Les fêtes ont ceci de bon que l'on peut se donner le temps de lire et de voir un peu autre chose. Avec le film d'Olivier Marchal, "les Lyonnais", je voudrais partager non une critique cinématographique mais un loisir familial et une digression historico-philosophique. Olivier Marchal est cet ancien flic qui a fait des films sur les policiers au bout du rouleau. Les retours en arrière de ce film d'action nous présentent les derniers bandits ayant le sens de l'honneur ... On pense aux films de Melville, à Lino Ventura ... Le Monde a titré "les vieux se rebiffent". Allez, hop, je vous donne aussi la bande annonce car ce n'est pas de l'histoire dont je veux vous parler:
Ce film m'a plu. Je l'ai vu dans un complexe multisalles avec mes fils et l'ami de l'une de mes filles pendant que toutes nos femmes allaient voir un autre film ...
Les jeunes ont aimé: film pas idiot, de l'action, pas prise de tête. Pas idiot du tout quand j'y songe. Et moi ? En sortant, je leur ai répondu: "oui j'ai aimé ... car ce film nous a parlé de lascards de 50 ans et plus (ils ont la soixantaine, les lyonnais !) qui s'interrogent sur leur jeunesse et aussi sur leurs repères disparus". En plus, les cinéastes d'aujourd'hui ont des moyens et une qualité de prise de vue ... même si le critique du monde a regretté l'absence d'un style vraiment original ... Je veux vous parler à cette occasion des valeurs qui y sont abordées.
Les Lyonnais : décryptage d'une morale en bout de course
Le désenchantement du monde:
Edmond Vidal s'en sortira de justesse (il vit rangé aujourd'hui) après avoir laissé à son ami la possibilité de se suicider. Ultime geste d'honneur du truand qui abandonne et que le flic comprend. La Morale bourgeoise est donc à peu près sauve, le voleur de cerises du début a bien été puni … !
Eh bien pas tout à fait quand on sait que le flic en question, conseiller d'Olivier Marchal sur ce film, devenu le n° 2 de la DIPJ de Lyon et qui a su user de manipulation avec Momon et certainement d'autres moyens « efficaces » a été mis en examen le 3 Octobre dans une affaire de stupéfiants ! Michel Neyret, le flic, ne s'est-il pas pris au piège lui aussi des méthodes des truands ? En partant du principe que Neyret (photo du Progrès de Lyon à droite) n'est pas un simple ripou (je ne sais pas), ne se serait-il pas mis à jouer les héros, justifiant à son tour des moyens par la fin plus que par le Droit ?
Le lent travail des transformations silencieuses:
Comme les gangsters d'Olivier Marchal, il semble donc que la fin ne puisse justifier les moyens, que les vieilles méthodes "violentes mais justes" d'hier ne marchent plus: ni dans la guerre, ni dans la pègre, ni en famille, ni avec les femmes, ni en société, ni avec le climat ... et je dirais même pas davantage dans l'entreprise ni dans l'économie. Je reviendrai sur tout cela dans un prochain article sur les valeurs viriles.
Et voilà, que de nouveau j'en arrive au lâcher-prise: ... Momon, dans le film, finit par comprendre qu'il lui faut vraiment lâcher-prise. Pour sauver sa famille, il va devoir apprendre à vivre autrement après un ultime acte de seigneur. Les gangsters d'aujourd'hui sont vraiment des salops sans honneur et sans réflexion ... Et puisque même les durs de durs finissent par craquer sous la torture, pourquoi résister ? Pourquoi s'encombrer de valeurs dépassées ?
Au passage, ce que nous renvoie le cas Neyret, c'est que pour que la violence reste réellement le monopole de la Justice, si le cadre moral bouge, il devient crucial de faire également évoluer le cadre légal de l'exercice de la Justice ... sinon celle-ci dysfonctionne, devient inopérante et pour le coup la Société risque s'effondrer.
En quoi sommes-nous concernés ?
Le défi des "vieux" dans la catégorie desquels je me retrouve désormais (et des autres aussi d'ailleurs), c'est de comprendre ce phénomène d'ajustement nécessaire. Les (encore) plus vieux qui font actuellement des constats justes, désenchantés et catastrophiques (et donc insignifiants pour paraphraser Talleyrand) ne semblent pas comprendre que c'est peut-être bien une autre façon de penser qui se substitue peu à peu à celle qui nous a formés et qui a engendré progrès et catastrophes et non pas seulement un système qui meurt comme meurt dans le film un type de voyou que l'on voudrait presque nous faire regretter.
Peu à peu, l'ancienne morale semble donc laisser place à autre chose ... Tout fout le camp diraient certains et c'est angoissant car on ne voit pas bien par quoi cela va être remplacé. Voilà un premier grand chantier qui va nécessiter beaucoup de travail.
Les jeunes ont aimé: film pas idiot, de l'action, pas prise de tête. Pas idiot du tout quand j'y songe. Et moi ? En sortant, je leur ai répondu: "oui j'ai aimé ... car ce film nous a parlé de lascards de 50 ans et plus (ils ont la soixantaine, les lyonnais !) qui s'interrogent sur leur jeunesse et aussi sur leurs repères disparus". En plus, les cinéastes d'aujourd'hui ont des moyens et une qualité de prise de vue ... même si le critique du monde a regretté l'absence d'un style vraiment original ... Je veux vous parler à cette occasion des valeurs qui y sont abordées.
Les Lyonnais : décryptage d'une morale en bout de course
- Momon, comme Mesrine, vit de braquages mais respecte un code de l'honneur. Pas de violence gratuite, pas de drogue. Les amis et la famille sont sacrés, la parole donnée n'est jamais reprise. Tout écart est puni de mort. Une morale de pionniers de western, de guerriers défendant la patrie en danger et de pauvres immigrants fondant des mafias pour se faire une place dans une société en croissance. Toute la mentalité du cinéma holloywoodien des années 50 à 70. Et du polar français de la même époque. Olivier Marchal en est nourri bien sûr et nous avec.
- Suttel, le copain de Momon, est traqué par son ancien boss de la drogue (le grec) et par la police. Momon protège son ami, tente même de négocier. Le grec explique à Momon qu'il ne peut passer l'éponge sous peine de perdre la face (« baisser son froc »). Selon leur code, le grec est donc dans son rôle de « businessman » même si cela ne lui plaît pas de faire des victimes collatérales comme la fille de Suttel.
- Pour la même raison, Momon tue le grec qu'il soupçonne en plus de l'avoir trahi autrefois, venge la jeune maman et protège son ami tout en comprenant que ce dernier, au fond, n'est pas clair. Mais pour l'instant les bons sont d'un bord et les méchants de l'autre …
- Mais voilà que le flic révèle à Momon que non seulement Suttel double le grec mais que ce n'était pas le Grec mais bien Suttel qui l'avait dénoncé à la Police et qu'il est le vrai responsable de leurs années de prison à tous les deux. Momon devrait désormais tuer son ami pour rester un impeccable guerrier à ses propres yeux et en même temps devenir un véritable salop comme le grec qu'il vient de tuer …
Le désenchantement du monde:
Edmond Vidal s'en sortira de justesse (il vit rangé aujourd'hui) après avoir laissé à son ami la possibilité de se suicider. Ultime geste d'honneur du truand qui abandonne et que le flic comprend. La Morale bourgeoise est donc à peu près sauve, le voleur de cerises du début a bien été puni … !
Eh bien pas tout à fait quand on sait que le flic en question, conseiller d'Olivier Marchal sur ce film, devenu le n° 2 de la DIPJ de Lyon et qui a su user de manipulation avec Momon et certainement d'autres moyens « efficaces » a été mis en examen le 3 Octobre dans une affaire de stupéfiants ! Michel Neyret, le flic, ne s'est-il pas pris au piège lui aussi des méthodes des truands ? En partant du principe que Neyret (photo du Progrès de Lyon à droite) n'est pas un simple ripou (je ne sais pas), ne se serait-il pas mis à jouer les héros, justifiant à son tour des moyens par la fin plus que par le Droit ?
Le lent travail des transformations silencieuses:
Comme les gangsters d'Olivier Marchal, il semble donc que la fin ne puisse justifier les moyens, que les vieilles méthodes "violentes mais justes" d'hier ne marchent plus: ni dans la guerre, ni dans la pègre, ni en famille, ni avec les femmes, ni en société, ni avec le climat ... et je dirais même pas davantage dans l'entreprise ni dans l'économie. Je reviendrai sur tout cela dans un prochain article sur les valeurs viriles.
Et voilà, que de nouveau j'en arrive au lâcher-prise: ... Momon, dans le film, finit par comprendre qu'il lui faut vraiment lâcher-prise. Pour sauver sa famille, il va devoir apprendre à vivre autrement après un ultime acte de seigneur. Les gangsters d'aujourd'hui sont vraiment des salops sans honneur et sans réflexion ... Et puisque même les durs de durs finissent par craquer sous la torture, pourquoi résister ? Pourquoi s'encombrer de valeurs dépassées ?
Au passage, ce que nous renvoie le cas Neyret, c'est que pour que la violence reste réellement le monopole de la Justice, si le cadre moral bouge, il devient crucial de faire également évoluer le cadre légal de l'exercice de la Justice ... sinon celle-ci dysfonctionne, devient inopérante et pour le coup la Société risque s'effondrer.
En quoi sommes-nous concernés ?
Le défi des "vieux" dans la catégorie desquels je me retrouve désormais (et des autres aussi d'ailleurs), c'est de comprendre ce phénomène d'ajustement nécessaire. Les (encore) plus vieux qui font actuellement des constats justes, désenchantés et catastrophiques (et donc insignifiants pour paraphraser Talleyrand) ne semblent pas comprendre que c'est peut-être bien une autre façon de penser qui se substitue peu à peu à celle qui nous a formés et qui a engendré progrès et catastrophes et non pas seulement un système qui meurt comme meurt dans le film un type de voyou que l'on voudrait presque nous faire regretter.
Peu à peu, l'ancienne morale semble donc laisser place à autre chose ... Tout fout le camp diraient certains et c'est angoissant car on ne voit pas bien par quoi cela va être remplacé. Voilà un premier grand chantier qui va nécessiter beaucoup de travail.