jeudi 5 juillet 2012

Stéphanie Boulay: management éthique

Sixième intervention de TEDxLaDéfense, Stéphanie Boulay parle de management éthique à partir de son expérience de la banque dans l'optique de cette seconde session consacrée aux "apaisements".

L'angle de Stéphanie Boulay:

La Banque lui a tout d’abord permis de percevoir les interactions entre finance et économie puis, en tant que manager, de rapidement prendre conscience de l’importance de la qualité d’expérience de ses collaborateurs sur la qualité de leur travail et de leur implication. Elle a alors cherché à améliorer son savoir-être, source de toute qualité ou non qualité, qu’elle soit managériale ou autre. Le Leadership Ethique lui a fait prendre la pleine mesure de l’impact du système financier sur notre économie, des sommes en jeu et de la qualité ou de la non-qualité massive qui découle des choix des investisseurs, quels qu’ils soient.

Voici la vidéo:


Les clefs de ce talk:

Pour Stéphanie, tout commence avec le blanchiment d'argent qui représentait 15% des flux transitant par ses équipes. Cela signifiait drogue, trafics d'armes, prostitution et quand il s'est agi pour elle de participer dans sa banque à un grand projet sur le management éthique, elle a réalisé qu'il était question, en vérité, d'une façade et non d'un engagement de fond. Elle a donc quitté la finance pour étudier puis former au leadership éthique.

L'exemple par l'absurde de la crise des subprimes

Prêts immobiliers aux plus modestes fondés sur deux espoirs déçus à savoir que les taux variables peuvent ne pas rester bas et ensuite que le marché immobilier peut aussi se retourner. Les risques associés ont été disséminés sur la planète par les "dérivés de crédits".
  • Actifs toxiques en lien avec les subprimes: 800 milliards de $,
  • Dettes contractées par les Etats pour aider les banques: 2800 milliards de $,
  • Pertes en capitalisation boursière: 30 000 50 000 milliards de $
  • Coût humain: 3,5 millions de familles perdent leur toit, 600000 emplois détruits.
L'urgence de la survie: coûts annuels au niveau planétaire
  • Traitement de la malnutrition sévère: 3 milliards de $,
  • Faim dans le monde: 30 milliards de $,
  • Accès à l'eau potable: investissement unique de 200 milliards de $.
Ces quelques éléments montrent qu'à l'échelle globale, un gâchis et une grande disproportion existent montrant que les priorités d'actions éthiquement correctes ne sont pas prises.

A l'intérieur des organisations, puisqu'il s'agit en Management Ethique de commencer à agir là où l'on est et où on peut le faire, le BIT estime à 3 à 4% du PIB les pertes en non-qualité liées au stress sans parler des coûts du manque de confiance, de la résignation, des conflits ouverts ou larvés, du manque d'initiative et de créativité ...

Conjuguer Humanisme et Profits en particulier dans une banque, c'est réaliser à quel point la seule démarche rationnelle et humaine consiste à remettre l'Humain au coeur de l'économie.

En quoi sommes-nous concernés ?

Stéphanie nous souhaite à tous de tenter l'aventure et de tous devenir des leaders éthiques en commençant par résoudre les problèmes du quotidien pour participer à la résolution des absurdités globales.

Stéphanie est venue compléter le sujet de Spiros Risopoulos en le généralisant. Lors de la constitution de notre programme, nous avons été frappés par la convergence de ces deux sujets. Et pourtant, ils ont des perspectives et des origines fort différentes.

4 commentaires:

jérôme a dit…

Je découvre peu à peu ces conférences.
Déjà des parcours d'hommes courageux y apparaissent. C'est peut-être ce que l'auditoire vient chercher en premier ici. Je sens aussi confusément, quasiment dans chaque vidéo, la difficulté à prendre sa place dans l'entreprise grande. J'ai connu ça autrefois, l'entreprise grande donne assez vite à chacun une reconnaissance à travers un salaire, un statut, un bureau, une voiture, des collègues, la participation à des processus élaborés... Mais cette reconnaissance accompagne une maturation personnelle qui, passé les années d'apprentissage, va pointer les lacunes du travail effectué. Et apparaît alors pour chacun l'écart entre l'ambition personnelle profonde maintenant mieux connue et la finalité du poste occupé dans l'entreprise. La plupart ne peuvent pas risquer de se priver de leur statut et de ses avantages. Le conseil est alors un échappatoire fréquent pour certains plus courageux. Mais le conseil est à son tour consommé par les entreprises grandes qui voient bien qu'il faut donner du sens ou de l'humain sans pour autant y arriver.
Il est très difficile de faire bouger l'entreprise grande. D'où mon idée de partir vers l'entreprise petite ou très petite. Je côtoie chaque jour des gens qui savent pourquoi ils travaillent, la cohérence personnelle je crois n'est possible que dans l'action et dans l'action que l'on voit. L'entreprise grande produit toutes les dérives que nous constatons aujourd'hui, un type seulement bon en maths qui se retrouve à 35 ans dans le top 5 de Goldman Sachs à jouer au casino avec tous les autres gars comme lui. Comme dit le proverbe espagnol: mejor ser cabeza de raton que cola de leon (mieux vaux être la tête du rat que la queue du lion).
C'est l'entreprise grande qui pourrit le monde d'aujourd'hui, alors que l'entreprise petite la fait respirer.

Didier Chambaretaud a dit…

Merci Jérôme pour votre commentaire.

Je vais demander à Stéphanie de répondre, après tout c'est suite à son "talk" que vous réagissez.

Il m'est très facile d'adhérer à ce que vous dites ... Je vais même prolonger. Mon entreprise "petite" avait comme clients des entreprises "grandes" (Banques, Distribution, Administration) et des entreprises "petites" qui avaient des clients entreprises "grandes" et entreprises "petites" qui ...

Ne croyez-vous pas qu'il soit difficile d'y échapper en définitive ?

TED est une entreprise "petite", notre TEDx n'est même pas une entreprise ...

Nos sponsors, nos visiteurs pour beaucoup sont dans ces entreprises "grandes" qui, en fait, changent très vite contrairement à ce que vous dites. Mon ancien client HP disait: "70% de notre CA dans 18 mois sera fait avec des produits pas encore commercialisés. IBM ne fabrique plus d'ordinateurs et la révolution que Justin Hall Tipping voudrait financer nécessitera le concours d'entreprises "grandes" pour advenir ...

Alors, je vous comprends et en vous suivant ... je constate que ce n'est pas la taille qui compte dans ce débat.

Ce qui compte, c'est ce que nous voulons faire de nous-mêmes, là où nous sommes et de s'assurer que les structures que nous créons pour cela sont bien les outils de ce voeux et non leur finalité.

Si ce n'est pas le cas, changeons-les. Je vous parie que dans moins de 2 ans, certains très grands patrons nous aurons rejoints sur cette intention !

Sinon, j'aime bien votre proverbe espagnol, mon père disait: "je préfère être grand chez les petits que petit chez les grands !". Lui aussi d'ailleurs avait quitté l'entreprise grande pour reprendre puis créer ses entreprises "petites". Le tout restant cependant dans le même système !

jérôme a dit…

L'entreprise grande, il me semble, se moque des motivations profondes de chacun, elle utilise des compétences dont elle a besoin à un moment donné comme elle utilise des matières premières. Ceux qui créent les imprimantes HP d'aujourd'hui n'étaient probablement pas là il y a 10 ans. Et malgré les moyens déployés et l'argent gagné, HP n'a rien créé de majeur récemment, enfin je crois.
Dans la petite entreprise, une homm qui y croit peut entraîner 5 ou 10 personnes en pariant sur eux, dans la grande entreprise, un pion change dans la hiérarchie et tout s'écroule. Piloter humainement une entreprise grande demande des capacités et des coudées franches qu'aucun manager n'a. Et je ne perçois pas d'amélioration en vue mais j'aimerais me tromper, ce qui conduit l'entreprise grande c'est le profit et la politique :(

Didier Chambaretaud a dit…

Là encore, je peux vous rejoindre et ce qui change c'est le point de vue.

Il est vraie que la créativité et du coup l'innovation ne sont pas le fort des grandes entreprises en général. La motivation est bien le profit et pour le manager dirigeant en effet la politique. Soit.

Je mettrai en ligne très bientôt le "talk" de Geneviève Bouché qui adresse votre point. comment finance-t-on les "débutances" ?

Malheureusement, si elle plus mobile, la petite PME n'est pas forcément à la fête non plus et vous en savez sûrement qqchose: il faut réunir le capital et les compétences ... et boucler les échéances de fin de mois !