mercredi 23 décembre 2015

Impact de la COP21 en 2100: 0,2°C au mieux !

L'accord de la COP 21 n'aura pas d'impact sensible sur le réchauffement climatique, alors que faire ? A partir des thèses du Copenhagen Consensus Center, voyons comment prolonger le premier pas diplomatique réussi de la COP 21 dans le sens ... du bon sens.

L'impossible débat sur le climat

Sensibilisé à la question du changement climatique, j'écoute et je lis désormais les media en étant vigilant sur ce point. Or je constate qu'en ce mois de Décembre si doux, il n'est plus aucun journaliste ou présentateur météo (surtout depuis le licenciement de Philippe Verdier de France 2, ci contre) qui ne fasse son intro sur le réchauffement climatique ... ancrant chaque jour plus profondément l'évidence "climato-consensuelle".

Ainsi qui voudrait encore débattre d'une évidence aussi dangereuse ? Et avec qui ? Les tenants d'autre chose que de la thèse du GIEC sont désormais taxés non plus de "climato-scepticisme" mais de "climato-négationnisme"(c'est une mauvaise traduction de l'anglais climate change denier). Cette référence implicite au nazisme fait désormais office de police de la pensée. Elle montre assez qu'aucune discussion n'est plus possible ... (voyez ce qu'est la loi de Godwin ici) .

Les attaques Ad Hominem des deux côtés font recette. C'est propagande contre propagande d'autant plus qu'aux USA, les Démocrates sont dans l'ensemble du côté du consensus et certains Républicains du côté du scepticisme. Sur un sujet présenté comme engageant la survie de la planète et comportant de nombreux aspects scientifiques, il n'y a donc pas de débat sur le fond, il n'y a que de l'invective. Puisque la politique et la médiatisation ont investi le domaine scientifique, comment le bon sens va-t-il s'y retrouver ? Y-a-t-il une médiation possible vers une gouvernance raisonnable, en commençant par les idées avant de passer aux prélèvements fiscaux ?

L'indispensable retour au bon sens

Je vais m'appuyer sur un auteur et speaker TED, Bjorn Lomborg, pour proposer une approche dont je vois bien le cousinage avec celles que j'ai eu l'occasion de proposer dans un contexte d'entreprise. Je vous dis tout de suite que Lomborg, bien que n'ayant pas le profil-type du pollueur réac classique (c'est un prof danois, ancien de Greenpeace, gay et végétarien !) est considéré comme un provocateur climato-négationniste à la solde des pétroliers. Il n'a plus beaucoup d'amis chez Greenpeace ... Pourtant, ce trublion infréquentable, m'a semblé avoir eu une idée qui "vaut la peine d'être partagée". Voici sa vidéo à l'occasion de TED 2005 (Bjorn Lomborg fixe des priorités pour le monde. | TED Talk | TED.com ):


Lomborg est statisticien et économiste et non climatologue. Dans son livre L'écologiste sceptique, il ne remet en cause ni le réchauffement récent, ni les modèles des gaz à effet de serre mais estime que leur sensibilité au CO2 est exagérée. Pour Lomborg, c'est un problème secondaire comparé aux priorités de développement comme fournir de l'électricité et de l'eau potable à l'Afrique. Il part de l'idée qu'un choix, et surtout un choix d'investissement quel qu'il soit, doit s'évaluer en fonction de deux axes. D'un côté, l'importance de l'impact attendu de l'action considérée et de l'autre son coût qui peut être mesuré en effort financier, en temps et/ou en tout autre forme d'effort. En croisant les deux axes, on a alors une meilleure idée de ce qu'il est utile de faire. Voici le genre de matrices classiques coûts/bénéfices ou atouts/attraits que j'ai souvent utilisé pour ma part à l'occasion de missions de  changement stratégique:
Pourquoi ne pas faire pareil avec les choix politiques ?

L'impossible maîtrise du réchauffement  !

Eh bien, c'est l'idée de Lomborg. Classer les actions en fonction de leur retour sur investissement en croisant leur impact relatif et leur coût. Alors pour cela, il faut d'abord évaluer l'impact de la mesure. C'est ce qu'a fait le CCC sur l'accord de la COP 21. C'était possible dès le début Décembre car très astucieusement, Laurent Fabius avait demandé aux 195 Etats de faire parvenir leurs promesses de réductions d'émissions de CO2 AVANT la conférence (185 l'ont fait). En code ONUsien, il s'agit des INDC (Intended Nationally Determined Contribution). Vous pouvez lire ici un article grand public qui tire la conclusion de ce travail académique.

Voici en rouge la courbe du modèle prévisionnel du GIEC si l'on ne fait rien, en turquoise la même ajustée de l'impact des promesses INDC jusqu'à 2030 selon le modèle GIEC et en vert la même en espérant que les actions seront prolongées jusqu'en 2100.

D'après communiqué de presse de l'article de Lomberg, courbe tirée de: http://www.pensee-unique.fr/news.html#cop21

Cette courbe montre l'impact minuscule de l'accord de Paris: au mieux 0,17°C dans l'hypothèse d'un effort d'investissement soutenu de 100 mds$ par an pendant 85 ans ! Cet article officiel est "revu par les pairs" vous pouvez vous le procurer ici. Il ne me semble pas s'agir d'une propagande invérifiable mais du traitement des chiffres publics et des modèles qu'utilise le GIEC lui-même. Cela mérite réflexion !

Ci dessus, le résumé très clair de cet article dit: "Toutes les politiques du climat ... depuis 2000 et jusqu'à 2030 et maintenues jusqu'à la fin du siècle réduiront probablement le réchauffement climatique d'environ 0,17° en 2100".

Malgré le fait qu'il s'agit d'une publication académique officielle et "revue par des pairs", on pensera que l'auteur ne peut qu'être de parti pris.

Alors, j'ai pu constater que d'autres analystes parviennent aux mêmes conclusions: impact de 0,2°C en 2100 ! Il s'agit au MIT du Joint Program on the Science and Policy of Global Change. A la question de savoir ce que sera l'impact des politiques du climat, la réponse est très claire (page 2 de l'Outlook 2015 que vous pourrez télécharger comme je l'ai fait): "Assuming the proposed cuts are extended through 2100 but not deepened further, they result in about 0.2°C less warming by the end of the century compared with our estimates, under similar assumptions, for Copenhagen–Cancun".


En quoi sommes-nous concernés ?

Tout se passe comme si nous étions tous convaincus qu'il serait essentiel de d'investir 8500 mds de $ pour avoir l'espoir de réduire le réchauffement au mieux de 2 dixièmes de degrés dans un siècle. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce raisonnement !

Pendant ce temps, il y a eu cette année 1 million de réfugiés-migrants en Europe ... Ne serait-il pas plus judicieux de nous préoccuper de nous adapter aux nouvelles conditions de notre monde: climatiques sans doute, mais aussi économiques, sociologiques, démographiques, politiques ? C'est pour cela qu'il pourrait être judicieux de remettre les priorités dans un ordre plus raisonnable à l'image de l'approche du CCC illustrée ci-dessous:







dimanche 13 décembre 2015

ERRATUM: COP 21

Chers amis,

Mon article sur la COP 21 a été publié par erreur alors qu'il n'était qu'à l'état de brouillon. Le voici terminé ici: http://didierchambaretaud.blogspot.fr/2015/12/cop21-quoi-bon.html avec les liens, photos et références vidéos.

Merci

La COP21 peut être utile.

COP 21: un accord historique joyeux et encourageant dont on peut sérieusement se demander à quoi il peut bien servir... Ecolos militants et climato-sceptiques, je vous propose une réponse qui pourrait vous réconcilier !

Une semaine d'attente

Ivar Giaever
Pendant cette semaine une grippe aggravée de fièvre "post-paludéenne" m'a donné l'occasion de visionner nombre de vidéos Youtube d'experts et d'activistes du climat: conférences de scientifiques canadiens, anglais et américains surtout, témoignages devant les sous-comités du sénat américain, traitement par les divers médias des deux tendances ("climato-consensuels" et "climato-sceptiques"). J'ai d'ailleurs à cette occasion découvert l'existence de l'expression "climato-négationniste"qui me semble relever de la loi de Godwin ( voir mon article ici).

Voici ici une vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=TCy_UOjEir0) de l'un de ces "fous dangereux": Ivar Giaever, un non spécialiste qui n'a plus de carrière à faire sur ce thème et qui me semble pourtant honnêtement informé en tant qu'ancien panéliste du GIEC et crédible sur le plan de la méthode scientifique en tant que prix Nobel de physique.

Tout cela  me donne envie de partager une opinion personnelle plus ou moins éduquée sur ce qui passe en boucle sur nos chaînes info depuis deux ou trois jours à propos de la COP 21.

COP 21: C'est la joie !

Je n'ai pas encore lu l'accord, comme d'ailleurs les journalistes. Et pourtant comme eux, je suis sensible à la joie évidente des protagonistes. D'accord, ils sont payés pour ça et savent jouer la comédie. Pourtant, j'affirme que ce que je perçois sur ces visages fatigués, c'est une joie authentique et cela me semble encourageant. Laurent Fabius qui a si souvent une posture molle et pourtant rigide, est rayonnant pour une fois. Al Gore, grossi, blanchi et rougeot est hilare au côté d'une Ségolène Royal encore pimpante ... Al Gore, quelle réussite narrative ! Mais c'est une autre histoire. Même Ban Ki-moon semble authentiquement heureux ! 

Un accord joyeux donc, comme le disent les journalistes qui couvrent l'événement, et je crois sincèrement que cet accord obtenu à 195 pays est une avancée. Mais dans quel sens ?

Une phrase m'avait traversé les oreilles quelques semaines avant cet événement. Un représentant appointé par les tenants de la thèse officielle de l'extrême urgence climatique avait affirmé que plus personne aujourd'hui ne mettait plus sérieusement en doute le réchauffement climatique et que l'urgence était telle que cet accord était absolument vital ... était-ce si sûr ? Je n'aurais sans doute pas vérifié ... Mais les débats américains sur le climat viennent démontrer sans aucun doute possible pour qui vérifie que la première partie de cette phrase est absolument fausse: il y a au contraire des gens sérieux qui ont de puissantes objections et qu'il en résulte une vraie bataille politique entre factions derrières lesquelles s'alignent de gros intérêts financiers (des deux côtés !).

COP 21: réserves sur le contenu (perçu) de l'accord sur le changement climatique

L'accord porte sur des actions à financer pour rester "nettement en dessous des 2 degrés de réchauffement en 2100". Voici de sérieuses réserves:

1) Les très complexes questions systémiques d'environnement et leurs conséquences sociales et économiques, posées à l'échelle climatique, se résument-elles à 2 degrés sur un siècle et à l'émission de CO2 ?

2) Les mesures géographiques sur terre sont encore partielles et sélectives, les mesures atmosphériques en altitude et océanographiques en profondeur sont encore très peu représentatives et souvent "interpolées" ou "ajustées", les prévisions du GIEC fondées sur de purs modèles mathématiques coupés des réalités ont été démenties jusqu'ici par les faits (les températures moyennes terrestres ont cessé de croître depuis 1998 voire décroissent). Peut-être avez-vous l'impression que les températures de chez vous ont fortement augmenté, ce n'est pas si sûr selon cette courbe empruntée à http://www.climat-optimistes.com et issues des sources officielles américaines "climato-conformes":


Si cela se confirme, le problème environnemental ainsi posé ne serait-il pas en réalité déjà résolu ? Sinon, avec un objectif aussi "précis", comment se propose-t-on de mesurer et de piloter de façon neutre et réaliste les résultats avec un thermomètre aussi peu partagé ?

3) 100 Mds de $ par an représentent deux fois le service de dette de la France ou les budgets combinés de l'Education et de la Défense, c'est beaucoup à l'échelle d'un seul pays. Mais cela semble peu à l'échelle planétaire car il s'agirait rien moins que de changer volontairement le climat de la planète. Et le financement des actions n'est pas assuré. C'est trop ou trop peu ... et la crédibilité de l'ensemble peut être mise en doute.

Marcel Leroux
3) Toute la "méthodologie" du GIEC repose sur une série d'hypothèses présentées comme irréfutables: l'activité humaine est responsable du réchauffement climatique, l'activité humaine émet beaucoup  de CO2 donc produit un important effet de serre, donc en réduisant le CO2, on contiendra le réchauffement ! Or il y a des réalités physiques établies indépendamment des débats politiques: le principal gaz à effet de serre est la vapeur d'eau qui représente 95% de ces derniers (contre 3% pour le CO2) et serait responsable de 72% de l'effet de serre et les observations sur périodes longues (carottages des glaces arctiques et antarctiques) et récentes par prélèvements directs montrent que l'augmentation des températures précède celle du taux de CO2 non l'inverse.

Alors a-t-on posé le bon problème ? Je vous propose pour creuser, une vidéo rare (https://www.youtube.com/watch?v=thYTIcs7P_M) d'un authentique climatologue reconnu et malheureusement disparu, Marcel Leroux.

4) Si les émissions de CO2 étaient un aspect si central du problème, pourquoi des sujets majeurs comme les transports ou la valeur du point-carbone sont ils  laissés hors de l'accord ?

5) Malgré les affirmations initiales de F Hollande sur la nécessité de prévoir des contraintes, comment faire respecter l'accord sans cela ?

Pendant qu'ils étaient à la COP 21 au moins ils se parlaient et ne se battaient pas ...

Je n'étais pas de ceux que l'on appelle avec condescendance "climato-sceptiques". Je le deviens sans nul doute depuis que je m'intéresse vraiment au sujet mais ce n'est pas essentiel pour l'instant. Restons constructivement sceptiques, ayons horreur des dogmes et prenons l'habitude d'identifier les "belles ou les horribles histoires" qui s'avèrent être des mythes et voyons si l'idée de gouvernance collective aura bientôt progressé grâce à la négociation et à la communication autour de la COP 21.

Il s'agit selon moi d'un essai transformé par la diplomatie française de réunir la famille des gouvernants humains sur un sujet commun ... pour le moins controversé. Le contrôle du réchauffement climatique par la limitation des émissions de CO2 n'est pas un sujet si urgent, il est mal défini, l'objectif est inadapté et non mesurable et le processus n'est pas contrôlable mais l'accord en lui même est un pas dans une direction qui, elle, est essentielle, celle d'une gouvernance mondiale.

En quoi sommes-nous finalement concernés ?

Que ce soit pour des causes environnementales (raréfaction ou mauvaise répartition des ressources,  diminution de la bio-diversité et mauvaise mise en valeur des sols etc ...), politiques (extrémismes, conflits armés, réfugiés politiques ...) ou économiques (financiarisation absurde, précarisation, marchandisation du vivant ...), la famille humaine a besoin d'une gouvernance commune. La COP 21 aura sans doute un peu servi d'entraînement dans ce but. Et dans la mesure où ces résolutions annoncent de nouvelles dépenses futures non financées, il faut que le citoyen de base s'attende à de nouvelles ponctions fiscales. Faisons donc en sorte que cela serve vraiment à quelque chose et mettons nos gouvernants sous surveillance.

L'important ce n'est pas de freiner un éventuel réchauffement climatique de quelques degrés sur quelques décennies, l'important c'est d'apprendre à élaborer ensemble les meilleurs moyens de nous adapter collectivement aux situations réellement urgentes que nous allons rencontrer et d'y contribuer individuellement pour nous-mêmes et pour ceux qui dépendent de nous.

samedi 5 décembre 2015

Ne pas succomber à l'affect, ne rien laisser dans le registre de l'impensable !

Professeur à l'Ecole Normale, philosophe étiqueté à l'extrême gauche, anciennement maoïste, Alain Badiou, propose à l'occasion des récents "attentats terroristes"  dans cette conférence un peu longue (https://vimeo.com/147061687), une analyse poussée de notre monde global qui recoupe la "quatrième bataille" que j'annonçais dans mon précédent article.
A. Badiou, "Là-bas, s'y j'y suis"

Ne pas succomber à l'affect

Malgré l'horreur et la stupeur bien naturelles après les événements meurtriers qui nous ont touchés de près, je n'ai pas mis de drapeau à ma fenêtre ni sur mon profil Facebook car je ne me suis pas senti à l'aise, comme après Charlie d'ailleurs, par le traitement médiatique et politique matraqué où seul l'affect est sollicité. Voici une vidéo plus courte (https://youtu.be/lBZLywtkOpU) que j'ai montée moi-même à partir de la conférence d'Alain Badiou qui traite le sujet de l'affect et de l'impensé. Position dont je me sens proche:



En résumé voici ce que nous dit Alain Badiou. Il reconnaît, comme je le fais lorsque je "coache" un speaker TEDx, l'importance de l'affect. Mais comme lui, je pense que l'affect ne peut conduire seul notre réflexion. Et voici pourquoi (le texte en italique est de moi !):
  1. L'affect conduit à prendre des mesures inutiles et inacceptables. L'Etat d'urgence n'est pas inutile mais pourquoi n'a-t-on pas appliqué nos lois plus tôt ? Pourquoi les juges sont-ils hors du coup ?
  2. L'affect renforce les pulsions identitaires. Le resserrement naturel de la famille en cas de coup dur conduit à faire de l'étranger un bouc-émissaire alors qu'il nous faudrait du discernement, de l'intelligence et des alliances pour vaincre. La vengeance risque remplacer la Justice or ne voudrions-nous pas démontrer que nos valeurs démocratiques valent la peine d'être défendues ?
  3. L'affect conduit à ce que les meurtriers souhaitent faire: occuper toute la scène et créer un "sujet obscur déprimé et vengeur" comme Baader-Meinhof et Ben Laden l'ont réussi autrefois.
Ne rien laisser dans le registre de l'impensable

J'ai bien aimé cette phrase. L'affect nous fait adhérer à une position donnée par l'émotion. C'est naturel. Il nous dispose à l'action et c'est bien. Je le dis à mes intervenants, c'est cette adhésion qui prédispose à bouger et à créer. Souvent les discours sont lénifiants car il n'y a aucune action. Mais là, les événements préparent l'adhésion de la grande majorité. Raison de plus pour ne pas faire n'importe quoi, raison de plus pour nos gouvernants de réfléchir vite et bien à la nature de cette action et à sa profondeur.

Agir sans réfléchir ou sur un raisonnement biaisé comme ce fut le cas pas l'équipe Rumsfeld-Cheney autour de Bush lors de la seconde guerre d'Irak a conduit au drame (officiellement 150000 civils Irakiens tués !) et (je le pense) in fine à la perte de cette guerre au profit des islamistes radicaux sunnites et de l'ancien ennemi iranien chiite. Ne laissons rien dans le registre de l'impensable dit Badiou, rien de ce qui est humain ne survient par hasard, je traduis cela en refusant de qualifier l'Ennemi de "monstre" car comme disait Montaigne: "tout homme porte en lui la forme entière de l'humaine condition".

Rappel des quatre batailles

Dans  mon précédent article, j'avais essayé de présenter les quatre batailles que nous devrions livrer en parallèle, de façon réaliste, sans affect et avec des termes de durée différents:
  1. Bataille intérieure de l'état d'esprit où le citoyen devrait être acteur/résistant et non victime potentielle, sortons de l'état de sidération qui plait tant aux chaînes d'info 24/24 !
  2. Bataille extérieure où nous devrions nous doter des moyens militaires appropriés car pour de bonnes ou de mauvaises raisons historiques, nous sommes déjà en guerre depuis 30 ans, et pour cela remettons en question en profondeur notre Etat obèse, endormi, mal organisé et illégitime,
  3. Bataille idéologique pour affronter l'instrumentalisation de l'Islam, en confrontant nos "valeurs" à celles de l'Ennemi et pas seulement en fermant quelques mosquées Salafistes.
  4. Bataille pour la paix où en rencontrant vraiment l'Ennemi et en négociant avec lui, nous devrions nous réinventer nous-mêmes et une société planétaire permettant à tous, y compris les pauvres tentés par une lecture haineuse du Coran, de trouver leur place.
Je ne partage pas le point de vue de départ marxiste d'Alain Badiou mais je trouve la perspective d'ensemble intéressante qui correspond bien à ma quatrième bataille: construire la paix nécessitera de nous changer nous-mêmes et de nous réconcilier avec les "monstres".

En quoi sommes-nous concernés ?

Certains peuvent être tentés de succomber à l'affect et de chercher vengeance. D'autres (au niveau de l'Etat) sont tentés de faire semblant  de maîtriser et d'en profiter pour chercher à redorer leur blason terni et d'autres enfin de se réfugier dans telle ou telle idéologie gentille et sans rapport avec les urgences réelles. Badiou, en bon gauchiste, ne cautionnerait sans doute pas mes deux premières batailles. Je reste cependant convaincu de l'importance de livrer ces quatre batailles sur lesquelles je reviendrai car j'ai l'impression que le prêt-à-penser médiatique semble évoluer dans le bon sens.

Le philosophe Alain Badiou, quant à lui, m'a semblé intéressant car il nous introduit à ce que pourrait-être le champ de la quatrième bataille.