mardi 10 septembre 2013

La souveraineté du jury

Suite de notre dernier article. Des parents protestaient contre les notes partiales de toute une classe d'un lycée privé d'Agen au bac de français. Ils étaient reçus par le recteur le jour même (le 29 Août), je parlais de ce fait divers car il me semblait que pour une fois, à part la grande presse, tout le monde avait bien réagi.

Rappelons-nous qu'il y avait dans cette affaire un soupçon de partialité sur le jury qui avait demandé aux élèves de quel lycée ils venaient. Il aurait bien pu vouloir régler de vieux comptes entre privé et public, vieille passion triste à la française. Et de fait, les notes étaient toutes nettement inférieures aux attentes ce qui ne s'observait dans aucun autre groupe-classe comparable. Le résultat est tombé, "administrativement" on ne peut rien faire. Les notes suspectes ne changeront pas. Mais le recteur précise que si certains élèves sont un peu "justes" pour avoir leur bac ou une mention, on leur ajoutera quelques points... Un jugement de Salomon ... qui pousse la poussière sous le tapis.

Au fond, tout reste bien sobre et bien mesuré. Parents et élèves apprennent à composer avec la toute puissance des représentants de la République et s'il le faut, on saura arranger le coup le cas échéant .. Mouais ... les apparences sont sauves et tout le monde apprend à vivre avec un système arbitraire et qui n'a pas dans ses gènes la capacité à apprendre de ses erreurs. Pourquoi voudrait-on réformer la perfection ?

L'histoire ne dit donc rien en effet sur ce que le "process" républicain aura pu "apprendre" sur lui-même de cet incident et l'on peut douter que l'on aura à cœur "en interne" d'élucider le problème sous-jacent. Je regrette que le journal Sud Ouest qui est, semble-t-il, le seul à rendre compte de l'affaire, n'évoque même plus le fait générateur de ce qui est peut-être un abus de pouvoir (avec en arrière plan des querelles pubic/privé)... Comme si une telle éventualité n'était même pas envisageable.

Nous verrons dans un prochain article que nous avons ici un exemple d'un fonctionnement que l'on retrouve à des niveaux beaucoup plus élevés de l'Etat et que les mêmes causes produisent les mêmes effets ...c'est à dire aucun effet ! Il me semble que ces parents et ces enfants-là, comme nous tous, devrions être plus exigeants sur la qualité et l'impartialité des décisions de notre fonction publique dont la réforme en profondeur semble partout moins que jamais à l'ordre du jour. A suivre.

2 commentaires:

jérôme a dit…

Nous avons connu un cas similaire au brevet d'un de nos fils. Il avait mention bien mais trouvait sa note de maths ridicule(12). Après avoir remué ciel et terre nous avons pu consulter sous surveillance sa copie notée. Le correcteur, quoi que prof de maths, s'était trompé de 6 points en comptabilisant les points qu'il avait mis aux différents exercices. Nous avons dû rendre la copie puis nous avons écrit en recommandé au rectorat et n'avons jamais eu de réponse. Avec une mention très bien le petit aurait eu 300 € du conseil général sur lesquels il comptait puisqu'il avait bien travaillé.
Il n'existe pas d'appel pour des notations estimées erronées, l'éducation nationale là encore supporte les profs. On imagine les appels en français, langues, histoire géo... Interdire cet appel c'est simplement acter aux yeux de tous l'hétérogénéité des enseignants dans une même discipline.

Didier Chambaretaud a dit…

Merci Jérôme.
J'ai fait ces articles pour deux raisons. La première c'est que cela fait suite à d'autres sur notre gouvernance publique à bout de souffle. Manque structurel de démocratie et système épuisé et dépassé.
Alors quoi à la place ? La notation reste un élément essentiel de la vie en société, pas seulement à l'école. Je commente des livres sur Amazon et je constate que nous vivons sous le règne de la notation généralisée. Nous sommes passé de la note "étatisée" et donc comme sanctifiée voire déifiée (pensez à l'importance de l'ENA) à la note "commercialisée" (pensez à tous ces systèmes automatisés utilisés pour faire du buzz et faire vendre.
Dans les deux cas, justice et démocratie n'y trouvent pas toujours leur compte. Et actuellement nous passons d'un système à l'autre.