Revenons sur un sujet qui anime d'une part diverses gazettes, blogs et forums depuis la crise financière surtout et qui est d'autre part à la mode au plus haut niveau dans les grandes entreprises et les grandes écoles dès qu'on parle de "gouvernance" et d'Ethique.
Je vous propose pour ce court billet de retrouver André Comte Sponville, philosophe que j'ai déjà présenté dans ce blog, que j'ai un peu côtoyé dans le milieu de l'entreprise justement. Voici ce qu'il nous dit de la morale de l'entreprise et du capitalisme dans un colloque à l'Audencia à Nantes en 2005. Passez l'introduction et écoutez-le directement:
Vous retrouverez la thématique de la morale du capitalisme dans ce livre: Le capitalisme est-il moral ? : Sur quelques ridicules et tyrannies de notre temps
Les puristes noteront que le philosophe ne s'embarrasse pas de distinguer éthique et morale ...
On entend dans les entreprises que l'éthique fait vendre ou qu'elle crée un bon climat interne. Ce n'est pas le problème. Pas plus que la crise n'est le problème du capitalisme. Un client achète un produit parce qu'il lui convient. L'entreprise le vend parce qu'elle cherche à faire du profit. Pour A. Comte Sponville c'est une simple affaire d'égoïsme et d'intérêt aucunement de vertu. La transaction doit se faire dans le respect de règles qui sont fixées ailleurs. Cet ailleurs, ce cadre n'est ni le fait du Capital, ni celui de l'Entreprise. Ce n'est pas le Capital qui est en soi nocif , c'est le cadre qui est insuffisant ! Se tromper sur ce point c'est se condamner à stagner dans la crise car ce serait comme condamner l'outil et laisser le criminel en liberté.
Complément du 29/01/2012: piste complémentaire à creuser, éventuellement en interrogeant ACS. Les récentes avancées de la neurobiologie démontrent qu'en réalité, ce principe "amoral" de fonctionnement de l'entreprise coexiste avec des attentes humaines qui sont en fait le plus souvent capables d'intégrer les autres. L'altruisme est une réalité "physique" de l'être humain (voir Paul Zak), par conséquent, une direction d'entreprise peut également décider d'actions contre ou indépendamment de 'égoïste rationalité économique. Les deux tendances peuvent-elles co-exister ? Ou bien sont-elles à l'origine, au moins pour partie, du sentiment de mal être de beaucoup de salariés ? A vous de vous prononcer.
Complément du 29/01/2012: piste complémentaire à creuser, éventuellement en interrogeant ACS. Les récentes avancées de la neurobiologie démontrent qu'en réalité, ce principe "amoral" de fonctionnement de l'entreprise coexiste avec des attentes humaines qui sont en fait le plus souvent capables d'intégrer les autres. L'altruisme est une réalité "physique" de l'être humain (voir Paul Zak), par conséquent, une direction d'entreprise peut également décider d'actions contre ou indépendamment de 'égoïste rationalité économique. Les deux tendances peuvent-elles co-exister ? Ou bien sont-elles à l'origine, au moins pour partie, du sentiment de mal être de beaucoup de salariés ? A vous de vous prononcer.
En quoi ceci nous concerne-t-il ?
Les moralistes et les apprentis gourous de tous poils qui annoncent la fin du capitalisme se trompent. Le capitalisme n'est pas un système mais un outil de concentration des moyens en vue d'investir pour faire du profit. Ce n'est pas la crise, ni le réchauffement climatique qui remettront cela en cause car ils ne remettront pas en cause les égoïsmes. Si vous entendez ou lisez un chroniqueur qui se réjouit de ces grands changements parce qu'ils vont enfin remettre en cause le capitalisme, vous saurez que vous avez affaire à un vendeur de dogmes ou à un rêveur.
Mettons en oeuvre les moyens humains et capitalistiques ainsi que les savoirs nécessaires et les meilleures méthodes connues permettant la plus grande productivité possible pour affronter les défis sociaux, humains et environnementaux à venir. En revanche, il importe que les Etats et les Institutions Internationales se mettent enfin au travail pour transformer les cadres politiques (et donc moraux) qui permettront l'action.
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai constaté que l’évaluation non financière des entreprises, par la mise en œuvre d’indicateurs sociaux et environnementaux (RSE), montre souvent que les groupes multinationaux qui se vendent « éthique » sont les plus en retard dans le domaine (greenwashing). L’éthique est trop souvent mise au service de l’entreprise. (Cependant, l’entreprise peut aussi être mise au service de l’éthique, comme dans le cadre des entreprises sociales !)
Il semblerait en effet que, via un système de responsabilité diluée, le profit aie souvent un réseau de conséquences néfastes à l’autre bout de la planète : les « égoïsmes » s’y expriment avec facilité et sans le retour des conséquences réelles par un simple clic dans des salles de marché. Les "best practices" ne sont-elles pas également un moyen d'agir sur l’utilisation des outils technologiques et donc sur les cadres moraux pouvant changer la mise en œuvre du capitalisme?
Merci,
Actionive
Les best practices certainement, les codes de bonne conduite et même les lois et les règlements ... Ils constituent le cadre dont il est fait mention.
RépondreSupprimerCependant, ce que vise cet article c'est le mécanisme lui-même qui n'est ni bon ni mauvais, il est amoral. Mais bien utilisé il rempli l'assiette.
Pour ma part, je soulignerais volontiers en premier lieu la volonté des clients qui peut amener les groupes à modifier leurs contrats à adopter des best practices et à refuser les pratiques amorales. Allez voir sur l'aspect social l'article sur Auret Van Heerden: http://didierchambaretaud.blogspot.com/2010/12/van-heerden-rendre-le-travail-equitable.html
Merci de votre remarque.
Cdt