samedi 27 octobre 2012

Chroniques du défaitisme (3 sur 3) : s'adapter plutôt que se suicider

L'adaptation !
Les analogies tiennent lieu de démonstrations dans un article du Monde qui voulait nous convaincre que l'incapacité politique actuelle à recadrer la Finance conduit inéluctablement au suicide collectif. Ceci est la suite et la fin de ma réponse.

Pour reprendre ces mêmes analogies décodées ici, je trouve, à l'inverse, que l’organisme multi-cellulaire (la Société) cherche actuellement le moyen (dans notre cas, ce ne sera sans doute pas la Justice américaine) de se débarrasser des cellules inadaptées (ici les marchés de produits dérivés). Du coup, il existe aussi une sérieuse possibilité que, dans la perspective de Diamond comme dans celle de Toynbee, notre civilisation trouve à s’adapter. Possibilité à encourager au lieu de promouvoir le défaitisme.

Radotages auto-réalisateurs

Je vous propose donc une autre hypothèse. Et si, à coup de raisonnements faussés, certains dépressifs européens, victimes d’un biais de confirmation cognitif (qu'on appelle aussi « radotage » en langage courant)  ne faisaient qu'accueillir de plus en plus de crédules angoissés dans leur hospice blogosphérisé ? Pire encore, la répétition de leurs raisonnements défaitistes n’est-elle pas le renfort qu’ils offrent gratuitement aux privilégiés qu’ils prétendent combattre ?

Une chose est claire, le parti des défaitismes n'est pas là pour proposer des solutions. Les comparaisons analogiques décortiquées dans le précédent article, linéaires, inspirées par des théories politiques d’hier, des phénomènes biologiques incompris (l'apoptose), des thèses historiques tronquées ou dépassées (Diamond, Toynbee) en resteront probablement au constat juste mais impuissant d’un dysfonctionnement particulier qui annoncerait l'apocalypse du tout. Nous sommes-là dans une boucle dogmatique bien connue depuis Karl Popper dans laquelle il ne faut pas entrer pour rester aptes à  relever nos manches. Prenons garde que le constat défaitiste ne soit pas auto-réalisateur.

Entre temps, nous continuons à financer la dette et à des taux très bas ! Le risque est le même and so what ? Oui, la dette enfle et la mer continue de monter également ... Je crois que le débat sur la crise fournit ainsi à certains le moyen de se distinguer un peu. Mais il est maintenant caduque. Il importe maintenant de préparer activement la suite si nous ne voulons pas être automatiquement condamnés comme les Mayas ou les Vikings du Groenland en leur temps.

Plus sérieux et plus positif

Michel Serres
Si vous aimez les érudits aux cheveux blancs, je vous conseille un véritable philosophe qui ne radote pas malgré son âge. Lisez donc plutôt le dernier petit livre de Michel Serres Petite poucette (voir mon  commentaire ici).  Il met en perspective non seulement les actuelles crises systémiques mais aussi les enjeux structurels du développement global et du respect de l'environnement planétaire. Défis fantastiques que la génération des "petites poucettes" a peut être bien, malgré tout, les moyens et l'envie de relever...  pour peu que l'on ne lui sape pas continuellement le moral en laissant se développer comme des frères siamois inversés mais complices les discours "normaux" ou repliés sur l'identité nationale, d'une part, et les discours "alternatifs", défaitistes et faussement érudits, d'autre part. Il faut vraiment du neuf.

Génération "petite poucette"

Comme Michel Serres, j'ai confiance en la génération des "Petites poucettes" aux réflexes nouveaux pour trouver les moyens de recadrer ce qui doit l'être avec des solutions inédites. Tiens, je vous recommande à nouveau le blog d'une "Petite poucette" qui témoigne dans son article du véritable élan entrepreneurial et solidaire qui anime toute une partie de la jeunesse consciente des problèmes et désireuse d'une action positive et réaliste.

2 commentaires:

Didier Chambaretaud a dit…

Commentaire de Séverine reçu par mail:
"Je ne prétends pas toujours tout comprendre de ce que je lis ici mais vos réflexions ouvrent d'autres points de vue qui méritent qu'on s'y arrête. La morosité ambiante n'aide peut-être pas à favoriser l'optimisme et le positivisme, mais elle ne doit pas non plus faire oublier qu'en tant qu'êtres pensants, les hommes et les femmes sont aussi là pour aller de l'avant et ne pas baisser les bras. De plus, la lecture de ce blog est fort agréable."

Didier Chambaretaud a dit…

Merci Séverine, il me semble que cette morosité est en train de devenir un obstacle voire une cause auto-réalitrice de nos "crises" pire que la Finance tant incriminée.

On me dit à juste titre que je me focalise trop sur cet auteur mineur. Je trouve qu'il focalise sur lui cette frilosité et cette fixation sur des idées fixes dépassées qu'il importe de souligner.

C'est promis, par la suite, j'envisage de donner la parole à des gens plus "pêchus".