vendredi 23 mai 2014

Le terreau de la net-démocratie

A l'approche des européennes, voyons comment la démocratie réelle est peut-être en train de se réveiller.

Le bruit de l'herbe qui pousse: de l'entreprise à la politique

Absorbé par le développement de Vintec, notre nouvelle start up, je réalise d'un coup que le sujet que nous traitons avec nos offres est une facette d'une évolution qui se fait sans doute plus lentement mais qui se fait aussi en politique. Dans Vintec, nous proposons de gérer des outils de communication (donc d'action) personnalisables au plus près du client ET conformes à une politique et à une charte globale. C'est le phénomène du "penser global, agir local" de Mc Luhan dans les années 60. Ce "glocal", les entreprises en réseau en ont fait une réalité. Et la politique ?

En politique, les choses nous semblent souvent désespérément figées. Beaucoup pensent et disent: "tous pourris".  Les media nous présentent surtout la montée "inéluctable" des partis des "replis". Et si, tout comme dans l'entreprise, les choses, au contraire étaient en train de changer profondément sans bruit ? J'écris "sans bruit" car on n'entend jamais les brins d'herbe pousser... Je vous soumets ici quatre initiatives qui remontent du terreau du "pays réel" qui n'a pas dit son dernier mot. Même si les brins d'herbe en question sont encore tendres.

Le vote blanc

Nous savons car cela nous a été dit et expliqué dans les media, que les français n'ont que ce qu'ils méritent en politique car ils ne s'intéressent pas assez aux élections ... S'il en était autrement, ils iraient voter. Qu'ils ne se plaignent donc pas ! Du coup, nos élections ne finissent par représenter que 20 ou 30% de la population: la fraction victorieuse de la part de la population que les politiques traditionnels réussissent encore à mobiliser sur leurs vieilles lunes et sur ... leurs plans de carrières. Les autres sont-ils tous des "abstentionnistes" ? Non, la scandaleuse réalité, c'est que personne ne les représente et qu'ils ne peuvent pas le dire officiellement car leur vote neutre (vote blanc),  est comptabilisé comme nul. 

Le vote protestataire n'est donc pas possible. Il ne reste alors que la possibilité de se tourner vers les partis des "replis simplificateurs": lutte des classes ou nationalisme. Là au moins, on ose se dire que cela ne va pas ... mais quels boucs-émissaires propose-t-on en échange ?

Voilà donc une initiative concrète que permet le net. Il vous est désormais possible de télécharger un bulletin normalisé pour promouvoir le vote blanc au cœur de l'élection elle-même. C'est ce que propose le parti des citoyens du vote blanc que me fait connaître un ami. Je remercie Jean Marie G. au passage que j'ai connu grâce au présent blog.

La Nouvelle Donne

Si comme moi, un vote blanc, même comptabilisé, ne vous suffit pas, voici à gauche une autre option. Pierre Larroutourou (ci-contre), fondateur de la Nouvelle Donne, fut le promoteur de la semaine de 4 jours. Il a été proche de Michel Rocard, de Stéphane Hessel et d'Edgar Morin dans le Collectif Roosevelt et d'Ecologie les verts. Je l'avais rencontré il y a 20 ans alors qu'il était encore jeune consultant chez Arthur Andersen et que je dirigeais un petit éditeur de progiciels de Ressources Humaines: Cerg Finances RH. 


Je n'ai jamais vraiment adhéré à ses idées sur la réduction du temps Il y ajoute une série d'autres idées trop radicales pour avoir été reprises au PS ou par les Verts, mais que soutiennent pourtant plus de 10% de leurs militants. La première des 15 idées du collectif était: "diminuer très fortement les taux d'intérêt (autour de 0,01 à 0,02%) sur la vieille dette". Le net  a permis à la Nouvelle Donne de se développer en repartant du "terreau de gauche" et de proposer aux électeurs très remontés contre le capitalisme financier, de trouver avec ce nouveau parti des options radicales et pourtant indispensables. Voir la vidéo.

Nous Citoyens

Denis Payre (ci-contre) a été co-fondateur de Business Object, un éditeur français de logiciels racheté par l'allemand SAP. Il a aussi créé Croissance Plus et son équivalent européen. Il a été mon "voisin" à la Défense à la même époque que dans le paragraphe précédent mais je ne le connaissais pas personnellement. On voit peu son mouvement Nous Citoyens dans les grands média mais beaucoup sur BFM et sur le net. Denis Payre représente un courant qui se veut hors partis mais qui défend l'entreprise et qui veut faire fonctionner l'Europe, voir la vidéo. J'apprécie son discours que les journalistes classeront à droite qui remet en cause une politique traditionnelle carriériste, ignorante du terrain économique et trop axée sur l'Etat-fonctionnaire.

La démocratie réelle

Si vous voulez du radicalement nouveau, je remercie Christophe C., un ami défenseur des monnaies alternatives, qui me fait connaître ce dernier mouvement d'une vidéo crayonnée:


En un mot, Démocratie réelle propose que ses élus, de simples citoyens tirés au sort selon le principe cher à Etienne Chouard, s'engagent à organiser des référendums auprès de leurs électeurs sur tous les sujets où ils auront à décider. Peu pratique mais symptomatique de l'émergence d'une volonté de démocratie directe.

En quoi sommes-nous concernés ?

Je trouve que ces quatre initiatives illustrent une tendance de notre société, bien identifiée par des sociologues comme Pierre Rosenvallon. Il s'agit de la crise des réprésentations. Nos sociétés se prennent peu à peu en main et "marginalisent" des concepts comme "l'Etat", les élus, l'administration et toutes les formes de représentation institutionnalisées. Que ces initiatives mordent maintenant directement sur le champ politique ne devrait pas être une surprise.

Il n'y a pas de raison de se contenter du catéchisme alarmiste des média, l'herbe pousse depuis le terreau et ne tombe pas du ciel or ... elle pousse, tendez l'oreille !