lundi 7 janvier 2013

Ecouter nos peurs

Karen T Walker
Je vous souhaite une excellente année 2013. Et pour bien commencer, je vous propose d'apprendre à écouter nos peurs pour en tirer parti. Avez-vous remarqué que, malgré l'habituelle euphorie médiatique, typique de cette période de l’année, et bien qu’ayant déjà survécus à la fin du monde Maya, nous avons entendu des voeux fortement teintés de prédictions (économiques) catastrophiques ? 

Alors, je vous propose d'écouter cette jeune auteure, Karen Thompson Walker, qui nous raconte dans une conférence TED, une histoire de naufragés, nous propose une comparaison intéressante entre peurs et Story Telling et nous indique une voie simplement ... sensée. Voici la vidéo:


L'histoire vraie des naufragés du baleinier Essex en 1820:

Dessin de l'Essex par un matelot
Après un naufrage au milieu du Pacifique, les survivants d'un baleinier coulé après avoir été éperonné par un cachalot eurent le choix entre un chemin "court" qui risque les conduire à des îles peuplées de cannibales et un chemin plus long vers l'Amérique du Sud qui de façon certaine épuisera leurs réserves de vivres. Leur choix semble être entre mourir mangé ou mourir de faim.  Ils choisirent la seconde option et beaucoup moururent avant d’être secourus par un bateau passant par là et, pour certains, après avoir fait leur propre expérience du cannibalisme…

Le rapport entre peurs et « story telling »

Karen est auteure. Son livre d’anticipation L'âge des miracles connaît un grand succès. Pour elle, les peurs peuvent servir. Ce sont ses peurs d’enfant qui ont inspirée son travail d’écriture. Selon elle, comme le montrent les neurobiologistes, notre cerveau est câblé pour être optimiste. Seulement pour faire face au péril, il faut compenser. La peur tient alors ce rôle en nous faisant nous projeter dans le futur et en nous faisant imaginer ce que nous risquons de devenir si …Surgit ici une comparaison intéressante. La peur serait une sorte d’histoire dont nous sommes l’auteur et le personnage principal. Jusque-là vous suivez ?

Herman Melville
Bon, comme l’a dit Herman Melville qui tira de l’histoire du Essex son célèbre roman « Moby Dick », si les naufragés avait fait le bon choix, la voie la plus courte vers Tahiti, ils auraient tous survécu. Revenons un instant sur leur choix. Ils n’ont pas eu le choix entre des routes (trois dans la réalité) mais entre des représentations mises en scènes par leurs peurs. Et ils ont choisi celle qui présentait la mort la moins repoussante. Et ils ont choisi de mourir ... horriblement en plus. Or il n’y avait pas de cannibales à Tahiti, en tous cas moins que sur les baleinières des rescapés !

La peur, comme l’histoire, nécessite un bon public, à la fois artiste et scientifique. L’artiste veut collaborer au récit et souhaite s’y laisser prendre pendant que le scientifique évalue en même temps la crédibilité et l’intérêt du scénario. Karen nous explique que les survivants ont été de bons artistes et de mauvais scientifiques. In fine, ils ont choisi de s’éloigner de leur pire peur et ont négligé de faire l’analyse de leur choix.

En quoi sommes-nous concernés ?

J’aime bien cette morale qui ne fait ni l’apologie de la béate pensée exclusivement positive, ni celle du déprimant doute systématique. Elle propose une voie de bon sens. La voie du « ET » dont je vous ai souvent parlé. Sachons écouter nos peurs collectives et individuelles pour profiter de la vision d’avenir qu’elles suggèrent ET ajoutons-y la dose de rationalité et de questionnement qui nous fera peser les risques et les opportunités pour choisir la bonne route. L'avenir n’est pas joué, tout peut encore se décider !

Bonne année !

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