Je vous avais annoncé de nouveaux billets prenant appui sur les conférences TED francophone. Voici donc Bernard Mariette que j'ai rencontré à Biarritz le 13 Novembre et dont j'ai aimé autant la conférence que la conversation off.
Voici son intervention, l'émotion que l'on entend dans sa voix n'est pas feinte, écoutez bien ce qu'il nous dit:
Voici son intervention, l'émotion que l'on entend dans sa voix n'est pas feinte, écoutez bien ce qu'il nous dit:
Je lui ai notamment demandé :
"Bernard, comment peux-tu décider de toi même ce qui est le Bien, ce qui est bien pour les autres ?"
Sa réponse:
Sa réponse:
"Ma grand-mère est originaire d'Asie du Sud-Est, quand je vais là-bas et que je vois des gamins marcher pieds nus dans le marigot et que les stats de l'ONU montrent que les coupures aux pieds sont la première cause de décès par infection, je me dis que je n'ai pas à réfléchir beaucoup pour savoir ce qu'il faut faire. Faire le Bien, c'est juste faire ce qu'il faut, donc ici nous donnons des chaussures, demain nous les fabriquerons sur place !"
En quoi ceci nous concerne-t-il ?
Bernard fait partie de ces accidentés de la vie qui ont rejoint les cohortes des héros du quotidien qui ne seraient que 1 sur 35 selon le "Heroic Imagination Project". Seulement Bernard étant entrepreneur, il sait que l'on ne peut donner que ce que l'on a, donc il crée des entreprises qui donnent et qui gagnent de l'argent. Pas mal non ? Sauf si vous préférez dire qu'il s'agit de "Storytelling", détourner le regard et stigmatiser les autres, tous ces autres "qui ne font rien" et qui vous dépriment !
4 commentaires:
Doit-on croire aux idées de M. Mariette ? Je suis sceptique. Le "business" comme il dit est plus bâti sur l'exploitation des lacunes des autres ou des bas instincts d'autrui que sur la sagesse. Ce que j'entends me fait penser à une forme de mécénat. Faire un business où quand on vend une chaussure on en donne une à un pauvre, c'est forcer le consommateur riche à donner. J'ai l'impression que le vrai business équilibré, c'est avant tout de vendre du nécessaire, de construire du solide, de respecter ses salariés, de s'interdire certaines choses, d'être transparent... Ce que j'entends là c'est une politique de riches et il y a peu de riches en France, quelques millions peut être. Bref je salue son interrogation, elle est indispensable, mais je n'approuve pas sa démarche. Je jetais un œil sur sa société et les produits qu'il vend; franchement, les femmes ont-elles besoin de vêtements adaptés à ce point pour aller courir ? Probable qu'elles courent pour porter des habits plus que pour courir. On peut fabriquer des habits respectant l'environnement puis distribuer les bénéfices où on veut mais si ces vêtement sont inutiles à quoi bon ?
JBoss je ne peux pas vous en vouloir de faire ce raisonnement qui me tente aussi parfois. En ramenant nos attentes à celles d'Epicure (le vrai pas celui que l'on a inventé après), tout le monde serait plus heureux parce que ne courant pas après un bonheur factice et la planète ne serait pas en danger.
BM est un pragmatique qui vit ici et maintenant. Les femmes paient pour porter des vêtements de sport mais ne courent pas forcément ... Qui serions-nous pour décréter la forme que doit prendre le bonheur de chacun ?
J'ai parlé de cela avec Bernard qui dit lui-même n'être pas un intellectuel. Mais il fait ce qu'il croit juste et surtout il fait quelque chose d'utile même si ce n'est pas parfait. Le Bien est parfois l'ennemi du Mieux.
Merci de votre commentaire. Je vais publier d'autres billets et vidéos d'entrepreneurs avec qui j'ai un lien particulier, revenez nous voir !
Oui, je suis sensible à votre argument et j'aime bien Epicure... Néanmoins on ne peut s'empêcher de penser que ce que fait Bernard Mariette, c'est le marketing qu'il dénonce par ailleurs chez Procter & Gamble. C'est plus faire croire que faire. Des gens (je pense aux bobos) peuvent acheter des chaussures uniquement pour que leur vendeur en donne une paire à des inconnus. Mais que seraient ces bobos sans leur argent (bon, je juge encore).
Cette semaine j'ai donné 200 € à des petites sœurs des pauvres qui s'occupent de 100 grabataires dans un asile. Devinez combien gagne une petite sœur des pauvres ? C'est facile, elle ne gagne rien, pas un euro. Une des 2 m'a dit "mais c'est pas grave je gagne le paradis"...
Néanmoins, j'apprécie l'interrogation de Bernard Mariette, on ne peut pas être tous bonne sœur et il faut bien des gens pour donner 200 €. On ne peut pas passer sa vie uniquement à compter ses sous.
J'étais il y a deux semaines dans un dîner de chefs d'entreprise du "Réseau entreprendre", club qui aide les entrepreneurs qui se lancent. Et je discutais avec le président, dirigeant d'une entreprise de 600 personnes. Je l'interrogeais sur l'écart entre ses compétences à lui et ce qu'il pouvait vraiment donner au chef d'entreprise qu'il aidait actuellement avec le club et qui avait monté une entreprise de ... plomberie. Après les arguments d'usage ("j'ai du recul"...) il a fini par me dire, mot pour mot : "avec ce club, je fais ma BA, c'est de l'humanitaire et c'est la seule association dans laquelle je suis adhérent". Je ne crois pas qu'on serve vraiment dans de l'humanitaire comme ça. Notre bonne conscience on se la donne au quotidien, pas en posant avec parcimonie des actes de riche ou de pitié.
Jboss, c'est intéressant, je suis membre du réseau entreprendre et j'en ai été administrateur sans avoir eu d'ailleurs le temps d'en être lauréat ...
Comprenez que Réseau Entreprendre n'est pas de l'Humanitaire, mais les chiffres parlent: les entrepreneurs qui y passent ont de meilleurs résultats sur le long terme. Sélection, conseil, réseau, prêt ... ça marche, n'est-ce pas déjà quelque chose ?
Chez Procter ou Danone,dit le frère Samuel, il y a énormément d'intelligence. Je prévois de faire intervenir dans TED des conseils en sémiologie de ces marques avec un objectif: les marques peuvent-elles aider à transformer le monde ou faut-il faire sans. J'ai aussi en projet de publier un petit livre pour apprendre à se passer totalement de Procter. c'est un vieux débat entre les idéalistes qui deviennent parfois révolutionnaires et les pragmatiques qui ne jouent que sur des transformations lentes.
Ces derniers gagnent toujours !
BM ne fait pas de l'Humanitaire, il fait du Business. Ses clients achètent de l'Humanitaire.Voyez l'expérience de Van Heerden: http://didierchambaretaud.blogspot.com/2010/12/van-heerden-rendre-le-travail-equitable.html.
Et finalement, je rejoins votre conclusion: et ma participation à RE n'a rien à voir avec de la pitié. Il nous manque parfois l'humilité de réaliser que nous ne sommes pas les seuls à décider pour tous ce qui est utile. Mais peu à peu par le quotidien, l'exemple, le soutien et l'initiative d'entreprises mieux pensées, il est possible de progresser.
Sinon quoi ?
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