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lundi 29 août 2011

Jessica Green: filtrons-nous les bons microbes ?

Michel Serres dans son "Nouveau Contrat Naturel" nous rappelle que le terme écologie désigne d'abord une science avant d'être un mouvement politique. Cette science se mêle d'observer un "objet" comme toutes les autres sciences mais cet objet est lui-même un système complexe, un "environnement".

Dès lors, l'objet de l'observation n'est plus jeté devant soi (objectum: « ce qui est placé devant ») mais un réseau complexe de relations ... Jessica Green est une écologiste scientifique et qui nous parlait ici à TED Global à Edimbourg en tant que "TED Fellow" (sorte de bourse de recherche) du résultat de ses études sur l'environnement microbien mécaniquement confiné de l'hôpital d'un point de vue "écologique:
Cette vidéo est la première vidéo de TED que Mélanie Chambaretaud traduit en français.  Bravo à elle !

En quoi sommes-nous concernés ?
J'avais évoqué à l'occasion d'un billet sur les accidents de la route que notre gouvernement serait bien inspiré de s'attaquer à un fléau national devenu plus important que celui des accidents routiers, celui des maladies contractées à l'hôpital: les maladies nosocomiales. 

Et voilà donc que cette chercheuse nous explique dans ce petit film que c'est justement parce que nous filtrons l'air des hôpitaux (et de pas mal d'autres bâtiments d'ailleurs) que nous en limitons sa bio-diversité microbienne à des micro-organismes proches ou générés par l'homme. Du coup, la probabilité de la présence de germes pathogènes pour l'homme (ici pour des organismes déjà malades) serait plus forte et une cause importante de maladies nosocomiales. Vous voyez que nous sommes tous concernés !

Quelles leçons en tirer ?
Tout d'abord l'écologie est une discipline scientifique avant d'être une occasion d'empoignades (Notez que Jessica n'échappe pas à son lot de critiques, à mon sens, gratuites sur le forum de TED). Examinons donc d'abord les faits comme aurait dit Aristote. Ensuite, comme nous le faisons dans tout domaine, n'est-il pas frappant de constater que toujours plus d'une même solution qui a fait ses preuves finit par ne plus rien résoudre puis, comme ici, par créer de nouveaux périls ? 

Ainsi, dans les hôpitaux (j'ai d'ailleurs collaboré à un projet visant à améliorer la performance d'un hôpital en matière d'environnement contrôlé), la posture qui consiste à isoler les espaces sensibles de l'environnement extérieur dans un souci incontournable d'asepsie conduit à sélectionner un environnement encore plus pathogène. Tout se passe donc comme si, parvenus à un certain stade d'avancement, il serait nécessaire de "Lâcher Prise" pour rechercher des solutions dans une autre voie. Attention, je ne dis pas de tout laisser-tomber et de revenir aux cavernes, Pasteur ne doit pas être oublié, je propose de faire un effort de lucidité pour repérer ce qui ne marche plus ou qui a atteint sa limite de validité, de se retourner vers les disciplines qui innovent et de travailler avec elles pour concevoir de nouvelles solutions. 

Pas des solutions forcément radicalement nouvelles scientifiquement d'ailleurs mais à coup sûr radicalement casse-pieds au regard des institutions et des habitudes de pensée existantes.

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