Pages

samedi 27 avril 2013

La crise politique du régime démocratique


Dans l'article de ce jour, je reprends les propos de Marcel Gaucher le 11 Avril à France Culture dans "les matins". Le sujet de l'affaire Cahuzac est évidemment lancé et l'on demande à M. Gaucher la direction que prend la république dans son effort de moralisation. Les choses avancent-elles ?

Contexte 

Pour le philosophe "ce n'est qu'un fait divers", une affaire en elle-même très banale. Comme nous le disions nous-mêmes, "il y aura toujours des gens malhonnêtes" alors ? L'élément déterminent est le contexte. Une nouvelle inégalité se crée, il y a ceux qui peuvent se soustraire à l'horizon général d'appauvrissement et il y a ceux qui ne peuvent pas.

L'héritage révolutionnaire de la France lui confère une sensibilité particulière à l'égalité devant la loi; ceux qui font la loi doivent rester sous la loi. Sinon, le scandale est énorme ! Mais l'horizon étant bouché, c'est le contexte économique et social qui lui donne du relief.



L'article ci-après est largement une transcription libre de cette vidéo.

La morale en politique ?
  • "La transparence peut conduire à l'enfer. Ce besoin est naturel et exacerbé mais paranoïaque, c'est inatteignable, c'est plutôt un problème de responsabilité des hommes politiques. Ils n'ont pas encore réalisé ... ; les mœurs parlementaires sont marquées d'un sceau d'ancien régime intolérable, ce constat reste une affaire d'initiés mais cela risque de faire scandale, c'est aux parlementaires de prendre l'initiatives". Le philosophe cite le livre du journaliste Bruno Botella:
  • Petits secrets et grands privilèges de l'assemblée nationale
  • "La morale est politique, et la politique reconduit à la morale". Les politiques doivent des comptes, c'est tout simple. Le catalogue de mesures de F. Hollande n'est peut-être pas assez bien posé sur la table."
  • Le Point titre: "Pépère est-il à la hauteur ?" ."C'est la contamination de la presse par le ton de la dérision et de la perte d'autorité mais qui est celui de toute la Société. Quelle est la réponse politique à cet état de fait ? F. Hollande n'a pas le ton adapté. Une réponse serait le non-cumul des mandats même si ce n'est pas le problème posé par l'affaire Cahuzac, le signal serait très fort et adapté."
  • "Il y a des solutions individuelles comme "quitter la France". Les grands modèles héroïques dont le Général De Gaulle est un des derniers exemples qui définissaient l'horizon moral se sont effacés.
  • La mondialisation se retourne contre nous, nous pensons en être les perdants et en plus ces sujets ne sont pas dans les gênes du parti au pouvoir qui se crispe sur des mesures dérisoires".
  • "La gauche est toujours mal à l'aise avec l'argent. Mendès France avait un discours moral mais refusait de se donner les moyens financiers pour agir ..."
  • "Le goût du pouvoir c'est exécuter ce qui paraît important à un moment ..." Mendès France.
  • "A l'opposé, comment Lincoln a-t-il réussi à faire adopter le 13ème amendement contre l'esclavage ? Par la rouerie et en achetant ses adversaires ... Buts nobles, moyens peu avouables." Excellent film au demeurant.
Quel est le vrai problème selon Marcel Gauchet ? 

"Toute crise peut donner des résultats positifs pour peu qu'on en assume les conséquences."
La difficulté de la situation politique c'est que les Politiques se sont spécialisés, professionnalisés et que les citoyens ont totalement renoncé à participer dans un contexte de mondialisation défavorable et dans un cadre "Nation" qui s'est estompé. La déception est donc très grande.

Dans l’œuvre de Marcel Gauchet, la démocratie se définit comme couronnement de l'autonomie. Pour lui, l'approfondissement des démocraties amène une gamme tout à fait nouvelle de problèmes inconnus. Comment vivre en démocratie si nous ne pouvons rien sur les situations que nous rencontrons ? Il a une inquiétude face à la carence constitutive du politique face à ce qui fait le déterminant de la vie collective et qui est l'économie. Comment s'extirper du "tout-à-l'économie" pour retrouver le sens du gouvernement politique qui nous a échappé ? Voilà le défi qui nous est posé.

En quoi sommes-nous concernés ?

Economie, politique ... impossibilité de gouverner, renoncement citoyen. On retrouve au moins en partie le constat que fait Etienne Chouard et qui nécessite une remise en cause de notre Gouvernance et donc de la Morale politique qui la sous-tend. Partout le même constat et M. Gauchet malgrè son nom n'est pas un "gauchiste". Reste à mettre en œuvre des solutions concrètes. Je vous en proposerai une dans mon prochain article à l'occasion de la sortie d'un nouveau livre chez ACATL Editions.

4 commentaires:

  1. Il faut effectivement réviser nos schémas de penser globalement irrationnels

    En tenant compte de cette judicieuse affirmation de Tocqueville :

    « Ceux qui regardent le vote universel comme une garantie de la bonté des choix se font une illusion complète. »

    Réfléchissons à ce que pourrait être une sophocratie.

    RépondreSupprimer
  2. Merci ami sophocrate, pour cette belle citation.

    RépondreSupprimer
  3. Proposition de retour sur un credo démocratique publié il y a presque exactement 20 ans, par Jean-François Deniau , le testament politique d'un homme exemplaire , je vous suggère donc la lecture de "Ce que je crois" juste 200 pages que l'on pourrait utiliser comme support scolaire refondateur d'une citoyenneté en péril .Tandis que les sondages ont remplacé la conscience politique et que le consommateur a évincé le citoyen, à notre époque qu'il avait devinée ,selon lui Remoraliser la France passe par
    les "mots" :
    "espérance" "courage honneur vérité rébellion et âme, les 7 piliers de son petit livre blanc , véritable acte de foi républicaine. Lui qui au nom du pays des droits de l'homme , a franchi 18 fois clandestinement les frontières d'Afghanistan , d'Erythrée, et d'autres pays c'est à dire , partout là où la France n'avait pas d'enjeu économique pour apporter un peu de lumière et d'espérance à toutes les Antigones abandonnées, ces combattants de l'ombre passés par pertes et profit. Lui qui a fait introduire le mot "idéal" dans le traîté de Rome en 1957 et qui a mis "illégalement" par sa seule force de conviction l'assemblée nationale au garde à vous pour une minute de silence en mémoire de Chamoun assassiné au Liban , ou qui a , citant Churchill obtenu le vote du parlement pour l'intervention au Koweit en 1991, cet homme congruent a délivré un message d'avenir qu'il faudrait simplement régénérer à grande échelle.

    RépondreSupprimer
  4. Tout ceci devrait nous inquiéter…

    Après Cahuzac, le meilleur d’entre eux, c’est maintenant Hollande, le fils de Fabius et le bon Claude Guéant qui sont victimes de la chasse aux pigeons (pour ne pas reprendre le mot médiatique du moment) organisée par la magistrature débridée.

    Craignons qu’après la fuite irréversible des cerveaux français : Ribery en Allemagne, les tennismans en Suisse, Benzema en Espagne, Nasri et Ben Arfa en Angleterre, Gérard Dépardieu un peu partout, que nos talents politiques, à leur tour, nous abandonnent à notre sort.

    Ainsi, on pourrait voir partir Hollande aux Pays-Bas, Ayrault en Allemagne et Cahuzac en Suisse ou à Singapour, Valls en Espagne...

    Coté Ump, on pourrait subir le départ de Boutin au Vatican, du trio Guéant, Buisson et Hortefeux en Autriche, du binôme Sarkosy et Copé en Roumanie.

    Et pour finir; le pire serait de subir irrévocablement le départ par charter, sans retour, de nos conseillers suprêmes, que le monde entier nous envie : BHL, Finkielkraut, Attali, Minc,… vers la terre promise qui dans son expansion géopolitique serait ravi de récupérer toutes nos futurologues éclairés…

    Citoyens, résistons et acceptons de payer davantage pour conserver nos professionnels politiques dans leur confort actuel et éviter qu’ils ne répondent à l’appel du grand large.

    RépondreSupprimer