vendredi 9 janvier 2015

Les immigrés musulmans d’Europe majoritairement fondamentalistes ?

Et si ce n’était pas de l'« islamophobie » que d’évaluer correctement l’ampleur de l’Islam fondamentaliste en Europe ? L’émotion est à son comble après l’attentat de Charlie Hebdo et les prises d’otages. Nos dirigeants jaugeront-ils correctement la situation ?

On entend dix fois pas heure cette injonction médiatique: "ne faisons pas d'amalgame surtout". Sous-entendu, il y a d'un côté les excités ignares et de l'autre les gens informés qui savent que ces attentats ne sont le fait que de quelques fous isolés qu'il ne faut pas confondre avec la majorité des musulmans. Et s'il y avait à la fois d'un côté des excités ignares et de l'autre autre chose que des fous isolés ?

En Europe, « l'Islam » des immigrés rimerait majoritairement avec « fondamentalisme » …

Il semble en effet qu’il faille se méfier de l’affirmation : ne pas confondre « Islam » et « Islamisme ». Les médias ne définissent pas le terme « Islamisme ». Parle-t-on de fondamentalisme musulman ? Je fais l’hypothèse que oui et je définis précisément ce terme plus loin. Et partant, voici ce que je découvre en allant plus loin que ce que nous livrent en boucle chaînes info et/ou généralistes: l’Islam des immigrés d’Europe serait majoritairement « fondamentaliste » !

Ca y est, vous dites-vous, je le savais, il a tourné FN ! Eh bien non, je ne veux simplement pas laisser au FN le monopole d’une information dérangeante. Je ne m’habitue pas au matraquage d'idées-reçues dont nous sommes victimes notamment dès que l'on nous dit d'éviter les amalgames !

Une recherche du WZB de Berlin me semble en effet parfaitement digne de foi. Et ses conclusions viennent contredire ce que nous entendons à longueur d’antenne depuis l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo rendant la situation en réalité plus inquiétante que ce l'on en entend dire.

SCIICS: une étude sérieuse et dérangeante

Prof. Dr. Ruud Koopmans


Voici comment vous procurer cette étude (SCIICS):
Et en voici l’essentiel en français. L’étude comparative (Six Country Immigrant Integration Comparative Survey) a été menée en 2008 dans 6 pays (Allemagne, France, Suède, Autriche, Pays Bas, Belgique) par téléphone et par des enquêteurs professionnels. Elle est commanditée par un respectable Institut de recherche non universitaire de Berlin sous la direction du professeur Ruud Koopmans (photo WZB). Le WZB Berlin Social Science Center (Wissenschaftszentrum Berlin für Sozialforschung) est intégralement financé par l’Etat Fédéral allemand et la ville de Berlin.

La cible de l’enquête est double. D’une part, un échantillon de «natifs» Européens (nés dans l'un des de l'enquête) et se définissant à 70% comme des chrétiens de diverses obédiences. D’autre part, des immigrés d’origines turque ou marocaine se définissant comme musulmans à 96% avec une prédominance marquée de sunnites et la présence secondaire d’autres obédiences tels les Alévites de Turquie. L’échantillon total compte 9000 répondants.

Le questionnaire s’appuie sur la définition de Bob Altermeyer et Bruce Hunsberger connus pour leurs travaux sur le fondamentalisme calviniste aux USA et au Canada. L’étude procède en deux temps. L’interviewé doit répondre à trois questions discriminantes servant à évaluer une éventuelle attitude «fondamentaliste». Ensuite, on pose aux répondants trois questions permettant d’évaluer leur propension à exclure ceux qui leur sont étrangers.

Une majorité d’immigrés musulmans en Europe serait "fondamentaliste"

Les trois questions posées sont dans l’ordre :
  1. Les Chrétiens (resp les musulmans) devraient revenir aux valeurs du Christianisme (resp de l’Islam)
  2. Il n’y a qu’une seule interprétation possible de la Bible (resp du Coran) et tout chrétien (resp musulman) devrait en rester à cette interprétation.
  3. Les lois de la Bible (resp du Coran) sont plus importantes pour moi que les lois de (pays de l’étude)
Entre près de 60% et jusqu’à 75% des musulmans interrogés se déclaraient en accord avec au moins un des trois critères précédents et plus de 40% avec les trois. Respectivement, les chrétiens interrogés étaient entre 13 et 21% en accord avec un au moins des critères. Et moins de 4% étaient en accord avec les trois à la fois. Il y a quelques variations selon les pays d’origine ou les pays de l’étude et selon les sous-rites considérés mais la conclusion est statistiquement très significative.

De surcroît, les chercheurs ont tenté d'expliquer les écarts selon d’autres critères tels que l’âge, le sexe, le niveau d’étude ou la catégorie socio-professionnelle. En gros, il y a plus de pauvres chez les immigrés et un niveau d’étude inférieur, cela pourrait expliquer le radicalisme … Les analyses statistiques montrent en effet un impact de ces autres critères mais l’explication de loin principale de l’écart se trouve bien dans le facteur religieux.

Une majorité d’immigrés musulmans européens développerait une attitude d’exclusion

Sur le thème de l’exclusion des groupes « extérieurs », trois affirmations sont proposées :
  1. Je refuse d’avoir pour amis des homosexuels
  2. On ne peut faire confiance aux juifs
  3. Les musulmans cherchent à détruire la culture occidentale (aux « natifs ») et Les pays occidentaux cherchent à détruire l’Islam (aux immigrés d’origines turque ou marocaine)
Le schéma suivant va dans le même sens que le précédent. L'écart entre les deux échantillons est significatif. 


On voit notamment que 20% des natifs européens développent une attitude « islamophobe » et 10% une attitude antisémite. Pendant que les immigrés musulmans affichent à plus de 50% une attitude anti-occidentale.

Réserves

J’ai été étonné des résultats de cette enquête, ils ne me semblaient pas "cadrer" avec l'image que donnent mes relations de confession musulmane. Je crois pourtant que cette recherche est très sérieuse et je pense vraiment que ses hypothèses devraient être retravaillées dans le contexte actualisé de la crise française actuelle. Au moins dans les cercles du pouvoir ...

Le terme « islamisme » renvoie à l’usage de l’islam comme doctrine politique ou à l’usage de la charia comme système politique et légal … mais il est controversé. Il y a débat sur l’équation « islamisme » = « fondamentalisme musulman ». Mais c'est un débat totalement accessoire.
Même minoritaires, tous les musulmans immigrés ne sont pas fondamentalistes. Un fondamentaliste n’est pas pour autant un terroriste … un terroriste dans l’âme ne passe pas forcément à l’acte … il lui faut pour cela un réseau ... or justement c'est sans doute là que nous avons besoin d'y voir plus clair.

Et l’étude ne prend pas en compte les musulmans de la nationalité du pays étudié. Mais cela ne nous rassure pas ... car les terroristes de Charlie étaient tous français et non immigrés !
Soyons plus vigilants que les commentateurs des médias
La nation toute entière et les autres pays communient avec la France dans un élan de ferveur renouvelée … comme après le 11 Septembre. Allons-nous nous précipiter dans de nouveaux errements ? C’est déjà l’occasion de débordements inacceptables à l’encontre des mosquées et des musulmans. L’ordre et les principes républicains doivent s’imposer. La fraternité exprimée hier parlé défilés pacifiques est de bon augure. Et comme toujours l'émotion dans un sens ou dans l'autre n'est pas bonne conseillère.
Il me semble en effet que l'invitation à éviter l'amalgame matraquée avec la force de l’évidence devrait être réexaminée: apparemment, il est faux de croire que les fondamentalistes musulmans seraient une toute petite minorité. Au moins avons-nous vu qu'elle n'est pas négligeable. Simplement pour prospérer elle a eu besoin d'un terreau.

La résistance de bon aloi aux amalgames correspond aux croyances de beaucoup: résistance républicaine et laïque pour les uns, résistance humaniste et de gauche pour d’autres, résistance religieuse et fraternelle pour d’autres enfin … Or s'il s'agit de résister avant tout au terrorisme, il convient de regarder cet aspect de la réalité en face: l’acclimatation de l’Islam en Europe est un peu plus complexe et problématique que ce nous voulions croire.

Les commentateurs français semble malgré les attentats sous-estimer le problème, de bonne foi la plupart du temps. Or méconnaître un problème conduit plus sûrement à l’aggraver qu’à le résoudre ! Espérons que nos "stratèges" en ont une claire conscience, eux:

Selon la recherche SCIICS du WZB: 
  • l’Islam fondamentaliste est majoritaire dans la population immigrée européenne !
  • La France n’est en rien spécifique sous cet angle en Europe !
Conclusion
 
En valeur absolue, les fondamentalistes musulmans restent bien une faible minorité dans l’ensemble de la population. On comprend que cette minorité importante, non intégrée et hostile ait permis à des prêcheurs et à des réseaux logistiques de préparer et d’organiser les actes terroristes auxquels nous assistons. Arrêtons de croire qu'il ne peut s'agir que de quelques fous isolés.

Je terminerai par ceci :
  1. Je crois que nos dirigeants et nos forces de police réagissent et vont réagir avec efficacité, professionnalisme et mesure. Elles viennent déjà de le démontrer.
  2. Je crois que le phénomène est plus profond et plus grave que ce que nous avons voulu croire. L’Etat va devoir s’atteler sérieusement à se recentrer sur ses fondamentaux et aller à l'essentiel au lieu de défendre ses réformettes en trompe l’œil, les prébendes de son administration et de ses protégés et de donner dans les guéguerres pré-électorales.
  3. Je voudrais enfin saluer les musulmans de culture, de foi et de paix que j’ai le bonheur de connaître et qui sont un précieux point d'appui dans ce contexte. J’adresse par exemple un amical salut à Saad dont vous pouvez lire le communiqué ici.


2 commentaires:

Mohamed a dit…

Dans le Coran sourate (Al-Mâ'ida, Verset 32) il est écrit : " que quiconque tuerait une personne non coupable d' un meurtre ou d' une corruption sur la terre, c' est comme s' il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c' est comme s' il faisait don de la vie à tous les hommes". Voilà un des versets du Coran ou Dieu interdit le meurtre. Un musulman est un musulman fondamentaliste (c'est la même chose) car un musulman par définition est pratiquant et suit à la lettre le Coran et la Sunna du prophète Mohamed (PBSL). Le Coran interdit le meurtre, le prophète aussi et par son comportement il n'a jamais fait de mal aux personnes qui lui ont fait du mal ou aux personnes qui ont calomnié sur sa personne ou sur ses proches. A partir de là soyons logique, comment un musulman fondamentaliste peux tué des personnes innocentes si sa religion, qu'il suit à la lettre, lui interdit ? Il ne peux pas car il serait en total contradiction avec les principes de l'islam ! Résultat, ce que ces gens ont fait n'a rien avoir avec l'islam, donc les mots islamiste et extrémiste musulman on oublie. Ce sont des terroristes et rien d'autres. Maintenant si l'envie de faire l'amalgame vous prend, demandez vous si les musulmans font l'amalgame entre ces soldats américains, israéliens, français, britanniques etc qui suivent à la lettre la juridictions de leurs pays respectifs et perpètrent des massacres et génocides à Gaza, tortures des personnes dans la prison d'Abou Ghraib en Irak ou à Guantánamo, arrachent le voile de femmes musulmanes dans la rue et l'occident en général. L'amalgame entre les néo nazis xénophobe, racistes, islamophobe et les occidentaux ? L'amalgame entre ces prêtres pédophiles et le christianisme ? La réponse est non et vous le savez ! Quel monde voulons nous laisser à nos enfants, un monde fait d'amalgame et de haine de l'autre ? Pour un milliard et demi de musulmans en tout cas ce n'est pas le cas ... La balle est dans votre camp !

Didier Chambaretaud a dit…

Cher Mohamed, "ni rire, ni pleurer mais comprendre" disait Spinoza ...

Ce qu'a fait ou dit le Prophète n'est pas mon sujet dans cet article ... Lisez-le avant de digresser sur le Coran ou les "amalgames" que font ou ne font pas les musulmans dans les tragiques conditions de vie qui sont malheureusement les leurs dans de nombreux pays.

En Europe, et en ces temps où seule l'émotion est donnée en spectacle (et votre réaction en témoigne), il m'a semblé intéressant de faire connaître ce qui se présente comme un rare résultat d'études académiques solides sur un sujet devenu brûlant même s'il est politiquement incorrect. Je crois même que la législation française interdirait ce type d'étude. Or cette étude montre que le fondamentalisme (le terme est défini dans l'étude, il n'y a pas à aller chercher sa définition dans une sourate) musulman dans certaines communautés immigrées d'Europe, dont la France, est très répandu et non le fait de quelques fous marginaux. Affirmer cela si c'était faux serait "mal", "fasciste" ou un "amalgame" comme vous voulez... Mais ne pas le dire alors que les résultats seraient établis, qu'est-ce que cela serait ?

Pensez-vous que ces chiffres sont erronés ? Pourquoi le serait-ils forcément ? Avez-vous téléchargé l'étude ? Une attitude scientifique ne serait-elle pas d'analyser sa méthodologie pour démontrer en quoi elle est fautive ? Ce que j'en ai lu me la font paraître charpentée ! Pourquoi la rejeter a priori ?

J'ai été étonné des résultats, c'est pour cela que je les ai publiés car je croyais le contraire comme tout le monde, et d'ailleurs tous les gens "civilisés" disent le contraire, alors ils devraient avoir raison ?

Plutôt que d'affirmer des choses à longueur d'antenne parce que l'on souhaite qu'elles soient ainsi, je propose que des gens sérieux enquêtent à leur tour. Peut-être démontreront-ils qu'il s'agit d'une erreur et qu'assurément les chercheurs de Berlin ont mal fait leur travail ... A moins que ces attitudes "fondamentalistes" soient réellement attestées comme fréquentes voire majoritaires. Tout est précisément défini dans l'étude, il suffit de vérifier.

Ensuite, savoir si une telle situation, hypothétiquement confirmée, pourrait avoir un lien avec un terreau propice à faire émerger des prêches appelant à des attentats, à collecter des armes puis à faire surgir des volontaires pour les accomplir serait affaire de simples déductions policières ... Nous sommes si heureux de nous être redécouverts une police efficace !

Pour finir, de quelle balle et de quel camp parlez-vous ? S'agit-il déjà dans votre esprit d'une bataille ? Dans le mien, s'il y encore une bataille à livrer, ce serait plutôt celle de la raison.

Une froide analyse de la situation permettrait sans doute une approche plus opérationnelle. Tout est là.