mardi 24 mai 2011

JD Haddad: la croissance sans emploi et DSK vu des marchés

Encore un billet qui diffère des précédents: pas de vidéo cette fois et on va parler de DSK, mais pour mieux vous faire connaître un économiste qui vend ses informations sur le net via un site spécialisé que je consulte depuis des années et que je trouve sérieux. Il s'agit de Jean-David Haddad, dirigeant de France-Bourse. J'avais eu l'occasion de le rencontrer il y a quelques années alors que je cherchais à lever des fonds pour la deuxième étape de la croissance de mon entreprise. Je trouve intéressant son point de vue sur l'impact de l'affaire DSK sur le plan économique et financier.

L'impact sur les marchés:
Je n'ai pas de vidéo, je vais donc reproduire le point de vue de Jean David Haddad tel qu'exprimé dans sa News letter de lundi dernier et sur son site:

"Les marchés financiers ont été sonnés, groguis par l'affaire DSK tout au long de la semaine passée, qui fut une semaine perturbée. Le CAC a tenu bon, il a plongé en début de semaine puis a opéré un rebond technique avant de replonger en toute fin de semaine. 

Pourquoi la chute de DSK a eu un tel impact? Car cet homme avait un rôle très important dans la sphère financière mondiale, il avait en particulier redonné au FMI une vocation de grand argentier, vocation qui a été précieuse tout au long de la crise de 2008, ainsi que depuis le début de la crise des dettes souveraines, crise structurelle, qui perdure toujours et qui me conduit, je le rappelle pour l'occasion, de vous recommander de fuir les obligations et de surpondérer dans vos patrimoines respectifs les valeurs de haut rendement. 

Aujourd'hui, le fait que la tête pensante de la finance mondiale ne soit plus là, le fait que celui qui avait redoré le blason du FMI ne soit plus là, inquiète... Les marchés se demandent d'abord qui va lui succéder, et quelles seront ses compétences et sa capacité à résoudre le problème de la dette européenne. Très sincèrement, Christine Lagarde, dont la nomination reste hypothétique, a certes des qualités, mais on est loin du talent hors-pair d'économiste de DSK... Tant que l'incertitude demeure, tant qu'on ne sait pas qui va diriger le FMI et quelle sera sa politique, on risque de rester sous pression. Et dans ce contexte, évidemment, les valeurs de rendement sont des valeurs refuges. Une fois de plus, par exemple, nos foncières ont passé une très bonne semaine. 

Par contre, je suis persuadé que la devise européenne a été soutenue tout au long de la semaine. Soutenue par qui ? le FMI ? la BCE ? Peu importe... La peur qu'un vent de panique s'empare de la Zone Euro a été dominante.
"

La croissance sans emploi:
Je ne souhaite pas débattre sur le pouvoir qui corrompt, sur la vie cachée des hommes politiques, les sentiments anti-français des médias US, le PS qui doit se trouver un autre candidat, les différences de procédures entre les US et la France, les théories du complot, l'asservissement des  femmes ...
Je voulais revenir sur la raison qui fait que DSK est regretté au FMI. Il adressait intelligemment des problèmes dont l'absence durable de traitement ne peut conduire qu'à des révisions déchirantes: les dettes souveraines et la transformation de nature de la croissance économique. Voici ce que rapportait JDH sur le DSK du FMI dans un article de l'an passé:

"il va falloir se faire à l'idée que la croissance est là, et bien là, mais qu'elle se fera cette fois avec un marché de l'emploi très tendu et un chômage élevé. C'est bien triste, je le sais, mais c'est ainsi"
Toutes les statistiques montrent en effet depuis quelques temps que la reprise est là, sauf sur le marché du travail ! Cette idée de croissance sans emploi n'a pas encore fait son chemin chez les économistes. C'est pourtant l'un des plus brillants d'entre eux, le Directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn vient d'emprunter cette piste. Il a en effet affirmé mardi lors d'un entretien avec différentes agences de presse qu'il craignait une "reprise sans emploi" de l'économie mondiale, trop faible pour faire baisser le chômage.
"La croissance ne suffit pas, le but de tout cela c'est l'emploi, et le risque d'une reprise sans emploi est toujours là", a déclaré DSK, lors de cet entretien"

Comme Jean-David Haddad, je trouve dommage sans préjuger des suites de "l'affaire" que l'on doive désormais se passer d'un homme politique compétent sur cette question si cruciale. A-t-on souligné cet aspect-là dans tout ce tapage ? A mon avis pas assez. Et qui va maintenant porter ce discours au  sein du FMI et dans les institutions financières internationales ?

En quoi ceci nous concerne-t-il ?
Bien sûr, on était loin avec la position de DSK du pessimisme dépressif d'un P. Jorion, de l'alarmisme militant des altermondialistes et de certains écologistes ou du radicalisme détaché des penseurs de l'économie de la décroissance tels Serge Latouche. DSK était cependant de ceux qui, dans les institutions officielles, étaient en train de prendre la mesure de la révolution discrète en cours et de faire avancer les choses, enfin. A défaut d'en prendre la mesure, nous risquons en effet de devoir la subir ! Alors gageons qu'un candidat, pourquoi pas issu du monde "émergent", (un indien, disciple d'Amartya Sen serait mon choix) saura prendre la relève du pragmatisme et de l'imagination devant les nécessaires transformations qui nous attendent.

Lecture
Si vous vous intéressez à la bourse, je vous conseille ce petit livre pour faire connaissance avec JD Haddad : Le Penny-Stock Trading : L'art de gagner beaucoup en misant peu


6 commentaires:

actionive a dit…

Bonjour,

C’est un article très intéressant qui nous éloigne de l’ « affaire » pour mieux nous rapprocher de la politique économique qui devrait être le principal sujet des médias… La polémique, autour de la succession de personnes, nous écarte encore du vrai débat. Quelle politique du FMI pour les mois à venir ? Les médias ne jouent pas le rôle qu’ils devraient jouer !

Actionive

Hanashi a dit…

Oui, merci en effet pour la transmission de ce regard qui prend du recul sur toute l'agitation médiatique !

aelb288 a dit…

Attention au point de vue de cet "énergumène" (jdh); j'ai suivi ses conseils de 2004 et 2008, une vrai catastrophe. En 2007, pour lui, c'était une mini crise. Son portefeuille virtuel a fait jusqu'à -70% et il se disait un spécialiste des gestions crises. Bref, pas top le gars.

aelb288 a dit…

Attention au point de vue de cet "énergumène" (jdh); j'ai suivi ses conseils de 2004 et 2008, une vrai catastrophe. En 2007, pour lui, c'était une mini crise. Son portefeuille virtuel a fait jusqu'à -70% et il se disait un spécialiste des gestions crises. Bref, pas top le gars.

Didier Chambaretaud a dit…

@aelb288

JDH vend ses conseils par différents média. Il gère aussi différents portefeuilles (duquel parlez-vous ?) avec une prédilection pour les "pépites" et suit les introductions en bourse et les entreprises innovantes.

Son crédo c'est que la bourse est un instrument financier qui a une utilité économique et qui est souvent détourné de sa finalité. Son obsession est de dénoncer ce dévoiement par certains "professionnels" de la finance.

Cela dit, je vous remercie de votre témoignage mais je ne partage pas du tout votre avis notamment sur son point de vue sur la crise de 2008. Je suivais ses éditoriaux à cette époque et je vous assure qu'il est de ceux assez rares qui ne limitaient pas son analyse aux dérivés de l'immobilier à la différence de notre ministre des finances de l'époque désormais à la tête du FMI.
C'est sur ce point que nous risquons de regretter DSK.

dan a dit…

Jim Rogers, un investisseur américain influent, pense LUI aussi qu’il pourrait y avoir une guerre. « Une poursuite des plans de sauvetage en Europe pourrait aboutir à déclencher une autre guerre mondiale », a-t-il affirmé. « Ajoutez de la dette, la situation empire, puis c’est l’effondrement. A ce moment-là, tout le monde recherchera un bouc émissaire. Les politiciens accusent les étrangers, et nous revoilà dans la seconde guerre mondiale, ou une guerre mondiale de toute façon », explique-t-il.