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Devons-nous parier France ?
Mon précédent article faisait un compte rendu de ce livre récent. Livre optimiste mais insuffisant car il importe aussi d'être réalistes sur les obstacles réels et parfois surréalistes que doit vaincre le chef d'entreprise.
Dans ce livre, Xavier Louys signalait l'incomparable avantage concurrentiel que confère à la France son espace maritime. Connaissant par tradition familiale l'importance de la filière navale et la tristesse de sa situation actuelle, je me suis intéressé à ce cas déjà ancien (création en 2003) d'Ecocéane, une PME innovante qui conçoit et réalise des bateaux dépollueurs sans émulsion. Ses navires sont uniques au monde (efficience multipliée par 20 par rapport aux solutions existantes: lire le dossier technique ici), cette technologie démontre aujourd'hui son utilité a minima dans les eaux du port d'Antibe et pourrait rendre de grands services lors des marées noires en pleine mer comme elle l'a fait en 2010 pour le compte de BP à l'occasion de la catastrophe de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique...
On parle accessoirement de 3000 emplois qui pourraient être créés en Bretagne (Paimpol).
On parle accessoirement de 3000 emplois qui pourraient être créés en Bretagne (Paimpol).
A défaut de marcher sur deux jambes, apprendre à marcher sur la tête
Or depuis au moins deux ans, le dossier est chez Monsieur Montebourg car ce qui empêche le développement d'Ecocéane n'est pas son financement (public/privé: BPI, Total Développement) mais un obstacle "insurmontable" qui se dresse sur sa route. Je cite, Eric Vidal, le dirigeant:
"L’Emsa, l’agence européenne pour la sécurité maritime, qui est basée à Lisbonne, refuse de nous agréer. De même que le Cedre, à Brest et le Ceppol, qui dépend de la Marine nationale. Et sans agrément, il est difficile de vendre en France. Et difficile voire impossible de vendre en Europe.
Le Cedre et le Ceppol nous connaissent bien. Ils sont venus sur nos bateaux. Le Cedre nous dit qu’il n’est pas possible d’évaluer nos gros bateaux parce que son bassin est trop petit. Et Le Ceppol ne veut pas nous évaluer en mer en mesurant notre ramassage de balles de riz, en nous disant que ce n’est pas du pétrole.
Tous deux nous affirment qu’il faudrait une vraie marée noire pour nous tester. Mais s’il y a une marée noire, ce que je ne souhaite évidemment pas, nous ne pourrons pas intervenir parce que nous n’avons pas d’agrément."
Le Cedre et le Ceppol nous connaissent bien. Ils sont venus sur nos bateaux. Le Cedre nous dit qu’il n’est pas possible d’évaluer nos gros bateaux parce que son bassin est trop petit. Et Le Ceppol ne veut pas nous évaluer en mer en mesurant notre ramassage de balles de riz, en nous disant que ce n’est pas du pétrole.
Tous deux nous affirment qu’il faudrait une vraie marée noire pour nous tester. Mais s’il y a une marée noire, ce que je ne souhaite évidemment pas, nous ne pourrons pas intervenir parce que nous n’avons pas d’agrément."
Voici une vidéo déjà ancienne:
Il semble (lire ici) qu'une solution récente soit enfin en vue pour la PME bretonne. En effet, l'agrément n'étant pas possible en Europe car le bassin de test de Cedre est trop petit ... ce sera donc un agrément américain qui permettra le développement de cette innovation à partir des Etats Unis !
Apprendre à nager !
Nous connaissons tous avec l'Ecotaxe l'efficacité et les synergies des instances d'agréments et d'encadrement des entreprises et de l'Economie. J'avais aussi relaté par le menu l'invraisemblable aventure administrative de la PME mosellane STVI. Nous avons ici un nouvel exemple du pari véritable qu'un entrepreneur doit savoir prendre quand la survie d'une innovation et de son entreprise sont en jeu !
Puisque marcher sur la tête cause des migraines, que marcher sur les deux jambes de l'optimisme ET du pragmatisme n'est pas possible, il aura donc été possible pour un concepteur de bateaux d'apprendre à nager ... au grand large. Bonne chance à lui et quant à vous, monsieur Louys, préparez donc une seconde édition de votre livre sur les obstacles réels à lever pour que la France devienne la puissance maritime que vous décrivez.
Est-ce se délecter de l'absolue bêtise de notre secteur administrativo-réglementaire, est-ce cultiver pessimisme dépressif et déclinisme que de montrer ce qui empêche à notre pays d'aller de l'avant (parmi diverses causes). Ou est-ce simple réalisme ? A vous de juger ... mais ne perdons pas trop de temps car la mer continue de monter ! Elle pourrait même finir par envahir le petit bassin de l'excellent Cedre !
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