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jeudi 18 novembre 2010

Laurie Santos sur les imperfections du cerveau des primates

Merci à Paul-Henri Pion, psychothérapeute, coach et ancien manager, de m'avoir fait connaître cette vidéo. Je ferai prochainement un billet sur Paul-Henri et sur ses récentes publications sur le lâcher-prise.

Laurie Santos dirige le Comparative Cognition Laboratory de l'Université de Yale. Elle y a notamment étudié les comportements de certains singes et en tire des conclusions surprenantes à l'usage des humains. S'interrogeant sur nos comportements irrationnels conduisant systématiquement à des décisions erronées par exemple à l'occasion de prises de décisions dans une situation incertaine comme dans le domaine financier. Et comme l'explique Georges Soros, la faillibilité humaine est au coeur des dysfonctionnements que l'on enregistre sur les marchés financiers.



Placés devant une même situation de choix, suivant comment celle-ci se présente et alors que les probabilités de réalisation de les modalités du choix sont identiques, l'individu, singe comme humain a tendance à privilégier l'une des modalités, celle qui lui semble la moins risquée en général. Cependant, dans exactement la même situation de choix, le même individu aura à l'inverse systématiquement tendance à faire le choix le plus risqué si cette même situation se présente sous un jour artificiellement inversé. Ni le singe, ni l'humain ne sont donc capables d'appliquer un simple calcul de probabilités si la présentation du choix est habilement modifiée. Il y a donc un biais structurel quel que soit le contexte culturel de l'individu.

Regardez la vidéo, et imaginez-vous en train de discuter avec votre banquier, croyez-vous que votre logique soit identique quand vous analysez le risque d'un placement ou l'opportunité de vous en défaire ? Eh bien Laurie vous démontre que non, en tous cas chez le singe !

Ce biais structurel, à y réfléchir plus avant, n'est-il pas un peu lié à tous ces phénomènes d'attention lacunaire, d'interférence de stimuli émotionnels avec le raisonnement ...? Ces imperfections produisent des effets très agréables dans le domaine du spectacle (pensez à l'impression de mouvement que crée le défilement des images à la base du cinéma grâce à la permanence rétinienne ou aux effets d'un spectacle d'illusionnisme !) de l'Art ou de la poésie ... Elles produisent des effets moins enviables comme la constitution de bulles financières ... Toute médaille a son revers ! J'accueille donc la présente contribution de Laurie Santos comme une illustration profonde du principe de faillibilité que G. Soros range dans la catégorie des facteurs d'incertitude humaine.

Mais ce qui est saisissant dans la démonstration de L. Santos, c'est qu'il ne s'agirait pas d'imperfections aléatoires mais d'un défaut de conception MAJEUR du cerveau déjà présent chez des singes dont l'évolution s'est séparée de la nôtre il y a 35 millions d'années ! Il n'est pas difficile de trouver une explication à ce phénomène. Le mammifère calcule le risque sous contrainte de sa survie immédiate. Les enjeux immédiats sont donc essentiels. De ce calcul dépend une décision du type: manger, fuir ou combattre. Or les situations reproduites pas L. Santos illustrent toutes des situations complexes où la survie immédiate n'est pas un enjeu . Pas étonnant que notre encéphale patine !

La question qui se pose alors est: peut-on y faire quelque chose ? Je pense que oui. La culture, la réflexion et l'exercice peuvent peut-être parvenir à contrecarrer de tels biais. Espérons !

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