mardi 14 janvier 2014

Mais que fait la police ?

Voici un aperçu des conséquences pratiques sur le terrain des lacunes de notre gouvernance et qui peut finir par être dommageable. Deux "taxis de brousse" à la française ont été agressés hier à Roissy par des artisans taxis en colère sous les yeux de la police.

Aziz Senni l'auteur du célèbre L'ascenseur social est toujours en panne... : Il y a du monde dans l'escalier , expliquait ce matin 14 Janvier 2014 sur BFM Business comment deux de ses chauffeurs ont été agressés et deux de ses véhicules mis hors d'usage par des artisans-taxis à la faveur de leur mouvement de revendication d'hier sous les yeux des "forces de l'ordre" ... qui ne sont pas intervenues.

Le taxi "low cost" des banlieues

Il faut se souvenir, lire ici, que la société de ce jeune marocain, ATA, avait été distinguée par Jacques Chirac en 2001. Il s'agit d'une franchise comptant 70 véhicules en 2012 en Ile de France. Il s'agit de proposer un service "low cost" de taxis indépendants aux habitants des "cités" où les taxis ordinaires ne vont plus ... Les chauffeurs sont le plus souvent des chômeurs de longue durée vivant sur place.

Aziz Senni m'avait d'ailleurs inspiré en 2005 le projet qui m'a conduit à racheter un petit groupe de PME dans le domaine du courrier ... Il m'est donc sympathique, même s'il n'avait jamais répondu à mes emails à l'époque. Il s'agit d'un entrepreneur qui agit et transforme des manques en opportunités tout en intégrant une véritable dimension solidaire. Mais il semble que cela ne plaise pas aux concurrents établis, concurrents est d'ailleurs vite dit puisque ces derniers ne font pas les mêmes courses que ATA.

En quoi sommes-nous concernés ?

Nous vivons dans un pays où l'on attend obstinément les solutions de l'Etat. Nous constatons chaque jours que les solutions qui ont fonctionné depuis 40 ans (inflation puis dette publique, jacobinisme administratif, corporatisme, électoralisme et langue de bois ...) ne fonctionnent plus. L'alternative est simple: l'action entrepreneuriale solidaire concrète ! Or nous avons-là une entreprise privée et solidaire agressée sous le yeux de la police et l'Etat de Droit ne semble pas devoir s'appliquer pourquoi ?

Je suppose qu'entre le mouvement des taxis et le cordon de sécurité qui protégeait les abords du théâtre de la Main d'or où jouaient hier Dieudonné, la Police avait des priorités différentes ... Il serait vraiment temps que les citoyens insistent pour que les services de l'Etat se focalisent sur leurs véritables priorités et que l'on arrête de faire diversion avec des affaires ultra-médiatisées qui tentent de détourner l'attention des sujets majeurs: l'adaptation de notre société aux nouvelles conditions économiques et écologiques. En attendant, ce fait divers vient plutôt confirmer ce qui dit Dieudonné même s'il le dit de façon irrecevable: il y aurait bien "deux poids, deux mesures".

Et cela c'est dérangeant, car si l'Etat n'est plus légitime pour relancer l'emploi, son rôle essentiel est de garantir un cadre de fonctionnement sain dans un état de droit !

lundi 13 janvier 2014

La médiation ou la quenelle ?

Voici une reprise personnelle des événements autour de Dieudonné qui illustre le thème du dernier article de ce blog et rappelle qu'il existait et existe ici une autre voie possible.

J'ai déjà décrit ma position sur "l'affaire Dieudonné", pas sur le fond de la querelle/quenelle mais sur la solution générique que j'entrevois en contre-point au conflit. Voyez à ce sujet mon article dans le cercle + des Echos.

Dieudonné Mbala Mbala
L'angle de la médiation et de la négociation:

Comme le sujet "Dieudonné" est abondamment commenté partout et que le fond de cette dispute n'est pas le sujet de ce blog, je n'en dirai rien de plus sauf sur la forme. Ce tapage médiatique a de quoi étonner et c'est plutôt l'absence depuis le début d'une approche plus pragmatique et respectueuse que je voudrais commenter. Car cette absence "contraint" maintenant les plus hautes autorités de l'Etat jusqu'à François Hollande qui appuie son ministre de l'intérieur, à recourir au Conseil d'Etat pour interdire Dieudonné. Je m'intéressais peu au cas Dieudonné mais j'ai été étonné par ce vacarme comme sans doute beaucoup d'entre vous. Voici quelques liens qui illustrent sans le résumer, le fond de l'histoire:

Il y a tout d'abord cette longue vidéo d'une heure dix par le "regard dissident" qui est  pro-Dieudonné avec toutefois, m'a-t-il semblé, un vrai travail de reconstitution des événements chronologiques et qui donne des précisions troublantes avec des tas d'images publiques d'archives qui ne sont pas contestables.

Voici deux extraits sonores très partiels "volés" par des journalistes du Point sur le fameux spectacle interdit. On comprend que cela puisse choquer en plus ce n'est pas drôle.

Voici en outre la vidéo d'un sketch tout récent d'Elie Sémoun, l'ancien compère de Dieudonné,  dont je parle dans mon article du cercle des Echos car je trouve qu'elle appelle bien, à sa façon, à revenir à une plus juste mesure, préalable selon moi à la démarche que je suggère.

Et enfin, je vous conseille ce livre d'entretiens croisés entre Bruno Gaccio, co-créateur des Guignols et Dieudonné: Peut-on tout dire?. Pour la petite histoire, j'ai lu ce livre dans le hall d'un Palais de Justice où j'attendais une audience d'un procès minuscule (et qui n'a rien à voir avec le thème de cette bagarre) où l'on me faisait l'honneur d'être convié en qualité d'accusé dans une histoire dont je suis sorti gagnant et qui n'était autre qu'un détournement d'attention ... Je l'avais donc lu de l’œil sensibilisé de celui que l'on accuse et que l'on calomnie en même temps ! Mais j'arrête-là pour ne pas que l'on pense que je fais un vilain transfert.

En quoi sommes-nous concernés par tout ce bruit ?

Je voulais juste vous dire que malgré les apparences, cette histoire me rend plutôt optimiste. Voici pourquoi:

1) Je ne crains pas, malgré le recours au Conseil d'Etat, que notre démocratie soit malade. Au contraire, cette histoire pourrait bien remettre les choses à leur place et ramener les gens à leurs véritables priorités.
2) Je ne crois pas que Dieudonné soit l'incarnation du mal ni que nous assistions à une nouvelle montée du nazisme.
3) Je ne crois pas que nos tribunaux normaux soient dépourvus de moyens d'action en cas de dérapages antisémites ou racistes même si l'attitude de Manuel Valls laisse croire le contraire.
4) Je ne crois pas que les représentants associatifs soient tous des agents du Mossad.
5) Il me semble que les médias et les hommes politiques qui ont cru devoir faire étalage de leur "fermeté" dans cette affaire découvriront qu'il n'est plus si simple d'enrôler "l'opinion".
6) J'espère que Dieudonné saura faire bon usage de la prospérité que sa popularité lui a amenée et qu'il paiera ses impôts et ses condamnations !
7) Malgré les excès et la vulgarité, les observateurs attentifs comme le sociologue Michel Wieworka par exemple, ne feront pas l'erreur de mettre tout le monde dans le même sac.
8) Cette triste histoire de quenelles traduit un désespoir et un ras le bol réels qui pour l'instant, malgré les incitations médiatiques, s'expriment de façon non-violente.
9) Dieudonné est plus fin que ce que l'on avait cru, en témoigne sa décision de respecter les décisions du Conseil d'Etat et de changer de spectacle ... peut-être irons-nous finalement dans cette affaire vers une solution de paix comme le dit mon article ?
10) Enfin, ce n'est pas parce que tout a été fait des deux côtés pour que ce conflit soit rendu emblématique et médiatique que nous serons individuellement et collectivement incapables d'en tirer des leçons dans le sens d'une voie pacifique de règlement des conflits.

dimanche 5 janvier 2014

La folie c'est de répéter les mêmes erreurs et espérer des résultats différents

Je vous souhaite une excellente année 2014. Pour cela, voici un petit article juste pour méditer un axe de travail et identifier un écueil possible.

Un aphorisme pour inspirer le changement

" La folie c'est de répéter les mêmes erreurs en espérant des résultats différents " est ma traduction de l'original américain qui dit ceci: " Insanity is repeating the same mistakes and expecting different results".

J'aime bien cette phrase. Je l'ai trouvée, je crois, au début dans mes discussions avec Paul-Henri Pion. Il se référait alors au fait qu'il importe de mettre en place des stratégies parfois étonnantes pour aider les individus qui en souffrent à sortir de certains blocages psychologiques. Depuis, je l'ai eue en mémoire de nombreuses fois en conseillant des entreprises, en travaillant sur nos TEDx et en commentant l'apathie de notre société et l'incapacité de nos représentants à la faire changer.  Je l'ai rencontrée très souvent en lisant des livres ou des articles consacrés au Développement Personnel, au Management du Changement ... 

Et c'est bien normal car cette formule est là pour suggérer le changement. A certains moments, ce peut être un changement de rupture, complet, brutal et radical. Le plus souvent, il faudra s'appuyer sur ses erreurs pour persévérer dans son action mais en changeant certains paramètres pour trouver de nouvelles solutions et ainsi innover de façon fluide.

Ce sujet me passionne car justifier le blocage, le nier ou l'ignorer conduit à l'échec progressif et souvent, tardivement, à subir le soubresaut violent.
La force des habitudes

Le sujet me passionne tellement que j'ai fini par me demander d'où venaient ces mots que je répétais comme d'autres, consultants, psys, auteurs, marketeurs ... sans savoir. La formule est bien faite mais de qui est-elle ? La réponse massive que vous trouverez si vous la googlisez sera: Einstein bien sûr !

J'ai trouvé cette photo ici . Elle a fait l'objet d'un procès intenté par l'Université Hébraïque de Jérusalem à General Motors qui s'en servait pour promouvoir son dernier SUV. Procès gagné par GM. Oui Einstein est un symbole du génie et donc de l'innovation ... réelle ou suggérée mais il ne semble pas plus être l'auteur de cette formule qu'il n'a posé pour cette photo !

Si l'on recherche en anglais, on tombe sur des variantes qui font précéder la formule ci-dessus de "la définition de ..." et elle est parfois attribuée à Benjamin Franklin ou à Mark Twain mais sans preuve. Selon le site Salon.com il s'agirait d'une phrase souvent servie par les Clinton et beaucoup reprise par les journalistes et acteurs du monde politique américain. En fait, selon The Yale Book of Quotations cette phrase a été repérée pour la première fois dans le roman sentimental Sudden Death publié en 1983 et dont l'action se déroule dans l'univers du tennis féminin.

Et si l'on recherche encore un peu plus loin, il semble que la toute première fois que cette formule ait été évoquée, ce fut pour donner la philosophie d'une association d'inspiration religieuse  "Narcotics Anonymous" dont vous trouverez le texte de 1981 reproduit en intégralité ici. Le lien avec Mark Twain, alcoolique notoire, est possible mais pas du tout attesté ... Le passage suivant qui contient, en dernière ligne,  notre formule se trouve page 25.


En quoi sommes-nous concernés ?

Même lorsque nous voulons inspirer le changement, ce sont d'abord nos habitudes de pensée qui nous font agir. Cette formule reste inspirante et prétendre qu'Einstein en est l'auteur est une erreur, voire une petite imposture pas bien grave. Notez qu'aux USA, les cercles politiques l'attribuent aussi assez fréquemment à B. Franklin. Admettons donc qu'il s'agit d'un "bienveillant" stratagème pour rendre la chose plus crédible. Mais n'en soyons pas victimes !

Pour ceux qui aiment approfondir, on découvrira que la réalité de l'évolution de cette petite phrase est sans doute beaucoup plus belle que son attribution par les communicants à Einstein ou à Franklin. La formule serait donc née dans un obscur manifeste associatif pour drogués. Elle aurait été reprise dans un roman "de mœurs" peut-être lu par Madame ou Monsieur Clinton jamais en mal d'inspiration sur le plan sentimental ... Les journalistes de Washington en auraient fait une belle formule introductive préalable à leurs commentaires des actions politiques...et la planète "pensante" d'en faire une référence incontournable. N'est-ce pas un succès extraordinaire pour le véritable et obscur auteur de cette phrase ?

Restons constructivement critiques et apprenons donc à maîtriser nos sources d'inspiration ! Pour finir, voici une autre citation attribuée à Einstein (Je n'en confirme absolument pas la source !):

"Dieu m'a puni de mon mépris des maîtres à penser en me faisant l'un de leurs !"