samedi 11 juin 2011

Copier: est-ce voler ou foisonner ? Partie 2 sur 2

Je vous ai relaté brièvement que j'ai été confronté à un problème très classique de tricherie en jury étudiant. J'ai relié ce petit fait non pas à des principes moraux tout aussi classiques (du genre: qui vole un oeuf, vole un boeuf  ...) mais à un problème de société très actuel qui débouche sur une question pédagogique et c'est à l'appui de cette réflexion pédagogique que je vous ferai découvrir une vidéo d'un prof anglais pas très classique, lui, le Dr Ken Robinson !

Que cela a-t-il à voir avec les questions de copyright et de copyleft ?
Hé bien dans mon dernier billet, je démarrais par ce débat de spécialistes qui oppose les "libertaires" des échanges communautaires et (presque) non-marchands dont le fer de lance est la communauté des Linuxiens aux "marchands" des grandes sociétés comme Microsoft. S'ajoute à ce débat, la problématique des droits d'auteurs dans la musique, les livres, les films etc... Notre gouvernement  qui se donne volontiers des accents répressifs et les auteurs voudraient contrôler les échanges (Hadopi), les jeunes veulent télécharger sans payer.

Là réside le lien. Il n'est pas douteux que même les "communistes" chinois ne parviendront pas à empêcher les téléchargements illégaux, je ne parie donc pas sur la réussite de notre petit Nicolas ici. Sujet difficile d'autant plus que la société de demain dont on nous dit qu'elle sera surtout immatérielle est en train de saper imperceptiblement le sacro-saint principe des échanges marchands qui est  pourtant présenté comme le triomphe planétaire du "modèle" capitaliste ... Nous nous préparons donc à faire face à grande échelle à une contradiction lourde: la croissance planétaire sera surtout immatérielle et on ne sait pas bien comment répartir les fruits de cette croissance de manière légale (et je ne parle même pas d'équité). Alors dans ce contexte, que pouvons-nous faire à notre toute petite échelle pour rester justes ? Faut-il renforcer les règles traditionnelles ou s'embarquer dans une ouverture libertaire "laxiste" ?

Demandons-nous sérieusement si l'interdiction du plagiat ne paraît pas un peu "old fashioned" à nos jeunes. Entendons-nous, je crois que nous devrions encourager nos enfants à respecter ceux  dont ils "s'inspirent" dans leurs devoirs. Je veux toutefois souligner le fait que s'ils le font actuellement en se cachant, c'est certes sûrement par paresse et facilité mais aussi peut-être un peu parce que l'on leur dit que c'est mal alors qu'il n'en sont pas vraiment convaincus. Et d'ailleurs, est-ce si mal que ça ?

Le gamin qui a cherché un texte, l'a trituré pour le rendre indécelable n'en a-t-il pas retiré quelque chose et sans rien enlever pour autant à son auteur ? En fait, je crois qu'il y a passé presque autant de temps que s'il l'avait  recherché, lu, assimilé, résumé et cité à la régulière. A nous de leur faire faire juste ce petit pas supplémentaire plutôt que de se borner à stigmatiser et à sanctionner des attitudes qui, en fait, se révèlent souvent d'excellents réflexes dans la vie de l'entreprise ... Rappelez-vous de ce que nous enseigne A Comte Sponville: par nature l'entreprise n'est ni morale ni immorale, elle cherche ce qui marche et non ce qui est vertueux ... de façon relativement amorale dans le cadre de ce qui est permis (sinon cela ne marche plus). Alors pour éviter de nous trouver déphasés, faisons évoluer notre pratique pédagogique pour la rendre fonctionnelle dans le cadre de ce qui est moralement acceptable.

Que s'est-il passé depuis le dernier billet ?
Les jurys se sont déroulés, les indélicats ont été sanctionnés individuellement par des notes de mémoires très basses et des mesures pédagogiques d'accompagnement sont à l'étude. Deux des trois étudiants ont assez vite (mais par paliers) admis qu'ils avaient "pompé" sur internet. C'est drôle, pour eux "internet" est une source anonyme et gratuite. Ils citent internet sans se préoccuper du site ni de l'auteur même lorsque leur succès en dépend. Tout se passe comme si "Internet" était synonyme pour eux de domaine public... Raison de plus donc de creuser le sujet avec eux pour leur faire comprendre qu'avec un tout petit peu plus de rigueur, leur plagiat deviendrait un enrichissement non seulement acceptable mais valorisable.

Pour l'instant, nous nous sommes limités au minimum syndical. Dans combien d'écoles, combien d'universités sommes-nous coupables de finalement renoncer à éduquer ? Dans un tel cas, nous risquons également par manque de rigueur de manquer l'opportunité de dépasser l'événement, d'en faire ce que l'un de mes anciens patrons finlandais appelait une "learning experience". Notre Société aura besoin des indélicats eux-mêmes non comme délinquants diplômés mais comme responsables véritables (et qu'on ne me dise pas que c'est la même chose !).

Quel pourrait être un plan d'action en pareil cas ?
Pour les punis (ceux qui ont eu la malchance se faire prendre), je propose de:
  • leur faire refaire le travail en citant leurs sources, 
  • les faire participer à la rédaction d'un code de bonne conduite sur l'utilisation et la citation des oeuvres 
  • de contribuer à un plan de prévention du plagiat dans leur propre établissement comprenant un volet technique (vérification du manuscrit électronique au moyen de filtres logiciels) et un volet d'information à faire auprès des élèves voire des profs et des parents. 
  • de tester le volet technique sur les mémoires déjà notés pour évaluer la proportion de fraude actuelle.
Pour les écoles et les parents, je propose:
  • de mettre en oeuvre ce plan 
  • et de faire évoluer l'approche pédagogique afin de préparer nos enfants à ne pas simplement être sélectionnés sur: 
    • la longueur des rapports, 
    • l'aptitude à mémoriser,
    • le "talent à être banalement conformes"
  •  mais  plutôt d'encourager leur capacité à foisonner, à partager, à faire fonctionner leur esprit critique et à produire une pensée originale, structurée et utile tout en respectant les "oeuvres publiées". 
Dans le monde idéal qui en résulterait, le débat initié dans le domaine du logiciel et se développant autour de toute création originale déboucherait peut-être sur une société plus harmonieuse et plus innovante ...  sans pour autant que soit haïssable toute idée de compétition ou de valorisation différenciée ! Enfin, rien n'empêche de rêver !

Pour préparer l'avenir, misons sur une éducation responsable:
Citer ses sources devrait donc être la règle mais s'appuyer sur ce que d'autres ont déjà fait pour aller soi-même vers du neuf devrait être plus valorisé que la recherche de la conformité. Pour illustrer mon propos, je voudrais vous présenter le professeur Ken Robinson, intervenant vedette des conférences TED qui nous l'explique avec brio (tendez l'oreille son anglais est très british et son humour aussi):


En quoi ceci concerne-t-il nos entreprises ?
Au passage, notons que comme dans beaucoup de "Modèles" du net, TED non seulement ne limite pas la diffusion de ses conférences mais l'encourage ! Cela ne signifie pas que les droits d'image ne sont pas protégés ni que les intervenants ne sont pas respectés. Simplement de plus en plus  d'intervenants acceptent  en superposition des règles marchandes, le principe d'un échange non marchand mutuellement favorable. Au zénith de son développement global, voilà donc que notre société "libérale" est en train de s'hybrider en ré-intégrant d'autres formes de "liens" et d'échanges.

Une autre façon d'appréhender cette hybridation est de considérer que cette forme de don est une approche commerciale où ce qui est donné possède une réelle valeur. Le récepteur en fait son profit et le donneur augmentant sa visibilité et sa crédibilité augmente ses chances de devenir une référence et donc à terme de "vendre" son savoir ou ses produits. C'est beaucoup plus que ce que fait la publicité classique et cela n'a pas la naïveté de prétendre être une démarche désintéressée.

Et que faisons-nous en cela ? Nous retrouvons les pratiques des 17ième et du 18ième siècles mais pour d'autres raisons. A cette époque, les intellectuels (infime minorité) ne vivaient pas de leur plume, leurs écrits étaient dupliqués à quelques dizaines d'exemplaires pour être lus dans les salons ! Le but pour eux était d'être repris par d'autres intellectuels dans leurs correspondances privées ou dans les lectures des salons (le buzz de l'époque) ce qui comptait c'était d'être cité et repris même pas forcément nommément (à cause de la censure du roi) ... Intéressant bouclage même si les temps ont bien changé !

11 commentaires:

Hanashi a dit…

En s'éloignant un peu du plagiat et pour approfondir les idées originales de Sir Ken Robinson sur l'éducation en général, rendez-vous sur ted.com avec les talks "Ken Robinson says schools kill creativity" et "Ken Robinson: Changing education paradigms". De quoi changer nos visions de l'école et de l'éducation et de donner l'envie de faire quelque chose pour que ça change vraiment ! RDV également sur son site personnel : http://sirkenrobinson.com/skr/

Didier Chambaretaud a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Didier Chambaretaud a dit…

Et pour faire le lien avec mon billet précédent sur TEDxValencia voici la conférence "Ken Robinson says scholls kill creativity" en espagnol: http://www.youtube.com/watch?v=GzZJ4Ev4_DQ
Merci pour ce commentaire.

Hanashi a dit…

Bonsoir,

avec plaisir !

Je suis sur le reste de la problématique du plagiat entièrement d'accord avec vous. Je crois que les étudiants n'ont souvent peur du plagiat que parce qu'il entraîne une "sale note", qu'"Internet" est effectivement vu comme une source d'informations ouverte et gratuite (la preuve avec le succès de Wikipédia, le risque est le manque d'esprit critique et de recul), et je crois qu'il est absolument crucial de citer ses sources dans une réflexion. Cela permet de se situer et au lecteur de situer le discours au sein d'un référentiel de pensées. Cela permet d'enrichir la réflexion, de ne pas la résoudre à une somme de vérités générales assénées mais de stimuler les critiques et le débat.

"Internet" est une formidable source d'informations et un outil extraordinaire. L'autre face de la pièce, c'est qu'il est également extrêmement facile de publier de l'information (et donc de la mésinformation ou de la désinformation). Il faudrait donc être d'autant plus prudent avec cette source multiple. Cela nécessite clairement un effort d'éducation sur le "comment utiliser" ce nouvel outil. Cet effort ne peut pas (pour être réellement éducatif) être simplement répressif et doit absolument être constructif. Refaire faire les mémoires n'est pas une punition, c'est une seconde chance de véritablement apprendre quelque chose. Faire participer les étudiants à des comités de rédaction de codes de bonne conduite ou de plans de prévention serait une excellente démarche. Ils découvriraient alors véritablement pourquoi ce n'est pas bien de plagier (=copier quelqu'un en faisant croire que l'idée est de soi) parce qu'ils prendraient le temps d'y réfléchir en étant responsabilisés.

Je crois que l'un des soucis de l'éducation telle qu'on la connaît est qu'elle est basée (pour reprendre Sir Ken Robinson) sur le modèle du fast food. On standardise, on fait rentrer les gens dans des cases, on met des étiquettes, on se met à penser qu'il n'y a rien d'autre que ces étiquettes. Le problème, c'est qu'à mettre une étiquette sur le front de quelqu'un, ce quelqu'un se met à se comporter comme ce qui est écrit sur l'étiquette, c'est-à-dire attendu par les autres. Si un professeur pense manifestement que ses élèves ne sont là que pour "gruger" et "glander", les élèves vont finir par faire ça, parce qu'ils savent que même s'ils font autre chose, ils n'ont aucune chance d'être reconnus comme tels, le professeur cherchera la manoeuvre, alors le plus simple, c'est de faire le minimum : de "glander" et "gruger". A l'inverse, si le professeur pense que ses étudiants sont des potentiels qui ne cherchent qu'à éclore, il leur donnera toutes les occasions de le faire et les étudiants saisiront une, deux, trois occasions et... écloront.

L'éducation, c'est donc pour moi surtout pas d'apprendre aux enseignés à être "banalement conformes" comme vous dites, mais de leur permettre de comprendre pourquoi ce qui est enseigné est enseigné et d'apprendre à se situer par rapport à ça.

Bonne soirée,

Hanashi

Hanashi a dit…

Bonsoir,

c'est avec plaisir !

Je suis sur le reste de la problématique du plagiat entièrement d'accord avec vous. Je crois que les étudiants n'ont souvent peur du plagiat que parce qu'il entraîne une "sale note", qu'"Internet" est effectivement vu comme une source d'informations ouverte et gratuite (la preuve avec le succès de Wikipédia, le risque est le manque d'esprit critique et de recul), et je crois qu'il est absolument crucial de citer ses sources dans une réflexion. Cela permet de se situer et au lecteur de situer le discours au sein d'un référentiel de pensées. Cela permet d'enrichir la réflexion, de ne pas la résoudre à une somme de vérités générales assénées mais de stimuler les critiques et le débat.

"Internet" est une formidable source d'informations et un outil extraordinaire. L'autre face de la pièce, c'est qu'il est également extrêmement facile de publier de l'information (et donc de la mésinformation ou de la désinformation). Il faudrait donc être d'autant plus prudent avec cette source multiple. Cela nécessite clairement un effort d'éducation sur le "comment utiliser" ce nouvel outil. Cet effort ne peut pas (pour être réellement éducatif) être simplement répressif et doit absolument être constructif. Refaire faire les mémoires n'est pas une punition, c'est une seconde chance de véritablement apprendre quelque chose. Faire participer les étudiants à des comités de rédaction de codes de bonne conduite ou de plans de prévention serait une excellente démarche. Ils découvriraient alors véritablement pourquoi ce n'est pas bien de plagier (=copier quelqu'un en faisant croire que l'idée est de soi) parce qu'ils prendraient le temps d'y réfléchir en étant responsabilisés.

Je crois que l'un des soucis de l'éducation telle qu'on la connaît est qu'elle est basée (pour reprendre Sir Ken Robinson) sur le modèle du fast food. On standardise, on fait rentrer les gens dans des cases, on met des étiquettes, on se met à penser qu'il n'y a rien d'autre que ces étiquettes. Le problème, c'est qu'à mettre une étiquette sur le front de quelqu'un, ce quelqu'un se met à se comporter comme ce qui est écrit sur l'étiquette, c'est-à-dire attendu par les autres. Si un professeur pense manifestement que ses élèves ne sont là que pour "gruger" et "glander", les élèves vont finir par faire ça, parce qu'ils savent que même s'ils font autre chose, ils n'ont aucune chance d'être reconnus comme tels, le professeur cherchera la manœuvre, alors le plus simple, c'est de faire le minimum : de "glander" et "gruger". A l'inverse, si le professeur pense que ses étudiants sont des potentiels qui ne cherchent qu'à éclore, il leur donnera toutes les occasions de le faire et les étudiants saisiront une, deux, trois occasions et... écloront.

L'éducation, c'est donc pour moi surtout pas apprendre aux enseignés à être "banalement conformes" comme vous dites, mais de leur permettre de comprendre pourquoi ce qui est enseigné est enseigné et d'apprendre à se situer par rapport à ça.

Cdt,

Hanashi

Hanashi a dit…

Bonjour,

c'est avec plaisir !

Je suis sur le reste de la problématique du plagiat entièrement d'accord avec vous. Je crois que les étudiants n'ont souvent peur du plagiat que parce qu'il entraîne une "sale note", qu'"Internet" est effectivement vu comme une source d'informations ouverte et gratuite (la preuve avec le succès de Wikipédia, le risque est le manque d'esprit critique et de recul), et je crois qu'il est absolument crucial de citer ses sources dans une réflexion. Cela permet de se situer et au lecteur de situer le discours au sein d'un référentiel de pensées. Cela permet d'enrichir la réflexion, de ne pas la résoudre à une somme de vérités générales assénées mais de stimuler les critiques et le débat.

"Internet" est une formidable source d'informations et un outil extraordinaire. L'autre face de la pièce, c'est qu'il est également extrêmement facile de publier de l'information (et donc de la mésinformation ou de la désinformation). Il faudrait donc être d'autant plus prudent avec cette source multiple. Cela nécessite clairement un effort d'éducation sur le "comment utiliser" ce nouvel outil. Cet effort ne peut pas (pour être réellement éducatif) être simplement répressif et doit absolument être constructif. Refaire faire les mémoires n'est pas une punition, c'est une seconde chance de véritablement apprendre quelque chose. Faire participer les étudiants à des comités de rédaction de codes de bonne conduite ou de plans de prévention serait une excellente démarche. Ils découvriraient alors véritablement pourquoi ce n'est pas bien de plagier (=copier quelqu'un en faisant croire que l'idée est de soi) parce qu'ils prendraient le temps d'y réfléchir en étant responsabilisés.

Je crois que l'un des soucis de l'éducation telle qu'on la connaît est qu'elle est basée (pour reprendre Sir Ken Robinson) sur le modèle du fast food. On standardise, on fait rentrer les gens dans des cases, on met des étiquettes, on se met à penser qu'il n'y a rien d'autre que ces étiquettes. Le problème, c'est qu'à mettre une étiquette sur le front de quelqu'un, ce quelqu'un se met à se comporter comme ce qui est écrit sur l'étiquette, c'est-à-dire attendu par les autres. Si un professeur pense manifestement que ses élèves ne sont là que pour "gruger" et "glander", les élèves vont finir par faire ça, parce qu'ils savent que même s'ils font autre chose, ils n'ont aucune chance d'être reconnus comme tels, le professeur cherchera la manœuvre, alors le plus simple, c'est de faire le minimum : de "glander" et "gruger". A l'inverse, si le professeur pense que ses étudiants sont des potentiels qui ne cherchent qu'à éclore, il leur donnera toutes les occasions de le faire et les étudiants saisiront une, deux, trois occasions et... écloront.

L'éducation, c'est donc pour moi surtout pas apprendre aux enseignés à être "banalement conformes" comme vous dites, mais de leur permettre de comprendre pourquoi ce qui est enseigné est enseigné et d'apprendre à se situer par rapport à ça.

Cdt,

Hanashi

Hanashi a dit…

Bonsoir,

c'est avec plaisir !

Je suis sur le reste de la problématique du plagiat entièrement d'accord avec vous. Je crois que les étudiants n'ont souvent peur du plagiat que pour la "sale note", qu'"Internet" est vu comme une source d'informations ouverte et gratuite (la preuve avec le succès de Wikipédia...), et je crois qu'il est absolument crucial de citer ses sources dans une réflexion. Cela permet de se situer et au lecteur de situer le discours au sein d'un référentiel de pensées. Cela permet d'enrichir la réflexion, de ne pas la résoudre à une somme de vérités générales assénées mais de stimuler les critiques et le débat.

Cela nécessite clairement un effort d'éducation. Cet effort ne peut pas être simplement répressif et doit absolument être constructif. Refaire faire les mémoires n'est pas une punition, c'est une seconde chance de véritablement apprendre quelque chose. Faire participer les étudiants à des comités de rédaction de codes de bonne conduite ou de plans de prévention serait une excellente démarche. Ils découvriraient alors véritablement pourquoi ce n'est pas bien de plagier (=copier quelqu'un en faisant croire que l'idée est de soi) parce qu'ils prendraient le temps d'y réfléchir en étant responsabilisés.

Je crois que l'un des soucis de l'éducation telle qu'on la connaît est qu'elle est basée (pour reprendre Sir Ken Robinson) sur le modèle du fast food. On standardise, on fait rentrer les gens dans des cases, on met des étiquettes. Le problème, c'est qu'à mettre une étiquette sur le front de quelqu'un, ce quelqu'un se met à se comporter comme tel. Si un professeur pense manifestement que ses élèves ne sont là que pour "gruger" et "glander", les élèves vont finir par faire ça, parce qu'ils n'ont aucune chance d'être reconnus pour autre chose : pourquoi se fatiguer ? A l'inverse, si le professeur pense que ses étudiants sont des potentiels qui ne cherchent qu'à éclore, il leur donnera toutes les occasions de le faire et les étudiants les saisiront.

L'éducation, c'est donc pour moi surtout pas apprendre aux enseignés à être "banalement conformes" comme vous dites, mais de leur permettre de comprendre pourquoi ce qui est enseigné est enseigné et d'apprendre à se situer par rapport à ça.

Cdt,

Hanashi

Didier Chambaretaud a dit…

Je ne peux qu'approuver. Merci.

jérôme a dit…

Bon, je le répète, enseigner c'est largement (pour l'essentiel dirais-je) apprendre à plagier. Et apprendre c'est largement apprendre à copier. Le professeur, je crois, est surtout là pour donner envie à l'élève de copier et pour s'assurer qu'il assimile ce qu'il copie. Le professeur est d'ailleurs lui aussi un grand plagiaire, une sorte d'expert puisque son plagiat n'est même pas soupçonné...

On ne peut que se réjouir de l'amélioration de l'accès aux connaissances mais aussi de l'amélioration des outils de reproduction. Le rôle du professeur n'en devient que moins tourné vers le plagiat, et plus vers le contrôle de l'élève et de l'assimilation réelle de sa capacité à bien plagier lui-aussi. Il serait peut-être plus simple que le professeur explique tout cela à ses élèves en début d'année non ? Mon fils en terminale S ne prend plus aucun cours « puisqu'on les trouve sur internet ». Je trouve ça très curieux mais je m'y fais et surtout quand je vois qu'il a 19/20 à son bac blanc de maths, je relativise. Avec de bons élèves qui plagient bien, il faut surtout de bons professeurs...

Didier Chambaretaud a dit…

Apprendre à copier seulement ? Certainement pas ! Ken Robinson nous montre une autre voie. En outre, le plagiat, en l'état actuel de notre société, peut faire l'objet de poursuites pénales.

Il y a donc en effet nécessité de se doter de "bons" enseignants et de préciser les règles du jeu aux étudiants mais aussi à faire évoluer le jeu.

Lorsque l'on accompagne le travail de recherche des élèves, on s'aperçoit qu'ils sont tout à fait capables de dépasser le stade du plagiat de base et même celui du plagiat "intelligent" pour proposer de vrais réflexions innovantes.

jérôme a dit…

Oui, j'ai un peu exagéré, le vrai enseignement encourage la création. Mais si on enlève la partie connaissance de l'enseignement, qui n'est fait que de reformulation, il ne reste pas grand chose de l'éducation.
Je suis surtout sensibilisé aux rentes indues que procure le copywright (j'avais pris l'exemple de Jacques Dutronc). La plupart des développements législatifs dans la protection des œuvres et du vivant sont le fait de lobbies. Et qui peut encourager les lobbies ?