Du vécu pour soutenir les idées et les initiatives et réciproquement, c'est la ligne de ce blog. Alors voici: nous allons parler de copie légale et illégale et de droit de propriété et je vous raconterai ensuite le triple petit fait presque anodin qui m'a conduit à aborder ce thème fondamental pour le "vivre ensemble".
Commençons par ce documentaire très long présentant, des micro-trottoirs, des témoignages de créateurs et des extraits de conférences en français, anglais et espagnol. Je vous recommande notamment Richard Stallmann (photo de droite), vers le milieu du documentaire, pape du "copyleft" (GNU: système de diffusion de logiciels libres sous Linux), intellectuel américain de gauche et qui s'exprime ici (comble de la provoc !) en français et aussi Albert Jacquard (photo ci-dessous à droite):
Comment résumer tout cela ?
En gros, il y a deux écoles.
A) les droits d'auteurs protègent la propriété intellectuelle car les auteurs doivent pouvoir vivre de leur production, comme tout propriétaire doit pouvoir jouir de son bien. Base de notre société.
B) Mais dès 1840, Proudhon écrivait: "la propriété c'est le vol" dans "Qu'est-ce que la Propriété". Aujourd'hui, les tenants "du libre" défendent plus modestement la libre copie car elle permet et provoque la créativité et la plus large diffusion en dupliquant sans rien retrancher à l'auteur. Donc aucun vol possible.
Alors êtes-vous plutôt tradi ou plutôt libertaire ?
Sources: j'ai trouvé le documentaire vidéo ici, vous pouvez le télécharger sur coagul.org et à l'origine, je l'ai découvert grâce à compilatio.net, ici. Je précise afin que l'on ne m'accuse pas de ne pas avoir cité mes sources mais je ne connais pas le nom du réalisateur !
Deux visions de la Société et de l'économie se font face:
La vision A dominant les 19ème et 20ème siècle correspond à une économie de la rareté matérielle. Elle commande la protection et l'accumulation capitalistique. Toute l'économie se centre sur l'échange marchand de biens (matériels), Proud'hon et Marx perdent sur toute la ligne car les démocraties capitalistes s'enrichissent et se développent. On comprend cependant que ce qui semble indiscutable alors pour les biens matériels s'étend aujourd'hui aux biens immatériels encore minoritaires par paresse et intérêts acquis plutôt que par suite d'une réflexion bien adaptée.
Car en face, depuis trente ans, s'affirme une vision B, celle de l'internet et l'économie des biens numériques (économie du lien et de l'immatériel ?). Elle a transformé le paradigme gagnant-perdant de la vision A bien plus que toutes les idéologies en une possibilité de fonctionnement gagnant-gagnant. A la fin de mon cours (s'il est bon) j'ai transmis un savoir que j'ai toujours, je ne l'ai donc pas vendu puisque je l'ai toujours. Et si quelqu'un en fait un résumé qu'il poste sur le net, il n'en a pas commis un vol pour autant ! En revanche, si l'on m'a piqué mon vélo pendant le cours, je ne peux plus rentrer chez moi ! Il y a donc bien une différence de nature.
Dans le contexte du 20ème siècle, les économies et sociétés du "partage" ont brillé par leur incurie et leur propension à devenir d'effroyables dictatures ou ont sombré dans un oubli bien mérité comme les phalanstères de Fourrier par exemple. Par contre, dans notre nouveau 21ème siècle, 80% de l'économie développée est immatérielle en totalité ou en grande partie et, en valeur, la part des productions purement intellectuelles ne fait qu'augmenter. On voit donc que le vieux schéma propriétaire risque bientôt être totalement fallacieux alors que faire ? "Hadopiser" (Sarkozy en a fait le sommaire du eG8 tout de même !) ou laisser-faire ? On voit d'ailleurs que ceux qui défendent d'habitude plutôt l'égalité sont ici du côté de la liberté et que ceux qui d'habitude sont du côté de la liberté d'entreprendre préfèrent corseter, légiférer et privilégier le droit à la différence entre les propriétaires et ceux qui aimeraient aussi toucher des dividendes.
Quel est donc ce vécu anodin qui me fait vous parler de ce sujet complexe ?
Eh bien on ne m'a pas volé mon vélo, ni même mon Iphone, on l'a retrouvé dans le métro ! Non, je prépare des jurys étudiants et sur trois mémoires que je lis, je découvre trois plagiats ! Et je me demande quelle attitude adopter face à cette tricherie qui semble se banaliser. Faut-il durement sanctionner ou laisser-faire ?
Pour l'un des rapports, 50% du texte est du copier-coller réorganisé dans un plan nouveau. Le second "auteur" a recopié un chapitre complet qui constitue 30% de son "oeuvre" en ajoutant de ci, de là une phrase de son cru. Le troisième a "pompé" différents passages d'articles et le plus drôle c'est que l'un d'entre eux était probablement un rapport d'étudiant lui-même recopié sur un autre document !
En quoi sommes-nous concernés ?
Face aux escrocs qui ont volé l'Etat, les actionnaires et les salariés de notre entreprise, (voir ici), ma réaction avait été de penser que l'on ne peut pas laisser les tricheurs s'en tirer ainsi. Mais à quelle justice allons-nous faire appel dans le cas de cette tricherie-ci ? Et pour défendre quel droit de propriété ? Il n'y a même pas de préjudice apparent !
Est-ce pour autant un problème dérisoire? Si mes trois rapports (sur trois) sont bien tous des plagiats (et c'est bien le cas, rassurez-vous mon dossier est blindé, j'en ai pris l'habitude !), c'est que je n'ai vraiment pas de chance ou que la situation est gravement répandue ... Il y a donc une certaine urgence pédagogique sinon "sociétale" qui justifie mon préambule !
Peut-être vous direz-vous que le début de mon billet sur les droits d'auteurs et ce "vécu-là" ne constituent pas le même sujet. Je crois que si et j'en ferai la démonstration au prochain numéro comme je vous donnerai les solutions que nous aurons trouvées ... car la suite est encore à venir, je ne la connais pas. J'attends le matin du jury pour publier le présent billet. J'attendrai ensuite quelques jours pour vous faire part dans un autre billet des solutions. D'ici là, vous aurez tout loisir de me laisser vos commentaires pour aider à régler ce délicat problème de façon créative, j'ai hâte de lire vos commentaires !!!
Commençons par ce documentaire très long présentant, des micro-trottoirs, des témoignages de créateurs et des extraits de conférences en français, anglais et espagnol. Je vous recommande notamment Richard Stallmann (photo de droite), vers le milieu du documentaire, pape du "copyleft" (GNU: système de diffusion de logiciels libres sous Linux), intellectuel américain de gauche et qui s'exprime ici (comble de la provoc !) en français et aussi Albert Jacquard (photo ci-dessous à droite):
Comment résumer tout cela ?
En gros, il y a deux écoles.
A) les droits d'auteurs protègent la propriété intellectuelle car les auteurs doivent pouvoir vivre de leur production, comme tout propriétaire doit pouvoir jouir de son bien. Base de notre société.
B) Mais dès 1840, Proudhon écrivait: "la propriété c'est le vol" dans "Qu'est-ce que la Propriété". Aujourd'hui, les tenants "du libre" défendent plus modestement la libre copie car elle permet et provoque la créativité et la plus large diffusion en dupliquant sans rien retrancher à l'auteur. Donc aucun vol possible.
Alors êtes-vous plutôt tradi ou plutôt libertaire ?
Sources: j'ai trouvé le documentaire vidéo ici, vous pouvez le télécharger sur coagul.org et à l'origine, je l'ai découvert grâce à compilatio.net, ici. Je précise afin que l'on ne m'accuse pas de ne pas avoir cité mes sources mais je ne connais pas le nom du réalisateur !
Deux visions de la Société et de l'économie se font face:
La vision A dominant les 19ème et 20ème siècle correspond à une économie de la rareté matérielle. Elle commande la protection et l'accumulation capitalistique. Toute l'économie se centre sur l'échange marchand de biens (matériels), Proud'hon et Marx perdent sur toute la ligne car les démocraties capitalistes s'enrichissent et se développent. On comprend cependant que ce qui semble indiscutable alors pour les biens matériels s'étend aujourd'hui aux biens immatériels encore minoritaires par paresse et intérêts acquis plutôt que par suite d'une réflexion bien adaptée.
Car en face, depuis trente ans, s'affirme une vision B, celle de l'internet et l'économie des biens numériques (économie du lien et de l'immatériel ?). Elle a transformé le paradigme gagnant-perdant de la vision A bien plus que toutes les idéologies en une possibilité de fonctionnement gagnant-gagnant. A la fin de mon cours (s'il est bon) j'ai transmis un savoir que j'ai toujours, je ne l'ai donc pas vendu puisque je l'ai toujours. Et si quelqu'un en fait un résumé qu'il poste sur le net, il n'en a pas commis un vol pour autant ! En revanche, si l'on m'a piqué mon vélo pendant le cours, je ne peux plus rentrer chez moi ! Il y a donc bien une différence de nature.
Dans le contexte du 20ème siècle, les économies et sociétés du "partage" ont brillé par leur incurie et leur propension à devenir d'effroyables dictatures ou ont sombré dans un oubli bien mérité comme les phalanstères de Fourrier par exemple. Par contre, dans notre nouveau 21ème siècle, 80% de l'économie développée est immatérielle en totalité ou en grande partie et, en valeur, la part des productions purement intellectuelles ne fait qu'augmenter. On voit donc que le vieux schéma propriétaire risque bientôt être totalement fallacieux alors que faire ? "Hadopiser" (Sarkozy en a fait le sommaire du eG8 tout de même !) ou laisser-faire ? On voit d'ailleurs que ceux qui défendent d'habitude plutôt l'égalité sont ici du côté de la liberté et que ceux qui d'habitude sont du côté de la liberté d'entreprendre préfèrent corseter, légiférer et privilégier le droit à la différence entre les propriétaires et ceux qui aimeraient aussi toucher des dividendes.
Quel est donc ce vécu anodin qui me fait vous parler de ce sujet complexe ?
Eh bien on ne m'a pas volé mon vélo, ni même mon Iphone, on l'a retrouvé dans le métro ! Non, je prépare des jurys étudiants et sur trois mémoires que je lis, je découvre trois plagiats ! Et je me demande quelle attitude adopter face à cette tricherie qui semble se banaliser. Faut-il durement sanctionner ou laisser-faire ?
Pour l'un des rapports, 50% du texte est du copier-coller réorganisé dans un plan nouveau. Le second "auteur" a recopié un chapitre complet qui constitue 30% de son "oeuvre" en ajoutant de ci, de là une phrase de son cru. Le troisième a "pompé" différents passages d'articles et le plus drôle c'est que l'un d'entre eux était probablement un rapport d'étudiant lui-même recopié sur un autre document !
En quoi sommes-nous concernés ?
Face aux escrocs qui ont volé l'Etat, les actionnaires et les salariés de notre entreprise, (voir ici), ma réaction avait été de penser que l'on ne peut pas laisser les tricheurs s'en tirer ainsi. Mais à quelle justice allons-nous faire appel dans le cas de cette tricherie-ci ? Et pour défendre quel droit de propriété ? Il n'y a même pas de préjudice apparent !
Est-ce pour autant un problème dérisoire? Si mes trois rapports (sur trois) sont bien tous des plagiats (et c'est bien le cas, rassurez-vous mon dossier est blindé, j'en ai pris l'habitude !), c'est que je n'ai vraiment pas de chance ou que la situation est gravement répandue ... Il y a donc une certaine urgence pédagogique sinon "sociétale" qui justifie mon préambule !
Peut-être vous direz-vous que le début de mon billet sur les droits d'auteurs et ce "vécu-là" ne constituent pas le même sujet. Je crois que si et j'en ferai la démonstration au prochain numéro comme je vous donnerai les solutions que nous aurons trouvées ... car la suite est encore à venir, je ne la connais pas. J'attends le matin du jury pour publier le présent billet. J'attendrai ensuite quelques jours pour vous faire part dans un autre billet des solutions. D'ici là, vous aurez tout loisir de me laisser vos commentaires pour aider à régler ce délicat problème de façon créative, j'ai hâte de lire vos commentaires !!!
Bonjour,
RépondreSupprimerJe pense que 2 volets devraient systématiquement être mis en œuvre :
Le premier s’articulant autour de la prévention. Les étudiants n’ont pas le droit de plagier mais ils ne peuvent pas non plus réinventer l’eau chaude. La limite entre inspiration et plagiat reste floue dans les esprits. Un cours définissant le plagiat de manière technique et donnant des méthodes pour l’éviter fait cruellement défaut.
Le second s’articulant autour de la répression. L’annonce, lors du cours contre le plagiat, de l’obligation de rendre une copie électronique, qui sera ensuite scannée par un logiciel de détection du plagiat, serait dissuasive. Si chaque étudiant à accès au logiciel alors il peut vérifier la conformité de sa copie et la revoir. A toute copie non conforme est attribuée une note éliminatoire.
Actionive
Je suis tout à fait de votre avis ! J'en parle dans mon prochain billet.
RépondreSupprimerMerci à vous
Est-il "normal" que Polnareff ou Jacques Dutronc puissent passer leurs vies à seulement profiter d'une vingtaine de ritournelles lancées autrefois? Ils vivent d'une sorte de péage que la loi leur autorise. La propriété intellectuelle atteint surtout des sommets dans son exploitation. J'entendais un rappeur expliquer comment les majors, qui sont en pointe sur la protection des sources, faisaient supporter tous les risques financiers de lancement aux artistes et se retrouvaient finalement être les seules à profiter du système. Payer 1 € pour pouvoir télécharger une musique, c'est du vol, d'autant que nous payons déjà tous les moyens indirects qui nous acheminent cette œuvre.
RépondreSupprimerPour ce qui est des élèves, ce phénomène de plagiat n'est pas nouveau et nous avons tous pompé autrefois. L'enseignant doit traquer le soupçon mais la restitution d'un élève n'est-elle pas toujours un emprunt à quelqu'un ? Apprendre n'est-ce pas apprendre à penser comme les autres ? Platon lui-même a-t-il inventé tout ce qu'il a écrit ? Probable que non. Et Platon appartient à tout le monde.
@Jérôme: vous serez intéressé par mon prochain billet alors !
RépondreSupprimerPour moi, ne pas citer ses sources et s'approprier un texte est une double erreur: se peindre sous un jour faussé, ne pas donner la possibilité de remonter à la source pour progresser et faire progresser y compris sa source.
Payer 1€ un téléchargement est certainement beaucoup trop quand il s'agit des Beatles mais pour un jeune auteur inconnu au chômage ?
Je crois qu'une vérité hybride, intermédiaire émerge actuellement.
Cdt
DC