mercredi 30 novembre 2011

Paul Jorion: le moteur est fondu !

Ce matin, France Culture recevait l'anthropologue Paul Jorion pour parler de la crise de la dette. J'ai échangé brièvement avec lui il y a quelques mois peu après le lancement de ce blog mais je ne le connais pas personnellement. Je voudrais prendre date avec mes lecteurs au sujet de ce que j'entends. Je partage certains constats de cet auteur et en même temps, son incapacité à les dépasser me rend perplexe.

Verbatims

Quelques verbatims de l'émission de ce matin à la volée car je ne me sens pas l'envie de retranscrire le texte intégral:

"La crise des subprimes n'a pas été résolue..."
"Un Etat n'est jamais en cessation de paiement, il y a l'impôt ... il y a une mode des réductions d'impôts"
"Quand une récession intervient aussi vite après une première récession, on est en dépression ..."
"Je ne fais pas de prédiction ... mais c'est possible que l'euro n'ait pas 50% de chances de passer les 15 prochains jours"
"c'est la fin du capitalisme ..."
"Quand les autres pays ne voudront plus des dollars, les Etats Unis ce sera entièrement est fini"
"Le coeur à l'intérieur de la machine est fondu"
"Economistes et politiques ne savent plus, ne savent pas comment marche ce machin".
 "il faut reconstruire un système financier de zéro, celui qu'on avait est entièrement fini ..."
"... on fait des sacrifices humains car on ne sait pas comment faire repartir la machine..."
"le marché n'existe plus ... c'est un cadavre !"

Voici la vidéo faite pendant l'émission de France Culture:

les matins - Paul Jorion par franceculture

Paul Jorion m'a, à juste titre, reproché de n'avoir pas lu ses livres. J'en avais bien l'intention mais pas l'envie. Comme lui, je crois qu'il faut changer de cadre. Comme lui, je pense qu'une nouvelle classe de privilégiés chanceux et non méritants profite sans rien y comprendre au fond d'un nouvel "ancien régime" (financier et politique) ... Pourtant son propos entièrement négatif me rebute, je l'avoue. Je ne suis pas banquier, ni payé par les banques, c'est moi qui les paie ... comme tout le monde. Pourtant, je n'entre pas complètement dans le propos de Paul Jorion car, jamais ni dans son blog, ni dans les diverses émissions où il est intervenu, ni d'ailleurs dans ses conférences filmées, je n'ai pu identifier de proposition concrète ! Il affirme ne pas faire de prophétie puis annonce la fin du système et distribue les mauvais points sur l'air de "je vous l'avais bien dit" sans rien proposer... Il est vrai que dans l'atmosphère actuelle, un brin de dépression supplémentaire ne peut qu'être acceptée sans remise en question !

Marc Voinché tente bien de lui faire dire ce qu'il faudrait faire selon lui...  J'ai noté en guise de réponse qu'il y a des dirigeants de second niveau, des professeurs associés que l'on n'interroge jamais et qui ,eux, sauraient ! Fin du programme.

Ceci me semble un peu court. Oui, il nous faut repenser le système financier qui dysfonctionne et gérer l'euro sur de meilleures bases. Je laisse tomber les autres verbatims car ce serait un mauvais procès., il est difficile de développer en 15 minutes. Mais tout de même que peut-on sérieusement  faire ? Pour moi, le système financier comme la banque et la monnaie, sont de simples instruments. Ils sont utiles à l'économie et donc à la société. S'ils ne rendent plus service, changeons les ! Mais quels outils faudrait-il à la place ?

Je voudrais ici vous prendre à témoin et vous donner rendez-vous !

Si le 14 Juin 2012, l'euro est toujours là, je propose de réunir devant un public et les caméras de TEDx un plateau d'experts d'horizons variés pour contribuer à dessiner les contours de ce nouveau système que Paul Jorion appelle de ses voeux mais qu'il ne semble pas pouvoir nous décrire. Puisqu'il nous montre la voie sans pouvoir l'emprunter lui-même, nous allons le faire à sa place !

Si ses propos particulièrement alarmistes se vérifient avant cette date, nous ne pourrons peut être pas organiser ce forum (dans le cadre de TEDx) mais si nous tenons bon c'est qu'il y a encore de l'espoir ! Les lumières enfin allumées de Monsieur Jorion et de quelques autres nous seraient alors utiles, il est donc invité. N'hésitez pas à lui faire parvenir ce billet ! 

Si vous soutenez cette initiative, faites-vous connaître. Nous aurons besoin d'exposition médiatique, de sponsors, de vos idées et d'aides pratiques.

Compléments du 4 Décembre:

Paul Jorion fait part dans son blog de son expérience avec les média cette semaine. Satisfaisant devant un public de spécialistes et éprouvant à France Culture. J'avoue que même sa vidéo de réponse m'inquiète, Paul Jorion pense avoir été assimilé à un charlatan (c'est exagéré) et fait part de ses lettres de noblesses ! Bizarre, quand on se dit porteur d'un engagement essentiel pour ses congénères retient-on de son passage à la radio que la responsabilité du faible niveau d'information échangé ne lui incombe pas ... ?

La faute au journaliste donc ! Et moi je dis que quand on prétend avoir un message aussi important que le vôtre, on se prépare pour faire un bien meilleur usage des 47 minutes qui vous sont accordées. C'est ce qui ne donne pas envie de vous lire Monsieur Jorion, les média sont les média si vous essuyez un échec (relatif) dans ce contexte, relevez-vous et demandez-vous ce que vous pouvez améliorer, Brice Couturier n'est pas le seul responsable ! Essayez de sourire sous l'injure (puisque vous le ressentez ainsi) et cherchez des réponses à la fois simples et tournées vers l'action !

8 commentaires:

jérôme a dit…

Tout à fait d'accord. Et ce M. Jorion est un gourou,son blog est assailli de fans hystériques. On peut donc analyser, critiquer et ne pas savoir. Je préfèrerais me taire.
Mais de quoi s'agit-il ? Pendant des années, les états européens ont dopé leurs économies en empruntant 3 ou 4% de la richesse qu'ils créaient. Aujourd'hui la capacité d'emprunt est nulle. On parle ici de 3 ou 4%. Dans mes entreprises je survis à des baisses de 20% de mes ventes et on ne se remettrait pas de 4% ? Demain on baisse les revenus de tous de 4% et il n'y a plus de problème. Mais non, Sarkozy se refuse à demander leur quote-part à ceux qui pourraient payer.
La vérité ? Nous sommes gouvernés par des fonctionnaires, comme M. Jorion, des fonctionnaires qui vénèrent la rente. Perdre 4% de son revenu est in-envisageable. L'homme, M. Jorion, a oublié la nature. 4%, c'est ce qu'il faut payer parfois pour que tout aille mieux après. La nature va s'imposer, la finance ce n'est pas l'enfer, elle a ses excès mais la nature va reprendre ses droits.

Didier Chambaretaud a dit…

Bonjour Jérôme, merci de votre commentaire.
Je ne crois pas que Paul Jorion soit un fonctionnaire. De façon très objective on peut dire qu'il tire des revenus de ses publications et de son blog mais de de façon très honnête et franche. Ce qui me dérange le concernant, c'est qu'il ne propose rien apparemment et j'aimerais qu'il réagisse.
Je pense comme vous qu'il est très possible collectivement de trouver des moyens de s'adapter et individuellement de faire les efforts appropriés. Faisons-le sur la base d'idées claires.
Les entrepreneurs n'ont en effet pas d'autre choix ainsi que nombre de ménages pourquoi pas la Fonction Publique et la Finance ne le feraient pas ? Peut-être parce que personne ne veut accepter de perdre un peu de peur que d'autres en profitent. C'est le signe que la régulation politique est déficiente.
Mais pourquoi vous taire ? Je vous encourage au contraire à développer.
Observons aussi au passage que la difficulté vient de ce que 4% cumulés pendant des années nous rapproche de 86% de PIB (cela fait beaucoup et beaucoup plus que les recettes nettes de l'Etat).
Peu ou prou, tout le monde connaît la cause et peut s'accorder sur le diagnostic. L'enjeu du moment est de passer à l'action. Ou au moins à l'idée de l'action. C'est ce qui manque à Paul Jorion et à d'autres qui ne manquent en outre pas de lucidité mais peut-être d'énergie.

Paul Jorion a dit…

N'y a-t-il pas un paradoxe dans le fait d'affirmer que je ne propose rien, pour enchaîner, aussitôt qu'on n'a pas lu mes livres et qu'on n'a pas envie de le faire ?

Didier Chambaretaud a dit…

En effet cher Paul il y a un paradoxe mais un paradoxe apparent seulement.

Permettez-moi de vous faire gentiment observer que je dis que JE n'ai jamais identifié dans vos grandes communications (media, vidéos y compris celles de votre blog autre chose qu'un constat). Et pour vous faciliter les choses, je dis que je n'ai pas lu vos livres (ce qui n'est pas définitif). Par conséquent, j'espère toujours que vous avez des propositions à faire et tant mieux si elle existent !

Votre audience dans les média vous amènent beaucoup de monde, supporters et détracteurs, vous lisent-ils ou cela reste-t-il de la mousse médiatique ? D'ailleurs qui prend vraiment le temps de réfléchir et de lire ?

C'est un peu ce que vous dites et ainsi nombre de décideurs ne savent pas ce qu'ils font. Au passage, j'aimerais signaler une idée que vous avez avancée mais qui est noyée dans la masse et que je partage, c'est celle de la non-maîtrise de la complexité ...

Mais je suis content que vous ayiez répondu car j'ai l'occasion ici de vous dire directement ma frustation. Vous avez eu le micro pendant 47 minutes sur une antenne sérieuse à une heure de bonne écoute et il n'est pas vrai de dire comme vous l'avez fait que l'on y a fait barrage à vos idées. Marc Voinché semble vous apprécier (il est vrai plus que Brice Couturier), vous aviez une belle occasion ... Hier j'ai réécouté votre intervention avec une extrême attention car j'espérais votre réponse et, je passe sur les Mayas et les Romains, je n'ai rien entendu en matière de proposition !

Beaucoup partagent votre constat mais rien ne vous empêchait de développer vos idées sur le prix. Et peut-être d'autres ?

Votre paradoxe à vous est celui d'en rester à ce qui n'est même plus un constat provoquant. Vous appelez de vos voeux une réflexion de fond tout en disant être de ce petit nombre qui réfléchissent et ... rien ne sort alors qu'on vous tend le micro !

Il n'est plus temps de jouer les coquettes (teasing en marketing !), il est temps de donner envie de penser, de lire, d'agir.

Sautez le pas, profitez de votre crédibilité pour vous mouiller un peu et moi de mon côté, je vous promets de lire et de rendre compte de vos derniers livres.

Merci d'avoir répondu, preuve que vous restez à l'écoute des signaux faibles malgré le tintamarre médiatique.

Viendriez-vous à un TED sur la nouvelle finance ? D'ici là mon paradoxe à moi n'en sera plus un mais le vôtre ?

Bien à vous

Colargol a dit…

Je fréquente assidument le blog de Paul Jorion depuis 2007.J'ai lu ses livres ( pas tous ) mais notamment celui dont je vous recommande la lecture : Comment la Vérité et la Réalité ont été inventées. Lorsque vous l'aurez lu vous comprendrez pourquoi la "longueur d'ondes" ondes courtes ou la Fréquence Modulée, le temps d'une émission de radio ou bien encore l'interactivité des échanges brefs sur un blog, sont inadaptées au sujet et à la "longueur d'ondes" sur laquelle il "emet".

Paul Jorion propose des solutions, il a même fait la charte "ECCE" qui propose à toutes les bonnes volontés de se constituer "Parties Citoyennes" et leur offre une tribune numérique.
Je ne pense pas être un fan hystérique , Paul Jorion n'est pas un Gourou , il s'exprime librement et didactiquement sur des sujets hardus et je lui dois une vision plus claire de la situation depuis 2007 alors que peu ou prou,personne n'avait entendu parler de Bailout, de Subprimes, ou de Credit Default Swap, Paul Jorion qui a largement payé de sa personne, en perdant son job pour avoir osé s'opposer à ses supérieurs hiérarchiques , a décidé d'expliquer simplement ce qui allait se passer.

"La guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires", disait Clémenceau, les économistes en ont pris pour leur grade également, et moi je préfère un regard "out of the box" lorsqu'avec un regard d'entomologiste, un ethnologue et philosophe observe une société de s'auto détruire. Certaines fourmis ont un comportement suicidaire en effet. Dans l'Antiquité , le problème de Cassandre ne fut pas d'annoncer de mauvaises nouvelles, mais de ne jamais être crue.

Elle fut condamnée pour cela. La bonne vieille logique du résultat.
Elle a largement fait les preuves de son iniquité.

Pas d'accord avec vous Jérôme, dans votre manière de formuler les choses, qui "prête" à confusion. Il ne s'agit pas en l'occurence de la nature, la nature prône l'échange et le troc. Il s'agit comme l'a expliqué Paul Jorion dans le livre cité plus haut , d'une lente et inexorable perversion du système initiée par Aristote....
Bonne lecture à vous.
Au fait je vous recommande de lire JF Kahn , paru en 1990 ou à peu près,

"Tout Change parceque rien ne change".

Didier Chambaretaud a dit…

Entendu Colargol, je lirai. Je ne suis pas de ceux qui affublent Paul Jorion du qualificatif de gourou et ceci pour plein de raisons.
Merci de l'intérêt que vous portez aussi à ce blog.

Anonyme a dit…

Jorion ne se croit pas à tort traité de charlatan , il l'est ouvertement , et "charalatan "n'estpas le pire nom qu'on lui donne . Un exemple :

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2009/11/30/102-largent-mode-demploi-un-commentaire-par-andre-jacques-holbecq

Anonyme a dit…

Bien évidemment que Jorion est un charlatan, avoir écrit un bouquin intitulé "principes des systèmes intelligents" et y faire encore référence, on voit tout de suite à qui on a à faire ...