Voici un nouvel article sur la morale qui fait suite à la parution sous la marque "Acatl" d'un livre de "lecture courante et de morale commune". Ce livre ne pouvait pas mieux tomber. Il y aura d'autres livres et d'autres billets. L'actualité nous y pousse. Depuis quelques jours, la Morale est dans le buzz, il n'est plus question que de moraliser ... De quoi s'agit-il ?
Crise morale et rupture ?
La morale dit le Bien et le Mal. Il en découle le Droit puis le "Vivre Ensemble". Ce n'est pas "nunuche", c'est la matière-même du lien social qu'étudient notamment les philosophes de la Morale. F. Hollande a donc, de mon point de vue, bien eu raison de poser en Octobre 2012 dans son discours de la Sorbonne le problème de l'enseignement de cette matière à l'école (Luc Châtel avait fait de même en 2011). Mais à ce moment-là, il était seulement question de ne pas laisser aux islamistes le soin d'évangéliser nos banlieues. Le gouvernement était certes concerné mais pas impliqué ! Soudain un grand feu a pris à l'Elysée où il n'est plus question de tchadors ou de mariage gay. D'autres défis plus sérieux surgissent compte tenu de deux affaires qui frappent ses proches (Cahuzac, Augier) et surtout de toutes sortes de manquements moins visibles qui touchent en profondeur l'entreprise, la justice, la police, l'école ...
Je reprends donc ici un thème que j'avais abordé à partir de l'exemple cinématographique des "lyonnais". Au delà de ce qui trouble l'actualité maintenant, je m'y interrogeais sur une rupture morale profonde. Peut-être les crises du moment sont-elles un bien ? Voyons pourquoi.
Je reprends donc ici un thème que j'avais abordé à partir de l'exemple cinématographique des "lyonnais". Au delà de ce qui trouble l'actualité maintenant, je m'y interrogeais sur une rupture morale profonde. Peut-être les crises du moment sont-elles un bien ? Voyons pourquoi.
Dans la Presse ...
Miguel Medina/AFP |
Fernandel dans Topaze |
Un regard "positif"
M'étant récemment plongé dans l'histoire de la troisième république, relativisons. Les scandales liées aux abus et aux mœurs des dirigeants, pour condamnables qu'ils soient, ont été une constante de nos gouvernements depuis 140 ans, voir: Les scandales de la IIIe République. La France "vertueuse" se conduit assez souvent, en réalité, comme une république bananière qui fait la morale aux autres pays et à ses citoyens sans balayer sa propre crotte. Or, c'est peut-être en train de changer. Qu'il me soit donc permis un regard "positif". Sous les IIIème et IVème républiques, il y avait aussi des scandales et pourtant, il y avait Zola mais il n'y avait pas Médiapart. Ce que je me demande, c'est pourquoi il n'y a pas davantage de scandales ? Je crois qu'il y en aura d'autres parce que certains n'ont plus peur de les dénoncer. Je vous donnerai prochainement deux exemples de cela dans deux contextes très différents.
image: tropicalboy.canalboy.com |
La mer monte toujours !
Site d'Olivier Berruyer: les-crises.fr |
Le vrai scandale c'est aussi que pendant que les institutions restent pléthoriques et inefficientes malgré l'extraordinaire "intelligence" de l'Enarchie qui peuple nos grandes administrations et ministères et alors que la dette enfle, on en soit toujours par priorité à recaser un "ami" incompétent dans une autre fonction, à chercher des solutions budgétaires pour faire vivre des administrations ou des agences d'Etat aux rôles flous et redondants ou des collectivités locales impuissantes et multi-couches (comme le papier à usage domestique du même nom).
Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro |
Critique de la jouissance pure
N'y aurait-il pas dans ce panorama non limitatif des thèmes politiques pour des élus soucieux de leur utilité et prêts à prendre des coups ? Il y a pas mal d'élus de droite comme de gauche que cela démange ... Donner dans le "tous pourris" que ne manqueront pas de reprendre Jean Luc et Marine serait une grave erreur.
Pascal Perrineau, le directeur du Cevipof invité de "C dans l'air", jeudi 4 Avril 2013 indiquait que, selon divers psychanalystes, certains grands dirigeants économiques ou politiques (et seulement certains, pas tous) ne seraient plus reliés à aucun idéal transcendant (religieux ou laïque) et donc à une "certaine" Morale mais vivraient dans la pure jouissance immanente, forme d'Inconscience complète qu'illustre par exemple le déni de culpabilité exprimé par J. Cahuzac jusque dans ses aveux. La toute puissance sexuelle de DSK, l'impunité autour de l'affaire Bettencourt, la fraude d'un ministre du Budget ... Idem. La jouissance pure donc et n'allez pas croire en l'avènement du système d'Epicure car c'est en vérité tout le contraire. Le vieil Epicure prônait un idéal ascétique, lui. Ce que décrit P. Perrineau, s'il a vu juste, n'est pas une morale hédoniste, c'est une forme de nihilisme. Le problème est donc bien Moral.
P. Perrineau |
En quoi sommes-nous concernés ?
www.r-mike.fr/realisations/fakes |
http://www.lobofakes.com |
Peut-être ainsi pourrons-nous remettre en place un cadre de fonctionnement plus sain permettant d'affronter solidement les nouvelles réalités économiques et sociales ?
8 commentaires:
Si de nombreux hommes politiques n'ont plus "d'idéal transcendant" les citoyens n'en ont plus non plus. Il est peu probable que la population puisse imposer une morale qu'elle ne goûte plus et d'ailleurs elle ne souhaite pas qu'elle lui soit imposée...
Je reçois chaque année des stagiaires ou de jeunes salariés qui ne savent même pas fermer une porte ou tirer la chasse d'eau dans les toilettes. Quand à leur demander de travailler, n’exagérons pas, ils veulent seulement être payés sans vraiment se fatiguer. Il reste 2 lieux dans lesquels des règles structurent la vie des français, la famille et l'entreprise. Pour la famille, c'est assez variable selon les familles quand elles persistent... Ai-je le bourdon ce soir ou suis-je déjà un vieux con ?
Pour répondre à Jérôme, je dirais que vous n'êtes pas un vieux con ou alors, je me trompe et j'en suis moi-même une...
Il est si simple de dire aux autres ce qu'il faut faire quand on ne se donne même pas la peine d'appliquer ces principes à soi-même.
J'ai souvent l'impression que "tout fout'l'camp" comme on dit.
Ne dit-on pas que "trop d'une certaine chose tue cette chose" ? Personnellement, je pense le contraire : sans instituer une morale arbitraire, il serait bon que les fondamentaux soient rappelés de temps en temps, histoire de rafraîchir la mémoire de certains. Enoncer de grands principes ne suffit pas, encore faut-il être capable des le appliquer...
A la lecture de cet article et de bien d'autres choses, il est facile de mesurer l'écueil dans lequel se meut notre société et combien cet écueil semble s'accroître.
Mais restons optimistes : tout n'a pas non plus complètement disparu.
un article à lire absolument et à partager car ce sujet de morale questionne le mode de gouvernance de certains etats du sud de l'Europe et interpelle sur la rélité même du mot démocratie.
Helene
@ Jérôme: désolé de vous avoir mis le bourdon. Il se trouve que je partage votre point de vue !
@ Séverine: ce dont vous parlez c'est de la mutation. Pour moi, elle aura lieu, non elle a déjà lieu simplement elle sera plus ou moins douloureuse. Je vous promets de dépasser la théorie avec mes deux prochains articles
@ Hélène: merci pour cet encouragement.
@ Jérôme, ce que vous dites est justement la raison de mon précédent article sur la publication que je fais du vieux livre de "cathéchisme" républicain de nos arrière grands parents.
Quand dans un groupe, plus personne n'y croit, le groupe perd comme l'OL en ce moment. Il faudra en effet autre chose qu'un livre d'école. Il faudrait essayer de trouver l'équivalent adapté à notre époque.
Tenez bon !
Je voulais simplement dire que les politiques sont le reflet de la société. J'ai vu par exemple disparaître progressivement la morale de mes parents. Élevés dans la solidarité et le groupe ils finissent dans la solitude et l'égocentrisme. Ils ne sont même pas capables de voir de manière lucide ce que le "développement" leur a apporté. Malgré déjà 30 ans passés à la retraite, ils continuent de dire qu'ils ont trimé, comme si leur enfance difficile résumait leur vie. Ils ne sont plus capables à 80 ans de donner l'exemple. J'attribue cela à ma propre "sensation de puissance" pour faire simple mais je perçois tout de même une réalité. La morale, les règles du vivre ensemble ont été anéanties par le "je fais ce que je veux". Je peux résister moi-même, avoir l'impression de donner du sens mais cela intéresse qui ? De mauvaises règles valent bien mieux que pas de règle, j'allais dire un mauvais couple vaut mieux que 2 solitudes condamnées, peut-être est-ce trop. C'est pas parce q'on trouve le comportement de Cahuzac indigne de sa fonction qu'on est soit même à la hauteur, ne serait-ce pas plutôt une forme de jalousie qui se manifeste sous la forme "ils nous imposent des trucs mais ne s'imposent rien à eux-mêmes". J'ai bien peur que nous mourrions tous dans le non sens...
Dans le prolongement de cet article je signale le hors série de la revue Philosophie magazine sur Albert Camus. Fils du peuple, Camus a développé une pensée rigoureuse et exigeante dans un monde mouvant et complexe (guerre de 40, Algérie). Brasser les maîtres de l'Inde avec les philosophes grecs ou la littérature Russe, tout cela avec des mots simples et accessible, tout en confrontant sa pensée à des évènements qui touchent l'homme dans sa chair, tel est Camus. Je cherche en vain quelques phares aujourd'hui, je ne vois que des chandelles médiatiques...
@ Jérôme. Je ne sais si vous incluez ce blog dans les chandelles médiatiques. Deux choses:
1) le prochain article devrait vous intéresser.
2) si, il y a qqchose à faire même si nous n'en avons pas pris le chemin apparemment jusqu'ici.
Enregistrer un commentaire