise.
5 commentaires:
Bonjour,
40% des décès provoqués par les maladies nosocomiales pourraient être évités si tous les médecins respectaient les règles élémentaires d’hygiène. L’Etat est le seul responsable du respect des règles d’hygiène dans ses hôpitaux. Si les chiffres de la route sont mauvais c’est principalement à cause les conducteurs qui sont aussi électeurs. Il est facile pour le gouvernement de mettre sur la table des résultats qui sont les nôtres et non les siens, s’ils sont mauvais on ne peut pas tant lui en vouloir. Le problème des maladies nosocomiales est tout aussi important que celui de la route, si on en entend peu parler c’est que le gouvernement ne veut pas montrer son incompétence et engager un conflit ouvert avec le corporatisme du monde médical qui à déjà eu du mal avec les réformes de l’hôpital. Les maladies nosocomiales pourraient être pratiquement éradiquées car on connait très bien les causes et les solutions, alors que la sécurité routière est un sujet beaucoup plus complexe et dont on est tous responsable. Pendant ce temps on parle des avertisseurs de radars et des panneaux avertisseurs, alors qu’on pourrait faire baisser la mortalité.
Actionive
J'ai beaucoup aimé l'exemple de la société Folksam. Encore une illustration de ce que objectif (contrainte?) économique et amélioration de nos vies à tous les niveaux peuvent aller de pair !
En démocratie*, les politiques sont la plupart du temps pieds et poings liés dans leurs décisions. Le problème, c'est qu'ils doivent attendre qu'au moins la majorité des gens trouvent que les mesures envisagées sont adaptées. Or il s'agit généralement de questions techniques donc peu accessibles et plutôt sujettes à discussion qu'à adoption unanime. Dambisa Moyo, dans son livre "Dead aid" (cf. Dambisa Moyo: l'aide qui tue) évoque l'idée qu'un dictateur dans un pays africain serait peut-être plus efficace qu'un président pour mettre en place les changements nécessaires à la sortie de la pauvreté.
Pour revenir au cas de la sécurité routière, les électeurs ne savent pas trop ce qu'il faudrait faire pour réduire la mortalité sur les routes si ce n'est les choses que personne n'a trop envie de faire (ne pas boire avant de prendre le volant ou... respecter les limitations de vitesse !). De son côté, le monde politique pensant à sa prochaine élection préfère effectivement ne pas trop mettre l'accent sur ses propres échecs (les maladies nosocomiales) et se concentrer sur un sujet plus consensuel et bien pensant. Il n'empêche qu'ils ne peuvent prendre de décisions qui changeraient vraiment la donne puisque tous sont là (lobbys et électeurs) pour protéger leurs intérêts -- ou ce qu'ils pensent être leur intérêt.
Résultat : une politique qui trépigne dans un domaine pas aussi critique que d'autres et beaucoup de bruit autour de ça pour cacher la misère...
* cf. Marcel Gauchet: la Démocratie va mal mais elle n'est pas en danger et notamment à la fin du billet, la citation de Winston Churchill : "La démocratie est le plus mauvais système à l'exception de tous les autres."...
Selon le site de la prévention routière seulement 18,5% des accidents mortels sont dus à une vitesse excessive. Par contre 35% sont dus à la présence d'un obstacle, 30% à la fatigue. Mais non, nos gouvernants sanctionnent la vitesse excessive. Il est long le chemin de la sécurité mais il passe par la connaissance des causes, pas par la science infuse.
http://www.preventionroutiere.asso.fr/Nos-publications/Statistiques-d-accidents/Principaux-facteurs-d-accidents
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